L’HEMICYCLE SOUILLEE DE NOUVEAU PAR DES INSULTES ABJECTES
VOTE DU BUDGET 2016 DU MINISTERE DE L’ECONOMIE

L’examen, hier, par l’Assemblée nationale, du projet de budget 2016 du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, n’a pas été de tout repos. La séance a été émaillée d’insultes abjectes, avec la passe d’armes entre Me El Hadji Diouf et la députée «apériste» Aïssatou Diouf.
L’Assemblée nationale a été souillée de nouveau, hier, lors de l’examen du projet de budget 2016 du ministère de l'Economie, des Finances et du Plan.
Tout est parti, lorsque Me El Hadji Diouf, député non-inscrit, s’est opposé à la proposition d’Abdoulaye Makhtar Diop, de voter le budget dudit ministère sans débat.
Le leader du Ptp a demandé la parole pour faire une contre-proposition. Ce que le président de l'Assemblée nationale lui a accepté. Mais, au lieu de 15 minutes, Moustapha Niasse lui a donné 3 minutes pour qu’il puisse donner ses arguments. Ce qui a mis Me El Hadji Diouf hors de lui.
Une attitude qui a courroucé la députée de l'Apr, Aïssatou Diouf, qui s'est levée de son siège pour lancer les hostilités.
«ki tekiwul dara (Ce personnage n’est rien du tout)», a-t-elle pesté, tout en se dirigeant vers la sortie.
Mais, c’était sans compter avec Me Diouf qui sonna la réplique en lançant à la députée «apériste» des insanités : «Sama ñeeti jabar yeup ñola dak. Da nga ñaw, da nga salte. Mbalit nga (Mes 3 épouses sont plus belles que toi. Tu es vilaine. Tu es sale. Tu es une saleté)».
Et d’enfoncer le clou : «Espèce d'ordure, espèce de p... Espèce de sale p…».
La députée de Fatick de déverser, à son tour, des insanités, sur Me El hadji Diouf : «Espèce de v... ‘Do nitu dara’».
L’avocat de revenir à la charge : «’Mane diongama yu rafet la am, yu ciwlisse… (Moi, j’ai de belles femmes qui ont de la classe)».
Des insultes abjectes qui ont mis mal à l’aise le ministre Amadou Ba qui n’en revenait pas. De même que les autres députés. D’ailleurs, la députée Mbayang Dione n’a pu s’empêcher de verser de chaudes larmes.
Moustapha Niasse rappelle les députés à l'ordre
Pour remettre de l'ordre, le président de l'Assemblée nationale d’évoquer le règlement intérieur de ladite institution. «Permettez-moi de vous rappeler que le règlement intérieur de l'Assemblée nationale, en ses articles 53 et 54, 55 jusqu'à 59, règle ce genre de situation. Elles prévoient de manière claire ceci : ‘Le président seul, a la police de l'Assemblée. Il est chargé de veiller à la sûreté intérieure de l'Assemblée, il peut, à cet effet, requérir la force armée et toutes les autorités, dont il juge le concours nécessaire’», a-t-il indiqué.
Et d’ajouter : «Ce n'est pas les moyens qui manquent. Nous sommes entre gens responsables, entre citoyens qui sont élus par le peuple sénégalais pour le représenter. Nous devons être dignes de cette mission-là, et nous devons être dignes de ce statut. Nous devons respecter le peuple qui nous a amenés ici. Si nous ne sommes plus capables de respecter le peuple, alors ce sera la catastrophe. J'ai les moyens, ici, de faire des rappels à l'ordre, c'est moi seul qui en décide. Le droit à la censure dans le cas des troubles et l'expulsion temporaire d'un député. Je peux décider, séance tenante, d'expulser un député, lorsqu'il ne respecte pas cette disposition».
Mais, Moustapha Niasse a souligné qu’il ne le ferait pas, et n'envisageait pas de le faire. «J'ai eu depuis 3 ans et demi, l'occasion de le faire, mais je ne le ferais jamais, tant que je serais dans ce fauteuil. Expulser un député comme le permet l'article 57, je ne le ferais pas, bien que je puisse le faire, parce que je vous respecte, et vous devez vous respectez entre vous».
«Des injures ne doivent pas, ici, être proférées, c'est honteux»
Faisant la leçon à ses collègues, M. Niasse dira : «Des injures ne doivent pas, ici, être proférées. C'est honteux, c'est dégradant, c'est vil. Lorsqu'un député en insulte un autre, ici, c'est tout le peuple sénégalais qu'il insulte. Lorsqu'un député répond, c'est tout le peuple sénégalais qu'il insulte. Y en a assez mon vieux. Rappelez-vous que le peuple vous écoute, rappelez-vous que le peuple vous regarde. Il faut être digne de porter le manteau de député. Si on est indigne, c'est soi-même qui doit prendre ses responsabilités et s'en aller. Arrêtez-moi ça».
Concluant son propos, le président de l’Assemblée nationale de soutenir : «Il y a eu des injures, mais ça arrive dans les Parlements. Mais, une fois que le feu de la passion habite les cœurs et les cerveaux, et que l'adrénaline par hectolitre envahit le pectoral des députés, qu'ils se rappellent que ce sont des citoyens qui ont été élus chargés d'une mission, et on arrête l'adrénaline, on calme les nerfs, et on rappelle que ce qui se dit ici, sera connu et reconnu, mémorisé, noté et rappelé demain».
Il faut dire que nombre de députés n’ont pas honoré leur titre durant tout le temps qu’aura duré le marathon budgétaire.
Déjà, lors du vote du budget du ministère de la Femme, Mariama Sarr en avait pris pour son grade. Elle avait eu à croiser le fer avec deux députées, Awa Niang de l’Apr, et Fatou Thiam du Pds.
Il y a également que certains parlementaires qui se sont signalés par de mauvais comportements.
Lors du passage du ministre Mame Mbaye, non seulement la moitié de la salle était vide, mais ceux qui étaient sur place, étaient présents sans être présents. Les uns discutaient (Fatou Thiam, Moustapha Diakhaté, Seydina Fall Boughazelli), d’autres lisaient leurs journaux ou manipulaient leurs tablettes ou répondaient aux téléphones (Abdou Mbow, Sira Ndiaye).