MACKY SALL NE PASSE PAS LA CAP
La Coordination des Associations de Presse (CAP) est surprise par les déclarations du chef de l’Etat qui juge alarmiste la couverture médiatique de la Covid-19

La Coordination des Associations de Presse (CAP) est surprise par les déclarations du chef de l’Etat Macky Sall qui juge alarmiste la couverture médiatique de la Covid-19. Selon la Cap, la presse s’attendait à des remerciements de la part du Président, eu égard au rôle décisif qu’elle a joué dans la lutte contre la pandémie.
«Non, Monsieur le Président, la presse n’invente pas de chiffres sur le nombre de contaminés ou de morts ! » C’est la réponse cinglante que les journalistes, par le biais de la CAP, ont apportée au président de la République qui accuse la presse d’être trop alarmiste dans la couverture de la maladie de la Covid-19. La Cap se dit surprise par les déclarations du chef de l’Etat et préfère croire qu’il s’est trompé de cible ou de pays. «En effet, depuis le début de la pandémie, les médias se sont imposé un mot d’ordre allant même jusqu’à s’appliquer l’autocensure, juste pour jouer leur partition dans ‘’l’effort de guerre’’». D’autant que rappelle la Cap, toutes les entités de la presse ont fait plus de la communication et de la sensibilisation.
Par conséquent, la structure trouve inappropriés les reproches du chef de l’Etat à l’encontre des journalistes qui méritent une certaine reconnaissance. Ce, d’autant que «la presse n’invente pas le nombre de contaminés ou de morts. Elle s’en tient juste aux déclarations des autorités du ministère de la Santé qui sont diffusées en direct régulièrement sur toutes les chaînes, radios et sites sans contrepartie». Sidérée par cette critique malencontreuse du Président, la Cap déclare : «Malgré tous ces efforts, la presse est encore royalement ignorée dans la distribution des fonds de la force Covid-19.
Le monde de la culture et les autres secteurs sont ils plus méritants? Et pourtant, depuis le déclenchement de la pandémie, les médias font partie des maillons de l’activité économique qui fonctionnent à plein régime. Les charges d’exploitation sont restées et ont même triplé pour certaines entreprises alors que les recettes ont fondu comme du beurre au soleil. Dans cette lutte contre la Covid-19, la presse est aussi engagée que les autres. Elle est le troisième chaînon après le personnel médical et les forces de sécurité».
UNE PRESSE MEPRISEE PAR LE GOUVERNEMENT
Par ailleurs, la CAP s’est offusquée du mépris et des brimades du gouvernement à l’endroit de ses membres. «Les locaux du journal «Les Échos» ont été saccagés et jusque-là, aucun ministre n’a effectué le déplacement sur place», se désole-t-elle avant d’égrener d’autres griefs : «Depuis plus de six ans, notre Maison de la presse est confisquée sans possibilité de concertations ou de dialogue pour trouver une solution. Pire encore, toutes les initiatives de réformes consolidantes de notre secteur sont bloquées, sabotées ou retardées. Depuis trois ans, le Code de la presse est en mode stand-by parce que l’Etat ne trouve aucun intérêt à adopter et faire voter les textes d’application.» La Cap rappelle aussi que la loi sur la publicité est devenue une chimère. Pendant ce temps, elle estime que les acteurs de la presse avaient consenti à une nouvelle Convention collective dont l’application aurait pu hypothéquer la survie de beaucoup d’entreprises de presse. Reconnaissant qu’il puisse y avoir des failles dans la couverture médiatique de la Covid-19 parce que toute œuvre humaine est perfectible, la Cap considère qu’il «est tout aussi important que la première institution de ce pays accorde plus d’égard à un secteur qui est l’agonie».