MADICKÉ NIANG RENONCE À CRÉER SON PARTI POLITIQUE
Le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle a annoncé ce vendredi abandonner l’idée de créer son propre parti, assurant agir ainsi à la demande du khalife général des mourides
« Je déclare solennellement que j’ai décidé d’interrompre le processus de création d’un parti politique que j’avais enclenché. À partir de ce jour, je me mets à l’écoute du khalife général des mourides », a annoncé ce vendredi le candidat malheureux à l’élection présidentielle de février 2019, depuis Touba, la ville sainte de la confrérie musulmane.
Comme annoncé par Jeune Afrique en novembre dernier, l’ancien membre du Parti démocratique sénégalais (PDS) était pourtant sur le point de lancer sa propre formation politique. Il en avait déjà choisi le siège et était en train d’en définir la ligne politique, quelques semaines auparavant.
À l’en croire, c’est sur instruction du khalife général des mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, qu’il a pris la décision « irréversible et irrévocable » de ne pas mener son projet à terme, alors qu’il en finalisait « les dernières phases de mise en œuvre », a-t-il annoncé ce vendredi 13 décembre.
Retrouvailles
Selon l’ancien avocat, c’est également pour suivre les consignes de Serigne Mountakha Bassirou Mbacké qu’il s’est rendu, le 24 novembre dernier, au domicile de son ancien mentor Abdoulaye Wade.
Les deux hommes étaient brouillés depuis la décision unilatérale de Madické Niang de se présenter à l’élection présidentielle de 2019, qui avait entraîné son exclusion du parti libéral. Abdoulaye Wade n’avait en effet pas supporté de le voir braver la consigne du « Karim ou rien » qui faisait de son fils Karim l’unique candidat potentiel du PDS.
Après cette visite à Abdoulaye Wade, Madické Niang aurait informé les alliés de sa coalition « Madické 2019 » de sa décision, avant d’en notifier également les membres de la Grande alliance. Cette coalition, composée notamment de ses ex-adversaires de l’opposition à l’élection présidentielle, Idrissa Seck et Issa Sall, s’est formée le mois dernier dans la perspective des élections locales qui pourraient se tenir en mars 2021.
Avenir politique
En renonçant à la création de son parti, Madické Niang amorce-t-il un retrait total et définitif de la vie politique ? « Je n’ai pas de projet d’avenir », a-t-il simplement déclaré, laconique, s’en remettant systématiquement à la volonté du khalife général des mourides. « Je n’ai plus mes yeux pour regarder, je n’ai plus mes oreilles pour entendre. Je ne vois ni n’entends qu’à travers les yeux et les oreilles du khalife général des mourides », a-t-il ajouté.
Ce revirement témoigne, une fois de plus, de l’influence de Serigne Mountakha Bassirou Mbacké sur la vie politique sénégalaise. Le khalife général a notamment été le maître d’oeuvre de la réconciliation entre le président Macky Sall et son prédécesseur Abdoulaye Wade, qui avait été officiellement scellée lors de l’inauguration de la mosquée Massalikoul Djinane le 27 septembre.
Ces retrouvailles, célébrées dans le cadre du dialogue national lancé par Macky Sall, pourraient in fine aboutir à la création d’un gouvernement d’union national. Un gouvernement auquel Madické Niang pourrait être appelé à prendre part ?
De Touba, l’ancien candidat a expliqué ce vendredi que le khalife général des mourides ne lui avait pas demandé « d’arrêter toute activité politique », mais recommandé « d’œuvrer exclusivement au bien des Sénégalais », sans préciser sa pensée.