MAMADOU NDIONE DIT TOUT
Dans l’interview qu’il nous a accordée, il revient justement sur son bilan au Cosec et les raisons de son départ qui en a surpris plus d’un et derrière lequel d’aucuns soupçonnent la main du tonitruant Farba Ngom.

Économiste, écrivain et logisticien, le premier magistrat de la commune de Diass est un responsable d’envergure dans le landerneau politique sénégalais. Mamadou Ndione, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est de ces responsables qui se transcendent en n’essayant pas de s’approprier le monde qui les entoure mais plutôt en se mettant à son service. De bons et loyaux services avec des résultats époustouflants comme lors de son passage à la tête du Conseil sénégalais des chargeurs (COSEC), après une expérience de 25 ans dans une multinationale. Dans l’interview qu’il nous a accordée, il revient justement sur son bilan au Cosec et les raisons de son départ qui en a surpris plus d’un et derrière lequel d’aucuns soupçonnent la main du tonitruant Farba Ngom. L’édile de Diass aborde également des questions relatives à la gestion de sa commune dont il est en train de changer véritablement le visage. Last but not least, le statisticien hors pair qu’il est met en garde ses amis de la mouvance présidentielle contre tout triomphalisme prématuré... Entretien.
M. NDIONE, il y a un an, vous quittiez la direction du Conseil sénégalais des chargeurs (COSEC) après cinq ans de bons et loyaux services pendant lesquels la boite a pris véritablement son essor. Pouvez-vous justement revenir pour nos lecteurs sur votre bilan à la tête de cette structure ?
Mamadou Ndione : J’ai quitté le COSEC il y a de cela plus d’un an après y avoir fait cinq années durant lesquelles j’ai pu faire bouger les lignes entre autres dans la gouvernance, l’assistance aux importateurs et exportateurs et la promotion du transport maritime sans compter les investissements en rapport avec l’activité et une gestion responsable des ressources humaines. Au titre de la gouvernance, la mesure la plus spectaculaire que j’ai eu à prendre a été le rapatriement de la gestion intégrale du « bordereau de suivi des cargaisons ». Pratiquement tous les pays africains travaillaient avec des mandataires étrangers, européens ou américains, pour cette opération essentielle du transport maritime.
Installé au COSEC en octobre 2017, j’ai rompu le contrat avec le mandataire étranger en décembre 2018 ; ce qui nous a permis d’avoir une hausse de 100% de cette rubrique de recette. C’est au moins 1,5 milliard de FCFA que j’ai fait gagner de plus par an au COSEC grâce à cette décision souveraine. J’ai également fait élaborer et valider un manuel de procédures et un plan stratégique de développement (PSD).
Durant les cinq ans, nous avons systématisé les contrôles et les audits internes sans compter le respect des règles en matière budgétaire et de passation des marchés.
Au titre de la promotion et de l’assistance aux importateurs et exportateurs, la révolution que nous avons faite a été dès la première année la mise en place d’un dispositif qui a permis de multiplier par mille (1 000) les exportations de noix d’anacarde ou cajou au port de Ziguinchor (de 56 tonnes en 2017, nous avons atteints 56 000 tonnes en 2018) avec des effets induits économiques et sociaux voire sécuritaires importants pour toute la filière et la région naturelle de Casamance. Cette révolution ne nous a pas empêché d’accompagner de façon déterminante d’autres filières d’exportation dans tous les secteurs à travers des appuis budgétaires et stratégiques aux 28 chambres consulaires (Chambres de commerce et Chambres des métiers) des quatorze (14) régions du Sénégal.
Au titre du transport maritime, l’histoire retiendra que le lancement mondial des Règles incoterms 2020 a eu lieu à Dakar à l’initiative du COSEC. Pour mieux maîtriser la flotte marchande du Sénégal, j’ai pu prendre des décisions de renforcement de la position du COSEC dans l’actionnariat de l’armement national COSAMA SA qui a pu diversifier ses lignes de cabotage en Afrique de l’Ouest. D’ailleurs j’ai eu à faire un lobbying pour que COSAMA SA préside aux destinées de l’Association des Armateurs Africains (3A). Je me rappelle avoir, en vidéo-conférence un jour de Tabaski, fait ce lobbying durant deux bonnes heures pour convaincre les autres pays africains de choisir le Sénégal pour présider l’organisation 3A. Coté investissement, j’ai pu, entre autres, faire réaliser par le COSEC l’aire de transformation des produits halieutiques de Tann, à Joal, l’entrepôt de 1 000 m2 du port de Kaolack, la construction à plus de 70 % de l’entrepôt de Rufisque pour renforcer les revenus pérennes du COSEC, la finalisation du programme de construction des sièges des chambres régionales de commerce, la finalisation des travaux du ponton de Rufisque ainsi que la construction des nouveaux locaux du Centre Trainmar de Dakar qui, désormais, bénéficie de l’accréditation du CAMES pour certains enseignements.
Pour ce qui est des ressources humaines du COSEC, j’ai trouvé un effectif de 78 personnes. A notre départ, l’effectif était de 90 personnes soit une hausse nette 12 personnes durant 5 ans. Les agents du COSEC ont pu, durant notre passage, bénéficier de la retraite complémentaire, d’une externalisation des indemnités de fin de carrière et de la mise à disposition d’une assiette foncière au Lac Rose ainsi que d’un accompagnement pour l’accès au logement. A mon départ du COSEC, en octobre 2022, j’ai laissé à mon successeur le même mobilier de bureau qu’il m’avait légué en 2017 de même que le véhicule 4x4 Prado du DG que je me suis refusé de changer durant les cinq années. Pour dire que je crois avoir largement mis le COSEC sur la bonne trajectoire.
Justement, avec de tels résultats probants, votre départ a été une surprise pour beaucoup. Quelles sont les raisons fondamentales de ce départ ?
La nomination aux emplois civils et militaires est une prérogative constitutionnelle du chef de l’État qui dispose d’un pouvoir discrétionnaire à cet effet. Il n’a pas d’explications à donner. Le fait de m’avoir nommé parmi tant d’autres au poste de DG du COSEC et de m’y avoir maintenu durant cinq ans est déjà un honneur pour lequel je lui serai toujours reconnaissant. Ce n’est pas parce qu’il m’a déchargé du COSEC que je vais extérioriser un sentiment contraire. Pour dire vrai, la décision du Président me concernant en octobre 2022 neuf mois après mon éclatante victoire aux locales à Diass a été pour certains une grosse surprise nationale.
Pour ne rien vous cacher, j’ai été le premier surpris. Surpris, mais pas déçu. Je l’ai prise avec philosophie en me disant avec ironie que c’était peut-être une prime inversée de ma victoire aux élections locales que j’ai remportées avec éclat à Diass sans aucun soutien (rires).
Vous dites ne pas vouloir donner d’explications à votre départ du COSEC, mais beaucoup voient dans ce départ du COSEC la main indirecte de vos adversaires éparpillés entre Diass, Mbour et aussi de certains pontes de l’APR ?
A vrai dire, avant d’être maire de Diass, j’ai toujours été farouchement combattu y compris au sein même de notre propre parti APR. Lors des locales, certains parmi mes adversaires ont bénéficié de soutiens venant de responsables de l’APR. J’ai gagné à Diass sans aucun soutien de responsables APR. C’est le champ politique qui est ainsi fait avec ses tirs amis. L’enjeu pour moi en politique est de combattre au milieu des crocodiles sans perdre mon âme d’humain. Je ne me laisse cependant pas lécher par qui veut m’avaler. Je suis dans la vérité, la dignité et l’engagement courtois. Je pense être modestement un atout et non un boulet pour notre pays et notre coalition si un atout se mesure en termes de crédibilisation de notre régime. Pour preuve, en mars 2021, je n’étais pas dans un trou mais bien visible au front défendant d’abord la République sans verser dans l’extrémisme exagéré et inutile d’un batchning de fanfaron contre l’opposition. Je pense que beaucoup de Sénégalais m’aiment bien comme tel, c’est-à-dire un homme agissant avec mesure et engagement et je ne changerai pas.
Certaines langues disent que Farba Ngom aurait joué un rôle dans votre départ du COSEC. Qu’en est-il ?
Je ne sais pas trop le détail du rôle de Farba. Il gère une commune qui est à plus de 500 km de Diass. Je n’ai pas gardé les vaches avec lui. En dehors de l’Apr, nos deux trajectoires n’avaient quasiment aucune chance de se croiser. Sans jugement de valeur, je crois être à des années-lumière de son monde. Je préfère ne pas trop parler de lui parce que nous n’avons ni les mêmes fréquentations et motivations encore moins le même style en politique. S’il a joué un rôle pour mon départ du COSEC, il doit sans doute attendre de Dieu une rétribution au quintuple. Je n’en dirai pas plus sur cette question.
Qu’est-ce qui explique l’accentuation de ce combat sournois contre Mamadou Ndione ?
A vrai dire, c’est mon accession à la tête de la mairie de Diass qui a été perçue comme une menace par beaucoup d’hommes politiques, d’opérateurs fonciers non vertueux et même d’entités économiques ayant des intérêts vitaux à Diass. Mes adversaires ont souvent, en meute synchronisée, à coups de contrevérités à dormir debout et d’intrigues bassement puériles, tout fait pour me combattre. Je prends le destin avec plaisir parce qu’à l’épreuve de ma table de valeurs, je reste serein en vérité. Le plus important est de se battre pour l’intérêt général et je pense devant le miroir de ma conscience être sur cette voie. J’étais dans ce champ des justes avant BBY et j’y resterai jusqu’à mon dernier souffle.
Malgré votre mise à l’écart, le 16 septembre 2023, en intelligence avec votre section communale, vous validiez encore le choix porté sur Amadou Ba pour représenter la mouvance présidentielle au scrutin du 25 février 2024. Cet engagement est-il toujours d’actualité quand on sait que vos administrés avaient clairement dénoncé votre situation au sein du dispositif étatique ?
Mes rapports avec mes camarades de Diass sont basés sur le respect et l’humilité. Nous avons collectivement analysé la candidature du Premier ministre Amadou Ba. Dieu sait qu’il y avait lors de notre première rencontre d’avant cette AG des frustrés qui prônaient la rupture avec le parti pour des raisons connues de tous. Beaucoup de camarades ne comprennent pas que le maire de la commune qui accueille l’AIBD, le port de Ndayane, la plus grande zone économique et le plus grand projet d’habitat social et qui plus est membre de l’APR et s’est battu seul soit ignoré dans le dispositif institutionnel national. Un camarade a même utilisé, pour parler de moi, l’image d’un soldat à qui on demande d’aller au front en lui arrachant fusil et munitions. Nous avons pu convaincre ces camarades légitimement frustrés. Ils ont finalement souscrit au bien-fondé du choix porté sur Amadou Ba. Actuellement, nous sommes à l’heure des parrainages dans notre commune qui compte près de vingt et un mille (21 000) électeurs. C’est déjà une étape importante que nous porterons jusqu’au bout par honneur, dignité et responsabilité. Quelle sera votre posture pour le parrainage et après ? Pour l’instant, on parraine. A l’heure du bilan on évaluera. Nous ferons un point de presse pour édifier l’opinion au finish. Diass est pour moi une expérience assez intéressante au triple plan personnel, intellectuel et humain avec une mise en œuvre de la conduite du changement que j’ai eu à apprendre et à expérimenter durant toute ma trajectoire de vingt-cinq ans de secteur privé et de cinq ans de secteur public. Diass est et sera ma priorité pour les années à venir. Toutes mes décisions futures seront guidées par un seul aiguillon : les intérêts de Diass d’abord. Après le parrainage et suivant l’évolution de la situation, nous aviserons.
Bientôt deux ans à la tête de la commune phare de Diass. Quel bilan d’étape faites-vous de votre magistère ?
Le premier bilan que nous avons à Diass est avant tout immatériel parce qu’ayant trait à la gouvernance. Nous avons inscrit dans la pratique à Diass les règles de bonne gouvernance à travers les passations des marchés, le paiement de nos recettes au Trésor de Mbour et la mise en place d’une bonne organisation à la suite d’un audit que nous avons nous-mêmes demandé et obtenu du Bureau Organisation et Méthodes (BOM) en 2022. Cela nous a permis d’atteindre des objectifs qui nous placent sur le train du développement dans tous les secteurs. La révolution a été aussi la résorption sur budget propre de l’équation de la mobilité dans certaines zones avec la réalisation des pistes nouvelles des axes Diass-Thicky et PackyToglou. Nous avons commencé la réfection de certains axes avec la longue piste Kandam-Toglou-Gandoul. Le désenclavement sera poursuivi sur fonds propres en attendant le déploiement par l’Ageroute du programme spécial. Autre révolution, dans le volet jeunesse, sports et loisirs, nous avons entamé la construction sur fonds propres du stade municipal de Diass qui aura des gradins de 1 000 places, un gazon synthétique et un éclairage. Parallèlement, nous avons renforcé les subventions aux ASC et l’accompagnement du monde sportif. Nous avons pu toujours sur fonds propres résoudre l’équation de l’extension du réseau hydraulique et électrique dans plusieurs zones même s’il faut reconnaître qu’il reste beaucoup à faire. Dans certaines zones difficiles, nous avons avec des partenaires construit deux mini forages. Nous avons construit sur budget propre de la mairie douze (12) salles de classe et deux murs de clôture d’écoles sans compter l’injection de mille (1 000) table-bancs et les subventions aux étudiants et aux écoles ainsi que la dotation en fournitures. Nous avons mis en place un pôle emploi qui a commencé à placer des jeunes dans certaines entreprises. Nous accompagnons les lieux de culte tout en orientant des partenaires stratégiques dans la construction d’édifices cultuels. Dans le volet santé, nous sommes en train de construire sur budget propre un centre secondaire sans compter la remise de trois milles cartes CMU et l’achat de médicaments pour les postes et cases de santé. Dans le volet environnement, sur fonds propres, nous avons pratiquement terminé la construction de trente points de regroupement normalisés que la SONAGED va équiper en bacs. Déjà, le ramassage des ordures avec une benne tasseuse est fonctionnel à Diass. Nous avons déjà organisé deux campagnes de reboisement au niveau de tous les villages et nous comptons mettre en place des pépinières communales autour des cinq (5) forages. Dans le secteur de la culture et de l’artisanat, nous aidons les acteurs communaux comme cela a été le cas lors de la Biennale des arts. Nous avons aidé à la mise en place de la fédération des artisans avec la remise de plus de cinq cents cartes professionnelles et d’une subvention. Au titre de la promotion féminine, nous avons remis une forte subvention à la fédération des 150 GIE de femmes que nous accompagnons dans la formation, la production, la commercialisation et le link avec des partenaires stratégiques. Dans un autre registre, nous avons informatisé l’état civil et organisé des audiences foraines. Pour dire simplement qu’après 20 mois à la tête de la mairie, nous avons plus que doublé le budget et mis Diass sur la bonne voie en dépit du lourd héritage.
Diass est connue pour ses innombrables problèmes fonciers. Quelle nouvelle approche avez-vous instaurée pour changer la donne ?
Nous avons fini de faire l’état des lieux sur le foncier. Nous avons entamé depuis fort longtemps la procédure de régularisation des anciens actes administratifs qui, à 99,99%, n’étaient pas approuvés par les sous-préfets. Cette phase de régularisation permet, sur la base d’un logiciel que nous avons mis en place, de détecter les cas de doublons, les faux actes et les actes non enregistrés. Elle permet aussi de donner plus de droits aux vrais ayants-droits par l’édition d’un nouvel acte foncier sécurisé et signé par le sous-préfet que nous remercions pour son accompagnement. Parallèlement à cette phase de régularisation, nous avons envoyé pour validation des plans conformes au Plan d’urbanisme de détail ou PUD de Diass. La validation de ces plans donnera plus de cohérence et de valeur au foncier pour les populations. Notre démarche prend en compte une restructuration concertée des villages pour les rendre plus accessibles et plus rationnels afin de faciliter l’accès au foncier par les jeunes. Aujourd’hui, on peut dire qu’il n’y a plus d’anarchie foncière à Diass. Il reste à résoudre certaines équations et préoccupations en rapport avec les grands projets de l’État.
Lors de la réception de la gare du TER, vous avez interpellé le Président Macky Sall sur les problèmes fonciers à Diass. Concrètement, qu’attendez-vous de lui ?
Avec le Président, nous avons espoir de résoudre des situations foncières lourdes d’incertitudes en rapport par exemple avec le TF 1315 de l’AIBD, la zone économique spéciale, le pôle urbain Dagga-Kholpa, le port de Ndayane et l’ex-gare des gros porteurs. Nous espérons également des directives fortes de l’Autorité pour obtenir des facilitations administratives dans le cadre de la validation des éléments du PUD de Diass. Sur toutes ces questions, la validation des propositions de la commune de Diass permettra de corriger les erreurs du passé afin de mieux allier développement et inclusion. Il faut reconnaître qu’il y a eu beaucoup d’erreurs — dont certaines datent d’avant 2012 — qui doivent être clairement expliquées à l’Autorité. Sur chaque question, nous avons fait des propositions de correction qui nous semblent meilleures. Le dossier concernant tous ces sujets est sur la table du chef de l’État qui, après analyse de nos propositions par ses services, nous recevra bientôt pour donner ses orientations. Le dossier compte également des questions liées au gap infrastructurel notamment dans les volets eau, assainissement, énergie, routes et pistes.
Vous êtes un maire débordant d’énergie et un peu en avance sur vos pairs si on s’en réfère aux témoignages des collaborateurs des services étatiques comme le trésor, les Eaux et forêts entre autres. Quel est le secret de votre dynamisme ?
Je suis la somme et la synthèse de plusieurs parcours. Au lycée, j’étais parmi les engagés syndicaux et culturels. Dans le mouvement associatif navétanes, j’ai impulsé des changements. Je crois être l’un des premiers dirigeants à y avoir introduit le sponsoring en 1993 à la Zone 1 de l’ODCAV de Dakar. Dans le secteur privé, Dieu sait que beaucoup de procédures en place dans les activités portuaires et logistique portent notre empreinte sans compter que j’ai donné parallèlement à mon parcours dans le privé des cours à l’école de Douanes durant dix (10) ans de 2006 à 2016. Au COSEC aussi je pense avoir été un DG innovateur. Pour dire simplement que ce que je suis en train de faire à Diass est la répétition d’un parcours basé sur un seul principe, à savoir la quête de l’amélioration continue. Mon défaut est que je suis en perpétuelle quête d’amélioration.
Et quels sont vos projets pour Diass ?
Je veux faire de Diass la plus belle et la plus dynamique des communes d’Afrique de l’Ouest. Je veux placer Diass dans une logique de développement endogène avec, pour les cinquante prochaines années, des maires qui auront une autonomie budgétaire pour agir avec efficience à côté de l’Etat. Pour ce faire, il faut des espaces d’activités économiques capables de générer des revenus pérennes pour la mairie et les populations. Ma conviction traduite en projets est que la mairie de Diass doit être porteuse de la promotion de zones à caractère industriel, artisanal, agricole, pastoral, commercial, de services, touristique, hôtelier, logistique et de transport etc. Porter la promotion ne signifie pas faire le business. Il s’agira d’être à la manœuvre pour s’assurer de la prise en compte des préoccupations collectives. Il reste évident qu’à côté des activités économiques, le projet majeur reste l’accompagnement de l’aménagement de l’espace communal en prenant en compte les jeunes et les femmes comme super priorité pour l’accès au foncier et à l’habitat.
L’actualité nationale est marquée par le débat sur la participation du chef de file de l’opposition à la présidentielle de février prochain. Quelle est votre lecture de la question ?
Ma réponse ne sera pas axée sur une personne, mais sur les principes. Il appartient à toutes les étapes d’une procédure aux juridictions de décider de la participation des uns et des autres. Au bout du compte, c’est le Conseil constitutionnel qui établira la liste des candidats. Je me garde de fragiliser la Justice par des commentaires et j’invite la classe politique de tous bords à éviter de donner à l’opinion publique l’impression que notre Justice n’est pas bonne. Le débat du prétoire ne doit pas trop descendre dans la rue qui est lieu d’expression des préférences. Il est arrivé qu’une partie de la rue se saisisse de débats avec maladresse pour, pensant avoir raison, vouloir régler les problèmes par des méthodes non démocratiques. Laissons la Justice aller jusqu’au bout de sa logique et au finish acceptons ses décisions ultimes sur les candidatures.
Quelle chance donnez-vous au candidat de la mouvance présidentielle Amadou Ba aux échéances électorales de 2024 ?
Le candidat Amadou Ba peut gagner si l’entourage est bien choisi. Il doit capitaliser les éléments positifs du bilan tout en évitant de donner l’image — par lui ou par l’entourage — de ce que certains compatriotes non parti sans reprochent à tort ou à raison à la majorité présidentielle. Pour gagner, il faudra beaucoup d’humilité et éviter le triomphalisme prématuré. Cette élection présidentielle ne sera pas facile, mais elle est jouable à condition de la prendre au sérieux. Tout se déterminera dans le choix des hommes et femmes d’orchestre de la machine BBY. L’entourage doit respirer la crédibilité aux yeux de l’opinion. Comme je l’ai écrit dans un article récent, il s’agira d’aller pour BBY à la conquête de celui que j’appelle l’électeur silencieux qui a une table de valeurs aux antipodes des considérations uniquement partisanes. Je ne pourrai pas étaler ici des éléments détaillés de stratégie que je réserve au candidat et au Président de la coalition si tant est que l’avis du simple militant que je suis est important. En attendant, le bon sens comprendra ma posture de réserve qui tranche avec les vieilles pratiques des trafiquants d’influence qui, hélas, risquent aux yeux de l’opinion de faire prendre les vessies pour les lanternes. L’heure est assez grave pour continuer de donner le pouvoir d’influence en tout aux trafiquants d’influence qui agacent sans le savoir le commun des électeurs. Si, dans l’euphorie des bousculades de positionnement, nous ratons une bonne mise en boîte des idées, tout le reste sera extrêmement difficile.