MBACKE FALL N’EXCLUT PAS DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES POUR HISSEIN HABRE
REQUISITIONS DU PARQUET
Dans ce procès d’appel de Hissein Habré, le procureur Mbacké n’exclut pas des circonstances atténuantes pour l’ancien président tchadien, condamné à la perpétuité en instance. a l’en croire, l’ancien homme fort de n’djamena, du fond de son coeur, doit regretter ce qu’il fait. seulement, cette décision, dit-il, appartient au juge malien Wafi Ougadèye et ses assesseurs.
A la suite des observations de la défense et des répliques de la partie civile, le troisième jour du procès d’appel de l’ancien président tchadien Hissein Habré a été réservé aux réquisitions du procureur Mbacké Fall et de ses adjoints. Dans cet exercice, le parquet général s’est livré à la déconstruction des moyens de défense soulevés par la défense pour demander l’annulation de la procédure. Des moyens de défense rejetés en bloc par le procureur Mbacké Fall.
Revenant sur ce procès d’appel, même si l’accusé a brillé par son absence à la barre, le procureur est d’avis qu’il a cautionné «implicitement » l’appel interjeté par ses avocats commis d’office. En effet, invoquant la personnalité de l’ancien homme fort de N’Djamena, si ce dernier n’était pas d’accord de cet appel, estime Mbacké Fall, il allait sortir un communiqué pour le faire savoir. Cependant, contrairement à sa position figée en instance pour solliciter la condamnation à la perpétuité contre Hissein Habré, cette fois-ci, Mbacké Fall a mis la pédale douce. «Habré du fond de lui-même, du fond de son silence brisé par les vagues de l’océan atlantique, regrette ce qu’il a fait. Il vous appartient de dire s’il doit bénéficier ou pas de circonstances atténuantes», a lancé le procureur Mbacké Fall au juge malien Wafi Ougadèye et ses assesseurs.
RECONNAISSANCE PUBLIQUE DE L’ETAT TCHADIEN
Par ailleurs, le procureur a plaidé la cause des victimes écartées par les Chambres africaines extraordinaires dans la répartition des intérêts civils. Ainsi, il a invité la Chambre d’appel à recevoir l’ensemble des constitutions des parties civiles. Mieux, Mbacké Fall souhaite que le fonds pour l’indemnisation des victimes soit disponible dès le 30 avril prochain, date du délibéré du procès d’appel. Seulement, il a plaidé pour que ce fonds soit administré avec des règles de fonctionnement d’autant qu’après le délibéré, cette juridiction africaine sera dissoute. S’inscrivant dans la logique de Me Assane Dioma Ndiaye, le procureur a invité la Cour à une reconnaissance publique par l’Etat tchadien pour l’organisation de cérémonies commémoratives, d’hommages, de monuments etc. Une mesure qui, à l’en croire, nécessite le consentement du pays où les crimes ont été commis et qui est le seul souverain.
LA RESPONSABILITE SUPPOSEE DE DEBY…
En amont des réquisitions du procureur Mbacké Fall, ce sont ses adjoints qui sont montés au créneau pour démonter les arguments de la défense visant à obtenir l’annulation de la procédure. A cet effet, Moustapha Diallo, adjoint du procureur dégage en touche le déni de justice allégué par la défense faisant allusion à la responsabilité pénale de Idris Déby en tant que commandant des Forces armées du nord (Fan) lors des massacres du sud. «En droit pénal, la responsabilité est individuelle.
La responsabilité supposée de Déby ne saurait écarter la responsabilité individuelle reconnue de Hissein Habré», a rétorqué M. Diallo qui invite la Cour à rejeter ce moyen de défense. Son collègue Youssoupha Ka de renchérir : «Les faits commis par un subordonné n’exonèrent pas le supérieur. En sa qualité de chef des armées, Hissein Habré dirigeait les combats contre les Gunt. De plus, des prisonniers de guerre ont été abattus à Ambing et Habré n’a pas sanctionné les auteurs de ces massacres», indique l’adjoint au procureur qui rappelle que l’ancien président tchadien était seul au sommet de la pyramide. En outre, très remonté contre le comportement de Habré qui rejette cette juridiction, selon ses avocats, l’adjoint de Mbacké Fall estime que c’est une attitude «lâche». «Dans sa claire conscience, il sait qu’il est coupable. Ce dossier est le plus documenté dans l’histoire de la justice pénale internationale. Il (Habré) pouvait passer à la guillotine sans se faire juger», tranche-t-il.
HABRE COUPABLE DE VIOL
Si la défense estime qu’il n’y pas assez de preuves pour condamner Habré de viol, le procureur Anta Ndiaye Diop est d’avis contraire. Elle en veut pour preuve les déclarations de Hadija Hassan Zidane à la barre des Cae. A l’en croire, malgré le voile de pudeur dont elle a fait montre durant toute l’instruction de cette affaire, elle avait fini par accuser Habré de viols multiples lorsqu’elle était en détention dans la prison de la présidence. Poursuivant, le procureur de rappeler que Hadija
Hassan Zidane a été ensuite livrée avec d’autres femmes dont Kaltouma Defalah et Hawa Brahimi à des militaires qui étaient dans un camp dans le désert au nord Tchad. Des militaires «assoiffés de sexe», souligne le procurer qui se relayaient sur ces prisonnières durant une année. Ce qui lui fait dire qu’aussi bien le viol que l’esclavage sexuel sont établis.