POLEMIQUE AUTOUR DU TERME «GUELEWAR»
Les historiens confortent Dr Babacar Diop

Le leader des Forces Démocratiques du Sénégal (Fds) continue de réclamer au ministre de l’Intérieur le récépissé de son parti. En effet, après avoir rencontré des partis politiques, Dr Babacar Diop a organisé hier une table ronde pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur le terme «Guelewar».
La polémique autour du vrai sens du terme «Les Guelewar» qui oppose le ministre de l’Intérieur aux responsables des Forces Démocratiques du Sénégal (Fds) ne faiblit pas.
Invités autour d’une table ronde organisée par le leader des Forces Démocratiques du Sénégal pour trancher la question, les Professeurs Boubacar Diop, Rokhaya Fall et Pape Massène Sène, tous historiens à l’Université Cheikh Anta Diop, ont soutenu que le mot « Guelewar » ne renvoie pas exclusivement à une ethnie, mais plutôt à des valeurs que les citoyens devraient s’évertuer à respecter.
A en croire l’enseignant à l’Ifan, Pape Massène Sène, le terme est polysémique etles gens l’habillent à leurs manières. «Le mot est attribué à tous, à l’origine à l’ethnie mandingue mais aussi à celle installée au Sénégal dans l’empire Ngabou avec la Guinée Bissau. Cet aspect est significatif, parce que l’on peut se demander pourquoi on ne parle pas de « Guelewar » dans l‘empire du Mali avec Soundjata Keita.
Le Guelewar est certes un terme issu de cette zone du Mali, mais on ne le retrouve pas dans la langue malienne », explique le Pr Sène.
Poursuivant, il renseigne que le terme a été pris en charge et assumé par les sérères. C’est ainsi, dit-il, que le Guelewar est devenu le métis entre l’aristocratie mandingue et sérère, donnant naissance à une société avec deux composantes dontl’une est mandingue et l’autre sérère. «Leur enfant est censé être capable de traiter les deux parties d’une manière juste et aussi d’être riche des biens de chacune de sa lignée sur le plan éthique. Voilà pourquoi le mot Guélewar renvoie à des individus qui sont porteurs de valeurs importantes que les citoyens devraient s’évertuer à respecter», indique l’enseignant chercheur.
Il estime ainsi que personne ne peut enfermer le Guelewar dans une ethnie, mais il reconnaît que le terme est plus présent dans la culture sérère. Le Pr Rokhaya Fall qui abonde dans le même sens soutient que le Guelewar est un citoyen dans l’espace sénégambien. «Un Guelewar peut êtrewolof, peul, soninké ou mandingue, mais l’invocation du nom renvoie à des valeurs dont le courage, la dignité et le sens de la justice. Donc se réclamer Guelewar, c’est se réclamer de ces valeurs», tranche-t-elle.
Se réjouissant de la rencontre, Dr Babacar Diop estime que la bataille scientifique a été remportée. Selon le leader du Fds, le ministre de l’Intérieur ne peut que tenir compte de la position des universitaires. Au-delà de la bataille judiciaire, Dr Diop et Cie comptent également mener un combat politique. « Nous sommes des « Guelewar » et nous ne resterons pas les bras croisés. A partir du mois d’octobre, nous organiserons des rassemblements et des marches partout, à Dakar devant le ministère de l’Intérieur», avertit-il.