POUVOIR ET OPPOSITION A CONTRE-COURANT
FLOU AUTOUR DU REFERENDUM DE MAI 2016

Annoncé pour mai 2016 par le chef de l’Etat, Macky Sall, le référendum n’est pas encore inscrit dans le calendrier électoral du Sénégal, selon le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo. Le Parti démocratique sénégalais (Pds), par la voie de son porte-parole, Babacar Gaye, y voit un problème de crédibilité et une volonté de se dédire, non sans avertir que tous les démocrates sont aux aguets. Toutefois, du côté de l’Alliance pour la République (Apr), Seydou Guèye, ministre porte-parole du parti présidentiel rassure quant à la tenue prochaine du référendum, conformément à la volonté du chef de l’Etat.
La déclaration du ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, concernant le calendrier électoral du Sénégal qui n’a pas encore en son sein le référendum pour mai 2016, tel qu’annoncé par le chef de l’Etat, Macky Sall, porte-t-elle à confusion ? Du coté du parti au pouvoir, on ne se prend vraiment pas la tête pour ses déclarations.
En effet, sur les ondes de la radio Sud Fm hier, mardi 8 décembre, le ministre porte-parole de l’Alliance pour la République (Apr), Seydou Guèye a réagi en «sapeur-pompier» pour éteindre la polémique causée par la sortie de son camarade de parti, lors de sa visite au niveau de la Commission électorale nationale autonome (Cena). Pour lui, il n’y a vraiment pas de quoi fouetter un chat. Au contraire, le ministre porte-parole de l’Apr se dit inquiet «de la précipitation avec laquelle les uns et les autres ont interprété les propos du ministre». A l’en croire, «il n’y a aucune incertitude… puisque le président a fixé un cadre. Il a donné comme élément la tenue du référendum en 2016». Ce dont il s’agit donc, rappelle-t-il, c’est que «le ministre de l’intérieur a dit que dans son calendrier, il n’y a pas encore de date. Mais ça, c’est une évidence parce qu’un calendrier, c’est une série de dates». Qui plus est, selon lui, ce n’est que le mois et l’année qui ont été retenus, mais pas une date précise.
Toutefois, le responsable apériste n’a pas manqué de préciser que le pouvoir en place est dans les dispositions de tenir des élections, quelle que soit la date retenue. Pour M. Guèye, «l’Etat du Sénégal a les moyens d’organiser les élections si c’est décidé à deux mois ou bien trois mois près». Et cela, «selon les termes définis et les délais impartis par la Constitution ou le Code électoral», a-t-il précisé.
SOUPCON DE «WAX WAXEET»
Du coté de l’opposition, surtout du Parti démocratique sénégalais (Pds), on n’entend pas de la même oreille cette absence de date fixe pour la tenue du référendum promis par Macky Sall. Pour le porte-parole du principal parti de l’opposition, Babacar Gaye, cela ne souffre d’aucun doute que le président Macky Sall veut se dédire, après s’être engagé à réduire son mandat une fois élu. A l’en croire, «si jusqu’à quelques encablures de l’élection présidentielle qui doit se tenir en 2017, le président Macky Sall ne prend pas de décisions, il n’annonce aucune date pour le référendum, et que son ministre de l’intérieur fixe dans la loi l’organisation des élections législatives et locales en 2019, sans faire allusion à la promesse et à l’engagement du président de la République, cela pose un problème de crédibilité». Qui plus est, estime-t-il, Daouda Diallo «ne fait que trahir du moins ce qui se dit dans les officines de l’Apr». Quid du bruit de couloir en question ? «C’est-à-dire de gagner du temps, de profiter éventuellement d’une catastrophe, pour dire aux Sénégalais que le pays est en danger, nous ne pouvons pas organiser les élections à date promise», accuse-t-il. D’ailleurs, Babacar Gaye suppute que «c’est pourquoi on agite partout l’insécurité et les djihadistes».
Estimant par ailleurs que le chef de l’Etat Macky Sall et son régime actuel cherchent à se donner une longueur d’avance afin de déstabiliser l’opposition, puis de se faire réélire, Babacar Gaye prévient. «Le Pds est aux aguets avec tous les démocrates, tous les républicains, toute la société civile, le peuple sénégalais en entier, pour que si le président Macky Sall devait se dédire, se renier, tomberaient évidemment toutes les mesures démocratiques pour le faire quitter le pouvoir», avertit-il.