UN JUGE ACCUSE
Auteur du "Traité théorique et pratique de procédure pénale", le magistrat Cheikh Diakhoumpa dissèque les travers de la justice au Sénégal
Dame justice a du mal à se faire respecter dans ce pays cité comme un exemple de démocratie : Son indépendance est remise en cause, ses décisions contestées. A travers son livre intitulé Traité théorique et pratique de procédure pénale, le magistrat Cheikh Diakhoumpa dissèque le fonctionnement de la justice sénégalaise.
La question sur l’indépendance de la justice alimente les polémiques. Mais les discussions n’ont plus leur raison d’être, si l’on en croit Cheikh Diakhompa, magistrat de profession qui a dédicacé hier son livre intitulé Traité théorique et pratique de procédure pénale.
Il dit sans ciller : «Notre justice n’est pas indépendante et pour s’en rendre compte, il faut lire les pages 194 à 208, vous verrez que la magistrature du Parquet dépend du ministre de la Justice, des règles du Code de procédure pénale qui portent atteinte à l’indépendance du juge.»
A travers ce livre, il vient corriger une anomalie. «Aujourd’hui pour apprendre la procédure pénale à l’université, les étudiants font recours aux anciens ouvrages français. Et nous avons constaté que le droit français a beaucoup évolué, il a connu beaucoup de changements au point qu’il ne peut plus servir d’exemple pour étudier le droit sénégalais. C’est pour cette raison que je me suis sacrifié plus de dix ans pour mettre sur place un ouvrage en droit sénégalais qui traite de toutes ces questions processuelles», explique-t-il.
Cet ouvrage est le premier du genre en droit sénégalais. Le livre passe en revue les différentes phases de la procédure pénale, de l’enquête policière, l’instruction, la poursuite judiciaire. L’auteur expose dans le tome 1 toutes les pistes liées à la procédure pénale.
En marge de cette cérémonie, l’ancien procureur de Matam est revenu sur son expérience personnelle. Il avait révélé qu’il recevait des menaces provenant de Dakar suite aux incidents intervenus entre les partisans de Mamadou Mory Diaw, maire de Matam, et ceux du député Farba Ngom.
Dans un contexte marqué par une série de violences meurtrières qui poussent certains à réclamer le rétablissement de la peine de mort, l’ancien procureur opte pour un renforcement de l’appareil judiciaire afin de veiller à la légalité et au respect de la loi.
Par ailleurs, le magistrat a critiqué la politique des grâces présidentielles et les libérations conditionnelles. «De 2011 à nos jours, il y a plus de 3 000 personnes qui en ont bénéficié au point qu’il y a une démystification des lieux de prison. Or, le droit pénal est un droit sanctionnateur (sic), de dissuasion et d’exemplarité. Donc, si le délinquant ne craint plus cette sanction, la société est en danger», martèle-t-il.