«UNE COMMISSION INDEPENDANTE METTRAIT EN CONFIANCE L’OPPOSITION»
La mise en place d’une Commission indépendante participerait à la facilitation du dialogue politique initié par le chef de l’Etat. C’est la conviction d’Abdourahmane Sow, coordonnateur de la Commission Orientations et Stratégies du Mouvement du 23 juin

L'opposition regroupée dans le Front de résistance nationale réclame la mise en place d'une Commission indépendante pour mener les concertations pour le dialogue. Quel commentaire en faites-vous ?
Il serait bien pour un dialogue sincère, participatif et consensuel, que la neutralité soit de mise dans ce processus d’apaisement du climat politique et social du pays. a l’image du consensus de 1992, sous l’égide du général Cissé, les acteurs de la Société civile et les acteurs politiques, une commission indépendante garantirait une démarche objective dans le processus et mettrait en confiance l’opposition qui a souvent dénoncé le manque de sincérité dans les différents appels au dialogue sous l’ère Macky Sall. Des termes de référence exhaustifs, des acteurs neutres, la bonne foi des acteurs politiques, seraient des acquis non négligeables pour un dialogue sincère qui profiterait à l’ensemble des acteurs et au renforcement des acquis démocratiques. En tout cas, même si elle n’y est pas conviée, notre structure plaide pour la levée de tous ces contentieux qui braquent nos franges sociales et politiques, en vue d’apaiser le climat et permettre au Sénégal de passer à une étape supérieure de sa vie démocratique. de toutes les manières, les acteurs politiques, surtout ceux du camp de Macky Sall, ont intérêt à tenir de manière responsable ce dialogue, sinon, nous risquerons de faire toujours face aux vices exercés par les vainqueurs du moment, la loi, la justice et la règle des vainqueurs. Par ailleurs, une certaine Société civile doit arrêter le jeu de la complaisance et des faux alibis, facilitant ainsi au pouvoir la tâche de se livrer à chaque appel au dialogue, à de la théâtralisation et aux effets d’annonce. il est temps que cette classe d’acteurs respecte les Sénégalais par la bonne foi et l’équité, qu’elle soit de la Société civile, du pouvoir comme de l’opposition.
Que pensez-vous des conditions posées par les libéraux et les «Khalifistes» pour prendre part au dialogue ?
Des conditions légitimes à notre sens. dans le cadre des concertations, les parties viendront avec leurs préoccupations particulières. Même si la démarche pourrait être exclusive et égoïste, il faut reconnaître que ces positions ont été dans le temps renforcées par une volonté politicienne constatée sur la gestion de ces dossiers judiciaires. autant avec monsieur Karim Wade, que le député-maire Khalifa Ababacar Sall, nous avons eu le sentiment que la justice sénégalaise a été contrainte, par une démarche exclusive, en vue de solder des comptes personnels et de liquider des adversaires politiques. Alors que ces derniers gestionnaires sont condamnés, d’autres se pavanent librement, pendant que leur gestion est épinglée pour des sommes dix fois plus élevées. nous considérons que la complaisance, l’impunité et le parti pris ont été de mise dans le fonctionnement de la justice sénégalaise, et cela repose la problématique des rapports entre nos différents pouvoirs. nous estimons, encore une fois, que le président Macky Sall, a l’occasion de restaurer la gouvernance démocratique par une nouvelle démarche et des réformes profondes. c’est ce que nous espérions, jusqu’à ce qu’il nous prenne encore au dépourvu, par des révisions constitutionnelles antidémocratiques, capitalisant ainsi tous les pouvoirs de ce pays entre ses mains, en érigeant un régime hyper présidentialiste et dictatorial, avec un frêle alibi, ‘Fast-track’, pour gruger les esprits innocents de certains sénégalais. ce qu’il doit comprendre et apprendre de ses prédécesseurs, c’est que les hommes passent et les institutions demeurent. Nous attendons de lui de vraies réformes sur la gouvernance de ce pays, pour bannir de l’exercice du pouvoir, la mal gouvernance, le manque de transparence, le népotisme, la patrimonialisation de la république, la corruption, la complaisance, l’impunité, la manipulation de nos institutions et la politique politicienne, entre autres vices, qu’il dénonçait et combattait à nos côtés. il est averti ! nous nous érigerons face à ces forfaitures qui nous agacent de la part de tous ces régimes et pouvoirs qui défilent dans le temps et abrutissent le peuple sénégalais. Macky Sall a la lourde responsabilité de tracer son destin lié à la démocratie sénégalaise à travers ce dialogue. il n’est pas trop tard pour refaire les choses et de bâtir le Sénégal du renouveau démocratique. a lui de faire preuve de bonne foi et d’être très lucide.
La COS/M23, en synergie avec d'autres mouvements, a lancé une pétition nationale et internationale pour la libération de l'ex maire de Dakar que vous considérez comme un otage. Pourquoi avez-vous senti la nécessité de lancer une telle initiative ?
la coS/m23 est une organisation libre du diktat des mentors et autres parrains. libre dans la pensée et l’action citoyenne. patriotique et engagée pour le salut du peuple. nous sommes forts du parcours et du militantisme de nos membres, et de notre implication dans la lutte démocratique du Sénégal depuis maintenant plus de quinze années. en tant qu’observateurs de la vie politique du pays et avisés des enjeux et du jeu, nous avons compris que Khalifa Sall est victime aujourd’hui d’un système de gouvernance politique. de prisonnier politique, il se retrouve aujourd’hui otage de ses ambitions. lui et Karim Wade, sont aujourd’hui suspendus à l’agenda politique du pouvoir en place et cela est injuste. tant que l’impunité est garantie aux collaborateurs du président de la république, nous considérerons qu’ils sont des otages et combattrons pour leur liberté, au nom de la démocratie. cela ne saurait être de la sublimation et un culte de la personne. nous avions fait la même chose, quand le pouvoir libéral attaquait macky Sall, en l’accusant de blanchiment d’argent. par principe, nous le ferons pour d’autres. la loi a un caractère général et impersonnel, aujourd’hui au Sénégal, elle est exclusive, orientée et sélective. Fort de tous ces constats, la coS/m23 a pris librement sur elle, avec d’autres collaborateurs de même opinion, de poursuivre ce combat. a travers cette plateforme citoyenne, cette pétition nationale et internationale, des citoyens se lèvent pour réclamer la liberté de Khalifa Sall par principe. le président macky Sall est interpellé ainsi, et est prié de prendre les dispositions nécessaires pour la libération des otages politiques et de nous inviter à la reconstruction de ce pays. S’il s’y met de bonne foi, alors pour l’essentiel le Sénégal, la coS/m23 serait parmi les plus librement engagés par souci et par conviction pour le Sénégal.