VIDEOWADE INTERPELLE MACKY
Référendum : abstention et financement de la campagne - Médiation entre le pouvoir et l'opposition - Double nationalité

L'ancien président de la République s'est prononcé, hier, via les ondes de Walf Fm, sur beaucoup de questions, notamment le référendum, la question du statut du chef de l'opposition et l'affaire de la double nationalité. Nous vous proposons des extraits de ce grand oral de Me Abdoulaye Wade.
Scrutin référendaire
"Je voudrais féliciter les militants du Parti démocratique sénégalais et ses alliés traditionnels, parce que sans moyens, les militants se sont organisés et ont obtenu, quand même, des résultats honorables. C'est la première fois que je ne participe pas largement au financement des élections pour des raisons que la plupart des Sénégalais connaissent. Le voleur qui m'a volé, je l'ai amené au tribunal de Dubaï, et il a été condamné à un an de prison, plus des dommages et intérêts. Mais, malgré tout, ce n'est parce que tu as amené ton voleur au tribunal, qu'il va vous rembourser votre argent. C'est ça l'explication que je peux vous fournir. Maintenant, si vous le désirez, je peux publier ce jugement.
La deuxième observation que je voulais faire, c'est le taux de participation. Je n'insisterai pas, parce que je suis les télévisions et les radios qui en parlent. On constate simplement, que le référendum constitutionnel que j'ai fait, avait recueilli 95% de participants, et que le référendum de M. Macky Sall, n'a enregistré, selon mes informations, que 40%. Quelle est la signification de cette abstention ? Il ne m'appartient pas de donner immédiatement mon interprétation de ce grand taux d'abstention, le mouvement du 'Non' vous répondra. A aucun moment, le Président ne nous a consultés pour nous dire qu'il allait proposer une nouvelle Constitution aux Sénégalais, ni avant ni après. Nous nous sommes retrouvés tout simplement devant une Constitution qui a subi des modifications. J'ai entendu deux choses sur lesquelles je voudrais faire des réprobations.
La première, le président de la République a dit ou aurait dit en maintenant dans la Constitution le statut de l'opposition et du chef de l'opposition, qu'il allait faire la proposition à l'opposition. Alors, sur ce plan, je voudrais, quand même, vous rappelez que c'est moi qui ai introduit, pour la première fois dans l'histoire politique du Sénégal et dans la Constitution, la notion de statut de l'opposition et de chef de l'opposition . J'ai proposé ça à mon opposition quand j'étais au pouvoir. Cette opposition, dont le leader était Tanor Dieng, a refusé. C'est pourquoi je ne l'ai pas appliqué.
Mais, maintenant, si d'aventure M. Macky Sall nous propose, nous, statut de l'opposition et chef de l'opposition, je serais inconséquent de refuser. Je ne peux pas refuser. Je suis chef de l'opposition, mais l'opposition est constituée, aujourd'hui, de plusieurs partis politiques qui ont joué des rôles aussi importants les uns que les autres dans l'obtention du résultat du 'Non'. Par conséquent, si d'aventure, le Président trouvait mon idée bonne et nous propose ça, nous allons aller devant le mouvement du 'Non', parce que le Pds n'est plus seul à agir sur le terrain".
Proposition de médiation
"J'ai entendu Landing Savané proposer une médiation entre le camp du 'Oui' et le camp du 'Non'. Vous savez, j'aime bien Landing Savané, et j'espère qu'il m'écoute. Landing Savané a passé plus de temps avec moi qu'avec Macky Sall. Donc, nous nous connaissons. Nous avons fait ensemble des dizaines d'années, et nous avons gagné ensemble les élections qui m'ont amené au pouvoir. Donc, nous nous connaissons très bien, et je l'apprécie beaucoup. Landing Savané est un grand patriote, et je rappelle pour les compatriotes qui nous écoutent, que c'est moi qui ait demandé à Abdou Diouf de recevoir l'opposition. Abdou Diouf a reçu l'opposition avec Landing Savané, Amath Dansokho, il les a introduits dans le gouvernement.
Seulement, voilà, aujourd'hui, Landing Savané, que je considère comme mon petit-frère, avec qui j'ai lutté, pendant des années dans l'opposition, ne peut pas venir dire qu'il va être un médiateur entre Macky Sall et moi, entre le 'Oui' et le 'Non'. Il est dans le camp du 'Oui', il ne peut pas arbitrer. Landing, toi aussi, quand même, il faut être raisonnable. Ce que je voulais ajouter, c'est que le Pds n'est pas demandeur pour discuter avec Macky Sall. Il faut qu'on soit clair. Nous nous ne sommes pas demandeurs. Nous, on est des démocrates. Pour nous, la démocratie, c'est un gouvernement qui gouverne, une opposition qui propose.
Tout ce que nous voulons, c'est que le président de la République et ses partisans respectent nos droits d'opposants. Et je vous rappelle, sur ce point, que quand j'ai gagné les élections en 2000, le Parti socialiste déclarait : 'Nous allons rendre ce pays ingouvernable". Mais on ne dira pas ça, on ne va pas dire qu'on va rendre le pays ingouvernable, parce que nous avons, aujourd'hui, plus de force. Nous ne sommes pas des destructeurs, nous sommes des démocrates, nous voulons avancer. Nous, nous ne sommes pas demandeurs, mais si le président de la République estime devoir nous proposer un dialogue, mais, en ce moment, le Front du 'Non' appréciera.
Affaire de la double nationalité
"La question qui a été soulevée au Sénégal avec les problèmes de nationalité, et je ne sais quoi d'autre. Il faut laisser le soin aux hommes de droit de traiter cette affaire. Le binational est celui qui a deux nationalités. Maintenant, ce n'est pas pareil avec celui qui a une double nationalité. C'est quelqu'un qui a déjà une nationalité et qui veut chercher une autre d'un autre pays. Il y a un professeur Guèye, je pense qui a écrit un article sur internet, et hier (avant-hier) aussi, j'ai vu un autre article, pour vous montrer que bi-nationalité et double nationalité, ce n'est pas la même chose.
Maintenant, la manière dont on a écrit la loi du Sénégal, les binationaux, comme le professeur Guèye les défend, eux aussi, ils préservent leurs droits, pour pouvoir se présenter. Il faut aller voir ces articles. Je suis juriste, et même très spécialisé en droit international privé. J'ai mon point de vue là-dessus, mais je vous laisse avec les juristes qui ont soulevé cette question. Mais, Senghor n'est pas binational. C'est un Sénégalais qui a demandé la nationalité française. Et Senghor est mort avec la nationalité française, avec une pension de l'Assemblée nationale de la France. Il y a beaucoup de gens qui m'écoutent, ils sont Français. Même dans mon gouvernement, j'avais des gens qui étaient français.
Parce que l'histoire du Sénégal est très complexe. Il y a beaucoup de gens qui ont la double nationalité. Le jour où on va demander les candidatures, les juges vont trancher. Moi, je suis né à Saint-Louis. C'est la France qui avait décidé, en 1830, que les natifs de Dakar, Rufisque, Saint-Louis et Gorée, ont la nationalité française. Mon père né français, natif de Saint-Louis, et son frère, ont fait la guerre 14-18 en tant que Français. Moi-même, je suis entré à l'armée en tant que Français, né à Saint-Louis. Mais, après l'indépendance, c'est là le problème.
Vous savez, quand il y a indépendance, le droit international a dit que les gens issus de ce territoire, on les laisse avec leur nationalité, c'est ça qui est arrivé à Dakar, Saint-Louis, Rufisque Gorée. La loi a dit, eux tous, ce sont des Sénégalais, ils ne sont plus Français. Sauf que le jour de l'indépendance, ils n'étaient pas au Sénégal. Moi, c'était mon cas. Le jour de la proclamation de l'indépendance, j'étais à Paris en train de préparer l'agrégation. Mais après, j'ai renoncé à la nationalité française.
Quand j'ai passé le concours d'agrégation en 1970, je vous renvoie au journal officiel, vous verrez les candidats Abdoulaye Wade de nationalité étrangère, je suis sur la liste des candidats étrangers. Donc, j'ai renoncé à ma nationalité française, les gens qui disent cela n'ont rien compris. C'est ça la vérité. Je voudrais aussi que vous puissiez faire des enquêtes pour tous les chefs d'Etat du Sénégal. Et il faut le faire aussi pour Macky Sall, parce que beaucoup de gens disent que Macky Sall a une nationalité française et une nationalité américaine. Il faut aller le lui demander qu'il prenne la télévision pour s'expliquer sur ça."