INSUFFISANCE RENALE ET COVID-19
Pr El Hadji Fary Ka demande une troisième dose de vaccin

Face à la troisième vague réputée plus contagieuse que les précédentes, les néphrologues font le plaidoyer à l’endroit du ministère de la Santé et de l’action sociale pour l’inoculation de la troisième dose de vaccin aux personnes souffrant d’insuffisance rénale. Face à leur état sanitaire précaire, Pr El Hadj Fary Ka chef de service de néphrologie de l’hôpital Aristide Le Dantec a déclaré qu’elles sont dans une situation immuno-déprimante. Toutefois, il a avancé que le taux de positivité tourne autour de 12% et la mortalité est de 10%. Ce qui est à son avis très important. Toutefois, il a déclaré hier, vendredi 20 août lors du point de presse journalière sur la situation du coronavirus au Sénégal que l’espoir est permis avec la vaccination qui est bien tolérée chez ses sujets.
L a forme grave est l’évidence chez les personnes porteuses de maladies rénales chroniques en général et chez les hémodialysés de manière particulière en cas de Covid. Selon le professeur El Hadj Fary Ka, pendant la première vague, 345 patients hémodialysés chroniques entre Dakar, Ziguinchor et Thiès ont été recensés. 109 parmi eux ont eu des tests Pcr et 11 voire 12% avaient développé la forme Covid 19. « Donc vous voyez, c’est extrêmement important le taux de positivité qui est autour de 12% » a-t-il déduit.
Pour le spécialiste, les patients étaient le plus souvent âgés et surtout avaient d’autres comorbidités comme le diabète ou l’hypertension. Ce qui l’amène à dire : « par ailleurs, les malades atteints d’insuffisance rénale chronique peuvent faire une Covid grave mais qui induit également une insuffisance rénale aigue chez les patients qui n’avaient aucune atteinte rénale au préalable ». Et de poursuivre : « le patient est doublement impacté par la Covid 19, soit il avait une insuffisance rénale chronique et avec la Covid 19, le patient fait une forme grave, hospitalisé en réanimation et le taux de mortalité est élevé ou bien il fait une forme grave de Covid hospitalisé en réa et là il peut développer une insuffisance rénale aigue qui est un facteur de surmortalité ».
PRESENTATION DE LA MALADIE CHEZ LES INSUFFISANTS RENAUX
Le coronavirus se présente chez les personnes porteuses d’insuffisance rénale par une baisse de l’immunité. Selon le professeur Ka, ces malades présentent malheureusement en plus de l’insuffisance rénale des comorbidités telles que l’hypertension artérielle, le diabète, les pathologies cardiovasculaires entre autres. Un risque accru qui s’explique d’une part par une baisse de l’immunité. « Quand on a une insuffisance rénale chronique, on a une baisse de l’immunité qui est très importante et en plus, ce risque est amplifié par le traitement qui est prescrit chez ces malades qui suivent un traitement souvent immuno suppresseur. Donc, ils ont un double risque de baisse de l’immunité, d’avoir l’insuffisance rénale en elle-même qui est un facteur de baisse de l’immunité et les médicaments pour traiter cette insuffisance rénale » a-t-il fait comprendre.
UN TAUX DE MORTALITE DE 10%
La plupart des insuffisants rénaux sont pris en charge dans les centres de dialyse. Selon le professeur Ka de l’hôpital Aristide Le Dantec, « on ne pouvait pas amener les dialysés dans les centres de traitement comme les autres malades. Une unité spéciale a été construite dans ce sens et c’est ainsi qu’au 14 août 2021, 417 séances d’hémodialyse ont été réalisées dans ladite unité pour 90 patients parmi lesquels malheureusement nous avons eu à déplorer 21 décès ». Un taux de mortalité élevé selon le néphrologue : « nous avons un taux de mortalité autour de 10%, c’est énorme. Parmi ces décès, 10 avaient une insuffisance aigue, des patients qui ont eu une forme grave Covid qui ont ensuite développé une insuffisance rénale aigue et qui sont décédés. Les 11 autres, c’était des patients suivis pour insuffisance rénale chronique et qui ont fait une forme grave Covid et qui sont décédés ».
CONDUITE A TENIR
Au vu de tous ces données, il est important que les patients en insuffisance rénale chronique, qu’ils soient en pré-dialyse, qu’ils soient dialysés et de même que les transplantés respectent scrupuleusement les mesures de prévention indiquées comme le lavage fréquent des mains, l’utilisation du gel hydro alcoolique ainsi que le port de masque. Cette recommandation est du professeur Ka. Et d’ajouter : « il y a aussi l’utilisation de ses propres effets. Ne pas les échanger, ne pas s’asseoir sur les autres lits des malades, éviter la promiscuité dans les centres de dialyse ainsi que de poursuivre le traitement médical ».
EVITER L’AUTOMEDICATION
Pour le professeur Ka, il ne faut pas changer de traitement sans l’avis de votre médecin et lui signaler tout symptôme car les malades qui sont immuno-déprimés font des symptômes à bas bruit et malheureusement ils sont reçus lorsque les symptômes sont très graves. « Nous avons constaté un retard de diagnostic dû au fait que le malade ne se signale pas trop tôt. Il faut éviter l’auto-stigmatisation, refuser la stigmatisation des autres. Parce que la Covid-19 n’est pas une maladie honteuse, c’est une maladie infectieuse comme toutes les autres » a-t-il déclaré. Et de poursuivre : «nous les exhortons à chaque fois qu’ils s’aperçoivent d’un changement tel qu’il soit, de se signaler au niveau de leur médecin ».
VACCINATION TOLEREE
La vaccination contre le coronavirus est bien tolérée chez les personnes qui sont hémodialysées comme transplantées. Selon le professeur Ka : « nous sommes bien placés pour le dire parce que sur 516 patients chroniques hémodialysés à Dakar, au moins les 347 soit 70% ont déjà bénéficié au moins d’une dose de vaccination. Et parmi ces 347 déjà vaccinés, nous n’avons noté aucun effet secondaire grave. Aucun, tout au plus, nous avons noté un syndrome goulipard. Vraiment, la vaccination est très bien tolérée ». Par contre, pour plus de sécurité aux malades du rein, le spécialiste a fait une suggestion pour une troisième dose de vaccin. «Quand on est immuno-déprimé, on a une réponse vaccinale qui est moindre par rapport à la population générale », relève-t-il.