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4 mai 2025
Éducation
LES CHANTIERS DE LA RUPTURE
Justice, économie au service des plus démunis, politiques publiques inclusives... Felwine Sarr liste les grands défis sociétaux nécessaires pour transformer la victoire démocratique en une révolution sociale profonde, à la hauteur des attentes populaires
Felwine Sarr est convaincu qu’il y a un ethos de l’universitaire, qui est de faire profession de vérité et celle-ci est due à la société et aux puissants. Depuis les Etats-Unis où il enseigne, l’universitaire sénégalais revient, dans cet entretien, sur la « révolution démocratique » que constitue l’élection de Bassirou Diomaye Faye qui, à son avis, doit aboutir à « une révolution sociale » afin de concrétiser le désir de changement exprimé dans les urnes.
Quelle signification donnez-vous à l’élection de Bassirou Diomaye Faye comme président de la République ?
Le sentiment que j’ai, c’est que le peuple sénégalais a réussi une révolution démocratique. Je pense que les deux termes sont importants. Il y a eu un désir de changement profond dans la société sénégalaise et un refus de basculer dans un régime autocratique. Le précédent régime a tenté de violer nos droits et libertés, a exercé une violence soutenue contre le corps social sénégalais, a piétiné les institutions et nous a entrainé dans une situation inédite ces trois dernières années, jusqu’à ce moment crucial où le président de la République avait décidé d’arrêter le processus électoral. Donc, le fait que l’élection ait eu lieu d’une part, que les institutions et le peuple aient résistés et limité les dérives autocratiques, me donne le sentiment qu’une révolution démocratique s’est opérée. Deuxièmement, je trouve que le PASTEF a su résister aux assauts de l’appareil d’État avec une grande détermination et une forte résilience ; il a convaincu les Sénégalais de son projet de rupture et de sortie du pacte néocolonial ; ceci a fait échos et les gens ont voté pour cela. Tous ces changements me font penser aux prémices d’une révolution. Mais cette révolution démocratique doit aboutir à une révolution sociale, économique et politique. Je pense que la révolution frappe à la porte et celle-ci est entrouverte.
À votre avis quelle est la marge de manœuvre du nouveau gouvernement sur des sujets comme l’emploi des jeunes, le coût de la vie ou encore la réforme des institutions ?
On peut résumer ces priorités en deux points : la réforme des institutions et la vie économique et sociale. Sur le premier point, la marge de manœuvre est totale. Il revient au gouvernement en place d’examiner là où nos institutions ont été vulnérables. Si elles ont été mises en mal et secouées, c’est parce qu’il y’avait de la vulnérabilité. Le code électoral a été manipulé pour exclure des candidats, la présence du président de la République et du ministre de la Justice dans le Conseil supérieur de la magistrature pose un problème d’indépendance pour cette institution. Nous avons un sérieux chantier de refondation du système judiciaire et des institutions en règle générale. Il ne faut pas que la victoire du peuple sénégalais nous fasse oublier cette vulnérabilité. Il faut rendre la séparation des pouvoirs beaucoup plus effective avant que le temps de l’oubli n’arrive. L’autre question épineuse, c’est la vie économique qui dépend en partie de ce qui se passe en interne, de la manière dont l’économie est pilotée, mais aussi du contexte global international. Le Sénégal est une petite économie ouverte, souvent affectée et vulnérabilisée par les chocs extérieurs. Lorsque ceux-ci vont dans le bon sens, le pays en bénéficie, mais lorsque la conjoncture est moins bonne, le pays en souffre. Il faudra rapidement restaurer des marges de manœuvre budgétaire. Le pays s’est beaucoup endetté ces dernières années avec un ratio dette/Pib qui est passé d’environ 30% en 2012 à presque 80% aujourd’hui soit au-dessus de la norme communautaire qui est de 70%. Il est nécessaire de rationaliser les dépenses budgétaires et élargir la base de l’assiette fiscale afin de maintenir un niveau d’investissement public soutenu. Il faudra également tenter d’atteindre ce que les économistes appellent le niveau de production potentielle de l’économie. Et pour cela, il faut des innovations technologiques, de la formation du capital humain et de l’investissement dans les secteurs où le pays a des avantages comparatifs afin de générer des gains en compétitivité. Un diagnostic de l’économie sénégalaise est nécessaire, voir où sont ses limites, mais aussi ses forces et ses potentialités. Enfin, mettre en place des filets sociaux pour les couches les plus vulnérables. Quel que soit le niveau de notre richesse nationale, il est possible de mettre en œuvre un peu plus de solidarité envers les plus démunis en même temps que l’on travaille à rendre l’économie beaucoup plus productive. Pour cela, une économie politique de la dignité est un chantier important qui devrait engager toute la nation ; le gouvernement, le secteur privé et ainsi que ceux qui œuvre dans l’économie populaire, sociale et relationnelle.
Comment mettre fin à l’Hyperprésidentialisme ?
Sur la question du rééquilibrage du pouvoir présidentiel, il faut rappeler que l’on a connu une crise de bicéphalie au sommet de l’État entre Senghor et Mamadou Dia en 1962. Et depuis, les pouvoirs du Chef de l’État n’ont cessé de se renforcer jusqu’à ce que l’on fasse l’expérience des limites d’un tel fait. On s’est rendu compte qu’il fallait retirer des pouvoirs au président de la République et les disséminer dans d’autres pouvoirs : législatif ou judiciaire. Vue la manière dont les élections présidentielles se sont déroulées et la figure de leader incontesté du PASTEF qu’incarne Ousmane Sonko, il est un premier ministre avec un poids politique important. Je ne trouve cependant pas que cette situation de partage du pouvoir exécutif de fait, née d’une conjoncture politique singulière, soit la réponse à l’hyperprésidentialisme. Celle-ci doit être institutionnelle et s’effectuer dans l’espace de la Constitution par une distribution plus équilibrée des pouvoirs entre les différentes institutions afin d’assurer l’existence de véritables contre-pouvoirs. Nous devons faire en sorte que les institutions acquièrent force et crédibilité et qu’elles soient en capacité de modeler les comportements des individus, qu’elles s’autonomisent et échappent aux tentatives de capture par le pouvoir politique. Le fait que le Conseil constitutionnel ait retoqué par deux fois des décisions du président de la République participe au renforcement de nos institutions, à la construction d’une jurisprudence qui inscrit dans l’histoire politique du pays l’idée que l’institution judiciaire peut limiter les dérives de l’exécutif. Il faut également réfléchir à comment construire des formes de vie qui réinstituent au cœur de l’aventure sociale, la dignité et l’autonomie des individus. On a eu une victoire importante, mais elle ne doit pas nous faire oublier le chantier qui est devant nous. Nous devons renforcer les institutions pour faire en sorte de ne pas nous retrouver à l’avenir dans de pareilles situations.
Une loi d’amnistie a été votée pour « réconcilier le pays », mais certains continuent de réclamer justice. Comment concilier ces deux impératifs ?
En fait, je pense que l’œuvre de justice est fondamentale pour toute société. La loi d’amnistie qui a été votée, si nous la laissons telle quelle, consacre l’impunité. Quand il y a de l’impunité dans un corps social, celle-ci sème les graines d’une violence à venir. L’histoire nous l’a montré. Les exemples sont légion en Afrique et dans le reste du monde. L’amnistie interroge notre rapport à la justice et à l’histoire. Le problème d’une loi d’amnistie, c’est qu’elle rend difficile le travail de mémoire d’une société. Toute communauté humaine génère ses monstres, mais il faut dialoguer avec ceux-ci, leur faire face, les conjurer et les mettre à distance. La loi d’amnistie empêche d’investir le passé, de savoir ce qui s’est passé, qui a fait quoi, qui est responsable de quoi. Les forces de défense et de sécurité ont exercé une violence létale à l’encontre des Sénégalaises et Sénégalais. Comment on comprend cette violence ? D’où est ce qu’elle vient ? Je pense que son origine remonte au fait colonial et que nous avons retourné la violence coloniale contre nous-mêmes. Frantz Fanon avait prévenu, en suggérant un travail de destruction des institutions coloniales, du risque de nous ensauvager. Je pense que le rapport entre les forces de défense et de sécurité et les citoyens reproduit le rapport du colon au colonisé. Nous devons extirper de cette institution ce rapport à la citoyenneté qui est déshumanisant. Comment répare-t-on cette violence ? Comment la reconnaît-on ? Comment mettre une distance entre elle et le corps social si on n’effectue pas le travail de vérité et de justice pour les victimes ? Quelles leçons tirons-nous de la crise ? Et que faisons-nous pour que celle-ci nous aide à approfondir le fait démocratique. Il est absolument fondamental de rendre justice aux familles des victimes, de situer les responsabilités et de mettre des garde-fous. Il ne faut pas qu’on l’on négocie avec ces faits et que l’on vendent à la société l’idée d’une réconciliation sans justice. Si on indemnise seulement, on ne rend pas justice. C’est important de répondre au besoin justice des citoyennes et citoyens qui ont été victimes. Le pays leur doit ça. Et la société se le doit à elle-même.
Il y a un débat sur la faible présence des femmes dans le nouveau gouvernement. La rupture c’est aussi sur cette question de l’égalité et de l’inclusivité des femmes ?
La politique ce sont aussi des actes symboliques. Je crois qu’il y a une vraie sous-représentation des femmes dans le gouvernement (4 sur 30). Elles représentent 49,6% de la population totale et donc il était important que le gouvernement reflète cela. Sur le plan économique, elles représentent 80% de la force de travail dans le monde rural et agricole, mais ne possèdent que 2% des terres. Quand on regarde les statistiques sur la pauvreté au Sénégal, 33% des femmes vivent en dessous du seuil de pauvreté (2,15 dollars par jour) et 94% des femmes travaillent dans le secteur informel et elles ont trois fois plus de chances de ne pas être employées, alors qu’elles représentent 40% de la force de travail dans le pays. Dans les ménages, les travaux démontrent que lorsque l’on accroit le bien-être et la prospérité des femmes, il y a un effet bénéfique pour toute la famille, y compris en éducation et en santé. Le ministère de la femme me semble nécessaire car elles ont des problématiques qui leur sont spécifiques ; mais également une économie féministe, c’est-à-dire qui prend en compte et améliore la condition des femmes, parce qu’on ne peut pas avoir de la prospérité dans le pays si la moitié du corps social est victime d’un certain nombre d’handicaps et d’asymétries. Dans tous les domaines on trouve des femmes qui sont très compétentes et capables de diriger des ministères, c’est une revendication tout à fait normale et légitime.
Le nouveau pouvoir place la question de la souveraineté au cœur de ses promesses. Quelle signification donneriez-vous à ce concept et comment s’articule-t-il avec les luttes précédentes ?
On peut dire que la souveraineté, c’est juste la capacité à ne pas se voir imposer la volonté des autres, c’est-à-dire d’être un État qui, sur son territoire, son espace et devant sa population, garde l’exclusivité de ses compétences juridique, exécutive et législative et œuvre pour le bénéfice de ses populations. La souveraineté est une revendication qui date des indépendances. On sortait d’une aliénation de plus d’un siècle avec l’idée de reprendre notre souveraineté politique, économique et sociale et de décider pour nous-mêmes de notre destin, de nos directions et de nos choix sociétaux. Cependant, nous avons certes accédé à la souveraineté dite internationale en 1960, mais nous sommes resté pris dans les rets de relations asymétriques dans plusieurs espaces (économique, politique, épistémologique, symbolique et ainsi que dans celui des futurités, c’est-à-dire des visions du monde). 60 ans après, les jeunesses africaines ont conscience que nous ne sommes pas pleinement maitre chez nous. Les théoriciens des relations internationales soutiennent l’idée d’une fiction de la souveraineté, c’est-à-dire d’un monde sans souveraineté absolue, qui est plutôt interdépendant et ceci du fait de la globalisation. Cependant dans la grande relation d’interdépendance (qui peut être positive ou négative) entre les états-nations, certains sont plus dépendants que d’autres, et nous subissons la dimension négative de l’interdépendance. Dans la demande de souveraineté, il y a le désir d’une relation beaucoup équilibrée avec le reste du monde. Nous savons que nous ne vivons pas dans une autarcie, et que nous sommes reliés au reste du monde, mais nous ne tirons pas de manière équitable les gains d’une relation économique, sociale et culturelle. Nos jeunes ne peuvent pas circuler comme les autres jeunes du reste du monde. Dans le rapport économique, nous ne bénéficions pas prioritairement de nos ressources. Dans les rapports symboliques et politiques, nous avons le sentiment que nous ne décidons pas vraiment de certaines questions qui nous concernent. Cette demande est donc légitime. Pour un peu complexifier la question de la souveraineté, je dirais que c’est un idéal, mais dans la réalité, les États négocient la réalité des interdépendances et essaient de tirer leur épingle du jeu.
Quand on parle de souveraineté il y a une fixation sur la monnaie. En tant qu’économiste monétariste quelle est votre position sur le débat sur le franc Cfa ?
Je suis pour la sortie du franc Cfa. Nos arguments consistent à dire que les accords de coopération monétaire avec la France nous entravent et nous empêchent d’avoir une politique monétaire proactive qui est tournée vers la satisfaction de nos besoins en termes de croissance économique et que celle-ci est trop contrainte par l’arrimage à l’euro. Une monnaie doit refléter les fondamentaux de son économie. Le fait que le franc Cfa soit arrimé à l’euro fait que quand celle-ci s’apprécie (l’euro), le Cfa s’apprécie également ; et cela entrave notre compétitivité externe. Et cette appréciation du franc Cfa vis-à-vis du dollar ou du yen ne dépend pas des dynamiques de nos économies ouest-africaines. Nous perdons donc un degré de liberté. Les études nous ont montré qu’un régime de change plus flexible, dont les marges de fluctuations sont encadrées ; un « currency board » avec un arrimage de la monnaie à un panier de devises au prorata des monnaies des pays avec lesquelles on commerce le plus, était beaucoup plus optimal en termes de bien-être et de croissance économique. Nous avons comparé les différents régimes de change et nous sommes parvenu à la conclusion que pouvoir utiliser le taux de change pour ajuster les chocs, était beaucoup plus bénéfique pour nous. Dans le débat, on a beaucoup mis en avant l’argument de la stabilité, ce qui est vrai, mais cette stabilité-là nous a énormément coûté en termes de croissance économique et de bien-être. En gros, lorsqu’on a fait le travail on a vu que retrouver la souveraineté sur notre politique monétaire pour avoir un « policy-mix » mieux articulé était indéniablement plus préférable en termes de bien-être. Deuxième argument à mettre dans la balance, c’est la dimension symbolique de la monnaie. Le franc Cfa apparaît comme un vestige du fait colonial. Même s’il y a eu des réformes dans le temps et que le nom a changé de signification, dans l’opinion il y a l’idée que c’est une monnaie coloniale, que ce n’est pas notre monnaie. Je pense que la monnaie a une dimension symbolique et imaginaire et qu’il faut répondre à ce besoin. Il ne faut donc pas sous-estimer cette dimension symbolique parce que la monnaie c’est la fiducia, la confiance que les gens ont dans ses fonctions et la complexité c’est d’articuler ces différentes dimensions : économique, symbolique et politique. Dès fois, en tant qu’économiste, j’ai regretté le fait que cette dimension symbolique ait pris le pas sur la réflexion purement économique, mais je comprends que c’est une nécessité d’articuler ces trois dimensions. Et pour toutes ces raisons, nous doit aller vers une réforme et reprendre la souveraineté entière sur la monnaie et l’utiliser au profit de notre prospérité et de notre bien-être économique.
Faut-il faire cette réforme dans le cadre communautaire ou aller vers une monnaie nationale ?
Je pense pour ma part que l’on avait entamé un projet (l’eco) dans le cadre de la Cedeao et que, si on a les moyens d’accélérer ce processus-là et de préserver les gains d’une intégration monétaire et économique, je préférerais qu’on le fasse. Si nous devons aller vers une monnaie nationale, il faudra s’assurer des conditions économiques pour bien le faire, parce que l’on voit bien que c’est à double tranchant : actuellement il y a 23 monnaies africaines qui sont dans la tourmente. Il faut donc réfléchir au bon « trade-off » pour assurer l’effectivité des fonctions de la monnaie ainsi que les avantages de l’indépendance de la politique monétaire. C’est une réflexion à mener avec soin.
Vous venez d’évoquer les difficultés de certaines monnaies africaines, un argument qu’évoquent souvent les tenants du statut quo. Comprenez-vous ceux qui ont peur du changement ?
C’est une inquiétude fondée, du fait que le Cfa nous a apporté une certaine maitrise de l’inflation et une stabilité pendant de longues années et que nous n’avons pas la culture de la fluctuation du taux de change. Donc, c’est une inquiétude que l’on peut comprendre, mais il ne faut pas que cela nous installe dans le confort du statut quo. La vraie question, c’est de savoir la situation vers laquelle nous voulons aller, quels en sont les gains et les limites potentiels. Si l’on gagne plus en termes de prospérité économique à avoir plus de flexibilité et un peu plus d’inflation avec de la fluctuation, il faudrait qu’on l’accepte. Autrement dit, échanger de la stabilité contre de la prospérité. Mais faudrait-il que nous mettions en œuvre les conditions de cette prospérité. Il y a aussi de l’apprentissage. Le jour où l’on sortira du franc Cfa on devra apprendre à raisonner et à travailler autrement. Je pense que la souveraineté c’est aussi accepter d’apprendre à emprunter des chemins inconnus dont on est convaincu qu’au bout, le résultat est préférable. Nous devons mettre en avant le scénario qui, pour nous, va répondre au mieux aux besoins économiques de nos sociétés. Les difficultés qu’éprouvent certains pays comme le Ghana ou le Zimbabwe doivent certes nous faire réfléchir, mais on peut aussi regarder d’autres pays qui ont des monnaies nationales et qui les gèrent plutôt bien et qui ont un niveau de prospérité beaucoup plus élevé que le nôtre et nous inspirer d’eux. Donc, il ne faut pas avoir une peur viscérale du changement, mais regarder où nous mènera ce changement.
LE PRÉSIDENT ANNONCE LA CRÉATION D'UNE DIRECTION DES AFFAIRES RELIGEUSES
Cette réforme structurelle majeure vise à mieux encadrer le domaine spirituel et à ouvrir des perspectives aux jeunes formés dans les écoles coraniques
Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a annoncé mercredi la création d’une Direction des Affaires religieuses et de l’Insertion des diplômés de l’enseignement arabe, a appris l’APS de source officielle.
Le chef de l’Etat en a fait l’annonce, mercredi, lors du conseil des ministres.
Selon le communiqué sanctionnant cette réunion hebdomadaire du gouvernement, cette direction est composée du Bureau des affaires religieuses et du Bureau de l’insertion des diplômés de l’enseignement arabe.
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BOUBACAR BORIS DIOP RÉCLAME DES COMPTES AU RÉGIME DÉCHU DE MACKY SALL
Tortures ayant conduit à la mort, scandales financiers, autoritarisme... l'écrivain dresse un réquisitoire sans concession. "On n'a jamais demandé des comptes à Diouf, ni à Wade, mais là il le faudra", insiste l'auteur de renom
L'éminent écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop était l'invité de TV5 Monde cette semaine. Si l'entretien couvrait plusieurs sujets dont son dernier roman et le génocide au Rwanda, c'est son réquisitoire contre l'ex-président Macky Sall et ses proches qui a marqué les esprits.
Diop, figure littéraire respectée, n'a pas mâché ses mots en évoquant la nouvelle ère politique qui s'ouvre au Sénégal après l'adhésion surprise au pouvoir d'une équipe très jeune. "Pour la première fois, on assiste à une alternance qui a un parfum de rupture radicale", at-il estimé.
Mais au-delà de l'espoir suscité, l'écrivain a énoncé les crimes lourds qui auraient été commis ces dernières années par le clan Sall. "Il faut que les responsables rendent compte, on ne peut pas faire l'économie de demander des comptes cette fois-ci", a martelé Diop.
En ligne de mire : les cas de tortures ayant conduit à la mort, les enrichissements personnels « spectaculaires » et injustifiables pour un pays si pauvre. "On n'a jamais demandé des comptes à Diouf, ni à Wade, mais là il le faudra", a insisté l'auteur de renom.
Ses mots ont fait l'effet d'un séisme, relayant un sentiment de ras-le-bol répandu après les 12 années de pouvoir de l'ancien président Macky Sall, entaché par les scandales de mal-gouvernance et la dérive autoritaire.
Diop prévient cependant que "tous les comptes n'ont pas encore été vendus". Un avertissement appuyé pour la nouvelle équipe : la population, qui a tant sacrifié, sera intransigeante et n'accordera "pas de droit à l'erreur".
CINQ PROJETS D’ETUDIANTS ENTREPRENEURS FINANCES A HAUTEUR DE 20 MILLIONS CFA A L’USSEIN
L’université du Sine-Saloum de Kaolack a octroyé un financement de vingt millions de francs CFA à cinq projets de ses meilleurs étudiants en entreprenariat dans le cadre de la deuxième édition de l’incubation ‘’DemoDay’’
Kaolack, 17 avr (APS) – L’université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima Niass (USSEIN) de Kaolack (centre) a octroyé un financement de vingt millions de francs CFA à cinq projets de ses meilleurs étudiants en entreprenariat dans le cadre de la deuxième édition de l’incubation ‘’DemoDay’’, a constaté l’APS, mercredi.
‘’Ces cinq meilleurs étudiants ont obtenu des fonds d’amorçage de leur start-up, à raison de quatre millions de francs CFA par projet. Mais, nous allons continuer à les accompagner, parce qu’on ne veut pas s’arrêter seulement à la création d’entreprises’’, a dit la rectrice de l’USSEIN, Pr Ndèye Coumba Touré Kâne, lors de la remise de ce financement.
‘’Nous voulons également voir quel est le devenir de l’entreprise et ceux qui n’ont pas bénéficié de ces fonds. Nous les accompagnons pour trouver d’autres canaux de financement, pour que les projets innovants qui ont été présentés soient des réalités et impactent le développement de notre pays’’, a-t-elle ajouté
Elle a rappelé que les missions de l’USSEIN portent sur l’enseignement, la formation et la recherche ainsi que sur l’offre de services à la communauté et l’employabilité des jeunes, devenue une ‘’thématique majeure’’ au Sénégal.
”C’est dans ce contexte qu’au niveau de l’USSEIN, il a été mis en place un incubateur, grâce à l’appui de l’Agence belge de développement (ENABEL), pour faire renaitre l’espoir chez les jeunes”, a-t-elle expliqué.
Elle a indiqué que dès le début, les étudiants inscrits dans cette université se sont organisés en coopératives et en groupements d’intérêt économique de façon multidisciplinaire. Selon elle, l’objectif vise à faire en sorte qu’ils puissent réfléchir à un projet innovant de développement du secteur agroalimentaire.
L’USSEIN, c’est une université qui va ‘’de la fourche à la fourchette, de l’étable à la table et de l’halieutique à l’assiette’’, parce que couvrant toute la chaîne de valeur agricole, a-t-elle souligné.
La remise des chèques a eu lieu dans les locaux du campus de Sing-Sing, situé en périphérie de la ville de Kaolack, en présence, entre autres, de représentants de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et du corps professoral et administratif de l’USSEIN.
L’USSEIN, établissement d’enseignement supérieur à vocation agricole, est la première université à thématique agricole du Sénégal polarisant les trois régions administratives de Fatick, Kaffrine et Kaolack.
Le ‘’DemoDay’’ est une journée où les incubés sont évalués par rapport à leur business plan à travers des speechs publics visant à convaincre un jury par rapport à l’innovation et à la valeur ajoutée.
BOURSES D'ÉTUDES, DES RÉPONSES SERONT TROUVÉES BIENTÔT, PROMET ABDOURAHMANE DIOUF
‘’C’est difficile en ce moment de dire qu’on a la solution, mais on est en train d’écouter les acteurs, notamment les recteurs, les enseignants’’, a dit le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
Dakar, 16 avr (APS) – Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation travaillera avec la Direction des bourses à trouver des réponses à la question de l’attribution des bourses et de leur paiement aux ayants droit, a appris l’APS de source officielle.
‘’Ce qu’on doit comprendre, c’est que le ministère et la Direction des bourses sont totalement dévoués à cette cause, parce que conscients des problèmes sont soulevés au niveau des bourses d’étudiants, et nous pensons avoir les réponses très bientôt’’, a souligné Abdourahmane Diouf, mardi, après une visite à la Direction des bourses.
Accompagnés du secrétaire général du MESRI, du directeur général de l’enseignement supérieur et de quelques proches collaborateurs, il a visité chaque bureau de la direction des Bourses et discuté avec les agents.
‘’C’est difficile en ce moment de dire qu’on a la solution, mais on est en train d’écouter les acteurs, notamment les recteurs, les enseignants’’, a -t-il expliqué.
Il dit attacher, depuis sa prise de fonction à la tête de ce ministère, ”beaucoup d’importance aux visites de terrain”. “J’ai vu beaucoup de rapports, mais je trouve qu’il était important de se déplacer pour écouter les acteurs et s’enquérir des conditions de travail’’, a-t-il indiqué.
Le nouveau ministre considère que ‘’la question des bourses aura une importance particulière dans la gestion du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation’’. ‘’Les étudiants peuvent revendiquer leurs bourses de façon légitime, mais nous savons tous qu’il y a des goulots d’étranglement qui font qu’il y a des retards’’, a expliqué le ministre.
Il estime que le réajustement de l’année académique, qui connaît des chevauchements depuis quelques années, devrait permettre ‘’de régler un peu le retard des bourses des étudiants’’.
‘’Nous sommes en tournée pour rencontrer tous les acteurs, et c’est à la fin de cette tournée que nous pourrons annoncer éventuellement des mesures’’, a- t-il déclaré.
Le directeur des bourses, Khalifa Gaye, estime que son service ”est le poumon de l’enseignement supérieur”, soulignant travailler d’”arrache-pied pour que les bourses soient payées à temps et dans les meilleurs délais’’.
‘’Soyez rassurés. Quand vous constatez que, depuis votre installation, vous êtes interpellés sur le retard des bourses, vous n’êtes pas responsable au même titre que la direction des bourses, mais cela dépendait d’autres paramètres que nous ne maîtrisons pas’’, a-t-il ajouté à l’endroit du ministre. Il informe que la situation a été décantée par le Trésor public et le paiement a démarré en début de semaine.
Il s’est appesanti sur les modalités d’attribution des bourses, le processus de leur paiement ainsi que sur les difficultés, notamment le chevauchement des années académiques, le retard dans les inscriptions et réinscriptions avec comme conséquences un travail en continu et le problème de la soutenabilité du budget.
Il a insisté sur les difficultés, relevant le paradoxe lié au fait que la Direction des bourses a été créée pour une seule université avec un organigramme demeuré en l’état malgré l’élargissement de la carte universitaire avec huit nouvelles établissements. Il a aussi évoqué le cas particulier de l’université Cheikh Amidou Kane qui a au moins un espace numérique par région, sans compter les instituts supérieurs d’enseignement professionnel (ISEP)
Structure rattachée au cabinet du ministre, la Direction des bourses s’occupe des allocations, aides, subventions et indemnités tant au niveau national qu’à l’étranger.
Elle est le premier service extérieur au ministère basé à Diamniadio à recevoir la visite du nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
LES ENSEIGNANTS DECISIONNAIRES HAUSSENT LE TON ET INTERPELLENT LES NOUVELLES AUTORITES...
Réunie en un Collectif national des enseignants pour l’éradication du statut de décisionnaires, cette frange de notre système éducatif a organisé un point de presse vendredi passé pour demander aux nouvelles autorités de mettre fin à leur calvaire.
L’adage selon lequel «A travail et responsabilités égaux, salaire égal» n’est pas une réalité dans le secteur de l’enseignement au Sénégal. En effet, il existe dans ce secteur une discrimination aussi vieille que manifeste dans le traitement salarial dont sont victimes les décisionnaires. C’est pourquoi ces décisionnaires élèvent la voix pour inviter les nouvelles autorités à régler définitivement ce qu’ils estiment être une « injustice ».
Réunie en un Collectif national des enseignants pour l’éradication du statut de décisionnaires, cette frange de notre système éducatif a organisé un point de presse vendredi passé pour demander aux nouvelles autorités de mettre fin à leur calvaire. Durant cette rencontre avec la presse, les Enseignants Décisionnaires, par la voix de leurs responsables, ont d’abord procédé à un rappel des faits à travers une lettre qu’ils avaient adressée au président de la République sortant. Dans cette correspondance où ils l’avaient invité à trouver une solution définitive à leur situation, ils ont tenu d’abord à revenir sur les faits qui remontent à l’avènement du Président Léopold Sédar Senghor. En effet, c’est depuis cette période que les autorités ont instauré deux types d’enseignants à savoir les titulaires et les décisionnaires. Ces derniers, victimes de Lois, Décrets, Circulaires caduques et inadaptés vivent aussi bien en activité qu’à la retraite une injustice sans commune mesure. Rappelant qu’un décret traitant de leur sort est sur la table du président de la République sortant, selon son ministre de la Fonction publique, ils précisent qu’une question de rétroactivité se pose car le dit décret n’a pas pris en compte les enseignants encore en activité. C’est pourquoi, précisent-ils, la révision «objet du décret» doit prendre en compte tous les enseignants décisionnaires pour corriger ce qu’ils qualifient d’ « iniquité chronique ». A cet effet, ils ont sollicité «la bonne foi et la volonté politique» du tout nouveau chef de l’état quant à la résolution totale de cette question en abrogeant et faisant abroger loi, décret et circulaires déjà obsolètes. D’après eux, la solution finale de cette « injustice » passe impérativement par le relèvement des pensions et le recouvrement des droits à l’imputation budgétaire des décisionnaires déjà à la retraite puis par l’éradication du Statut déjà en voix de disparition.
Une série d’injustices à corriger...
Au cours de leur point de presse, les enseignants décisionnaires ont expliqué clairement la discrimination dont ilsfont l’objet. Pour eux, il est inconcevable qu’au moment de son reclassement dans le corps des instituteurs, l’enseignant dit décisionnaire ne bénéficie que de 40% de son ancienneté alors pourtant qu’il faisait exactement le même travail que son collègue titulaire. L’autre « injustice » dénoncée par les enseignants décisionnaires réside dans le fait que l’IAD (Instituteur Adjoint Décisionnaire) et son collègue IA (Instituteur Adjoint) qui ont accédé au métier avec le même diplôme se voient discriminés. Ce, parce que le Décisionnaire victime de l’âge plafond (plus de 35 ans) avant d’obtenir son diplôme professionnel perd toute son ancienneté lors de son reclassement. Alors il recommence à zéro (0) même après avoir fait plus de 20 ans de carrière durant lesquels il a pourtant formé des centaines de futurs cadres et en cadré de dizaines de jeunes enseignants lors des Cellules Pédagogiques. Pire, durant les années de volontariat et de contractualisation, les salaires que me décisionnaire touchait étaient loin de la norme. Et lors de la validation de ces années, juste 2/3 sont pris en compte et le 1/3 ignoré. Autrement dit pour 18 ans de carrière, les six (6), équivalant à trois avancements, sont perdus. Ce qui a comme conséquences pour beaucoup d’entre eux qu’ils ne plafonnent pas avant la retraite. Selon les ID qui faisaient face à la presse mercredi, le cas de leurs collègues retraités serait plus douloureux encore. Pour cause, ces derniers ne jouiraient d’aucun autre avantage surtout s’agissant de l’Imputation budgétaire. D’où leur interrogation : comment peut-on au Sénégal, pays de la Teranga, appliquer un tel sort à des compatriotes ? D’autant plus que, bien avant 2020, les alertes lancées au gouvernement pour apporter des corrections à ces « injustices » ne rencontraient qu’un semblant de bonne volonté de la part de l’état. Lequel passait son temps à faire du dilatoire, se désolent les décisionnaires.
Les nouvelles autorités interpellées...
Selon le Collectif des Enseignants Décisionnaires, le statut des décisionnaires serait en voie de disparition en ce sens que l’état ne recrute plus au delà de trente ans. Ils estiment que la question de la rétroactivité doit impérativement prendre en compte ceux qui sont déjà à la retraite dès l’instant que les enseignants en activité n’ont pas atteint la limite de souffrance. Mais constatent-ils, il y a une mauvaise volonté de l’état avec la complicité de certains syndicats qui ont rendu les choses compliquées. Malgré tout «nous pensons qu’avec les nouvelles autorités une issue heureuse à nos problèmes sera bientôt trouvée» ajoutent-ils. Ce, d’autant plus que selon le dernier décompte du Ministère de la Fonction Publique, l’effectif actuel des décisionnaires tourne autour de 9.000. Ce qui, d’après eux, ne constitue pas grand chose comparé au nombre total des enseignants. Par conséquent, estiment-ils, leurs problèmes devraient être faciles à régler surtout que «nous avons un pays qui dispose de moyens pour le faire».
DES CLASSES INCLUSIVES POUR LES ÉLÈVES SOURDS ET MALENTENDANTS AU SÉNÉGAL
Dans quelques établissements scolaires du Sénégal, on teste avec succès de nouvelles classes mixtes accueillant élèves sourds et entendants. Une innovation porteuse d'espoir pour la scolarisation de tous
(SenePlus)- Dans certaines classes du Sénégal, les élèves sourds et malentendants étudient désormais aux côtés des autres. C'est le cas à l'école Apix Guinaw Rails Sud, dans la banlieue de Dakar, où Mouhamed Sall suit sa scolarité avec le soutien d'une assistance. Lors d'un cours observé par l'agence Associated Press, ce dernier s'est avancé au tableau noir et a posé rapidement une question en langage des signes à l'assistante. Il a ensuite résolu l'exercice, sous les applaudissements silencieux de ses camarades qui agitaient leurs mains en signe d'appréciation.
Certains élèves de la classe se sont familiarisés avec la langue des signes ces derniers mois pour communiquer avec Mouhamed Sall, qu'ils connaissaient déjà de l'école primaire. "On a appris le langage des signes car on est amis depuis longtemps, ça a été facile", témoigne l'un d'eux, Salane Senghor. Les nouveaux camarades sont curieux et regardent souvent vers l'assistante pour comprendre ce que dit Mouhamed Sall.
Pourtant, l'inclusion scolaire des enfants handicapés reste un défi au Sénégal. Selon l'UNICEF, 60% d'entre eux ne vont pas à l'école, faute notamment de données statistiques fiables. Le pays manque en effet d'une stratégie nationale en la matière, malgré quelques initiatives pionnières comme celle de l'école Apix, soutenue depuis l'an dernier par l'ONG Humanité & Inclusion. Celle-ci finance le recrutement d'assistances maîtrisant la langue des signes dans quatre établissements scolaires pilotes.
"Nous voulons des progrès du gouvernement pour garantir à chaque enfant, quelles que soient ses capacités, l'accès à l'éducation", souligne Sara Poehlman de l'UNICEF. Car dans une région où les frais scolaires pèsent lourd, le programme permet à Mouhamed Sall de suivre sa scolarité gratuitement, après que sa mère a longtemps payé des activités spécialisées coûteuses.
Des initiatives volontaristes émergent pourtant, comme les récentes formations électorales en langue des signes ou le succès de l'équipe nationale sourde de football. Mais la route est encore longue pour une véritable inclusion. Les difficultés persistent pour les familles éloignées des établissements pilotes. Et le niveau élevé en langue des signes des élèves sourds pose problème aux enseignants peu formés.
Pour Jandira Monteiro d'Humanité & Inclusion, une collaboration renforcée entre les ministères de la Santé et de l'Éducation est nécessaire. Afin que chaque enfant puisse, comme Mouhamed Sall, développer pleinement ses talents à l'école, au sein d'une société solidaire.
ABDOUL AZIZ WANE, PARCOURS D’UN BRILLANT ESPRIT
Premier africain à avoir été admis à la prestigieuse École centrale de Paris, Abdoul Aziz Wane a été choisi le 21 mars dernier par le Président Macky Sall comme parrain du Lycée scientifique d’excellence de Diourbel. - Parcours d’un brillantissime ingénie
Il est des hommes qui ont marqué d’une pierre blanche leur existence. Pour ces raisons, ils ne doivent pas tomber dans l’oubli. En baptisant du nom du regretté Abdoul Aziz Wane, le Lycée scientifique d’excellence de Diourbel, l’ancien président de la République a voulu donner en exemple aux pensionnaires de cet établissement un modèle de patriotisme, un brillant esprit qui hélas a rejoint très tôt l’au-delà. Parcours d’un brillantissime ingénieur.
Premier africain à avoir été admis à la prestigieuse École centrale de Paris, Abdoul Aziz Wane a été choisi le 21 mars dernier par le Président Macky Sall comme parrain du Lycée scientifique d’excellence de Diourbel. Il est né en 1928 à Kanel, Cheflieu du Canton du Damnga, à 30 km de Matam. Fils de Yaya Ibra Abdoul Wane et de Marième Thierno Mollé Ly, Abdoul Aziz Wane se classait toujours premier et passait pour l’un des meilleurs élèves des lycées du Sénégal. Le 30 juin 1946, il passe la première partie du Baccalauréat Série A avec la mention Très Bien. Au vu de ce résultat, les colons décident de l’envoyer en France pour préparer la deuxième partie du Baccalauréat. Il est ainsi boursier au Lycée Amyot de Melun. Il décide de changer de série et s’inscrit en Mathématiques élémentaires. Le 10 juillet 1947, il obtient le baccalauréat complet avec la mention Très bien. Son cursus scolaire hors norme lui a permis de se présenter aux concours d’entrée aux classes préparatoires. Il est admis au Lycée Saint-Louis de Paris et y séjourna 3 années consacrées aux mathématiques spéciales et appliquées. A la rentrée de 1948-1949, alors qu’il était en maths spéciales, il prépare la 2ème partie du Bac Philo pour garnir sa collection de diplômes. Il eut donc 2 bacs complets. Abdoul Aziz Wane se présente ensuite et avec succès au Concours des mines (Ecole nationale supérieure des mines, d’aéronautique, du génie maritime), au concours d’admission à l’Ecole supérieure de chimie de Nancy, et au Concours d’entrée à l’Ecole centrale des arts et manufactures de Paris. 1er étudiant africain à avoir brillamment intégré ce prestigieux établissement, dont les postulants sont admis par voie de concours très sélectifs, Abdoul Aziz Wane y fait son entrée en novembre 1951 en se classant 25ème sur 210 admis, dont presque tous des Français issus des meilleurs lycées de France. Abdoul Aziz Wane fait une année de spécialisation en Angleterre et en 1956, il est recruté par la Caisse centrale de la France d’Outre-mer, organisme monétaire français chargé à l’époque (entre 1941 et 1959) de l’émission monétaire dans les colonies françaises.
Cheikh Hamidou Kane raconte le tragique accident de Wane
Wane est ensuite muté au Sénégal. Par décision du 13 juillet 1957, il intègre l’équipe de Mamadou Dia, Vice-président du Conseil du Gouvernement, en tant que chef de cabinet. Suite à sa prise de position par rapport au référendum du 28 septembre 1958 (il opta et fit campagne pour le «NON»), il est limogé et affecté comme Conseiller technique du Directeur général de la Régie des chemins de fer du Sénégal (Rcfs). Vers la fin de l’année 1958, Abdoul Aziz Wane devient Directeur de l’Industrie et de l’artisanat. Il décède le 1er mai 1963 dans un tragique accident de la circulation, à la sortie de Dagana, à 36 ans. Dans un hommage qui lui avait été rendu, le Président Senghor écrivait que «le Sénégal venait de perdre un de ses plus grands serviteurs». Un bel hommage à Abdoul Aziz Wane dans le second roman de Cheikh Hamidou Kane «Les gardiens du temple», Wane y apparaît sous le nom «Abdourahim Ly». Il écrit : «Après avoir défrayé la chronique du lycée Gallieni en s’adjugeant tous les premiers prix, classe après classe, et les baccalauréats avec la mention ‘’Très Bien’’, il avait été envoyé à Paris, au lycée Saint- Louis. Un matin, alors qu’il se rendait de Tamarine au pays des Diallobé où il passait la fête de Tabaski comme chaque année avec ses parents, sa voiture avait fait un tonneau sur la ‘’piste de latérite et lui avait brisé la nuque’’».
Sa passion profonde et son amour pour sa terre natale
Un hommage lui sera rendu dans la revue Arts et manufactures, 1964, mai, Vol 142, p.26 en ces termes : «Héritier des apports d’une double civilisation, il devait à la tradition orale autant qu’au savoir livresque. L’assurance où s’entremêlaient le raisonnement ordonné et méthodique de l’ingénieur qualifié et l’intuitive préhension des choses et des êtres que possèdent parfois ceux qui ont vécu en toute sérénité, loin des foules et des charges quotidiennes, était un de ses atouts maîtres qui conduisait inévitablement son interlocuteur à comprendre aisément sa passion profonde et son amour pour sa terre natale. Sorti de l'Ecole Centrale en 1954 après de brillantes études secondaires (baccalauréat mention "très bien") effectuées à Dakar, Wane avait pris tout de suite une part importante dans la vie économique et politique de son Pays. Dès son retour sur le sol africain, sans prendre le recul que certains s'imposent dans l'action, mais sans doute poussé par la pression des données locales et le désir d'appliquer et réaliser vite l'essentiel de sa mission technique et sociale, Wane avait créé et dirigé la Société africaine pour le développement des industries alimentaires (Sadia). Poursuivant son ascension, il fut ensuite Chargé de mission à la Caisse Centrale de la France d’Outre-Mer, Attaché au Groupe des Régies ferroviaires d’Outre-Mer, enfin, nommé Chef de Cabinet du Président du Conseil Dia.
Bocar Dia, son neveu : Wane, chef de cabinet de Mamadou Dia
Son neveu Bocar Dia, ancien maitre-assistant, à l’Université de Montréal, confie au téléphone : «C’est l’élégance dans la sobriété. Qui dit Abdoul Aziz Wane, dit ordre, méthode, sérénité. C’était un génie. Il avait un handicap. C’était le plus jeune parmi les Africains mais aussi le plus brillant. Si Mamadou Dia a eu une aura, c’est parce qu’il a accepté d’être son chef de cabinet. Lorsqu’il est sorti en 1955, on lui a offert un poste pour monter une usine de chaine de montage à Kano, au Nigeria. On n’est venus le chercher. Il est parti à Kaedi pour voir sa mère Youhanidou Diallo. Il était pétri de traditions mais pas conservateur. Il est de ce que les économistes appellent ‘’la race des bâtisseurs’’. Il cherchait toujours à émettre et diffuser des idées novatrices pour leur applicabilité. On peut écrire une encyclopédie sur lui. Il est mort au mois de mai en 1963. Le journal Paris-Dakar lui avait réservé un témoignage. Il avait réussi au moins cinq concours. Mais, il a choisi Central pour sortir ingénieur des arts et manufactures, l’une des branches les plus difficiles.»
Wane et le PRA-Sénégal
A sa suite Elhadji Boubou Sanghott dit de Abdoul Aziz Wane ceci : «Le 13 juillet 1957, il a travaillé avec Mamadou Dia comme chef de cabinet, il a été conseiller technique du directeur général des chemins de fer du Sénégal. Il sera ensuite directeur de l’industrie et de l’artisanat du Sénégal.» Au plan politique, Abdoul Aziz Wane fait partie des créateurs du PRA-Sénégal, porté sur les fonts baptismaux le 20 septembre 1958 par Abdoulaye Ly, Latyr Camara, Abdoulaye Guèye «Cabri», Assane Seck, Thierno Ba, AmadouMakhtar Mbow, Aly Bocar Kane, Fadilou Diop, Serge Benoit. Ils se séparent ainsi de l’Union progressiste sénégalaise (Ups) de Léopold Sédar Senghor, Lamine Coura Guèye et Mamadou Dia. En le choisissant comme parrain du Lycée scientifique d’excellence de Diourbel (Lsed), le Président Macky immortalise une référence.
DEPERDITIONS SCOLAIRES, ENVIRONNEMENT PEU FAVORABLE, BESOIN DE FORMATION : L’ACADEMIE EN MODE DEFI
Les acteurs de l’Education de Sédhiou ont procédé ce vendredi 12 avril, sous l’autorité de l’adjoint au gouverneur chargé des affaires administratives, à la revue annuelle du programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence PAQUET
Les acteurs de l’Education de la région de Sédhiou ont procédé hier, vendredi 12 avril, sous l’autorité de l’adjoint au gouverneur chargé des affaires administratives, à la revue annuelle du programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (PAQUET). Il en ressort des contraintes majeures qui s’opposent à la promotion des enseignements/apprentissages dans la région de Sédhiou. Des recommandations sont données pour inverser la tendance et inscrire l’académie sur les rampes de l’émergence.
Ce comité régional de développement (CRD) consacré à la revue annuelle du programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence a réuni hier, vendredi l’ensemble des acteurs du système éducatif de la région de Sédhiou pour faire le bilan de l’année 2023.
L’inspecteur d’académie de Sédhiou Papa Gorgui N’diaye en tire, pour l’essentiel, satisfaction : « globalement c’est une satisfaction générale. Tous les indicateurs ont connu une hausse par rapport à l’année 2022. Au niveau de la qualité, de belles performances ont été réalisées d’abord au niveau de la promotion interne, au niveau de l’élémentaire, des résultats au Certificat d’études élémentaires (CFEE) et au Brevet de fin d’études moyennes (BFEM) », explique le premier des enseignants de la région de Sédhiou. Des points d’attention indiquent aussi des contre-performances au titre de cet exercice 2023 : « il y’a la question de la déperdition scolaire surtout au niveau du cycle moyen et du secondaire. Et le taux d’abandon reste encore élevé au niveau du moyen et de l’élémentaire et ce, malgré les nombreuses activités de sensibilisation que nous menons. Les causes sont à chercher dans l’environnement scolaire mais aussi l’insuffisance des résultats avec des élèves qui rechignent à reprendre la même classe ».
Et l’inspecteur d’académie Papa Gorgui N’diaye de rappeler la prise en charge de ces défis par le nouveau PTA (plan de travail annuel) : « nous avons fortement recommandé l’amélioration de l’environnement scolaire et pour cela, nous avons demandé l’engagement de l’ensemble des acteurs notamment les collectivités territoriales. Si les intrants manquent aussi, ça peut déteindre sur les résultats des enseignements/apprentissages. Il y’a aussi la faible fréquentation des séries scientifiques et les mécanismes d’inversion de cette tendance. Il a été inscrit à tous les niveaux des séances de renforcement de capacités, de formation des professeurs et des maîtres. C’est aussi de systématiser les cours de renforcement, les soutiens scolaires aux élèves qui sont en difficulté », souligne-t-il.
Se fondant sur ces points d’attention ainsi relevés, l’adjoint au gouverneur de Sédhiou chargé des affaires administratives, Oumar N’galla N’diaye recommande ce qui suit : « il a été fortement recommandé de corriger la déperdition scolaire des élève, de veiller à l’amélioration de l’environnement scolaire, de corriger le déficit en personnel car Sédhiou est une zone de départs et les remplacements ne se font pas au prorata des départs. Nous savons que l’Etat à consenti beaucoup d’efforts à ce secteur de l’Education ainsi que les partenaires financiers et techniques. Nous demandons l’implication des collectivités territoriales dans la promotion des enseignements/apprentissages » dixit l’autorité administrative. Les débats étaient riches et l’interactivité avec les différents acteurs donne des raisons d’espérer de réels progrès pour les prochaines années.
LES ETUDIANTS LIVRENT LEURS ATTENTES
Avec la nomination de Abdourahmane Diouf comme ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, les étudiants de l’UCAD plaident pour une réforme du système universitaire et sa décongestion par la création de nouvelles universités
Suite à la mise en place du nouveau gouvernement et la nomination de Abdourahmane Diouf comme ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop plaident pour une réforme du système universitaire et sa décongestion par la création de nouvelles universités.
En ce lundi 8 avril très poussiéreux, c’est le calme plat qui dicte sa loi dans l’enceinte du Campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Les ruelles sont quasi-désertes et il est difficile d’apercevoir une silhouette dans les parages. Une chose très rare. Sachant le monde que le campus a l’habitude d’absorber et le bruit chronique qu’il a tendance à assimiler. Seuls les arbres marquent leur présence sous l’effet du vent très fort qui fait vaciller leurs branches, ensuite donnant un concert assez plaisant et faisant tomber les feuilles mortes sur les pavés. Au milieu de l’enceinte, quelques étudiants sont visibles. On peut même les compter. C’est le même constant dans les bâtiments. A l’exception du pavillon F qui fait face à la mosquée de l’Ucad qui abrite quelques pensionnaires malgré les fêtes Pâques et la Korité. Parmi eux, Bécaye Camara et Abdoulaye Diallo, trouvés dans leur chambre. Ces deux camarades de classe suivent avec intérêt l’actualité du pays, surtout la mise en place du nouveau gouvernement piloté par le Premier ministre Ousmane Sonko. Un intérêt qui se justifie. Depuis les violentes manifestations ayant occasionné le saccage de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’accès au Campus social est devenu de plus en plus restreint. La sécurité a été totalement renforcée et des mesures drastiques prises par les autorités universitaires. A la porte d’entrée, des hommes en tenue noire filtrent les entrées et les sorties en procédant à l’identification. La police y est même présente. L’étudiant présente une fiche d’enrôlement prouvant qu’il est régulièrement inscrit et sa pièce d’identité pour prétendre y entrer.
«Tokk di jàng muy dox»
Concernant la nomination de Abdourahmane Diouf comme ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, les attentes sont les mêmes chez les étudiants. «Son premier chantier doit être tout d’abord de changer le système en faisant la promotion de la formation professionnelle ayant une corrélation avec le marché du travail. Cela permettra une insertion professionnelle rapide», a expliqué Bécaye, scotché sur l’écran de son ordinateur. Selon lui, le nouveau ministre doit également veiller au retour à la normale du calendrier académique. «Je souhaite aussi qu’il construise de nouvelles universités un peu partout pour désengorger l’Université Cheikh Anta Diop», a-t-il renchéri, l’air confiant. Son camarade de chambre, Abdoulaye, lui emboite le pas. D’après lui, il faut mettre l’accent sur l’accès pratique et la formation professionnelle visant à faciliter l’insertion dans les entreprises des étudiants après les études. Et de poursuivre : «Pour ce faire, tous les ministères doivent se donner la main pour le rendre possible.» A l’ère du numérique, les étudiants ont également prôné l’enseignement en distance en les dotant d’équipements de dernière génération et en leur facilitant l’accès à la connexion. Ce qu’ils appellent d’ailleurs «Tokk di jàng muy dox».