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4 mai 2025
Éducation
À ZIGUINCHOR, L'ÉCOLE AU RYTHME DE L'AFFAIRE SONKO ET DES TENSIONS POLITIQUES
Pour les 1.040 candidats au baccalauréat en juillet, l'inquiétude monte, d'autant que l'avenir est incertain et que la tension risque de monter à nouveau avant le verdict attendu la semaine prochaine
Verrou démonté, murs noircis, odeur de brûlé: le magasin du lycée Djignabo Bassène à Ziguinchor, dans le sud du Sénégal, porte encore les stigmates de récents affrontements entre partisans de l'opposant Ousmane Sonko et policiers.
C'était il y a une dizaine de jours, mi-mai, alors que s'ouvrait à Dakar le procès pour viols d'Ousmane Sonko. Depuis, le lycée de 3.000 élèves est fermé, et les autorités éducatives ont ordonné à toutes les écoles du secteur de garder portes closes jusqu'à jeudi.
Car chaque convocation judiciaire de M. Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024, populaire parmi les jeunes, fait craindre des troubles, entraînant souvent la fermeture d'écoles en Casamance, à Dakar et ailleurs dans le pays.
Les jeunes du lycée Djignabo ont déjà raté plus d'une quinzaine de jours de classe depuis le début de l'année.
Pour les 1.040 candidats au baccalauréat en juillet, l'inquiétude monte, d'autant que l'avenir est incertain et que la tension risque de monter à nouveau avant le verdict attendu contre M. Sonko la semaine prochaine.
Le procureur a requis dix ans de réclusion contre M. Sonko, absent à son procès à Dakar et présumé se trouver à Ziguinchor, ville dont il est le maire.
Son domicile se trouve à une centaine de mètres du lycée Djignabo, et plusieurs rues du quartier sont parsemées de pneus, sacs de sable et tas de ferrailles disposés par des jeunes pour faire obstacle à une éventuelle tentative d'arrestation de l'opposant.
Ouvrages, fournitures, cartouches d’encre, tenues scolaires… tout est parti en fumée dans l’incendie qui a touché le magasin de l'école, énumère avec regret le proviseur du lycée, Ferdinand Sarr.
Stress de l'examen
Selon Cheick Faye, inspecteur académique de la localité, un élève a failli perdre la vie dans une école attaquée avec des projectiles par des "jeunes encagoulés". Suspendre les classes à titre "conservatoire" vise selon lui à sécuriser les écoliers et éviter un drame, dit-il.
Nombre d'élèves profitent de ces vacances inopinées pour s’adonner à leur loisir préféré: le football.
Ablaye Djigaly, 15 ans, a les pieds tout sales. Élève en quatrième, il a passé la journée avec ses camarades à taper dans le ballon. Il se "couche à 2 heures du matin, alors qu’en temps de cours il est au lit à 22 heures", déplore son oncle Abdoulaye.
A Ziguinchor, région avec 95% de scolarisation en collège et lycée, taux le plus élevé du Sénégal, la suspension des cours a été accueillie avec joie par la majorité des élèves, qui ont rapidement propagé la nouvelle sur WhatsApp, accompagnée de remerciements à l'adresse de l'inspecteur.
Cependant, pour certains élèves en classe d’examen, le sentiment est autre. A moins de deux mois des épreuves du bac, Chérif Samsidine Aidara, élève en terminale en série littéraire, est inquiet de ne pas pouvoir finir le programme. Il révise chez lui avec son ami Serigne Saliou Sow.
Le jeune homme de 20 ans avoue avoir du mal à comprendre certains cours sans l'aide de ses professeurs. "Ce que je fais donc le plus souvent, c’est de reprendre les exercices déjà corrigés en classe", explique-t-il, assis sur un petit bureau chargé de cahiers, fascicules et livres.
Serigne se dit dépité et appelle aussi bien le pouvoir que le camp d'Ousmane Sonko à penser à leur avenir et à trouver un compromis.
Maintenir le lien
L'avenir de cette jeunesse majoritaire dans la population est un enjeu majeur avec l'arrivée massive chaque année de jeunes sur le marché du travail, un chômage élevé et des perspectives restreintes.
Professeur en histoire et géographie à Ziguinchor, Amadou Guissé dit s’organiser comme il peut pour maintenir le lien avec ses élèves via des plateformes numériques comme Teams, Google Classroom ou Kaizala, une application de messagerie et de travail.
La méthode connait ses limites. "Tous les élèves ne disposent pas de smartphones, mais aussi la connexion internet fait souvent défaut pour certains", explique-t-il.
Mame Daour Dabo, professeur de portugais, dit que le retard sur les autres écoles du Sénégal est déjà établi et qu'il sera impossible de rattraper le temps perdu. Il plaide pour un report du baccalauréat.
La Cosydep de Ziguinchor, une organisation non-gouvernementale qui milite pour une éducation de qualité, a alerté mardi sur les perturbations liées au contexte socio-politique, et appelé à une "décrispation définitive" pour une école "à l'abri du jeu politique".
Le proviseur Ferdinand Sarr et l'inspecteur d'académie se seront cependant inquiétés jusqu'au dernier moment que la reprise des cours prévue jeudi ne soit remise en cause.
«FAIRE PREUVE DE VIGILANCE ET DE DEPASSEMENT POUR BIEN NEGOCIER CES QUELQUES SEMAINES QUI NOUS SEPARENT DES EXAMENS»
Selon Cheikh Mbow, directeur exécutif de la Cosydep, Les activités politico-judiciaires affectent l’école sénégalaise.
Les activités politico-judiciaires affectent l’école sénégalaise. Entre suspensions des cours et arrestations d’enseignants, les enseignements/apprentissages connaissent des perturbations depuis quelques mois. Le Directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (COSYDEP), Cheikh Mbow, juge la situation «préoccupante». Selon lui, toute la communauté éducative est interpellée afin de trouver des solutions et bien négocier les quelques semaines qui nous séparent des examens de fin d’année.
Les activités politico-judiciaires impactent négativement les enseignements/apprentissages, avec des grèves et des arrestations d’enseignants. Par exemple, à Ziguinchor et Sédhiou, les cours ont été suspendus jusqu’à jeudi prochain. Comment appréciez-vous la situation ?
La situation est très préoccupante. L’impact des influences de la vie politique sur l’éducation est trop pesant ; il se traduit souvent par un assujettissement de l’espace scolaire aux événements politiques. Vous savez, dans une année scolaire, chaque heure perdue impacte les performances. Les conséquences des affaires politico-judiciaires peuvent être nocives aux objectifs éducatifs de l’année. D’ailleurs, c’est pour éviter une pareille situation que la COSYDEP n’a jamais cessé de lancer des alertes. En effet, connaissant les menaces qui pèsent sur le secteur au cours des années préélectorales et électorales, nous avons organisé de larges concertations durant les campagnes «Nos vacances pour l’école» ; la dernière édition a justement porté sur les rapports entre la politique, l’éducation et les périodes électorales. En outre, les avis émis par nos observatoires régionaux de la qualité de l’éducation confirment que les contestations politiques sont souvent amplifiées par l’espace scolaire et universitaire, à travers des manifestations de diverses formes. C’est pourquoi, nous devons faire preuve de vigilance, de dépassement et de générosité pour bien négocier ces quelques semaines qui nous séparent des examens de fin d’année. Cette période doit être mise à profit pour renforcer les acquis et nous donner les moyens de relever des défis récurrents liés aux exigences d’optimisation des conditions d’amélioration de la qualité du système éducatif. Le jeu des adultes ne doit pas compromettre le processus de construction des futurs bâtisseurs du pays.
Quelles répercussions cela peut avoir sur le système éducatif ?
Nous sommes très inquiets quant au dénouement de l’année. Mais, il y a plus grave. En effet, les suspensions de cours vont léser les élèves de ces localités, si on sait qu’ils vont être évalués selon les mêmes épreuves, sans mesures discriminatoires. Il faut y ajouter que le système éducatif dans ces régions, connait des situations particulières liées à l’insécurité dans certaines zones mais aussi à l’hivernage, avec des écoles pas toujours aux normes. Avec ces grèves et autres suspensions de cours, les inégalités dénoncées vont encore se creuser davantage. Pire, les manifestations et arrestations d’élèves et d’enseignants, combinées aux mesures de vacances forcées, peuvent être sources d’instabilité et d’insécurité. Il ne faut pas aussi écarter des problèmes de troubles psychosociaux qui peuvent frapper les enseignants et les élèves dans ces situations d’anxiété, comme indiqué par une des recommandations de notre programme LM2C, Lycées Modèles de la Citoyenneté et du Civisme.
Qu’est-ce qu’on doit faire pour épargner les écoles des activités politiques, d’autant plus que nous sommes à moins de deux mois de la fermeture des classes ?
Que faire ? C’est la grande question qui doit interpeller toute la communauté éducative. La COSYDEP, à travers ses notes de position périodiques sur la situation de l’école, appelle à une distinction entre les activités éducatives et celles dans l’espace politique. Nous avons, sans cesse, répété que si nous voulons un climat paisible dans nos écoles, il faut mettre l’éducation à l’abri du jeu des acteurs politiques. Les acteurs doivent, à l’unanimité, faire de cela une règle de conduite, de par leurs actes et leurs discours. Vous me direz que c’est difficile. Je suis d’accord car de nombreux élèves, enseignants et managers du système se retrouvent dans le personnel des partis politiques. Ces acteurs doivent faire l’effort d’éviter la confusion des genres. Les partenaires sociaux doivent systématiquement être impliqués dans le développement d’un dispositif inclusif de communication et de sensibilisation, pour préserver l’école des activités des partis politiques. Les managers du système doivent s’engager à ce qu’aucune velléité endogène ne remette en cause la stabilité du système. Pour ce faire, il convient de rendre fonctionnel le dispositif de monitoring et de prêter attention aux alertes des partenaires. Il est clair que : espace scolaire et espace politique font souvent mauvais ménage. C’est pourquoi, convaincus du lien dialectique entre ces deux espaces, nous continuerons à demander au Chef de l’Etat de conduire les parties prenantes vers la restauration de la confiance, gage d’une paix durable. En somme, je pense que la solution serait que nous tous, acceptions de placer l’éducation au-delà des contingences politiques. Nous devons veiller à ce que l’éducation traverse, sans dommages, cette période de turbulence politico-judiciaire.
DES COLLEGUES REFUSENT DES SANCTIONS «DEMESUREES», LA COSYDEP PRECONISE LA «CONCERTATION»
L’Inspecteur d’Académie de Ziguinchor a décidé de traduire en conseil de discipline — où ils risquent, en plus d’une suspension de quatre mois, la radiation de la Fonction publique pour «faute lourde» —, les professeurs Abdoulaye Diatta et Cornet Lambal
L’Inspecteur d’Académie de Ziguinchor a décidé de traduire en conseil de discipline — où ils risquent, en plus d’une suspension de quatre mois, la radiation de la Fonction publique pour «faute lourde» —, les professeurs Abdoulaye Diatta et Cornet Lambal du lycée de Diouloulou dans la région de Ziguinchor. Les deux enseignants sont incriminés pour avoir «perturbé» les cours le 16 mai dernier, jour du procès Adji Sarr - Ousmane Sonko. Et pourtant, le même inspecteur qui a engagé une procédure disciplinaire contre ces deux enseignants a, quelques jours après, suspendu officiellement les cours dans toute la région pour une semaine ! Nonobstant cela, les collègues de Abdoulaye Diatta et Cornet Lambal, qui disent avoir relevé des manquements dans la procédure de sanctions administratives, entendent s’opposer à des sanctions qu’ils jugent « démesurées » et interpellent les syndicalistes
Une affaire de perturbation scolaire, mille et une versions. Les faits se sont déroulés au lycée de Diouloulou à Ziguinchor. C’était le 16 mai dernier, jour de l’ouverture du procès opposant Ousmane Sonko à Adji Sarr. Les professeurs de français et philosophie, Cornet Lambal et Abdoulaye Diatta, auraient «perturbé» les cours ce jour-là et demandé au proviseur de les « libérer ». L’inspecteur d’académie de Ziguinchor, Cheikh Faye, qui s’est saisi du dossier a vite demandé à ce que des sanctions soient infligées aux deux enseignants qui devraient être traduits en conseil de discipline et encourent une radiation de la Fonction publique pour «faute lourde». La décision de l’IA fait suite aux rapports (circonstanciés et de demande d’explications) du proviseur dudit établissement scolaire disant que les deux enseignants, «en compagnie d’élèves», avaient pris la décision «d’aller de classe en classe pour déloger les élèves». Ils auraient fait fi du refus du proviseur d’obtempérer face à leur demande de libérer les potaches sous prétexte que «le pays va mal».
Après avoir reçu le rapport circonstancié du proviseur, l’Inspecteur d’Académie a demandé au chef d’établissement de servir une demande d’explications aux deux professeurs et d’exploiter leurs réponses sur un autre rapport. Après réception du courrier dans lequel les concernés auraient reconnu avoir commis une faute tout en faisant leur mea culpa, et juré de ne plus «s’embourber dans une si délicate besogne», l’inspecteur a évoqué une «faute lourde» tout en estimant que les excuses «n’enlèvent en rien la gravité des faits commis». C’est ainsi qu’il av décidé de les suspendre et les traduire devant le conseil de discipline tout en demandant leur radiation de la fonction publique.
Naturellement, cette affaire est suivie de très près par tous les enseignants du pays. Selon le professeur d’histoire- géographie au lycée de Nguékokh, Babacar Diouf, le proviseur et l’inspecteur ont tout «faux». Il soutient que «nulle part» dans les réponses aux deux demandes d’explications servies par le proviseur, ses collègues n’ont reconnu les faits qui leur sont reprochés. Au contraire, dit-il, «ils ont apporté toutes les preuves de la fausseté de ces accusations».
Tout comme les rapports du proviseur et de l’Ia qui circulent sur la toile, la demande d’explication d’un des accusés, Abdoulaye Diatta, s’est retrouvée aussi sur le réseau social Facebook. Dans sa réponse à la demande d’explication, il explique que tout a commencé à la veille du procès opposant la masseuse Adji Sarr à Ousmane Sonko où des manifestants avaient décidé d’empêcher les enseignements-apprentissages dans toute la commune de Ziguinchor. Ils sont passés à l’acte le jour du procès. Lui et son collègue les auraient intercepté pour les dissuader de s’attaquer aux élèves mais plutôt d’aller voir l’administration de l’école pour éviter le syndrome des manifestations précédentes pendant lesquelles les élèves et enseignants avaient échappé au pire face aux jets de pierres des manifestants. Abdoulaue Diatta dit clairement ne s’être rendu dans «aucune salle de classe pour déloger des élèves».
Le proviseur démenti dans sa réponse
Se basant sur cette réponse, le professeur d’histoire et de géographie du lycée de Nguékokh, Babacar Diouf assure que ses collègues de Diouloulou n’ont pas reconnu les faits. «C’est alors archi faux que le proviseur ait dit que les concernés ont fait leur mea culpa», a-t-il martelé.
Il poursuit pour dire qu’après avoir réfuté les accusations, ses collègues enseignants ont même présenté leurs excuses par rapport aux incompréhensions que leurs interventions auprès des manifestants ont créées. Dans sa réponse à la demande d’explication, M. Diatta écrit que « (...) la foule était aveugle et violente, et elle n’hésiterait pas à recourir à la violence pour déloger les élèves comme lors des manifestations du procès Mame Mbaye Niang-Ousmane Sonko. Mon intention était de leur dire de ne pas s’attaquer aux élèves, de ne pas jeter des pierres dans les classes mais de s’adresser calmement à l’administration sans usage de force ou de violence. Malheureusement, certains n’ont pas saisi le sens de nos échanges verbaux avec les manifestants qui tentaient de déloger les élèves. Je n’ai participé à déloger aucune classe, une école non plus. Mais au-delà de cette incompréhension, je tiens à présenter mes excuses au proviseur et à tout le monde, et je tiens à préciser que je ne serai ni intéressé ni impliqué à une forme de perturbation des enseignements-apprentissages dans un établissement».
Selon notre interlocuteur, s’excuser auprès du proviseur pour une incompréhension «n’a absolument rien à voir avec des excuses par rapport à une faute commise, comme l’a dit l’inspecteur d’académie citant le rapport du proviseur». M. Diouf du lycée de Nguékokh souligne que l’inspecteur d’académie de Ziguinchor a voulu sanctionner les présumés coupables sur la base d’un «faux rapport du proviseur» sans avoir pris la peine de les auditionner. Et de relever un fait plutôt insolite dans cette affaire. Au moment des faits, dit-il, «le proviseur était absent du lycée». Qui a donc bien pu vilipender ces deux enseignants? Qui, à part le proviseur qui seul en a la prérogative? D’autant que «c’est l’inspecteur lui-même qui aurait appelé le proviseur pour lui demander des informations par rapport à la situation dans son école», d’après toujours M. Diouf qui, après avoir mené sa petite enquête, aurait appris que «c’est le censeur qui a donné un compte rendu des évènements au proviseur». C’est lui aussi qui aurait «rédigé» le rapport envoyé à l’inspecteur d’Académie. Sur ce, il avance la thèse d’un «règlement de comptes politiques très mal ficelé» à ses yeux. En tout cas, M. Babacar Diouf dit interpeller les syndicalistes sur ce qu’il qualifie de «manœuvres de l’administration du lycée de Diouloulou et de l’Ia de Ziguinchor qui «constituent un précédent dangereux pour tout le corps enseignants».
Ne fallait-il régler ce conflit en interne entre administration scolaire et professeurs ? Comme l’explique l’inspecteur de l’enseignement à la retraite Ibra Ndiaye, « dans un établissement existent des structures de conciliation notamment le Cge (comité de gestion de l’école) et l’Association des parents d’élèves (Ape), et toute académie dispose d’une table de concertation avec les syndicats et les partenaires sociaux prévue par le décret 2002-652 qui, naturellement, doit être révisé et adapté. Le bureau d’un proviseur, d’un censeur ou d’un principal ne peut pas être confondu avec la salle d’interrogatoire d’un commandant de brigade de la gendarmerie ou de commissariat de police» estime-t-il. Et d’inviter à « éviter les sanctions démesurées ». Tout en rappelant aux enseignants l’éthique et la déontologie, l’inspecteur à la retraite Ibra Ndiaye affirme que l’administration enseignante ne peut en aucune façon être engagée dans l’orientation répressive des forces de l’ordre et lui donner un sens démesuré en sanctionnant injustement au mépris de toute procédure disciplinaire régulière. Et même si procédure il y a, il est injuste de parler de suspension ou de radiation d’un enseignant à la moindre erreur, incartade ou supposée défaillance professionnelle. « On a eu dans le passé et dans la même circonscription administrative à sanctionner injustement des enseignants pour annuler quelque temps après ces mêmes sanctions que tout le monde savait injustes et relevant d’un excès de pouvoir», a-t-il expliqué.
La Cosydep... pour une confiance mutuelle
Pour les enseignants, les syndicalistes doivent prendre leurs responsabilités dans cette affaire. Mais en attendant, la Cosydep (Coalition en synergie pour le développement de l’école publique), fidèle à sa mission d’alerte, de veille et de propositions dit encourager l’Inspection d’Académie de Ziguinchor et ses Ief (inspections de l’Education et de la Formation) à privilégier, particulièrement dans ce contexte, la concertation avec les acteurs pour construire un consensus indispensable à une bonne poursuite des enseignements apprentissages. Elle invite l’Etat à organiser un dialogue socio-politique inclusif, franc et sincère pour une décrispation définitive du contexte global.
Cheikh Mbow et ses camarades attirent enfin l’attention des acteurs sur «la nécessité d’une bonne préparation» des évaluations trimestrielles (compositions) et des examens de fin d’année (Cfee, Bfem, Bac) à Ziguinchor qui a toujours eu de bons résultats. Mais également sur «une bonne anticipation sur les aléas de la saison des pluies qui pointent à l’horizon». Un discours empreint de sagesse !
LES FRAIS DE SCOLARITE DANS L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE REVUS A LA BAISSE A LA BAISSE
C’est une bonne nouvelle pour les parents d’élèves. Par un arrêté, les pouvoirs publics ont pris des «mesures de régulation des tarifs applicables à tous les niveaux de l’enseignement et de la formation professionnelle et technique.
C’est une bonne nouvelle pour les parents d’élèves. Par un arrêté, les pouvoirs publics ont pris des «mesures de régulation des tarifs applicables à tous les niveaux de l’enseignement et de la formation professionnelle et technique, conformément aux dispositions scolaires et universitaires».
Des changements seront notés sur les frais de scolarité à la prochaine rentrée scolaire et universitaire. Le gouvernement, qui avait décidé, «à l’issue des concertations nationales sur la lutte contre la vie chère, de prendre des mesures de régulation des tarifs applicables à tous les niveaux de l’enseignement et de la formation professionnelle et technique conformément aux dispositions scolaires et universitaires», a publié un arrêté allant dans ce sens. Les autorités ont décidé, «conformément aux dispositions des articles premier 3 et 6.2 du décret no2022-89 du 17 janvier 2022 relatif aux régimes de prix et aux procédures de dénouement du contentieux économique», de fixer les frais d’inscription et d’études dans les établissements d’enseignement du préscolaire, de l’élémentaire, du moyen et secondaire général et du supérieur et de la formation professionnelle et technique par arrêté. Ainsi, il est noté dans l’article 2 que «les frais d’inscription sont gratuits dans tous les établissements de l’enseignement public préscolaire et élémentaire». Le même article fixe les frais d’inscription «à 3000 F Cfa dans les établissements de l’enseignement public moyen et secondaire général». Toutefois, il est précisé qu’ils «peuvent être portés à 5000 F Cfa au maximum sur décision du Conseil de gestion de l’établissement».
S’agissant des établissements de formation professionnelle et technique, «les frais d’inscription dans les lycées d’enseignement technique et les centres de formation professionnelle sont fixés ainsi qu’il suit : Certificat d’aptitude professionnelle 15 000 F Cfa par apprenant, Brevet d’étude professionnelle 20 000 F Cfa par apprenant, Brevet de technicien 25 000 F Cfa par apprenant, Brevet de technicien supérieur 35 000 F Cfa par apprenant». Quid de l’enseignement privé ? Les pouvoirs publics ont décidé dans l’article 3 de cet arrêté de faire baisser les frais de scolarité de tous les établissements privés d’enseignement préscolaire, élémentaire, moyen secondaire général de 10% par rapport aux tarifs appliqués au cours de l’année académique 2021-2022. Seulement, il est précisé que c’est «sous réserve de l’application d’un montant minimal déterminé ci-après : 2500 F pour l’enseignement préscolaire, 3000 F pour l’enseignement élémentaire, 4000 F pour l’enseignement moyen, 5000 F pour l’enseignement secondaire». Dans la même dynamique, il est indiqué que «nonobstant les dispositions de l’alinéa premier du présent article, les frais de scolarité sont payés mensuellement suivant un système arrimé à l’année scolaire». Pour ce qui est des frais de scolarité des établissements privés de l’enseignement supérieur, il est dit dans l’article 4 qu’ils «sont baissés pour les apprenants de nationalité sénégalaise ou originaires de l’Uemoa» de 10% dans la région de Dakar, de 5% dans les autres régions du pays et de 5% dans les établissements privés de l’enseignement supérieur du secteur de la santé sur tout le territoire national.
Toujours dans cette optique de réguler ce secteur, les pouvoirs publics ont interdit dans l’article 5 dudit arrêté «à tout établissement d’enseignement préscolaire, élémentaire moyen, secondaire général, supérieur ou de la formation professionnelle et technique de subordonner la fourniture de ses services au paiement de frais de scolarité par l’apprenant». En outre, dans l’article 6, obligation est faite à «tout établissement d’enseignement préscolaire, élémentaire, moyen et secondaire général, supérieur ou de la formation, de publier les tarifs fixés par le présent arrêté et qui lui sont applicables de façon visible et lisible par tout moyen approprié, notamment le marquage et l’affichage».
Dans leur document, les autorités ont aussi prévu des sanctions en cas de non-respect des dispositions fixées. Ainsi, il est dit dans l’article 7 que «les infractions aux dispositions du présent arrêté sont passibles de sanctions prévues par la législation en vigueur». En sus, les autorités informent dans leur document que le directeur de l’Enseigne-ment moyen secondaire général, ceux du préscolaire, de l’élémentaire, de l’enseignement supérieur, de la formation professionnelle et technique et le directeur du Commerce intérieur «sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’application du présent arrêté».
LES COURS SUSPENDUS A SEDHIOU
Renvoyé en audience spéciale pour ce mardi 23 mai 2023, le procès pour viol opposant Ousmane Sonko et Adji Sarr, a fini de semer la panique dans le Sud du pays. En effet, pour parer à toute éventualité, les autorités éducatives ont pris les devants.
Renvoyé en audience spéciale pour ce mardi 23 mai 2023, le procès pour viol opposant Ousmane Sonko et la masseuse, Adji Sarr, a fini de semer la panique dans le Sud du pays. En effet, pour parer à toute éventualité, les autorités éducatives ont pris les devants. Dans la région de Sédhiou, l’inspection d’académie, dans un communiqué rendu public, porte à la connaissance de la communauté éducative de la région «que les cours sont suspendus sur l’étendue de la région dans les écoles, établissements et centres de formation professionnelle du vendredi 19 mai 2023 à partir de 8h au jeudi 25 mai à partir de 8h».
Il faut rappeler que le procès s’est ouvert brièvement le mardi 16 mai dernier, au tribunal de Dakar dans un contexte de troubles. Des affrontements ont éclaté entre les forces de sécurité et de défense à Ziguinchor où se trouve le leader de Pastef et dans certains quartiers de Dakar.
par Abdoul Aziz Diop
IL Y A SIX ANS, ABDOULAYE SÈNE (PAAP SEEN AUJOURD’HUI) ET NEUF AUTRES ESPOIRS
Nous encourageons le collectif et chacun de ses membres à poursuivre l’aventure littéraire et politique pour soigner la vie. C’est ce qu’a fait Paap Seen dans « Les utopies désirables…». Et avant lui Hamidou Anne, Fary Ndao et Mbougar. Et les autres ?
Le zapping aidant, un bref et exceptionnel moment de télévision attira notre attention sur un événement culturel inédit : dix jeunes (quatre filles et six garçons) firent parler d’eux en publiant un court essai collectif sur l’impérieuse nécessité de faire de la politique pour changer tout ce qui devrait l’être.
Soucieux d’entraîner tout le monde, le collectif ne trouva pas mieux qu’une fracassante invite comme titre : « Politisez-vous ! » (United Editions, 2017). Le plaisir d’entendre ce nouveau cri de ralliement ne nous empêcha pas de formuler dans notre esprit les questions grâce auxquelles nous rédigeâmes l’analyse critique sous vos yeux. Autour de quelle acception du vocable « Politique » tourne l’ouvrage ? Le tour de la question a-t-il été fait ? Sur quel levier dix jeunes auteurs gagent-ils un bel avenir en politique ? Que disent-ils de leurs aînés engagés en politique bien avant eux ? Quelle rigueur s’imposent-ils dans leur sentence ? Lieux communs ou stricte évocation des faits ? Quid du discours politique ?
Poncifs et excuse
Celles et ceux qui ont l’habitude de porter un jugement sur une œuvre littéraire avant de l’avoir lue sont priés de ne pas appliquer leur méthode paresseuse au travail, « salutairement pluriel », du collectif constitué par Ndèye Aminata Dia, Fary Ndao, Fanta Diallo, Mohamed Mbougar Sarr, Hamidou Anne, Youssou Owens Ndiaye, Racine Assane Demba, Fatima Zahra Sall, Abdoulaye Sène et Tabara Korka Ndiaye.
Planchant sur le « généreux geste d’amour » (p.35) auquel il assimile la politique, Youssou Owens Ndiaye écrit dans l’introduction à sa contribution : « Nous ferons abstraction des nuances entre les différentes acceptions du mot politique. » (p.36).
Mohamed Mbougar Sarr prit le contrepied de son ami dans ce qu’il appelle « le degré zéro du pouvoir politique », qui, à ses yeux, consiste à « ne pas s’oublier comme citoyen, se rappeler que le destin politique se façonne au quotidien, avoir pleinement conscience que le pouvoir et la responsabilité politiques commencent en chacun (…) et s’exerce par tous (…) » (p.103). En distinguant « le politique » de « la politique » (« polity » de « politics ») et, plus loin encore, les deux premières acceptions de la dernière (« policy » pour désigner une « politique publique »), M. Sarr restaure la relation de pouvoir (du mandataire au mandant), essence même du politique. C’est à partir des propriétés mathématiques de la relation unidirectionnelle de pouvoir, du porteur de pouvoir au destinataire, que le philosophe politique Constantin Salavastru expliqua les changements observés dans les discours politiques. Pour Salavastru, les poncifs ou lieux communs qui alimentent les polémiques politiques sont une conséquence du caractère antisymétrique de la relation de pouvoir. Il n’est donc pas surprenant que l’acte méritoire des dix auteurs soit truffé de lieux communs (polémiques) comme celui-ci : « La rupture de confiance entre la classe politique et les citoyens résulte d’un système essoufflé, incapable d’enrayer la montée des inégalités sociales et de répondre aux préoccupations de sa jeunesse. Les citoyens se sont détournés de la classe politique qu’ils jugent corrompue et immorale. » (p.19). Notre crainte est que le poncif de tous les moments politiques (préélectoraux, électoraux et post-électoraux) ne détourne la recherche en sciences sociales de la rigueur de l’investigation scientifique quand les espoirs d’aujourd’hui deviennent enfin les gouvernants rabougris par une sentence tout aussi universelle que fausse. S’éloignant du couperet du collectif dans l’espace qui lui est réservé, la créatrice de la marque de vêtements Modesty, Ndeye AminataDia, écrit : « Il ne s’agit pas de romancer le passé ni de décrier le présent, car le passé n’est pas sans ombres et le présent sans lumières. » (p.28). L’humilité scientifique dans le propos – même retiré de son contexte – redonne du sens à l’œuvre dont Aminata nuança avec panache les certitudes.
C’est à l’honneur du collectif d’avoir su passer d’une paresseuse excuse à la quête rigoureuse de faits probants. C’est à Fary Ndao que revient le mérite d’avoir relevé le défi lorsque son ami Hamidou Anne écrit : « La médiocrité, le pseudo-réalisme et la présence encombrante des experts et des communicants transforment la politique en espace de déclinaison de chiffres, statistiques et figures, déconnectés du vécu des gens. » (p.19). Il suffit que les hommes et les femmes politiques deviennent les véritables proposés à la déclinaison pour que l’excuse de M. Anne s’évapore. C’est ce que Fary Ndao a compris lorsqu’il écrit : « (…) Lire, étudier l’histoire, connaître le rôle de l’Etat (exemple : le code de l’environnement), consulter des publications spécialisées (exemple : celles du GIEC), s’organiser en réseau avec d’autres associations, sont toutes des actions que mène un individu politisé pour ensuite diffuser son discours ([illustré]) au sein des masses. » (p.82). La rigueur de Fary nous inspire une autre pour nuancer le propos de Mbougar lorsqu’il invoque (p.100) Rousseau et l’Américain Henry David
Thoreau (1817-1862) dont l’œuvre majeure, Walden ou la vie dans les bois (1854), prône la simplicité volontaire à l’écart de la société. Le passage de l’individu de l’état de nature (vie sauvage) à l’état social (vie civile) est irréversible du fait du transfert de son indépendance au peuple. Soumis à l’état de nature aux lois inflexibles des choses, l’individu devient à l’état social un pur citoyen soumis – en même temps que tous les autres citoyens – aux lois inflexibles de la république. L’égale soumission de tous à la loi générale est tout ce dont l’individu dénaturé se console. Par loi générale, il faut comprendre celle dont tous les citoyens sont à la fois les législateurs et les sujets. Le retour à la nature n’est donc pas le propos de Rousseau dont l’œuvre inspira des révolutions au Nord comme au Sud. Bien sûr, Rousseau déduit de la confiscation progressive de la « res publica » (chose publique) par le gouvernement d’un Etat l’impossibilité d’un exercice direct de la démocratie. Mais aucun des auteurs ne remet fondamentalement en cause la démocratie représentative. C’est que la crise de la représentation n’est pas l’horizon indépassable qui chagrine le collectif. Et tant mieux.
Nous ne savons pas de quoi est responsable l’excuse de Hamidou Anne dans la contribution (musclée) de Tabara Korka Ndiaye. On peut simplement regretter qu’elle ait pu, sans donner de chiffres précis, écrire qu’« il ne s’agit (…) nullement de construire des écoles pour que les filles soient davantage scolarisées. Il faudrait plutôt (…) faciliter l’accès à l’eau potable afin de leur éviter ainsi la corvée d’aller en chercher, ce qui, à la longue (…) finira par aboutir au décrochage scolaire des filles comme le montrent leschiffres de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD, RGPHAE 2013) (p. 49-50). A la suite de ce plaidoyer, Korka aurait mieux fait de donner elle-même les bons chiffres plutôt que de nous renvoyer à l’ANSD. Devrions-nous abuser de son intérêt pour l’eau potable en milieu rural pour la renvoyer à notre tour aux données du premier rapport d’étape du Plan d’urgence pour le développement communautaire (PUDC) ? Bien sûr que non ! Mais une chose est sûre : les « chiffres, statistiques et figures [dudit rapport ne sont pas] déconnectés du vécu des gens ». Les « chiffres, statistiques et figures [de la Couverture maladie universelle, de l’Action sociale depuis avril 2012, de la Bourse de sécurité familiale et de la Bonification retraite ne sont pas non plus] déconnectés du vécu des gens ». En donnant l’impression d’être déconnectés de la société politique qui les a vus naître et de son devenir, les jeunes ont considérablement retardé leur politisation et longtemps différé leur ascension politique avec ou sans l’assentiment de leurs aînés.
De la fonction (politique) du discours
« Des années durant, écrit Tabara Korka Ndiaye (p.51-52), les dames Awa Thiam, Fatou Sow, Fatou Sow Sarr, Aminata Diaw et tant d’autres ont grandement contribué à faire comprendre les mécanismes d’asservissement qui existent et ôtent des droits aux femmes et à proposer des solutions pour y faire face. » « Les femmes au premier chef, ajoute-t-elle, doivent s’approprier ces contributions et les transposer autant que possible dans le champ politique. » Se pose alors le problème de la transposition et de la forme qu’elle doit prendre. La philosophe Aminata Diaw (Paix à son âme) plancha sur la question de la transposition dans un texte remarquable (Femmes, éthique et politique, 1999) où on peut lire : « Parce que la femme a été au service du développement et non une des finalités du développement, le discours politique n’a pu, dans une visée programmatique, circonscrire un espace public qui en fasse un élément opératoire et agissant du processus de délibération. » S’y ajoute surtout que « (…) parce qu’il n’y a pas un discours de femme, en tant que la femme est objet et sujet de son propre discours, la femme ne peut être acteur politique et, du coup, la République se retrouve sans citoyennes ».
Voilà ce dont Fanta Diallo a bien conscience lorsqu’elle soutient que « de nombreuses disruptions impliquent que nous nous formions pour être dignes des prochains défis. Ceux-ci requièrent la capacité de construire un discours politique cohérent et basé sur de fortes convictions. » (p.74). Si, enfin, « le discours est ce par quoi et pour quoi les acteurs sociaux luttent » (Foucault 1971), le levier discursif est bien celui sur lequel devrait être gagée la compétition politique saine à laquelle les membres du « Collectif d’août » – c’est nous qui les appelons ainsi – appellent la classe politique
« Audace et Raison d’Espérer »
C’est au jeune membre – un peu moins de la trentaine – de la Convergence des jeunesses républicaines (COJER) de Pikine Ganaw Rail Sud, Pape Aïdara, que j’emprunte le slogan « Audace et Raion d’Espérer » avec lequel Pape clôture tous les messages politiques qu’il nous envoie depuis son téléphone portable et auquel nous répondons toujours pour ne jamais nous soustraire de la ferveur militante.
Audacieux, raisonnable et optimiste, Pape s’invite à notre critique de l’opuscule des dix parce que Fatima Zhara Sall percevrait en lui « le don de soi pour le bien commun » (p.87) qui confère à la politique ce qu’elle a de « noble et de salvateur ». Au contact de Pape Aïdara, Zhara enrichirait son fatwa militant sur « l’absence de jeunes dans les instances représentatives » (p.90-91) et « l’assaut de la forteresse des partis politiques » (p.92-93) d’une expérience qui, jumelée à la sienne, rajeunirait les tours de table des grandes instances politiques. Les auteurs comme Zhara qui participent à l’animation des partis pour lesquels ils militent le font dans l’optique d’un exercice du pouvoir comparable à celui dont Racine Assane Demba – « au secours de la justice » sociale (p.55-65) et Abdoulaye Sène – arrimé à la « pensée de Cheikh Anta Diop » (p. 105-115) – louent la forme et le fond. Leurs chapelles politiques auraient dû être mentionnées dans la présentation (p.7-8) de chacun d’eux. L’éloge de la politique va de pair avec la transparence dans l’action politique.
Youssou Owens Ndiaye et Racine Assane Demba ont respectivement dédié leurs textes à Mamadou Dia et Cheikh Anta Diop. Même si le choix était fortuit, il aurait l’avantage d’unifier une œuvre plurielle qui réhabilite le langage politique et la « puissance publique ». S’agissant du langage, Cheikh rappelait, dans la préface aux « fondements économiques et culturels d’un état fédéral d’Afrique noire » (Présence Africaine, 1974) que « la qualité essentielle du langage authentiquement révolutionnaire est la clarté démonstrative fondée sur l’objectivité des faits, leurs rapports dialectiques, et qui entraîne irrésistiblement la conviction du lecteur ». Préférant le lexème « service public » à celui de « puissance publique », Dia, pour sa part, répondit aux contempteurs qui l’accusaient de vouloir le pouvoir pour le pouvoir : « Je regrette de ne pouvoir leur dire que je renonce au pouvoir ; parce que simplement le Pouvoir, je le conçois comme un service public. » (Lettres d’un vieux militant, 1991).
Cheikh et Dia ne se plaindraient pas beaucoup du contenu de l’œuvre sur laquelle nous venons de jeter un coup de projecteur. Pour cette raison et pour l’inattendu, nous encourageons le collectif et chacun de ses membres à poursuivre l’aventure littéraire et politique pour soigner la vie. C’est ce qu’a fait Abdoulaye Sène (Paap Seen aujourd’hui) dans « Les utopies désirables…» (Seneplus & L’Harmattan Sénégal, 2023). Et avant lui Hamidou Anne, Fary Ndao et Mbougar, le Prix Goncourt 2021…
Que sont devenus les autres ?
Abdoul Aziz Diop est essayiste, auteur, entre autres, de « Gagner le débat.. » (L’Harmattan Sénégal, 2023).
LA DÉFERLANTE DE L'IA
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LES RAISONS D’UN «ETAT D’URGENCE SCOLAIRE» A ZIGUINCHOR ET SEDHIOU
Alors que leurs camarades des autres régions poursuivent les cours, les élèves de Ziguinchor et Sédhiou vont devoir rester chez eux sur décision des inspecteurs d’Académie instruits par le ministre de l’Education
La décision de suspendre les cours pour une semaine à Ziguinchor et à Sédhiou n’est qu’une «farce» qui peut contaminer les autres écoles du pays et donner l’occasion aux élèves de participer à des manifestations politiques, selon Ndongo Sarr du Cusemss (Cadre unitaire des syndicats du moyen et secondaire du Sénégal). Son camarade secrétaire général du Sels (Syndicat des enseignants libres du Sénégal), Amidou Diédhiou, invite les autorités à faire de sorte que les syndicalistes n’entrent pas dans la danse.
Pas d’école à Ziguinchor et à Sédhiou pour une semaine. Les inspecteurs d’académie de ces deux régions, à savoir MM Papa Gorgui Ndiaye et Cheikh Faye, ont décidé de faire vaquer les cours dans les écoles, établissements et centres de formation professionnelle se trouvant dans leurs circonscriptions respectives à partir d’aujourd’hui jusqu’à jeudi prochain. A l’origine de cette décision unilatérale, la situation très tendue qui prévaut depuis quelques jours dans le pays, et particulièrement dans cette zone sud du pays. Ce, depuis l’annonce du procès opposant Ousmane Sonko à la masseuse de «Sweet Beauté» Adji Sarr qui était prévu mardi dernier avant d’être renvoyé d’office en audience spéciale le mardi suivant, c’est6à-dire ce 25 mai prochain. Cette décision de l’Autorité académique, à savoir les inspecteurs d’académie de Ziguinchor et de Sédhiou, serait basée sur l’appréciation du contexte socio-politique du pays relativement à la présence du leader du Pastef Ousmane Sonko dans la localité. Laquelle présence a aujourd’hui perturbé l’école
Le constat est que des élèves sont allés déloger leurs camarades des établissements environnants. Selon le secrétaire général du Sels (Syndicat des enseignants libres du Sénégal) Amidou Diédhiou, c’est pour non seulement sécuriser les élèves, mais pour que l’école ne soit pas un «tremplin» pour embraser le pays. «Parce que, quand on perturbe l’école avec les élèves dans la rue, cela pourrait perturbait le marché», a-t-il signalé. Ce qui, pour M. Diédhiou, pourrait être une explication à cette décision des autorités académiques de Ziguinchor et de Sédhiou qui, dit-il, ne peuvent pas décider sans l’aval du ministre. «En tant que syndicat, nous constatons les faits pour les déplorer. Notre action est purement syndicale. Une action qui ne concerne que l’école. Une école apaisée. Que ses problèmes d’abris provisoires, d’effectifs pléthoriques, de manque d’enseignants... soient résolus, et aussi comment faire pour qu’on arrive à régler les nombreuses préoccupations des enseignants sur la situation des décisionnaires, des chargés de cours, entre autres», a-t-il listé. Pour lui, «l’histoire montre qu’il y a une action étroite entre l’école et la politique». Que L’école est un creuset hautement politique. L’enseignant lui-même est contestataire. «Ils font de la politique de quelque bord qu’il soit. Ils siègent lors des élections, et ils siègent à l’école, donc dans les écoles. L’école ne peut pas se départir de politique. Les responsables syndicaux sont souvent colorés d’un manteau politique. On peut donner l’exemple de Mamadou Diop «Decroix» et autres, et même avant eux. Nous, jeunes, devons faire l’affaire et arriver à faire la part des choses entre l’action politique et l’action syndicale. Surtout faire des efforts pour un quantum horaire appréciable et significatif», a-t-il laissé entendre. Lui qui dit craindre un embrasement dans tout le pays. « Il y a des signes avant- coureur qui n’assurent pas. Je compte tout de même rester à équidistance et se battre pour les questions de l’école et les préoccupations des enseignants», dixit Amidou Diédhiou qui invite les politiques à plus de responsabilité pour éviter un maillage au niveau national. « Pour moi, il faut contenir la situation, et que chacun reste dans son domaine. Dans tous les camps, que ce soit le camp du pouvoir ou celui de l’opposition, personne n’a intérêt à utiliser l’école.
Après Sedhiou et Ziguinchor, Dakar en alerte !
Pour éviter que ce qui se passe à Sédhiou et à Ziguinchor, n’arrive à Dakar, il faut éviter que les syndicats soient dans la danse en convoquant le comité de suivi des accords. Déjà, les actes posés ne sont pas de nature à apaiser le climat social à l’école. Nous demandons à ce que les sommes soient restituées. Que le syndicalisme reste à l’école et que l’école ne soit pas utilisée à des fins politiques». Telle est sa position qui est presque identique à celle du secrétaire générale du Cusemss (Cadre unitaire des syndicats et moyen et secondaire du Sénégal) Ndongo Sarr pour qui, cette décision prise par les autorités d’académie de Ziguinchor et de Sédhiou n’est qu’une «farce» pour un problème qui, dit-il, concerne toute la société. «Ce ne sont donc pas ces « mesurettes » qui vont faire sortir l’école de cette situation», a-t-il soutenu. Il revient pour dire qu’avec ces mesures prises pour une partie de l’école sénégalaise, le quantum horaire sera entamé, et les élèves vont payer les pots cassés. Il n’y va pas par quatre chemins quand il soutient que «les autorités ne se préoccupent pas du sort de nos élèves» avec cette situation qui a affecté les établissements scolaires et les centres de formation à Ziguinchor et à Sédhiou, et qui, «à l’évidence, va contaminer les autres écoles du pays parce que les élèves des autres écoles du pays ne vont pas accepter que leurs camarades soient privés d’école pendant qu’ils étudient normalement. Surtout la semaine prochaine». Pour Ndongo Sarr, en suspendant les cours dans le sud du pays, ils offrent aux élèves la possibilité de sortir et d’aller participer à des manifestations. Il pense que nos autorités doivent plutôt «jouer la carte de l’apaisement pour éviter que tout le pays s’embrase».
«C’EST SANS DOUTE POUR SECURISER ET PROTEGER LES ELEVES AFIN QU’ILS NE COMBATTENT PAS DANS LA RUE»
Ibrahima Bakhoum se prononce sur la suspension des cours dans les inspections d’académie de Ziguinchor et Sédhiou
Les inspections d’Académie de Ziguinchor et de Sédhiou ont suspendu les cours dans les écoles, établissements et centres de formation professionnelle de ce vendredi 19 mai à partir de 8 heures au jeudi 25 mai 2023 à partir de 8 heures. L’administration considère en effet que la meilleure manière de protéger les enfants, c’est de les laisser entre les mains de leurs parents.
Pour éviter la réédition des arrestations d’élèves suivies de manifestations de leurs camarades pour obtenir leur libération lors du procès ayant opposé le ministre du Tourisme au leader de Pastef, le ministère de l’Education nationale a pris les devants. A travers les inspections d’Académie de Ziguinchor et de Sédhiou, il a décidé de la suspension des cours dans ces deux régions en marge du procès devant opposer cette fois-ci le même leader de Pastef, Ousmane Sonko, à la masseuse Adji Sarr. Un procès prévu mardi prochain au tribunal de Dakar. « Les mesures prises par des inspections d’Académie des régions du Sud sont symptomatiques de ce que nous vivons actuellement. A Ziguinchor, ce qui s’est passé, c’est du concret. Des élèves, des étudiants, des jeunes travailleurs d’autres secteurs ont choisi de ne pas aller à l’école ou dans leur lieu de travail parce qu’ils considèrent qu’ils doivent entrer en résistance pour qu’un homme politique ne soit pas traqué, ne soit pas arrêté, ne soit pas enlevé. Ils disent qu’il n’est question de laisser partir leur maire, leur leader politique, de fait chef de l’opposition dans ces conditions-là parce qu’il serait victime d’une injustice », explique l’analyste politique Ibrahima Bakhoum. Avant d’ajouter : « quand vous dites aux élèves « venez en classe », on ne sait pas ce qui peut leur arriver dans la rue. Entre la maison et l’école, sur le chemin, tout est possible. Donc, c’est une attitude très responsable de la part des autorités lorsqu’elles disent aux élèves de rester à la maison. Pour le vétéran de la presse et membre éminent du groupe « Sud Communication », dans la perception politique, rester à la maison, c’est pour contrôler au moins les tout-petits à qui les parents peuvent dire ‘ne sortez pas dans la rue’. Ça va faire moins de bras, moins de personnes, moins de foule pour combattre dans la rue. Une lecture politique destinée à enlever de la main d’œuvre à ces gens qui sont dans la rue pour des raisons politiques. Pour des raisons d’ordre sécuritaire, l’inspection d’Académie ne veut pas que des enfants en classe soient délogés soit de manière violente dans des situations assez compliquées. Les autorités n’ont pas pris la responsabilité de laisser les élèves dans les classes où il peut y arriver des violences. C’est une lecture politique pour dire qu’on peut empêcher les autres d’avoir de la foule parce que la foule compte. L’administration a pris cette décision puisque la situation est tendue. On ne peut pas prendre le risque de laisser les enfants dans la rue parce qu’entre la maison et l’école, sur le chemin tout est possible. Il faut donc protéger les enfants des grenades lacrymogènes qui pleuvent de partout, des cailloux qui partent de nulle part, et des risques des cocktails Molotov », a poursuivi M. Bakhoum.
« Le Sénégal n’est aussi ignorants des troubles comme nous le vivons actuellement »
« Quand les commerces ferment, ça veut dire que, de la même façon que les élèves, les vendeurs ont peur d’être attaqués, d’être vandalisés dans leurs biens. Ce réflexe et cette crainte deviennent révélateurs de ce que l’insécurité ou l’instabilité peut coûter au pays, à l’économie et à la nation en général. Au pays en termes de réputation, d’image dans le monde. A l’économie avec des investisseurs qui vont commencer à douter, des gens qui ont déjà investi qui voient leurs biens vandalisés, saccagés. Le Sénégal ne gagnerait pas dans des situations d’insécurité où on peut continuer dans une instabilité beaucoup plus pointue, beaucoup plus forte. Tout cela pour dire que la situation politique, telle qu’elle est, nous devront travailler pour en sortir », estime le journaliste Ibrahima Bakhoum. Poursuivant, il explique qu’on arrive dans une situation où l’on voit plus d’enfants dans la rue que d’adultes. « Les luttes politiques au Sénégal, c’est des adultes qui les menaient, c’est des adultes qu’on prenait et c’est des adultes qui étaient en prison. Cette fois-ci, la population a beaucoup rajeuni. C’est beaucoup plus de jeunes qui sont dans la rue. Durant la crise postélectorale de 1988, c’est des militants de parti qui étaient dans la rue. Ce qui se passe aujourd’hui c’est que ce ne sont pas forcément des militants de partis qui sont dans la rue mais, plutôt, des jeunes qui doutent pour leur avenir, des jeunes frustrés, des jeunes qui ne voient pas l’avenir de manière très rassurante et qui ont entendu un nom et qui ont vu une personne qui les rassure », diagnostique encore l’analyste politique. Selon lui, la situation est inédite en termes de symboles. Avant, les gens s’unissaient pour des causes beaucoup plus larges. Ici, c’est surtout derrière une seule personne qu’ils se regroupent. Ce n’est pas la première fois que le Sénégal se retrouve dans des situations violentes. En 1988, un état d’urgence avait même été décrété. Ce qui veut dire « restez chez vous » parce que c’était violent et il y avait beaucoup d’emprisonnements. La différence avec ce qui se fait maintenant, c’est que les acteurs ont changé parce qu’au Sénégal, la population a rajeuni et on trouve à la limite beaucoup d’enfants qui sont embarqués dans les manifestations. Les réseaux sociaux jouent un énorme rôle dans cette mobilisation. Avant, il n’y avait pas ces canaux d’informations et de propagande, de manipulation. Cette image de violence dans notre pays peut faire qu’à l’international les investisseurs vont attendre en avant de venir investir au Sénégal. Cette incertitude ne va pas avec le business et si le risque est élevé au Sénégal, les investisseurs risquent d’aller ailleurs. Même si on a du pétrole, si le pays risque de brûler, les investisseurs ne viendront pas », alerte en conclusion l’un des doyens de la presse, Ibrahima Bakhoum.
SUSPENSION DES COURS A ZIGUINCHOR ET A SEDHIOU
Les secrétaires généraux du Cusems et du Saels expriment leurs plus extrêmes réserves
La décision de suspendre les cours pour une semaine à Ziguinchor et à Sédhiou n’est qu’une «farce» qui peut contaminer les autres écoles du pays et donner l’occasion aux élèves de participer à des manifestations politiques, selon Ndongo Sarr du Cusemss (Cadre unitaire des syndicats du moyen et secondaire du Sénégal). Son camarade secrétaire général du Sels (Syndicat des enseignants libres du Sénégal), Amidou Diédhiou, invite les autorités à faire de sorte que les syndicalistes n’entrent pas dans la danse.
Pas d’école à Ziguinchor et à Sédhiou pour une semaine ! Les inspecteurs d’Académie de ces deux régions, à savoir MM. Papa Gorgui Ndiaye et Cheikh Faye, ont décidé de faire vaquer les cours dans les écoles, établissements et centres de formation professionnelle se trouvant dans leurs circonscriptions respectives à partir d’aujourd’hui jusqu’à jeudi prochain. A l’origine de cette décision sans doute inspirée voire imposée par le ministre de l’Education nationale, la situation très tendue qui prévaut depuis quelques jours dans le pays, et particulièrement dans cette zone sud. Ce depuis l’annonce de la tenue du procès opposant Ousmane Sonko à la masseuse Adji Sarr initialement prévu mardi dernier avant d’être renvoyé d’office à mardi prochain c’est-à-dire le 25 mai. Cette décision des inspecteurs d’Académie de Ziguinchor et de Sédhiou serait basée sur l’appréciation du contexte socio-politique du pays relativement à la présence du leader du Pastef Ousmane Sonko dans la ville dont il est le maire.
Selon le secrétaire général du Sels (Syndicat des enseignants libres du Sénégal), Amidou Diédhiou, ces décisions sont prises non seulement pour sécuriser les élèves mais aussi pour que l’école ne soit pas un «tremplin» pour embraser le pays. «Parce que quand on perturbe l’école avec des élèves dans la rue, cela pourrait aussi perturbaer le marché», a-estime-t-il. Selon M. Diédhiou, en tout cas, telle pourrait être l’explication à cette décision des autorités académiques de Ziguinchor et de Sédhiou de suspendre les cours. Il estime que les autorités académiques ne peuvent pas prendre cette décision sans l’aval de leur ministre. «En tant que syndicat, nous constatons les faits pour les déplorer. Notre action est purement syndicale. Une action qui ne concerne que l’école. Une école apaisée. Ce que nous voulons, c’est que ses problèmes d’abris provisoires, d’effectifs pléthoriques, de manque d’enseignants... soient résolus, et aussi comment faire pour qu’on arrive à régler les nombreuses préoccupations des enseignants sur la situation des décisionnaires, des chargés de cours, entre autres», at-il listé. Cela dit, le secrétaire général du Sels estime que «l’histoire montre qu’il y a une action étroite entre l’école et la politique». Que L’école est un creuset hautement politique. L’enseignant lui-même est un contestataire. «Nos collègues font de la politique de quelque bord qu’ils soient. Ils siègent lors des élections, et ils siègent à l’école, donc dans les écoles. L’école ne peut pas se départir de politique. Les responsables syndicaux sont souvent habillés d’un manteau politique. On peut donner l’exemple de Mamadou Diop «Decroix» et autres, et même avant eux. Nous, jeunes, devons arriver à faire la part des choses entre l’action politique et l’action syndicale. Surtout faire des efforts pour un quantum horaire appréciable et significatif», considère Amidou Duédhiou.
Notre interlocuteur dit craindre un embrasement dans tout le pays. « Il y a des signes avant-coureurs qui ne trompent pas. Je compte tout de même rester à équidistance et me battre pour les questions de l’école et les préoccupations des enseignants », assure Amidou Diédhiou qui invite les politiques à plus de responsabilité pour éviter un embrasement au niveau national. « Pour moi, il faut contenir la situation, et que chacun reste dans son domaine. Aucun des camps en confrontation, que ce soit celui du pouvoir ou celui de l’opposition, n’a intérêt à utiliser l’école pour arriver à ses fins. Pour éviter que ce qui se passe à Sédhiou et à Ziguinchor n’arrive à Dakar, il faut éviter que les syndicats entrent dans la danse en convoquant le comité de suivi des accords signés entre le Gouvernement et les syndicats. Déjà, les actes posés par le ministère des Finances ne sont pas de nature à apaiser le climat social à l’école. Nous demandons à ce que les sommes (Ndlr, ponctionnées sur les salaires des grévistes) soient restituées. Il faut que le syndicalisme reste à l’école et que l’école ne soit pas utilisée à des fins politiques». Telle est la position d’Amidou Diédhiou qui est presque identique à celle du secrétaire général du Cusemss (Cadre unitaire des syndicats et moyen et secondaire du Sénégal) Ndongo Sarr pour qui cette décision prise par les autorités académiques de Ziguinchor et de Sédhiou n’est qu’une «farce» pour un problème qui, dit-il, concerne toute la société. «Ce ne sont donc pas ces « mesurettes » qui vont faire sortir l’école de cette situation», a-t-il soutenu. Selon lui, avec ces mesures prises pour une partie de l’école sénégalaise, le quantum horaire sera entamé et les élèves vont payer les pots cassés. Ndongo Sarr estime que «les autorités ne se préoccupent pas du sort de nos élèves» avec cette suspension des cours dans les établissements scolaires et les centres de formation professionnelle de Ziguinchor et de Sédhiou, et qui, «à l’évidence, va contaminer les autres écoles du pays parce que les élèves des autres écoles du pays ne vont pas accepter que leurs camarades soient privés d’école pendant qu’ils étudient normalement. Surtout la semaine prochaine ». Le secrétaire général du Cusems est donc d’avis qu’en suspendant les cours dans le sud du pays, les autorités offrent aux élèves la possibilité de sortir et d’aller participer à des manifestations. Ce au lieu de «jouer la carte de l’apaisement pour éviter que tout le pays s’embrase».