La valorisation de l’expertise locale à travers l’artisanat, c’est ce à quoi s’emploie le rappeur Simon Kouka depuis quelques années. Il continue de mener ce combat en attirant l’attention des autorités sur ce secteur qui peut aider à résoudre la problématique du chômage des jeunes et les détourner de l’émigration irrégulière. L’implication des chanteurs, artistes et autres célébrités ne sera pas de trop pour aider à faire avancer l’artisanat local, a-t-il indiqué en marge de la Journée de l’artisanat 2023.
Les chanteurs, les célébrités devraient être au-devant de la lutte pour réussir le pari du consommer local en aidant les artisans locaux à valoriser leurs produits. En tout cas, le chanteur Youssou Ndour a montré la voie en faisant savoir son option de mettre en avant l’expertise locale. Le rappeur Simon Kouka l’a servi en exemple lors de la célébration, au Centre culturel Blaise Senghor, de la Journée de l’artisanat. «Quand on est allés à Ngaye, on nous a raconté qu’une année, pour la Journée nationale de l’artisanat, Youssou Ndour est venu soulever une chaussure en disant : je porte les chaussures de Ngaye. Et ils n’avaient jamais autant vendu durant cette période-là. Donc ce signal-là, il est fort. Et si on célèbre une journée comme l’artisanat, imaginons qu’on dise à tous ceux qui viennent ce jour-là de s’habiller local, les gens vont passer leurs commandes chez les tailleurs, chez les maroquiniers. Donc c’est de l’argent qui va être dans notre économie, qui va circuler et qui va créer de la valeur ajoutée», a fait savoir Simon au cours d’une conférence de presse, organisée par la structure Solo lors de la Journée de l’artisanat célébrée depuis 2014 au Sénégal. Une exposition a suivi cette célébration, le 30 décembre, pour magnifier le génie créateur de l’artisanat. «On invite le 30 décembre à la Place de l’Obélisque pour une exposition pour rendre hommage aux artisans. Les artisans vont venir des 14 régions du Sénégal. Il y aura des stands pour qu’ils puissent montrer leur savoir-faire», soutient le rappeur. Une manière de se rattraper par rapport à la Journée de l’artisanat qui n’a été célébrée qu’une seule fois, en 2014. «En 2014, l’Etat du Sénégal, à travers le Président Macky Sall, avait lancé la Journée nationale de l’artisanat. Depuis 2014, cette journée n’a plus été célébrée. Il avait dit s’il ne pouvait pas le faire chaque année, qu’il allait au moins essayer de le faire chaque deux ans», indique-t-il. «C’est la raison pour laquelle on essaie de célébrer cette journée pour au moins rendre cette dignité aux artisans et en disant aussi qu’il faut miser sur la formation», souligne Simon qui indique qu’il reconnait que des structures comme le Fonds de financement de la formation professionnelle (3 Fpt), l’Office national de la formation professionnelle (Onfp) font énormément. «Mais aujourd’hui, il y a plus à faire. Parce que ces jeunes qu’on voit prendre les pirogues, ces jeunes qu’on voit aller vers le Nicaragua pour sortir du pays, s’il y avait plus de formation et que ça soit mieux organisé, mieux structuré, ils ne risqueraient pas leur vie pour aller à la recherche d’un eldorado qu’ils peuvent avoir ici», souligne Simon.
Créneau porteur pour la jeunesse
L’artiste dégage une piste pour faire face au phénomène de l’émigration irrégulière. «On a une usine qui fait du cuir. Il est vraiment temps d’arrêter cette exportation-là, de renforcer cette structure, qu’elle puisse elle aussi exporter dans la sous-région et qu’on puisse également faire vivre ce secteur et créer de l’emploi à travers cette industrie», prône-t-il. Tout ça pour dire que l’artisanat peut être un créneau porteur pour les jeunes en quête d’emploi et une manne financière pour l’économie sénégalaise. «Quand on est allés rencontrer le ministre du Commerce, on nous dit que chaque année, les Sénégalais achètent en termes de Babouche pour 45 milliards, et ça ce sont les babouches déclarées à la Douane. 45 milliards, ce sont quatre tanneries, 45 milliards c’est combien de formations ? Avec 45 milliards, on peut créer une usine qui peut faire travailler combien de Sénégalais ? Il y a aussi la rentrée scolaire, les sacs qui nous viennent de l’Asie, imaginez qu’on ferme les frontières et qu’on dise que les sacs vont être confectionnés par les artisans du Sénégal ! Que Ngaye Mékhé produise, le village artisanal de Thiès, le village artisanal de Soumbédioune, de Ziguinchor, etc. Mais ça donne de l’emploi. Les jeunes ne prendront plus des bateaux pour aller en Espagne, ou je ne sais où. C’est de ça qu’on parle», avance-t-il. «Aujourd’hui, même les commerçants, on leur lance un appel. Vous prenez un commerçant qui va acheter un billet d’avion, qui va payer l’hôtel à la ville où il va acheter la marchandise pour venir encore la vendre ici. S’il faisait la même commande auprès de nos artisans tailleurs, s’il faisait la même commande auprès de nos maroquiniers, on n’en serait pas là aujourd’hui. Et on n’aurait même pas besoin des grandes institutions financières pour emprunter de l’argent de gauche à droite», fait-il remarquer. «L’argent reste ici, circule ici, crée de la valeur. C’est de ça qu’on parle. L’artisanat n’est pas à négliger dans ce pays», souligne l’artiste. Revenant sur les raisons de son engagement, il explique que le passage au mouvement Y’en a marre, l’organisation de marches etc., ont apporté un plus. «Ça a permis aujourd’hui une prise de conscience de la jeunesse, les jeunes sont beaucoup plus politisés qu’avant», mentionne Simon dont l’une des principales préoccupations est de voir sortir de terre la maison de l’artisanat pour davantage promouvoir le consommer local.
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MODOU LO, ÉTERNEL ROI DES ARÈNES
Terrible d'efficacité, le lutteur de l'écurie Rock Énergie a une nouvelle fois démontré toute sa puissance en mettant rapidement son adversaire hors de combat. Il conforte un peu plus son statut de légende vivante de la lutte sénégalaise
Le lutteur de l’écurie Rock Énergie, Modou Lo, a terrassé Boy Niang 2 de Pikine en quelques minutes lors d’un combat organisé, lundi, à l’arène nationale, conservant ainsi son titre de Roi des arènes.
Après plusieurs avertissements par l’arbitre pour passivité, les deux lutteurs ont pris l’initiative de se battre en échangeant des coups-de-poing.
Boy Niang 2 n’a pas réussi à saisir la jambe de Modou Lo qui est parvenu à se libérer.
Voyant que Boy Niang 2 résiste, il fait appel à sa technique pour le terrasser.
En 18 ans de présence dans l’arène, Modou Lo a livré 26 combats pour l’écurie Rock Énergie dont 22 victoires. Il a une fois fait match nul, en 2011, contre Lac de Guiers 2.
Le champion de lutte avec frappe (2007-2008) de 39 ans a connu trois défaites dans sa carrière, deux contre Balla Gaye2 (2010-2019) et une contre Bombardier en 2015 pour le titre de Roi des arènes.
Le 28 juillet 2019, le natif de Taïba Ndiaye (Thiès) bat Eumeu Sène et devient Roi des arènes. Durant la saison 2012-2013, il connait une année blanche.
Son dernier combat du 5 novembre 2023 s’est soldé par une victoire contre Ama Baldé qu’il a terrassé en 52 secondes.
Moins de deux mois après, Modou Lo fait subir le même sort à Boy Niang 2 et conserve son titre de Roi des arènes.
L'EFFERVESCENCE MUSICALE AVANT LE NOUVEL AN
De nombreux artistes sénégalais ont marqué la fin d'année avec de nouvelles productions musicales. Entre albums solo, collaborations et hommages, la scène musicale a été particulièrement vivace ces derniers mois avec des sorties remarquées
Des artistes dont Carlou D, ‘’Dip’’, Adjouza, proposent une playlist qui va rythmer cette fin d’année et les prochains jours dans différents endroits de Dakar et dans les régions.
Le guitariste chanteur Carlou D a présenté son nouvel album ‘’Higher’’ (Plus haut en anglais), il y a une semaine. Une production sortie le 1er décembre et qui marque sa »maturité artistique’’ après dix-neuf ans de carrière, dit-il. La musique valse entre plusieurs mélodies accompagnées par la voie de l’artiste qui chante en wolof et en français.
Le dernier album de Carlou D, Ibrahima Loucard à l’état civil, remonte à 2019, un an avant la pandémie du coronavirus.
Un autre rappeur fait aussi l’actualité musicale. Dominique Priéra alias ‘’Dip’’ du groupe ‘’Doundou Guiss’’ a sorti l’opus ‘’Lepp fii lanu fekk’’ (Nous avons tous été témoins) symbolise la ‘’renaissance artistique’’ du rappeur.
Cet album de huit titres a été présenté, vendredi dernier, lors d’un concert à l’institut français de Dakar devant une foule en liesse qui guettait ses prestations depuis trois ans.
Adjouza, la fille de Ouza Diallo, a dévoilé le 3 novembre les titres de son album ‘’Plan B’’, un recueil de onze morceaux qui ont fini de conquérir les followers et autres adeptes des plateformes de téléchargement.
Composé des titres ‘’Sa téléphone’’, ‘’Jolie Garçon’’, ‘’Emigration clandestine’’, ‘’Mariage Forcé’’, ‘’Sonneu na Tayina’’, ‘’Princesse à Paris’’, ‘’Dialogue social’’, etc., dans un mbalax pur, le disque de Adiouza allie des chansons d’amour et des thèmes militants.
Le chanteur Waly Ballago Seck qui a dévoilé son nouveau disque ‘’I Wanna Be Free’’ (Je veux être libre) de six morceaux le 3 octobre valse dans la diversité des styles alliant mbalax et musique française avec le titre ‘’Je ne suis pas comme eux’’, une imitation vocale des chansons du français Francis Cabrel.
L’héritière du virtuose du xalam Samba Diabaré Samb a sorti au mois de février une production intitulé ‘’Nangu’’ en hommage entre autre à ses parents disparus, et à Youssou Ndour. Aïda Samb a sorti les singles ‘’Diakeur sama’’en 2021 et ‘’Beadola’’ en 2022.
Du côté de Saint-Louis, Abdou Guité Seck est revenu sur le marché musical en 2023 avec un opus intitulé ‘’Kakatar’’ (Caméléon) de dix titres qui ‘’met en exergue le caractère ambivalent de l’humain’’.
Alioune Mbaye Nder l’ex-lead vocal du groupe ‘’Lemzo Diamano’’ a célébré le trentième anniversaire de sa carrière avec l’album ‘’30 ans déjà !’’. Une production de six morceaux sorti le 9 novembre dernier qui reprend ses grands hits tels que ‘’Deremp Yaye, ‘’Georges’’, ‘’Setsima’’.
Il aura fallu attendre sept longues années avant de pouvoir découvrir “Being”, le nouvel album ‘’introspectif’’ de sept titres de Baaba Maal, sorti le 31 mars, où le lead-vocal du ‘’Dandé lenol’’ chante différents thèmes liés à ses racines africaines, le changement climatique.
Le lead vocal du Super Diamano a lui aussi sorti un nouvel album intitulé ‘’Thione’’ célébrant son ami Thione Ballago Seck décédé en 2021. Dans cet opus mis sur le marché le 18 novembre, Omar Pène rend hommage au défunt parolier de la musique sénégalaise.
D’autres artistes comme le rappeur Baye Mass avec ‘’Airmass’’ ont été au rendez-vous en 2023.
Le groupe xalam promet un album prochainement dont le titre ‘’Retour aux sources’’ sera un voyage rythmique dans le temps.
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LA KORA N'EST PLUS AUX SEULS MANDING
Bien que défendant cet art dans sa forme originale, il estime que les manding ne devrait plus considéré la kora comme leur priorité à eux tout seul, mais une propriété désormais de tous les Africains, à commencer par tous les Sénégalais.
Descendant de griot de père en fils, Sirifo Kouayaté est conscient de cette culture de la tradition orale est en train de perdre de plus en plus ses racines d'origine puisque la politique est passé par là. Mais Sirifo qui est originaire de la Casmance a une autre approche des choses.
Le griots authentique des origines tant à être substitué par des griots flatteurs, laudateurs d'hommes politiques afin d'être dans de bonnes graces, en ne dissant pas la vérité. Et cela, Sirifo Kouyaté le réfute catégorquement. Lui veut défendre l'art des origines.
Griot et koriste très connu en Espagne et ailleurs en Europe, après plus de 30 ans de carrière en Europe, il cherche à prendre sa place dans son pays natal, le Sénégal depuis quelques années.
Bien que défendant cet art dans sa forme originale, il estime que les manding ne devrait plus considéré la kora comme leur priorité à eux tout seul, mais une propriété désormais de tous les Africains, à commencer par tous les Sénégalais.
La preuve, l'hymne national du Sénégal en faire une belle référence. Récemment, il a ouvert avec son neveux le concert slam intitulé : "Quand personne ne se souvient" au Centre culturel espagnol de Dakar.
C'est en marge de ce concert que nous l'avions à nouveau interrogé, une deuxième fois.
par Ousmane Sonko
CHEIKH ANTA DIOP, UNE LUMIÈRE POUR LES DÉFIS ACTUELS ET À VENIR
Notre monde est en crise d'humanité et de civilisation. La pensée de celui dont nous célébrons le centenaire indique de regarder du côté de l'Afrique où se joue son avenir, là où précisément l'Humanité est née
Les échos de la célébration, par la communauté scientifique africaine et sénégalaise, de la vie et de l'œuvre du professeur Cheikh Anta Diop, me sont parvenus.
La commémoration du centième anniversaire de ce grand savant panafricain survient alors que la jeunesse, les communautés et les élites progressistes sont résolument engagées dans un combat politique et culturel pour la renaissance de l'Afrique et de sa Diaspora. Au centre de cette reconquête de l'initiative historique par les Africains, se trouve l'enjeu capital de la réappropriation de nos patrimoines historiques, culturels, linguistiques ainsi que celles de nos valeurs qui font la magnificence des civilisations africaines depuis l'Égypte pharaonique noire.
Faut-il le rappeler, le renouveau intellectuel et culturel dans lequel s’inscrit mon engagement repose sur la souveraineté. Et le projet porté par Pastef s'enracine dans l’histoire des peuples africains en lutte pour leur dignité et fondamentalement pour la souveraineté, la sécurité, la gouvernance démocratique, la richesse partagée et le bien-être de tou.t.e.s. conformément aux valeurs morales et humaines profondes de notre continent.
C’est pourquoi, la vision et le programme de Pastef s’inspirent d’ailleurs en partie de la pensée stratégique du professeur Cheikh Anta Diop dont l'enseignement doit être plus et mieux institutionnalisé.
Je suis d’ailleurs déterminé à relever le défi de l'éducation dans nos langues africaines, à donner des moyens accrus à la recherche dans tous les domaines, à développer la formation professionnelle valorisant tous les métiers productifs, artistiques et culturels. Mais surtout, je suis déterminé à mener une politique réellement panafricaine de remembrement solidaire des espaces économiques, commerciaux et culturels pour une économie d'abondance au Sénégal, dans notre sous-région et sur tout le continent africain.
Je sais que le professeur Cheikh Anta Diop a mis l'accent sur l'exploitation judicieuse de nos ressources foncières, minières, forestières, hydro-électriques, etc. en s'appuyant sur la recherche technologique de pointe. Il a par ailleurs démontré la nécessité de réaliser des infrastructures modernes de sorte à connecter toutes les régions du continent entre-elles. Tout ceci doit selon sa pensée renforcer le sentiment d'une nouvelle citoyenneté panafricaine. Et tout cela est l'aspiration exprimée par une jeunesse africaine en plein éveil de conscience.
Au demeurant, notre monde est dévasté par des inégalités sociales insoutenables, des violences et des guerres destructrices. Il est en crise d'humanité et de civilisation. La pensée de celui dont nous célébrons le centenaire indique de regarder du côté de l'Afrique où se joue son avenir, là où précisément l'Humanité est née.
Pour toutes ces raisons, je souhaite plein succès à cette importante célébration d’un homme modèle de vertus dont les travaux sont d’une brûlante actualité.
PAR Tamsir Anne
QUELLE POLITIQUE LINGUISTIQUE POUR LE SÉNÉGAL ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Il devrait s’agir de trouver un système original, multilingue, qui élève les langues nationales à une égale dignité que le français et qui s’ouvre davantage à d’autres grandes langues internationales
La question des langues nationales s’est invitée de façon inattendue dans le débat politique national. Des commentaires faits par le chef de l’état sur l’écriture des langues nationales avaient dans une récente sortie soulevé une vague de protestations et inspiré des mises au point. Ce qui est important ici est de rappeler que la codification des langues nationales est régie par plusieurs décrets dont le premier est le Décret présidentiel no 71566 du 21 mai 1971. Des décrets ultérieurs en 1975, 1985 et 2005 ont apporté des ajustements et correctifs nécessaires. Bien que les défis à ce niveau soient mineurs, des réformes s'avéreront, comme pour toute langue vivante, toujours utiles dans le futur. Les questions fondamentales de ce débat, auxquelles la classe politique dans son ensemble devrait répondre, sont plutôt relatives à la place et au statut que les hommes politiques aspirant à diriger le Sénégal entendent accorder aux langues nationales. Quelles stratégies ont-ils définies dans leurs programmes concernant ces problématiques et quelles mesures concrètes prévoient-ils d'adopter pour les mettre en œuvre ?
Aucun programme de leader politique ne semble, à notre connaissance, esquisser de politique linguistique claire, allant au-delà de simples pétitions de principes et constats d'échec. Leurs positions, quelle que soit par ailleurs leur affiliation politique, restent généralement vagues et évasives. Le temps d’une campagne électorale la créativité des uns et des autres pour trouver des noms porteurs d’adhésion populaire (Aar Senegaal, Ànd defar Senegaal, Bennoo Bokk Yaakaar, Taxawu Senegaal, Yewwi Askan etc.) ne connaît plus de limite. Cependant, une fois élus, ils reviennent systématiquement au français, une langue que, selon les estimations les plus optimistes, plus de trois quarts de la population ne comprennent pas. Le français serait-il la barrière, dont parlait Cheikh Anta Diop il y a plus de quatre décennies, que les politiciens érigent arbitrairement entre eux et la population pour échapper au contrôle populaire ? Comment s’étonner dès lors que la participation citoyenne tant proclamée demeure un vœu pieux ? Lorsque l'écrasante majorité des populations se sent déconnectée ou ne comprend pas le sens des politiques publiques formulées dans une langue qui leur reste étrangère, le dialogue de sourds devient inévitable. Le sens des textes législatifs et juridiques, des programmes politiques, économiques et sociaux élaborés majoritairement sans leur concours leur reste globalement opaque et inaccessible. Pourtant, la dimension linguistique est évidente dans les diverses crises récurrentes qui secouent notre société : crise de la citoyenneté, crise des valeurs, divorce entre administration et administrés, crises politiques et sociales.
La démocratie par exemple, étymologiquement le gouvernement du peuple par le peuple en langue grecque, ne peut véritablement fonctionner dans une langue que le peuple ne comprend pas. Le débat démocratique, hormis les périodes électorales, reste essentiellement le domaine d'une minorité ayant le privilège de maîtriser la langue française. La question du troisième mandat qui a fortement secoué les fondements de notre système démocratique lors des deux premières alternances est édifiante à ce sujet. Car, en dehors de ses aspects proprement juridiques, il s’est également agi d’une querelle sémantique sur l'interprétation d'une disposition de la constitution, qui à notre sens, n’aurait dû souffrir d'aucune ambiguïté. Si l’on s’en souvient encore, l’un des experts français, commis il y a plus d’une dizaine d’années par le président Wade, avait laconiquement déclaré qu’il ne s’agissait pas d’une question de droit mais de français.
En réalité, contrairement à des préjugés tenaces, la question des langues nationales n'est ni une préoccupation dépassée ou secondaire, mais se trouve bien si l'on y regarde de près au cœur des défis du monde moderne. L’exemple de l’Union Européenne, dont nous nous suffisons des langues, devrait nous donner à réfléchir. L’UE est en effet aujourd’hui la grande championne de la diversité linguistique dans le monde avec un total de vingt-quatre langues officielles. Tous les actes juridiques de l’Union doivent être disponibles dans ses 24 langues officielles. La charte des droits fondamentaux de l’Union postule par ailleurs le droit pour tout citoyen de communiquer avec les institutions européennes dans l’une des 24 langues officielles de l’UE, et les institutions sont tenues de lui répondre dans la même langue. L'argument de la diversité linguistique, utilisé dans le contexte sénégalais pour écarter l'impératif de considérer effectivement les langues nationales dans toutes les politiques publiques, perd de son poids au regard de ces expériences. Les énormes avancées technologiques dans le domaine du traitement automatique des langages naturels permettraient également de réduire sensiblement la complexité de certains problèmes.
Une autre idée reçue voulant réduire la langue à un simple outil de communication, à un « code dépersonnalisé » est également à rejeter. Au-delà d’être l’outil de communication le plus sophistiqué qui se puisse concevoir encore, la langue est loin d’être neutre ; elle véhicule toujours une vision spécifique du monde et transporte des valeurs, des modes de vie et de pensée. La langue est autant une mémoire qu'une empreinte distinctive d'une culture qui se construit et s'articule à travers elle. Elle modèle, comme disait le linguiste américain Sapir, du seul fait qu’elle est langue l’univers intellectuel, moral, spirituel, que nous pensons. Par conséquent la crise des valeurs et la crise de la citoyenneté devraient être réexaminées sous ces différentes optiques.
La crise endémique de l’école également, qui implique autant la baisse générale du niveau des élèves que la perte de compétence non seulement en français mais aussi dans les langues nationales, mériterait l’exploration de nouvelles pistes.
L'Unesco recommande depuis des décennies un modèle d'enseignement multilingue basé sur les langues maternelles pour améliorer significativement les performances des apprenants. Les nombreuses études et programmes menés depuis plusieurs années par l’organisation internationale convergent dans leurs résultats sur les points suivants : les enfants qui apprennent les six à huit premières années de leur scolarité formelle dans leur langue maternelle ont non seulement de meilleurs résultats scolaires que leurs pairs qui reçoivent un enseignement dans une langue qui leur est totalement étrangère, mais ils développent également une plus grande aptitude à apprendre une autre langue étrangère et obtiennent de meilleurs résultats dans les disciplines scientifiques. Enfin, sur le plan psychologique, un enseignement dans la langue maternelle renforce l'estime de soi et favorise la créativité, au lieu d'une simple mémorisation par cœur. Il va sans dire, espérons-nous, que de tels résultats ne sauraient en rien découler automatiquement de l’introduction des langues nationales. Plusieurs autres facteurs clés de succès, d’ordre politique, social, culturel et organisationnel sont tout aussi déterminants. Bref il devrait s’agir de trouver un système original, multilingue, qui élève les langues nationales à une égale dignité que le français et qui s’ouvre davantage à d’autres grandes langues internationales, africaines d’abord, mais aussi au chinois et japonais par exemple. La prise en compte effective des langues nationales dans un enseignement multilingue, loin d'impliquer un chauvinisme ou une volonté de repli sur soi, peut bien au contraire signifier plus d'ouverture sur le monde sans pour autant se suicider culturellement.
La politique a de toute évidence un rôle capital à jouer dans cette grande entreprise de transformation de nos différents systèmes sociaux. La tâche est certes ardue et demande des efforts conjugués et l’adhésion de tous les segments de la société. Elle sera même le labeur cumulé de plusieurs générations, mais notre génie propre, notre capacité de tirer profit de l’expérience d’autres peuples ainsi qu’une volonté politique inflexible nous permettront de relever à coup sûr, haut la main, tous les défis. Nous sommes convaincus que la maîtrise et le développement des langues nationales sera comme en Europe a l’époque de la Renaissance le catalyseur d’un renouveau intellectuel, scientifique, politique, culturel et moral.
Dans ce domaine comme dans d'autres, nous devons seulement avoir le courage de faire nos propres expériences, d'apprendre et de tirer profit de nos erreurs, plutôt que de continuer à vivre avec des leçons, des certitudes et des vérités qui ne sont pas les nôtres.
Dr. Tamsir Anne est Senior IT-Consultant, auteur-chercheur.
CHEIKH ANTA DIOP, MÉMOIRES D'OUTRE-TOMBE
Entre « textes rassemblés, traduits et annotés » Khadim Ndiaye réussit à rapporter Diop, exactement comme il a parlé de lui, d'où il vient, des objectifs de ses recherches, de comment il a été amené à s'intéresser - sans vraiment le chercher - à l'Egypte.
Il y a 20 ans, Cheikh M'Backé Diop consacrait à son père, Cheikh Anta Diop, une biographie - Cheikh Anta Diop, l'homme et l'œuvre - qui donnait une vue exhaustive sur l’itinéraire, la vie et l'œuvre de l'égyptologue sénégalais dont on célèbre en cette fin d'année 2023 le centenaire de la naissance. On avait là une belle introduction aux contextes historique, social, géographique et politique qui ont donné naissance et corps au travail de Cheikh Anta Diop
Ce que réussit le philosophe et chercheur Khadim Ndiaye, avec son essai Cheikh Anta Diop par lui-même, prolonge ce premier travail biographique en donnant la parole à Cheikh Anta Diop, qui parle à la première personne. De sorte que l'ouvrage peut être considéré comme des mémoires que l’homme n'a pas - c'est possible - eu le temps de rédiger, pris qu'il était par ses multiples tâches (recherches, travail de laboratoire, conférences, activités politiques, etc.) et les chantiers auxquels celles-ci donnaient lieu.
Khadim Ndiaye écrit : « Ce recueil, publié à l'occasion du centenaire de sa naissance, est une contribution à la connaissance du chercheur multidisciplinaire qui a laissé à l'Afrique, selon le mot du regretté joumaliste Jean-Pierre Ndiaye, ‘’un héritage de libération sans précédent". Etudiants, chercheurs, décideurs et acteurs de la société civile du continent africain et du monde y trouveront un accès à sa pensée autrement que par ses principaux ouvrages qui peuvent rebuter certains lecteurs
« Je voulais devenir ingénieur-consultant pour les avions après la guerre »
Entre « textes rassemblés, traduits et annotés » Khadim Ndiaye réussit à rapporter Cheikh Anta Diop, exactement comme il a parlé de lui, d'où il vient, des objectifs de ses recherches, de comment il a été amené à s'intéresser - sans vraiment le chercher - à l'Egypte. Ndiaye a réuni les textes en 40 chapitres « afin que le lecteur dispose de points de repères facilitant la lecture », dit-il en introduction, précisant que les morceaux choisis ont été agencés pour que « l'ensemble garde une cohérence qui démontre l'étroite parenté entre les idées ».
« Non [je ne descends pas d'une lignée de griots wolof]. C'est faux, mais je n'en suis pas offensé. » C'est cette réponse à Charles S. Finch qui ouvre le premier des 40 chapitres du livre, qui porte sur "l’enfance et le milieu d'origine’’. « Le milieu d'origine n'a jamais été un obstacle infranchissable pour une conscience qui se destine à l'action sociale, relève Cheikh Anta Diop : il y a tous les exemples qui viennent à esprit et que je n'ai pas besoin de citer. Il arrive, par ailleurs, que la rigueur morale et le sens de l'honneur hérités d'un milieu restreint donné et réinvestis dans le champ social d'une action de dimension nationale, donnent des résultats spectaculaires. »
Diop explique qui était destiné à « une carrière purement scientifique », soulignant qu'on lui a « inculqué » des informations qui ont fait de lui « un Africain bien instruit, mais pas cultivé », d'où le fait qu'il a ressenti « un certain vide culturel » en lui. « Mon désir de connaitre mon histoire, ma culture, mon problème personnel [c'est-à-dire mon désir de m'épanouir en tant que personnel], dit-il, m'a conduit à l'histoire. Cependant, je pensais que mes amis feraient le travail pour moi, mais quand j'ai réalisé que rien n'était fait, je suis devenu plus motivé. [Auparavant], je voulais devenir ingénieur consultant pour les avions après la guerre. »
« Nous avons subi un lavage de cerveau »
Au sujet de l'aliénation, l'auteur de Nations nègres et Culture fait ce rappel intéressant : « L'optique déformante des œillères du colonialisme avait si profondément faussé les regards des intellectuels sur le passé africain que nous éprouvions les plus grandes difficultés même à l'égard des Africains, à faire admettre les idées qui aujourd'hui sont en passe de devenir des lieux communs. On imagine à peine ce que pouvait être le degré d'aliénation des Africains d'alors. »
« C'est la connaissance de l'histoire égyptienne qui nous permet de savoir ce que nos ancêtres ont fait sur cette terre. Nous avons subi un lavage de cerveau », dit-il ajoutant : « A l'époque où nous écrivions, bien que des attestations comme celles qu'on a citées dans les textes classiques aient existé, l'impérialisme comme on le dit souvent, avait tellement volé le regard des Africains, que vous pouviez leur citer tous les textes possibles et imaginables, je le leur mettais sous les yeux, mais rien n’y fit. »
Sur la question de la lutte pour l'indépendance, Cheikh Anta Diop évoque son adhésion au Rassemblement démocratique africain (RDA, fondé en 1946 à Bamako). Il en est le secrétaire général des étudiants (1951-53). « L'indépendance, raconte-t-il, est tombée comme une tulle sur le crâne des responsables africains. Ceux-ci n'avaient pas cru devoir éduquer les masses et structurer les partis en fonction des tâches postérieures à l'indépendance. Seuls les étudiants du RDA de Paris prirent position dès 1951 en faveur d'une lutte pour l'indépendance nationale du continent africain, organisèrent du 4 au 8 juillet 1951 à Paris, le premier Congrès panafricain d'étudiants d'après-guerre et développèrent leur programme complet dans le n'1 de leur organe de presse : « La Voix de l'Afrique Noire », février 1952. Ils rencontrèrent une hostilité générale même au sein du RDA et ne furent soutenus que par la section RDA du Cameroun avec son vaillant leader Ruben Um Nyobe… (…) »
Il y a, dans l'ouvrage de 348 pages édité chez Afrikana, des ligner sur les premières recherches de Cheikh Anta Diop et sa soutenance de thèse, les obstacles rencontrés sur le chemin, le retour en Afrique, la vie politique sénégalaise, le laboratoire à IFAN (Institut fondamental d'Afrique noire), sa méthode, ses ouvrages, l'unité culturelle, la fédération, le tribalisme et la question des frontières, la philosophie africaine, les relations internationales…
Cheikh Anta Diop et sa réflexion multidisciplinaire
L'égyptologue rappelle avoir entrepris les travaux linguistiques pour « montrer que nos langues sont aptes à véhiculer la pensée scientifique, la pensée philosophique les sciences… » « Les langues africaines seront ce que vous voudrez qu'elles deviennent, lance-t-il, il faut les exhumer, les réconcilier avec le passé et avec l'avenir. L'importance de l'Egypte c'est un peu cela. Elle est à l'Afrique ce que sont la Grèce et Rome à l'Occident. Tant qu'on n'avait pas établi la parenté entre l'égyptien ancien et les langues africaines, on ne pouvait pas bâtir un corps de sciences humaines. L'Atrique est dotée du passé d'écriture le plus ancien au monde. Au Sénégal, j'enseigne l'histoire ancienne et même l'égyptien ancien à l'université, de la maitrise jusqu'au niveau du doctorat d'Etat. Ça peut contribuer aussi à la survie de nos langues. »
Diop insiste : « Je continue à vous dire que les langues que vous parlez aujourd'hui sont aussi proches du pharaonique que les langues romanes le sont du latin. » Il rappelle par ailleurs, au sujet de la Nubie et de l'Egypte, que lorsqu'il s'est intéressé à l'histoire de l'Afrique pour la première fois, il ne cherchait « nullement à aboutir à une civilisation grandiose », réfutant le « procès d'intention qui passe à côté des sentiment réels. »
L'héritage culturel de l'Afrique pour libérer la femme à l'échelle mondiale
Il revient sur les péripéties du colloque du Caire organisé en 1974, au cours duquel il a été conforté dans l'essentiel de ses thèses sur l'Egypte, l'importance de l'Histoire et de la conscience historique, la culture – « je considère la culture comme rempart qui protège un peuple, une collectivité. »
Cheikh Anta Diop a aussi réfléchi - un chapitre en parle - sur l'Etat et la politique en Afrique, rappelant sur la base des faits, que « c'est l'Afrique qui, très tôt, a créé l'Etat. » Il ajoute : « Le seul Etat viable, […] C'est l’état national groupant plusieurs cités, dont le type le plus ancien est l'état égyptien, c'est celui-ci qui s'est imposé sur tout le bassin de la Méditerranée, à partir d'Alexandre le Grand, qui était fasciné par le modèle africain, au point de vouloir installer sa capitale à Alexandrie, en Egypte même. »
Quelques-unes des plus belles pages de l'ouvrage sont consacrées à la place de la femme dans une société africaine libérée. « Il faut relire attentivement L'Unité culturelle, et vous comprendrez pourquoi la femme, par la volonté même de l'homme (d'évoluer) en un régime sédentaire, a joué, dès le départ, un rôle déterminant. C'est elle qui est l'élément dépositaire de in légitimité. Aujourd'hui, ce n'est plus tout à fait cela, mais il faut reconquérir la situation antérieure », soutient Cheikh Anta Diop.
Les Lignes qui suivent sonnent comme l’esquisse d'un véritable projet de libération de la femme, d'Afrique ou d'ailleurs : « S'il est vrai que plus de la moitié de l'humanité est asservie, alors c'est la femme africaine qui, en généralisant le bicaméralisme, serait à la tête de la libération de la femme, à l'échelle du monde. Ce ne serait donc plus telle ou telle idéologie ! Je ne sais pas si vous voyez l'ampleur révolutionnaire de cette idée… La femme africaine doit s'engager dans la voie du bicaméralisme, vous ne serez plus des suffragettes, des féministes. C'est la dignité de la mère de famille africaine traditionnelle que vous restaurerez, de façon conforme au progrès. Je suis sûr que c'est l'Afrique qui, de par son héritage culturel, est la plus à même de libérer la femme à l'échelle mondiale, parce que c'est elle qui l'avait déjà fait par le passé. »
Et comme pour prolonger le chapitre sur la transmission des connaissances, Khadim Ndiaye clôt le livre sur les mots et réflexions de Cheikh Anta Diop à l'endroit de la jeunesse. Il dit d'emblée : « C'est pour les jeunes que je parle. » Il ajoute, entre autres viatiques : « La jeunesse doit être l’avant-garde de la libération de notre continent » : « Sortir les jeunes de la torpeur, du pessimisme, les amener à découvrir par leur propre réflexion la possibilité de ce qui leur paraissait un rêve (...) »
Même pour ceux qui ont lu et fréquentent assidument les écrit et travaux de Cheikh Anta Diop, ce livre sur l’itinéraire les pensées, opinions et combats de Cheikh Anta Diop apporte du nouveau, notamment des confidences inédites et des entretiens peu connus qui renseignent sur l'envergure éthique de « ce modèle géant de la sagesse africaine contemporaine que fut le regretté Pr Cheikh Anta Diop », pour reprendre le préfacier Dr Dialo Diop. A ceux et celles qui ont peu ou pas lu le Maitre, une formidable opportunité est donnée de disposer de clés d'entrée et de lecture d'une œuvre inscrite dans le temps de l'Histoire.
THÉOPHILE OBENGA INVITE LA JEUNESSE PANAFRICAINE À POURSUIVRE LE COMBAT DE CHEIKH ANTA DIOP
Cheikh Anta Diop a aussi travaillé pour une Afrique solidaire, forte et digne dans un Etat fédéral, pour que les peuples africains vivent et survivent mieux dans le futur, a souligné l'égyptologue congolais
Dakar, 26 déc (APS) – L’historien et savant sénégalais Cheikh Anta Diop (1923-2023) dont on célèbre le centenaire de la naissance, a permis, »à travers son œuvre, de restaurer la conscience historique africaine (…), instituant l’unité culturelle de l’Afrique noire », a souligné, mardi, l’historien et égyptologue congolais Théophile Obenga.
« A travers son œuvre, Cheikh Anta Diop a opéré une rupture avec les schémas logiques de l’histoire du monde décrite par l’Occident. Il a restauré la conscience historique africaine dans toutes ses longues durées temporelles, instituant l’unité culturelle de l’Afrique noire », a dit l’ancien ministre des Affaires étrangères de la République du Congo.
Il s’exprimait en vision conférence au cours d’un panel organisé à Dakar, à l’occasion de la célébration du centenaire de Cheikh Anta Diop du 26 au 29 décembre au musée des Civilisations noires. »Cheikh Anta Diop et l’égyptologie : convergence histographique de l’antiquité à nos jours » est le thème dudit panel.
« Dans l’Antiquité, comme dans les temps modernes contemporains, de grands esprits comme Homère, Platon, Aristote, Schuhl, Bernal et Burkert, ont déposé, dans l’historiographie mondiale, que l’Egypte pharaonique était à la source de la philosophie et des sciences de la Grèce antique », a-t-il rappelé.
Selon lui, « pendant longtemps, l’Occident impérialiste, non sans mauvaise conscience, a fabriqué le fragile paradigme du +miracle grec+ dans l’Etat moderne.
Il estime que « c’est Cheikh Anta Diop qui a rendu l’Egypte pharaonique dans son univers culturel natif négro-africain.
M. Obenga est revenu sur l’œuvre de Cheikh Anta Diop pour « une Afrique solidaire, forte et digne ».
« Cheikh Anta Diop a aussi travaillé pour une Afrique solidaire, forte et digne dans un Etat fédéral, pour que les peuples africains vivent et survivent mieux dans le futur », a-t-il martelé.
Il souligne que « toutes les critiques eurocentristes de l’œuvre de Cheikh Anta Diop étonnent par leur indigence intellectuelle, leur approximation scientifique et leur incapacité de vérité ».
Théophile Obenga a invité la « jeunesse panafricaine à se mettre debout » pour poursuivre le combat de Cheikh Anta Diop.
LES TRAVAUX DE CHEIKH ANTA DIOP, SOURCE D’INSPIRATION INTARISSABLE POUR TOUTES LES GÉNÉRATIONS
Sa contribution inestimable à la compréhension des civilisations africaines, particulièrement à travers ses travaux en égyptologie, demeure une source d’inspiration intarissable pour les générations présentes et futures, a déclaré Aliou Sow
Dakar, 26 déc (APS) – Le ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow, a indiqué, mardi, que les travaux en égyptologie de l’historien sénégalais Cheikh Anta Diop demeure « une source d’inspiration intarissable pour les générations présentes et futures ».
S’exprimant lors d’un colloque international d’égyptologie organisé à Dakar, il a souligné que cette rencontre « revêt une signification exceptionnelle à plusieurs égards dont l’impact transcende le temps et l’espace ».
« Sa contribution inestimable à la compréhension des civilisations africaines, particulièrement à travers ses travaux en égyptologie, demeure une source d’inspiration intarissable pour les générations présentes et futures », a déclaré le professeur Aliou Sow.
« En organisant cet événement au sein du musée des Civilisations noires, a souligné Aliou Sow, nous célébrons également la symbiose entre la recherche académique et les expressions culturelles. »
Selon lui, « cette union symbolise la volonté commune de promouvoir l’excellence, la diversité et la coopération intellectuelle dans le domaine de l’égyptologie, partant des Civilisations noires de manière générale ».
Il estime que le Professeur Cheikh Anta DIOP a exploré plusieurs dimensions des sciences sociales et expérimentales pour aboutir à des « résultats exceptionnels » qui ont servi à replacer l’hégémonie de la civilisation africaine au cœur du processus de création continue de l’humanité.
Il rappelle que « ses recherches approfondies ont jeté une lumière nouvelle sur la richesse linguistique du continent, mettant en évidence la complexité et la profondeur des langues africaines, souvent négligées ou sous-estimées dans le contexte académique mondial ».
« Explorer l’état actuel de l’Egyptologie est d’une importance cruciale dans le contexte académique contemporain », a-t-il fait valoir. Il estime que « ces progrès permettent une compréhension plus approfondie des artefacts égyptiens, ouvrant de nouvelles perspectives sur la vie quotidienne, les croyances religieuses et les interactions sociales dans les civilisations anciennes’’.
Il ajoute que « l’Égyptologie d’aujourd’hui s’efforce de promouvoir une approche inclusive et globale de l’étude des civilisations égyptiennes, intégrant des perspectives variées et remettant en question les interprétations traditionnelles’’.
« Célébrer l’Afrique noire et la civilisation africaine, c’est célébrer la véritable place de l’Afrique dans le concert des nations, c’est également explorer l’Egyptologie et ce qui en découle comme conséquence et savoir irriguant du côté majestueux du continent africain », a-t-il dit.
Il est d’avis que sans nul doute « ce colloque offrira une plateforme privilégiée aux chercheurs, enseignants, et étudiants pour partager des connaissances novatrices, stimuler des débats éclairés et établir des liens fructueux au-delà des frontières académiques’’.
« Les échanges qui auront lieu au cours de ces journées contribueront indubitablement à l’enrichissement intellectuel de chacun, favorisant ainsi l’émergence de nouvelles perspectives et approches dans le domaine de l’égyptologie », a-t-il estimé.
NOS MES AU STYLO, UNE PLONGÉE DANS LE VÉCU DE DEUX ÉCRIVAINS EN HERBE À OGO
Adama Thiam et Demba Thiam, deux anciens élèves du lycée de Ogo, une commune du département de Matam (nord) viennent de faire paraître un recueil de poèmes intitulé “Nos âmes au stylo’’.
Ogo (Matam) – 26 déc (APS) – Adama Thiam et Demba Thiam, deux anciens élèves du lycée de Ogo, une commune du département de Matam (nord) viennent de faire paraître un recueil de poèmes intitulé “Nos âmes au stylo’’, dans lequel ils témoignent de leur vécu à l’école et retracent leur enfance dans leur village natal.
Cette publication de 84 pages, édité par Plumamare Sénégal, comporte plusieurs chapitres étalés à travers différentes thématiques qui servent à parler de leur vécu d’élèves, de leur enfance à Ogo et du quotidien de leur entourage.
“Dans le livre, nous avons voulu retracer notre vécu, mais aussi le quotidien de toutes les personnes qui nous entourent. Les lecteurs originaires du Fouta et vivant hors de Ogo, en lisant le livre, vont s’y retrouver, car nous avons presque le même vécu, que ce soit à l’école où dans la vie’’, a dit Adama Thiam, l’un des auteurs, dans un entretien accordé à l’APS.
Les deux jeunes auteurs abordent dans leur recueil de nombreuses thématiques liées à l’enfance, à l’amour, au Fouta, contrée traditionnel du nord Sénégal. Ils y parlent aussi de l’école et des enseignants.
Adama Thiam dit avoir été piqué par le virus de l’écriture à l’école, il y a trois ans, alors qu’il était en classe de Seconde et était membre d’un groupe littéraire dénommé “La Forge des mots’’, initié par un professeur de français.
“Nous étions quatorze élèves dans ce groupe, et on s’exerçait beaucoup à l’écriture avec des ateliers et des déclamations de poèmes en slam. C’est ce qui m’a inspiré à écrire’’, a expliqué le futur pensionnaire du département espagnol de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Il intervenait au cours d’une cérémonie de présentation de ce recueil de poèmes, en présence de son préfacier, Abdou Rahmane Diène, professeur de Français et initiateur de “La Forge des mots’’.
Adama et Demba, qui ont également des liens de parenté, ont commencé à écrire leurs premiers poèmes quand ils étaient respectivement en classe de seconde et de Première, en 2020.
Ils se mettaient à écrire de temps en temps, partageaient aussi leurs idées avant de valider ensemble leurs textes.
“Pour le titre, nous avions choisi un jeune passionné de poésie, c’est après que nous avons changé l’intitulé pour choisir définitivement nos âmes au stylo’’, a soutenu le jeune bachelier, qui dit vouloir faire carrière dans la poésie.
Très brillant en espagnol, selon son professeur de français, Adama a consacré un chapitre à cette langue, qu’il a intitulé “Mi Suenio’’ (mon rêve), et qui commence par une phrase en espagnol. Une manière de montrer son “amour envers la langue espagnole’’.
Son binôme, Demba Thiam, bachelier depuis 2022, poursuit ses études en France, où il est inscrit en Langues étrangères appliquée, après avoir passé un semestre au département d’anglais de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.