SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
25 avril 2025
Développement
par Gilles Olakounlé Yabi
L'INSÉCURITÉ ROUTIÈRE EST-ELLE UNE FATALITÉ AFRICAINE ?
Le fatalisme déroutant qui prévaut face à l’hécatombe sur les routes du continent est d’autant plus incroyable qu’elle se double d’un refus obstiné de chercher des solutions
Jeune Afrique |
Gilles Olakounlé Yabi |
Publication 31/01/2020
Son nom ne vous dira rien sauf si vous êtes proche de la Gambie. Elle s’appelait Jaha Sise Sawaneh, jeune journaliste et activiste engagée dans la défense des droits humains et de la paix. C’est en revenant d’une visite dans sa ville natale le 9 octobre pour participer à des efforts de médiation communautaire qu’elle a trouvé la mort dans un accident de circulation. L’accident qui s’est produit à 170 kilomètres de Banjul, la capitale gambienne, aurait été provoqué par la crevaison d’un pneu sans doute à pleine vitesse. En plus de la journaliste, deux autres passagers n’ont pas survécu.
Chaque accident de la route a son histoire, sa cause principale, ses causes secondaires formant ensemble un tragique concours de circonstances. Et personne ne rêve du « zéro accident de la route », même dans les pays les plus riches, dotés des infrastructures routières les plus modernes, des parcs automobiles les plus récents, des législations les plus élaborées et des administrations les plus à même de les appliquer.
Fatalisme et refus de chercher des solutions
Mais nous sommes en Afrique confrontés à une situation particulièrement grave : la conjonction des pires statistiques d’accidents meurtriers de la route, de l’accueil des nouvelles récurrentes de morts stupides de jeunes avec une incroyable dose de fatalisme et d’un refus obstiné de chercher des solutions pour freiner l’hécatombe.
J’avais en tête d’écrire cette tribune l’année dernière, quelques jours après le décès brutal de deux personnalités respectées de la société civile et de la recherche universitaire au Mali. Un professeur d’anthropologie réputé et un brillant et prometteur expert des questions de gouvernance, tous très engagés dans la recherche de solutions à la grave crise dans laquelle état plongé leur pays. Fauchés tous les deux dans un accident de route entre Ségou et Bamako.
Je n’avais eu aucune information sur les circonstances précises de l’accident et sur ses causes mais le fait était là : on continuait à perdre toutes les semaines des enfants, des jeunes et des moins jeunes dans des accidents en grande partie évitables.
Au-delà de l’ampleur des accidents graves, c’est le fatalisme avec lequel on tourne vite la page par un apaisant « Paix à son âme », « Rest in perfect peace » ou « Qu’Allah l’accueille en son paradis » qui est déroutant.
Certes, il n’y a plus rien à faire pour ramener ceux qui nous ont quittés. Mais peut-être devrions-nous interroger davantage les décès qui relèvent de déterminants sur lesquels nous pouvons agir et nous fixer comme objectif de réduire drastiquement chaque année le nombre de destins brisés et de familles éplorées.
De nombreux pays l’ont fait. Selon le plus récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la sécurité routière publié en décembre 2018, le nombre de décès enregistrés par accident de la route avait baissé dans 48 pays entre 2013 et 2016. Cela n’a pas été le fait du hasard, mais d’un ensemble de mesures visant à réduire le nombre des accidents et leur gravité.
Ce rapport confirmait que l’Afrique avait les plus mauvaises statistiques de toutes les régions du monde, avec un taux de décès sur la route de 26 pour 100 000 habitants. Trois fois plus élevé qu’en Europe. Dans la deuxième région la plus dangereuse pour les usagers de la route, l’Asie du Sud-Est, le chiffre était de 20,7 pour 100000 habitants.
Corruption et impunité
En observant au quotidien la circulation routière dans les grandes villes ouest-africaines, le comportement des usagers apparaît de manière incontestable comme un déterminant majeur de l’ampleur des accidents, de concert avec l’état des véhicules et celui des routes.
Il ne s’agit pas seulement des excès de vitesse ou des effets de l’alcool au volant mais d’une ignorance absolue de l’existence des autres usagers : arrêts brutaux au milieu de la route juste pour discuter avec un ami, oubli systématique du clignotant pour signaler un changement de direction, téléphone scotché à l’oreille voire écriture de SMS en étant au volant, non-respect des règles de priorité, et de toute autre règle prévue par le code de la route.
C’est tous les jours dans nos capitales que l’inconscience de la mise en danger des autres se donne à voir. Ces comportements ne tuent pas dans la majorité des cas, les villes embouteillées limitant la vitesse et la violence des chocs. Mais sur les routes nationales et sur les nouvelles voies rapides dont nous sommes si fiers, des comportements irresponsables, les dépassements dangereux notamment, mettent fin à un nombre insupportable de vies.
En matière de sécurité routière comme dans tant de domaines, le duo infernal que forment la corruption et l’impunité, en ruinant autant la qualité des routes que le civisme et le sens des responsabilités, continue d’éteindre définitivement de jeunes lumières africaines.
EN GUINÉE, UNE FEMME UTILISÉE COMME BOUCLIER HUMAIN PAR DES POLICIERS
Des policiers guinéens ont été filmés à leur insu par un vidéaste amateur, le 29 janvier, en train d’utiliser une femme comme bouclier humain, à Conakry. Un homme, qui a recueilli la femme après la scène, raconte ce qu’il s’est passé
Les Observateurs de France 24 |
Alexandre Capron |
Publication 30/01/2020
Des policiers guinéens ont été filmés à leur insu par un vidéaste amateur, le 29 janvier, en train d’utiliser une femme comme bouclier humain, dans la commune de Ratoma, à Conakry, capitale de la Guinée. Un homme, qui a recueilli la femme après la scène, raconte ce qu’il s’est passé et donne des nouvelles de la victime.
La vidéo dure un peu plus de trois minutes. Elle montre une femme retenue par un policier, accompagné de trois autres. Ils font face à plusieurs jeunes Guinéens, le 29 janvier, lors d’une nouvelle manifestation contre le possible troisième mandat du président Alpha Condé.
Les trois policiers placent la femme devant eux pour se protéger de jets de pierre et l’emmènent avec eux sur plusieurs mètres avant de la traîner au sol. La scène se termine dans la confusion après un tir de l’un des policiers.
La rédaction des Observateurs de France 24 a pu identifier le lieu exact de la scène dans le quartier de Wanindara 3. Une photo envoyée par un habitant de la zone permet de reconnaître le même arbre ou les mêmes maisons.
La vidéo, récupérée et postée par Abdourahmane Bah, un habitant du quartier Wanindara 3, a été vue plus de 350 000 fois sur Facebook en moins de 24 heures. Il a recueilli la victime après avoir entendu des cris dans la rue.
"C’est une dame qui travaille au marché Enco 5 comme femme de ménage, à quelques centaines de mètres de là. Elle était venue dans le quartier car elle avait appris le matin même qu’un enfant d’une de ses proches avait été blessé au pied lors des manifestations. Elle venait donc rendre visite à la famille de cet enfant, mais elle ne connaissait pas bien le quartier, car elle vit dans un autre quartier de Conakry.
Elle est tombée sur ces policiers, qui lui ont alors dit de rester avec eux, car il y avait des jeunes non loin. Mais c’était un piège, puisque rapidement, les policiers l’ont gardé avec eux pour faire face à ces personnes qui leur lançaient des pierres. Les policiers n’avaient plus de gaz lacrymogènes, et garder cette femme avec eux, c’était le seul moyen qu’ils avaient pour se protéger des pierres. Ils ont voulu négocier avec les manifestants par ce moyen, mais les jeunes ont refusé."
"La femme n’était pas enceinte, mais a un bébé en bas âge"
Après avoir été trainée sur plusieurs mètres, les policiers ont finalement abandonné la femme par terre, et se sont enfuis vers l’avenue Le Prince [route principale du quartier, NDLR]. Nous avons recueillis la femme qui était très choquée. Ses vêtements étaient couverts de boue, ma mère lui a donné de nouveaux habits pour qu’elle puisse partir. Cette femme n’était pas enceinte, comme on a pu le voir écrit ici ou là. Mais elle a un bébé de six mois [ainsi que 4 autres enfants, selon le site Guinéematin qui a pu l'interviewer, NDLR], et elle a eu très peur d’être blessée ou tuée dans les affrontements. Elle a de nombreuses plaies au genou.
Ce qu’il s’est passé est inacceptable. C’est la première fois que je vois un tel comportement avec une femme de la part des policiers, ça prouve que même les femmes ne sont pas épargnées. Depuis le début des manifestations, mon quartier est l’un des plus réprimés, et la présence des forces de l’ordre est permanente. On ne se sent pas en sécurité.
La rédaction des Observateurs de France 24 a pu confirmer l’identité de la victime, qui a témoigné auprès de médias guinéens dont GuinéeMatin. Cette dernière a indiqué être traumatisé par l’événement, et avoir une "douleur à son pied droit".
Les trois policiers aux arrêts
Nous avons également échangé avec le ministre de la Sécurité publique, Albert Damantang. Il a affirmé que trois policiers avaient été mis aux arrêts. Il a ajouté qu'un quatrième, présent avec eux, n'avait pour l'heure pas été identifié. Selon lui, ces policiers seront présentés à un conseil de discipline et prochainement sanctionnés.
En guise de défense, le policier aurait affirmé avoir vu la dame "donner des pierres aux jeunes", raison pour laquelle il l'a d'abord interpellée, une version qu'on "ne peut pas corroborer à ce stade" a dit le ministre. Il a par ailleurs renouvelé ses excuses à la victime, comme il l’avait fait dans cette vidéo publiée sur Facebook, et a affirmé qu'elle serait reçue par la ministre de l'Action Sociale, de la Promotion Féminine et de l’Enfance Mariama Sylla après avoir échangé avec elle par téléphone.
De son côté, François Patuel, chercheur à Amnesty International sur la Guinée, estime que cette vidéo est un exemple supplémentaire des abus de la police guinéenne :
"Cette scène d’une femme utilisée comme un bouclier humain contrevient à plusieurs pactes internationaux signés par la Guinée. L'exposition volontaire de personnes à des souffrances ou blessures est une grave violation des droits humains. Mais cela s’inscrit dans une tradition d’impunité pour les violations commises par les forces de sécurité : depuis 2010, plus d’une centaine de personnes ont été tuées dans le contexte de manifestations.
Malgré les plaintes déposées par les familles, un seul policier a été condamné. Sa hiérarchie directement responsable n’a pas été inquiétée."
Les abus policiers se multiplient en Guinée depuis fin 2019, alors que les protestations ne faiblissent pas contre le projet de nouvelle Constitution qui permettrait à Alpha Condé de se représenter pour un troisième mandat. Le 14 janvier, une vidéo montrant un homme âgé être malmené par la police avait déjà suscité l’indignation.
OUATTARA RÉPOND A LA ZMAO
Le président ivoirien a balayé jeudi les critiques du Nigeria et plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest anglophones qui ont dénoncé à Abuja la décision de remplacer le franc CFA par l'Eco, assurant que la date de juin 2020 tenait toujours
Le président ivoirien Alassane Ouattara a balayé jeudi les critiques du Nigeria et plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest anglophones qui ont dénoncé à Abuja la décision de remplacer le franc CFA par l'Eco, assurant que la date de juin 2020 tenait toujours. "C'est une intoxication pure et simple. Il n'y a que 5 pays qui se sont retrouvés (à Abuja) sur les 15 de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) (...)
La majorité des pays n'a pas été à cette réunion. Ce n'était pas une réunion des chefs d'Etat mais de ministres et gouverneurs", a déclaré M. Ouattara."Ce que nous avons décidé au niveau des chefs d'Etat, notre volonté c'est de mettre l'Eco en 2020", a-t-il ajouté, précisant qu'il y avait des "conditions"."La première condition c'est de réunir les (cinq) critères de performance: déficit de -3%, dette de moins de 70%, faible inflation etc... (...)
Pour le moment, il n'y que 4 ou 5 pays dont la Côte d'Ivoire qui remplissent ces critères", a-t-il poursuivi, soulignant que le processus devait être "graduel"."Cinq, huit, dix pays (respectant les critères) peuvent se mettre ensemble", a-t-il dit ajoutant que d'autres pouvaient ensuite les rejoindre à l'image de la zone Euro commencée à 11 et qui comprend 19 pays aujourd'hui."Nous voulons faire les choses par étapes. Nous ne voulons pas de précipitation mais nous ne voulons pas non plus que les pays qui ne respectent pas les critères de convergence bousculent le processus", a-t-il conclu dans une claire allusion au Nigeria.
Les six pays de la Zone monétaire ouest-africaine (WAMZ) avaient dénoncer "la déclaration visant à renommer unilatéralement le franc CFA en Eco d'ici à 2020", le 16 janvier à Abuja.Huit pays francophones d'Afrique de l'Ouest, qui utilisent le franc CFA, avaient annoncé fin décembre leur décision de remplacer leur monnaie commune par l'"Eco" et de rompre ainsi les liens très controversés avec la France, ancienne puissance coloniale, qui accueillait notamment la moitié de leurs réserves de changes en échange de la convertibilité du CFA avec l'euro.
L'annonce surprise avait été faite par le président ivoirien Alassane Ouattara lors d'une visite à Noël de son homologue français Emmanuel Macron, au lendemain d'un sommet de la Cédéao qui avait encouragé les efforts visant à mettre en place une monnaie unique ouest-africaine d'ici à juillet.
DAARA J EN LUTTE CONTRE LE CAPITALISME
Quatre ans après Foundation, les deux rappeurs, Faada Freddy et Ndongo D, reviennent avec Yaamatele, un nouvel opus forgé entre Dakar, Paris et Kinshasa. Sur ses pistes, ils militent pour l’écologie et s’adressent aussi bien aux peuples qu’aux puissants
Quatre ans après Foundation, les deux rappeurs sénégalais de Daara J Family, Faada Freddy et Ndongo D, reviennent avec Yaamatele, un nouvel opus forgé entre Dakar, Paris et Kinshasa. Sur ses pistes, ils s’insurgent contre le capitalisme, militent pour l’écologie, et s’adressent, en wolof, en français et en anglais, aussi bien aux peuples qu’aux puissants. Pour eux, le rap, hérité des griots, est vecteur d’éducation. Encore une fois, avec Daara J Family, on est à bonne école !
RFI Musique : Que signifie le titre de ce disque, Yaamatele ?
Ndongo D : Yaamatele, c’est un personnage comique d’un dessin animé des années 1980, Onze pour une coupe : un robot, avec une grosse télé à la place du ventre. Depuis, dans le jargon de rues, au Sénégal, on utilise son nom pour désigner les personnes droguées à leurs écrans – télés, ordinateurs, téléphones portables. Notre titre-parabole dénonce cette addiction.
Faada Freddy : Aujourd’hui, tout est tellement digitalisé qu’on en perd notre humanité. Parfois, dans une maison, un membre de la famille regarde la télé dans la chambre, l’autre dans le salon…Et pour communiquer, ils s’envoient des SMS ! Les gens passent tant de temps agglutinés à leurs écrans, qu’ils en oublient de vivre ! Et puis, sur leurs appareils, arrivent tout un flux d’infos non triées : l’annonce de guerres, de décès tragiques, au milieu de bimbos aux seins nus… Le danger, c’est de devenir insensible à tout !
ND : En Afrique, il y aura bientôt 660 millions de smartphones. Même les grands-pères, dans les villages les plus reculés, possèdent ces outils numériques. Désormais, ce ne sont plus les politiciens qui gouvernent le monde, mais Facebook ou WhatsApp. D’ailleurs, les réseaux sociaux s’imposent comme des armes politiques puissantes, dont se sont servi Trump ou Bolsonaro pour arriver au pouvoir. Nous ne demandons pas aux jeunes d’abandonner leurs smartphones, mais d’adopter un recul critique face aux contenus.
Le dessin sur votre pochette de disque représente cette addiction…
FF : Oui, il révèle un arbre à palabres. Auparavant, tout le monde se réunissait autour de lui et de l’odeur d’un thé brûlant, pour s’offrir des moments de discussion, des temps d’échange et de partage. Sur la pochette, dans des lueurs crépusculaires, on voit désormais ces gens obnubilés par leurs écrans. Sur les branches de l’arbre, pendent des smartphones, tels des parasites ! En Afrique, on est même en train de perdre notre culture de l’oralité. Avant, un griot entraînait sa mémoire à garder l’art de la parole... Aujourd’hui, il cherche ses références sur Internet.
ADN, le titre d’ouverture de votre disque, s’avance comme un hymne écologique. Pourquoi ?
ND : Comme beaucoup, nous sommes profondément préoccupés par l’avenir de la planète. Déjà, en 2012, on avait sorti ce titre, Niit (qui signifie "observer de près avec une torche") et nous avions tourné le clip dans la plus grosse décharge de Dakar. Au Sénégal, il commence à y avoir une fragile prise de conscience. Quelques hommes politiques – un ou deux sur dix –, dont le ministre de l’Hygiène Publique, tâtonnent pour trouver des solutions écologiques. Et puis, il y a des initiatives, des mouvements comme Sénégal Ney Set ("Que le Sénégal soit propre") avec lequel nous collaborons.
FF : Au fil de nos voyages, nous croisons des gens qui partagent les mêmes angoisses, sur la déforestation et la pollution. Ainsi, j’ai pu échanger avec le Brésilien Almir Surui, le chef de la tribu Paiter Surui, en Amazonie. Les autochtones sont menacés de mort parce qu’ils protègent la forêt ; ils sont bousculés par les gros industriels qui veulent les faire disparaître. En Afrique, je citerais l’exemple de Kigali, qui interdit le plastique sur son sol : une des solutions vers une planète plus saine…
Vous rappez depuis vingt ans. Qu’est-ce qui a changé depuis vos débuts ?
FF : Dès l’origine, on a tâché de transmettre une parole qui pouvait élever les esprits. Nos parents respectifs étaient instituteurs. On avait en nous ce bagage-là pour prôner l’éducation. D’où notre nom, Daara J : l’école de la vie. Et notre responsabilité s’est accrue avec la notoriété. Depuis vingt ans, ce qui a changé et s’est empiré, c’est cette maladie qui ronge le monde : la globalisation et le capitalisme mondial. Aujourd’hui, la valeur d’un être humain se mesure à son compte en banque. Son bonheur, à son sourire posté sur Instagram. Nous sommes aussi dans une ère de l’ultra-communication, qui peut friser le mensonge. Même pour faire la guerre, on use de la communication. Nous, en tant que colibri, nous faisons notre part. Et en tant que rappeurs, nous tâchons de réinvestir une parole digne de sens.
Quelle est la situation au Sénégal ?
ND : Au niveau culturel, la situation évolue positivement. Il y a par exemple la Biennale des Arts…Beaucoup d’artistes continuent de repousser les limites. Mais là où ça coince, c’est au niveau des politiques, au service du capitalisme… Ca gâche tout ! Tu fais des beaux châteaux de cartes, et ils s’écroulent instantanément. Dans un titre comme Jotna, par exemple, on parle de la mainmise sur les économies en Afrique…
FF : On s’adresse aussi aux dirigeants. Avant de signer un accord, on leur dit : "prenez le temps de réfléchir. Ne voyez pas uniquement vos intérêts, vos amitiés personnelles. Pour protéger un lobby, vous sacrifiez toute une génération sur 50 ou 70 ans. Réfléchissez !". Dans Jamono, on parle au peuple, à tous ces jeunes Africains qui cherchent l’Eldorado en Europe, au péril de leur vie. Comme le dit l’écrivaine Fatou Diome, ils se jettent dans le "ventre de l’Atlantique" en emportant leurs rêves. A ces voyageurs du désespoir, je dis : "Vous partez chercher le diamant, mais vous oubliez que vous êtes assis dessus".
Derrière vos lyrics, votre musique a aussi évolué… Comment ?
FF : On a composé entre Kinshasa, Paris et Dakar. On est sortis de notre zone de confort ! Ainsi, au Congo, on a été inspirés par la rumba, avec des compositeurs comme Kratos. On mélange et ça donne Chaka Zulu, une certaine transe ! A Paris, on a travaillé avec Manu Sauvage qui collabore avec Youssoupha ou Arthur H.
ND : On a effectué un travail de recherche : comment faire pour que nos musiques parlent aux nouvelles générations, sans tomber dans la copie de la tendance, par nature éphémère ?
FF : En gros, on a forgé une musique équilibrée, qui garde ses racines. Je convoque souvent la métaphore de l’arbre : quand les "temps" viennent, les feuilles changent, mais les racines demeurent toujours, qu’importent les saisons ! Et puis, même si on travaille énormément sur nos lyrics et la musique, on essaie aussi de se laisser porter par la vibe, de ne pas tout contrôler, pour recevoir la magie de l’univers.
Comment se porte aujourd’hui le hip hop au Sénégal ?
FF : Le pays regorge de talents. Avec Internet et les home studios, les jeunes s’organisent. Ils osent aller de l’avant, sans attendre que les grosses maisons de disques les produisent. Ils créent leurs affaires, ils nous demandent des conseils…
ND : Il faut que ça devienne une industrie, au même niveau que les pays anglophones, portée par des investisseurs.
De toute façon, le hip-hop vient d’Afrique !
FF : Bien sûr ! C’est ce que nous expliquions dans notre album Boomerang, en 2003. Pour preuve, tous les précurseurs du rap américains avaient des noms africains, Afrika Bambaataa et la Zulu Nation en tête ! Le hip hop trouve directement sa source dans le griotisme, cet art rythmique de la parole. Il y a justement une vidéo qui circule sur le net, où Quincy Jones explique à Kendrick Lamar que le hip hop vient d’Afrique. On est ultra fiers !
Vous pensez que le rap et plus largement la musique, peut-être une solution ?
FF et ND : Evidemment ! On est souvent bien plus écoutés que des politiciens !
par Oumou Wane
MACKY SALL, L’EMPÊCHEMENT PERMANENT !
Le président qui n’est pourtant qu’au début de son second mandat, se bat seul ou presque contre une horde de détracteurs et d’affabulateurs obsessionnels qui n’ont de cesse de croiser le fer avec lui
Plébiscité il y a moins d’un an par la grande majorité des Sénégalais, le président Macky Sall qui n’est pourtant qu’au début de son second mandat, se bat seul ou presque contre une horde de détracteurs et d’affabulateurs obsessionnels qui n’ont de cesse de croiser le fer avec lui. Rien ne lui est épargné !
Entre ses opposants politiques naturels qui le harcèlent par leur virulence, leur insistance et parfois leur violence. Ceux de son propre camp qui pensent représenter à eux seuls un courant au sein de l’APR, pleurant un siège en ébène ou un tabouret doré à l’or fin. Ceux chez qui fait rage le débat autour du troisième mandat et qui spéculent déjà sur son successeur, malgré les mises en garde du président lui-même. Ceux qui, mais c’est peine perdue, font des accusations pour décrédibiliser son action politique. Ceux qui, conspirateurs cachés, l’assurent de leur soutien. Ceux qui, bénis hier, sont honnis aujourd'hui. Ceux qui le regardent avec méfiance dès qu'il s'agit d'argent. Ceux qui disent que sa vision se limite à Diamniadio…
À ces frustrés, s’en ajoutent d’autres qui, n’ont pas assez accès au chef de l’État et se pensent pourtant calibrés pour les gros cigares.
Mais nous dans tout cela, on n’en peut plus ! Fantasmes et ambitions nous tuent ! Dieu merci, les effets ambivalents de l'horizon électoral ne semblent pas affecter la conduite des politiques publiques. Car enfin, comment la vision de Macky Sall pourrait-elle déjà se trouver à l'épreuve des temporalités électorales.
Nous aurions tout à y perdre. Observons sa force de travail, sur tous les chantiers et dans tous les domaines et imaginons ce que cela pourrait être s’il ne devait pas lutter en permanence contre ce volcan en constante éruption.
Après Lomé ce mois-ci et le Royaume-Uni, le chef de l’Etat Macky Sall s’est envolé pour la Suisse, où il prit part au Forum économique mondial de Davos non sans un certain leadership. « Je prends part au Forum de Davos, pour évoquer les enjeux climatiques, économiques et sociaux qui doivent intégrer nos plans de développement »… « C’est en faisant dialoguer l’ensemble des acteurs politiques et la société civile que nous ferons face aux grands défis de ce siècle », a-t-il écrit via son compte Twitter.
Dans le monde entier la parole de notre président est crédible et écoutée. Il n’y a bien qu’ici chez nous que l’on aime casser du Macky sous prétexte que ce dernier refuse d’être l’otage de son propre clan, y-compris de ceux qui ont combattu avec lui dans l'opposition et qui attendent qu’il leur rende la monnaie de leur pièce.
Pour espérer succéder au président de la République, tous ceux-ci devront prendre un autre ascenseur, celui de la sociale démocratie.
Car les temps ont changé et le système a le devoir de promouvoir des hommes et des femmes nouveaux pour assurer le renouvellement politique. Personnellement, j’ai apprécié par exemple le discours de la présidente du Mouvement national des femmes de l’Alliance pour la République (APR) : «Attention les hommes, les femmes foncent sur vous ! Elles arrivent avec l’intention de prendre les mairies, car il est temps qu’elles soient portées à la tête de nombreuses mairies lors des prochaines locales», a déclaré samedi Ndèye Saly Diop Dieng.
Mais revenons à notre président Macky Sall et soyons objectifs. Nous qui l’avons élu et plébiscité pour nous gouverner, cessons de lui mettre des bâtons dans les roues et ayons ensemble l’audace de faire progresser les esprits, de dialoguer pour construire la cité. À commencer par nettoyer devant nos portes.
S’agissant par exemple de la mobilisation citoyenne lors des prochaines journées nationales du nettoiement, prévues le 1er février 2020, donnons à nos villages et nos communes l’appui nécessaire et récoltons les fruits de notre travail.
Il y a tant à faire pour gérer des urgences multiples, particulièrement économiques et sociales dans notre pays, que continuer d’empêcher en permanence sa bonne gouvernance, serait suicidaire. Alors, pour mettre fin à cette guerre des clans et de positionnement à l’extérieur comme au sein du pouvoir, que chacun prenne d’abord un siège et vienne s’asseoir à la table du dialogue national.
A PARIS, LE CAMP DE LA HONTE
Porte d’Aubervilliers, au ras du périphérique, 2 000 migrants survivent dans un flot d’indifférence
Le terrain boueux, casse-gueule, se traverse en équilibriste. Couvertures, bâches, tapis, sacs de couchage retiennent tant bien que mal de la glissade. La gadoue qui les recouvre ne gêne plus les adolescents qui circulent en sandalettes, sans chaussettes. Au pied du muret qui longe la bretelle d’accès au périphérique, un amoncellement de détritus, sur 350 mètres ; des montagnes de vêtements usagés, trop humides pour être portés plusieurs jours : l’hiver les empêche de sécher. Environ 2 000 migrants survivent dans cette poubelle géante, bidonville indigne à 3 kilomètres du Sacré-Cœur. Afghans, Soudanais, Erythréens, Somaliens et, depuis peu, Iraniens et Koweïtiens. A la nuit tombée, une armée de rats vient quasiment doubler cette population. Ils pénètrent sans gêne dans les cabanes et les tentes endormies, y déposent leur urine nauséabonde.
Les cabanes, minuscules, bricolées avec des morceaux de tôle et de contreplaqué offerts par les Roms, s’alignent sur la partie haute du camp. On en compte une soixantaine, la plupart aménagées avec un soin émouvant : au sol, lino carrelé, tabourets rouillés ou fauteuils éventrés ; un seau ou une bassine d’eau ; un réchaud. Des étagères branlantes portent le strict nécessaire pour la toilette et les maigres provisions. Des bougies éclairent un morceau de verre souvent brisé, miroir de fortune. Le lit : une planche en bois et un matelas en mousse détrempé où se serrent deux, trois personnes. Ishaq, 30 ans, a quitté l’Erythrée depuis que l’Etat a entrepris de fermer une à une les églises et les écoles. Il a transformé sa cabane en chapelle. Sur sa porte en bois blanc, Ishaq a inscrit au feutre le psaume 23 de l’Ancien Testament : « L’Eternel est mon berger, je ne manquerai de rien. » A l’intérieur, une exposition des portraits froissés des évangélistes, rapportés de son pays, où il devait les cacher. « Dieu nous fait avancer dans les bons jours comme dans les mauvais », murmure-t-il dans un sourire.
On ne compte plus les tentes, collées les unes aux autres, de toutes tailles et couleurs, où s’entassent entre trois et huit personnes. Amir et Asmata, deux Afghans de 23 ans, ont négocié la leur (30 euros) à d’autres Afghans rencontrés ici le 28 décembre 2019, jour de leur arrivée. Réparateurs d’ordinateurs à Kaboul, les deux amis ont décidé de fuir leur pays en juin 2018, après avoir professé leur athéisme sur les réseaux sociaux. Ils sont hazaras, cette minorité chiite cible favorite des talibans qui les torturent ou les décapitent. Ils ont traversé l’Iran, la Turquie, franchi la Méditerranée sur un bateau « très d’occasion », où dix personnes ont trouvé la mort.
Amir et Asmata font partie des rares nouveaux venus en Occident. A Aubervilliers, comme ailleurs en France et en Europe, ces « primo-arrivants » représentent 25 % seulement des migrants. « Depuis la grande vague de 2015, le nombre de demandeurs d’asile est retombé au niveau normal et gérable de 2014 : 600 000 pour l’UE, constate Pierre Henry, directeur de France terre d’asile. Mais ces camps alimentent le fantasme de l’envahissement » : 75 % des occupants de la porte d’Aubervilliers sont arrivés en Europe en 2015, qu’ils sillonnent depuis quatre ans. Résultat « fâcheux et déplorable » du règlement de Dublin III, sur lequel toutes les associations tirent à boulets rouges : le pays dans lequel une demande d’asile a été formulée est celui chargé de son instruction. S’il est débouté, le demandeur peut rouvrir un dossier dans un autre pays de l’Union, mais de douze à dix-huit mois plus tard, selon les règles en vigueur. Conséquence : des mois d’errance utilisés comme arme de dissuasion pour stopper d’éventuels candidats. « On se trompe : l’espoir qui guide ces populations est plus fort que nos traités, poursuit Pierre Henry ; 250 000 êtres humains sont ainsi satellisés au sein de l’Europe. Les pays se les refilent comme une patate chaude », déplore-t-il. Ainsi, sur cette bordure de périphérique, ils sont quelques-uns à avoir été déboutés de toutes les procédures, même par la Cour nationale du droit d’asile.
Devant leur grande tente recouverte d’une épaisse bâche imperméable bleue – un luxe, ici –, huit copains afghans partagent un poulet aux oignons, cuit sur un brasero. Ils ont fui leur pays en 2016, se sont rencontrés au hasard de leur long périple. Déboutés en Serbie, en Hongrie, en Autriche ou en Allemagne, nations qu’ils ont traversées à pied, ils font partie des « réfugiés statutaires » qui possèdent des autorisations de séjour variant de un à cinq ans. « Dublin rime avec inhumain, s’indigne Yann Manzi, cofondateur d’Utopia 56. Le labyrinthe administratif crée un mur invisible. On remet à la rue des milliers de personnes obligées de s’installer dans une clandestinité provisoire. Leurs droits fondamentaux – boire, manger, se laver – sont bafoués. L’Europe est incapable de se mettre autour d’une table pour intégrer ces 0,03 % de sa population. Ça n’est pas une crise migratoire, c’est une crise d’accueil ! »
Selon Pierre Henry, « 80 % du flux migratoire concerne sept pays de l’UE. Il suffirait qu’ils s’accordent à sept sur des critères convergents. » L’Italie et l’Espagne n’enregistrent quasiment plus d’empreintes. Ils considèrent avoir pris leur part, comme l’Allemagne, qui a reçu en 2015 890 000 réfugiés, en majorité syriens. La France supprime des aides aux migrants enregistrés dans un autre pays membre. On n’accueille pas vraiment, on n’expulse pas non plus. « Pour éloigner ces populations, nous signons des accords financiers odieux avec la Turquie, l’Algérie, le Maroc et même la Libye, affirme Yann Manzi. Résultat : on fabrique des sans-papiers, des déçus qui deviennent délinquants de droit commun. Et peut-être même de futures bombes. On alimente aussi les réseaux de passeurs. » Entre 2015 et 2019, 1 362 filières ont été démantelées.
A l’époque de la grande vague migratoire, les permanences de psy traitaient le stress post-traumatique lié aux situations de guerre, aux dangers du voyage – dont les viols en Libye –, aux pertes de proches lors de traversées en mer. Hanaë El Bakkali, psychothérapeute pour Le Chêne et l’Hibiscus, voit désormais apparaître des états dépressifs. « Cette errance engendre la perte d’espoir et surtout d’identité, témoigne-t-elle. Mes interlocuteurs se sentent déshumanisés, rejetés. Leur désillusion se traduit par de la honte, mais aussi par beaucoup de colère. »
Afghans, Soudanais, Erythréens se débrouillent tous en allemand, en italien, en espagnol, langues des pays où ils ont transité. Ahoabta, 26 ans, a quitté en février 2016 Asmara, capitale de l’Erythrée, le pays le plus fermé de la Corne de l’Afrique. Ce ne sont ni la sécheresse ni la pénurie d’eau et de nourriture qui ont motivé son départ, mais l’armée. « Le service militaire est obligatoire, sauf que sa durée, c’est à la tête du client. Il peut durer toute une vie ! Moi, je rêve d’être avocat en France. » Il a accosté en Italie en septembre 2016, donné ses empreintes, qui figurent au fichier Eurodac consultable par toutes les administrations et polices de l’UE.
A 300 mètres du camp d’Aubervilliers, une dizaine de bénévoles de l’Armée du Salut servent chaque matin, en plein air, 700 petits déjeuners financés par la Ville de Paris. Pour les repas du midi et du soir, les Restos du Cœur et la Fondation de l’Armée du Salut disposent aussi d’un vaste local où passent quotidiennement 200 migrants. Ils bénéficient également de consultations médicales et juridiques. Et rechargent leur portable, jouent aux cartes ou aux dominos, roupillent sur les quatre grands canapés. Deux lave-linge et deux sécheuses tournent à plein régime. Certains vêtements sont bouillis : la gale sévit dans le camp. Durant leurs maraudes, France terre d’asile, Utopia 56 et Médecins du monde proposent également les services de personnel médical, d’interprètes, de psys et de juristes. Les migrants demandent sans cesse la signification des SMS de l’Ofpra ou du tribunal administratif qui font état de l’avancement de leurs dossiers. Pas facile de leur annoncer un refus, qui déclenche une longue procédure d’appel. Les intéressés sont censés contacter les administrations, mais les plateformes pour le faire sont payantes et saturées. Alors ils doivent se déplacer, ce qui prend la journée entière. Enfin, les diverses associations gèrent un « réseau citoyen » de 600 hébergeurs. Priorité aux femmes et aux enfants, à qui on évite de demeurer dans le camp. Les prises de territoire provoquent, çà et là, entre communautés, de violentes disputes, voire des rixes plus viriles à couteaux tirés.
Des rivalités qui cessent sitôt qu’on annonce un ravitaillement à l’entrée du camp. Ainsi, jeudi 16 janvier, des fonctionnaires du ministère de la Justice, portant des gants de protection, sont venus distribuer des kits d’hygiène et des provisions. Suivait une rutilante berline de l’ambassade des Emirats arabes unis, porteuse de 70 plateaux-repas. Midi et soir, les Restos du Cœur et La Chorba servent entre 300 et 400 repas porte de la Villette. Vendredi 17 janvier, 15 h 30. Une poignée de riverains manifestent devant l’école maternelle Charles-Hermite pour protester contre « les migrants consommateurs de crack ». Le squat de la « colline du crack », démantelé fin 2019, s’est réinstallé en face du camp. Mais ce no man’s land est peuplé en majorité de ressortissants… français.
Samedi 18 janvier, 17 heures. Ils sont onze. Une poignée de jeunes filles et de garçons de l’Ile-Saint-Denis (93) qui pénètrent gaiement dans le camp, chargés de sacs remplis de vêtements, collectés grâce aux réseaux sociaux. Ils ont créé une petite association, Espoir et Avenir. Ils se penchent vers les tentes, demandent en anglais s’il y a des femmes et des enfants, à qui ils destinent les habits. Des têtes d’enfants apparaissent, qui sourient. Les mères restent au fond de la tente. Elles ont souvent honte. Sur le muret de la bretelle du périphérique, Hussein et Oussman, deux gamins, regardent passer les voitures. Leurs rêves d’avenir ? A des années-lumière de nos soucis de retraite.
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 29 JANVIER
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 29 janvier 2020.
"Au titre des mesures individuelles :
le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Thierno Seydou Ly, Ingénieur Polytechnicien, est nommée Directeur des Hydrocarbures, au Ministère du Pétrole et des Energies , en remplacement de Madame Aminata Ndoye TOURE, appelée à d’autres fonctions"
LE GOUVERNEMENT POUR UN AMÉNAGEMENT HARMONIEUX DU TERRITOIRE
Le Ministre des Finances va proposer dans les meilleurs délais, un projet de décret portant réorganisation de la Commission de Contrôle des Opérations domaniales (CCOD) -COMMUNIQUE DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 29 janvier 2020.
"Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky SALL, a présidé le Conseil des ministres, le mercredi 29 janvier 2020, au Palais de la République.
Le Chef de l’Etat a, à l’entame de sa communication, évoqué la tenue, le 24 janvier 2020, sous sa présidence, du Conseil présidentiel de validation du nouveau Plan national d’Aménagement et de Développement territorial (PNDAT).
Le Président de la République a, à cet égard, félicité le Ministre des Collectivités territoriales, l’Agence nationale de l’Aménagement du Territoire (ANAT) et l’ensemble des personnes, structures et partenaires qui ont contribué au processus d’élaboration de ce plan (PNADT).
Le Chef de l’Etat a rappelé l’impératif de veiller à l’aménagement harmonieux et durable du territoire national, ainsi qu’au respect scrupuleux des orientations qu’il a validées sur la base de quatre (4) principes directeurs : (i) la mise en cohérence des plans sectoriels en déploiement, (ii) l’optimisation du potentiel des territoires et de leur développement, (iii) la promotion de l’attractivité du Sénégal et (iv) la consolidation de la compétitivité des territoires.
Il a, en outre, particulièrement insisté sur la nécessité d’accorder une importance primordiale à l’aménagement numérique du territoire ; à la préservation des ressources naturelles et des écosystèmes ; de même qu’à la décentralisation conséquente de la politique industrielle, en adéquation avec les schémas sectoriels de développement des infrastructures nationales et communautaires.
Le Président de la République a, dans cet élan, indiqué l’urgence de vulgariser le PNADT auprès des institutions, des collectivités territoriales et du secteur privé, avant l’adoption, en avril 2020, du projet de loi d’orientation pour l’aménagement et le développement durable des territoires.
Au demeurant, le Chef de l’Etat a invité le Gouvernement, à adjoindre au PNDAT, un cadastre universel sous le pilotage du Ministre des Finances et du Budget, qui proposera, dans les meilleurs délais, un projet de décret portant réorganisation de la Commission de Contrôle des Opérations domaniales (CCOD).
Le Chef de l’Etat a aussi demandé au Ministre chargé du Plan de finaliser le nouveau système national de Planification.
Le Président de la République, évoquant la stratégie « Sénégal numérique », SN2025, a insisté sur la nécessité d’’intensifier sa mise en œuvre et invité la Ministre chargée de l’Economie numérique d’accélérer le processus, en précisant à chaque acteur de l’écosystème du numérique impliqué, sa feuille de route actualisée, intégrant les actions consensuelles à déployer sur la période (2020-2025), ainsi que les ressources indicatives à mobiliser.
Le Président de la République a, à ce sujet, rappelé l’importance qu’il accorde au basculement intégral au Numérique pour la Télévision Numérique Terrestre (TNT), durant le premier semestre 2020, et à l’intensification de l’intégration du digital dans le système éducatif afin d’accélérer le développement l’intelligence artificielle et de l’économie de la connaissance.
Le Chef de l’Etat a, au titre de la consolidation de la transparence et de la bonne gouvernance au Sénégal, rappelé la création de structures dédiées (OFNAC, CENTIF) et la mise en place de procédures rigoureuses et inédites. Il a informé le Conseil qu’il présidera, le 30 janvier 2020, la cérémonie de restitution du rapport du Sénégal dans le cadre du Mécanisme africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP).
Le Président de la République, évoquant l’épidémie du coronavirus qui sévit en chine à Wuhan, a informé le Conseil des mesures prises pour assister nos compatriotes, avant d’exprimer la solidarité et le soutien du Gouvernement sénégalais à l’endroit de son Homologue XI JINPING et du peuple chinois tout entier.
Revenant sur la gestion et le suivi des affaires intérieures, le Président de la République a demandé au Ministre de l’Enseignement supérieur de mettre en œuvre, sans délai, en rapport avec le Ministre des Finances, les mesures pédagogiques, financières et sociales d’accompagnement validées pour assurer le meilleur accueil des nouveaux bacheliers orientés au niveau des universités publiques.
S’agissant de la mobilisation citoyenne lors des prochaines journées nationales du nettoiement, prévues le 1er février 2020, le Président de la République a invité les populations, les élus et toutes les bonnes volontés, à poursuivre cet engagement citoyen remarquable. Il a invité le Ministre chargé du cadre de vie à prendre les dispositions nécessaires pour mettre en place la logistique d’appui nécessaire.
Le Chef de l’Etat a clos sa communication sur le suivi de la Coopération et des Partenariats. A ce sujet, il est revenu sur le dynamisme international du secteur privé national et le développement des partenariats gagnants-gagnants. A ce titre, il a informé des résultats du Forum sénégalo - turc qu’il a co-présidé le 28 janvier avec le Président ERDOGAN, en visite au Sénégal, notamment les sept (7) accords signés, venant compléter le cadre juridique des relations sénégalo-turques dans divers domaines de la culture, de l’éducation, du sport, de la diaspora, de la gestion des catastrophes et des archives nationales.
Le Chef de l’Etat a, enfin, évoqué le développement des partenariats avec le secteur privé allemand, suite à sa visite, à Berlin, en compagnie d’hommes d’affaires sénégalais et à l’invitation de l’Association Allemande des PME.
Au titre des communications, le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication sur la première réunion du Conseil de Surveillance de MCA-Sénégal II, le suivi des directives présidentielles et l’inauguration d’un Centre international de cancérologie a? Ouakam.
Le Ministre des Finances et du Budget a fait le point sur l’exécution du budget 2020, la situation d’approbation du budget des structures autonomes.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait une communication sur la situation internationale.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait le point sur le déroulement de la campagne de commercialisation arachidière et de la campagne horticole.
Le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a fait une communication sur le cadre des partenariats publics-privés.
Le Ministre, en charge du Suivi du Plan Sénégal Emergent (PSE) a fait le point sur l’état d’avancement des projets prioritaires et a rendu compte de la réunion tenue le 25 janvier 2020, avec le G7 et les ministres sectoriels, aux fins d’une année scolaire apaisée.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
le projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier l’amendement de Doha au protocole de Kyoto à la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Au titre des mesures individuelles :
le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Thierno Seydou Ly, Ingénieur Polytechnicien, est nommée Directeur des Hydrocarbures, au Ministère du Pétrole et des Energies , en remplacement de Madame Aminata Ndoye TOURE, appelée à d’autres fonctions"
LE BASSIN SÉDIMENTAIRE MSGBC ’’N’A PAS LIVRÉ TOUT SON POTENTIEL’
Depuis les années 1950, le bassin MSGC commun à la Gambie, à la Guinée, à la Guinée-Bissau, à la Mauritanie et au Sénégal, a fait l’objet d’activités intenses d’explorations pétrolières et gazières, selon Macky Sall
Le bassin sédimentaire MSGBC, commun à la Gambie, à la Guinée, à la Guinée-Bissau, à la Mauritanie et au Sénégal est loin d’avoir livré tout son potentiel, a révélé, mercredi, le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall
’’Le sommet international sur le MSGC depuis la première édition tenue en 2016 offre l’occasion de montrer aux acteurs mondiaux l’exemplarité de notre coopération, mais aussi l’attractivité de notre bassin, qui est loin d’avoir livré tout son potentiel’’, a-t-il dit, à l’ouverture du quatrième sommet du bassin sédimentaire MSGBC.
Le président Sall a rappelé que depuis les années 1950, le bassin MSGC a fait l’objet d’activités intenses d’explorations pétrolières et gazières.
’’Cela nous a permis, après des années d’efforts, en 2014 de faire d’importantes découvertes de pétrole au Sénégal (le projet Sangomar), mais aussi de gaz naturel en Mauritanie et au Sénégal redonnant ainsi un intérêt accru à notre bassin sédimentaire’’, a-t-il dit.
Macky Sall a fait savoir que ’’beaucoup d’évolutions positives’’ ont été notées depuis ces découvertes dont certaines sont en cours d’évaluation et de développement.
Tous ces projets sont des défis en terme de complexité géologique mais surtout des enjeux financiers, a souligné le chef de l’Etat.
Macky Sall a affirmé que ces évolutions majeures nécessitent ’’des réformes bien structurées et portées par des orientations stratégiques, des mesures ciblées, des dispositions participant à asseoir un cadre de gestion sain et durable de ces ressources naturelles au bénéfice du peuple sénégalais’’.
Selon le chef d’Etat, c’est tout le sens des améliorations apportées dans le dispositif institutionnel et le cadre juridique du Sénégal dans le domaine des hydrocarbures.
par Léo Pajon
ANGÉLIQUE KIDJO ET LE DÉSERT MUSICAL AFRICAIN
Les Grammy Awards ont un problème avec l’Afrique. Avec l’Afrique d’aujourd’hui. Celle qui s’enjaille dans les maquis sur les sons de Fally Ipupa, Tiwa Sawage, Sidiki Diabaté ou Burna Boy...
Jeune Afrique |
Léo Pajon |
Publication 29/01/2020
En accordant à l’artiste béninoise une 4e récompense face à Burna Boy, les Grammy Awards ont démontré leur incapacité à saisir la révolution artistique en cours sur le continent.
Dimanche dernier, lors de la fastueuse cérémonie des Grammies au Staples Center de Los Angeles, regroupant quelques-uns des plus influents professionnels de l’industrie, c’est Angélique Kidjo qui s’est vue décerner le Grammy Award du meilleur album de musique du monde.
La récompense est à la fois entièrement méritée et totalement décourageante. Méritée car son disque « Celia », hommage solaire à la diva cubaine Celia Cruz, est une réussite, comme nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire. Décourageante parce que, encore une fois, la cérémonie passe à côté du formidable bouillonnement artistique qui se joue en ce moment sur le continent.
Nouvelles générations écartées
Les Grammy Awards ont un problème avec l’Afrique. Avec l’Afrique d’aujourd’hui. Celle qui s’enjaille dans les maquis sur les sons de Fally Ipupa, Tiwa Sawage, Sidiki Diabaté ou Burna Boy. Ce dernier faisait partie des quatre artistes en lice, avec Angélique Kidjo, pour cette catégorie « musique du monde », décidément très fourre-tout.
Plutôt que de décerner un premier Grammy à Burna Boy, le jury a donc préféré en offrir un quatrième à Angélique Kidjo. Ironiquement, les deux géants africains se connaissent bien, le Nigérian ayant d’ailleurs invité la Béninoise à participer à un des titres de son dernier disque (« Different », avec également Damian Marley).
Et, chose à peine croyable, lors de la cérémonie, aussitôt son trophée en mains, la chanteuse se fendait d’un discours offensif et généreux pour le dédier à Burna Boy : « Il y a quatre ans sur cette scène, je vous disais qu’une nouvelle génération d’artistes venus d’Afrique allait vous prendre d’assaut. Ce temps est venu. Ceci est pour Burna Boy (en montrant sa récompense). Burna Boy fait partie de ces jeunes artistes africains qui changent la façon dont notre continent est perçu, et qui montre que la musique africaine est l’un des principaux composants de toutes les musiques ».
Plusieurs influenceurs noirs se sont aussi émus du choix discutable des Grammies. Naomi Campbell (8,4 millions d’abonnés Instagram) présentait même des excuses au chanteur nigérian sur son compte : « C’est seulement à cause du manque d’éducation que vous n’avez pas été honoré des distinctions que vous méritez vraiment. »
Manque d’éducation ou logiciel vieillissant ? Les professionnels qui votent pour les récompenses semblent être attachés à un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Lors des éditions précédentes des Grammies, ce sont globalement des vieux routiers de la scène internationale qui ont reçu le précieux gramophone. Le groupe de musique touareg Tinariwen, créé en 1982 ; le soweto gospel choir, formé en 2002 (encore récompensé en 2019), le groupe vocal masculin sud-africain Ladysmith Black Mambazo, fondé en 1960…
La chose serait moins grave si les Grammies étaient les seuls à préférer les baobabs aux jeunes pousses. Or nous avons pu le constater autour de nous en France : journalistes, organisateurs de festivals, programmateurs de radio… à l’extérieur du continent, une vieille garde veille aussi à préserver les anciens face aux modernes, par amitié pour les premiers et mépris ou méconnaissance des seconds. De là la rareté d’articles, de concerts, de diffusion radio de titres afrobeats, notamment, qui font pourtant vibrer toute l’Afrique, et dont la qualité n’est plus à prouver.
Une voie de salut existe pour tous, pourtant, celle qu’ont dessinée Burna Boy et Angélique Kidjo en collaborant : ne plus envisager les générations comme adversaires. L’« African Giant » porte d’ailleurs à son cou en permanence un médaillon incrusté de diamants représentant Fela, qu’il cite à longueurs de tubes. Tout un symbole.