SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 avril 2025
Développement
LES TRANSPORTEURS DÉNONCENT UN BLOCUS ORGANISÉ AU PORT
Ces professionnels dénoncent un système qui paralyse leur activité depuis l'avènement du nouveau régime. Entre restrictions d'accès et allégations de corruption, les camionneurs pointent du doigt la gestion opaque de DP World, l'opérateur portuaire
Le syndicat des acteurs du transport national et transnational (Satrains) est monté au créneau hier pour tirer la sonnette d’alarme sur les difficultés auxquelles ils font face depuis l’avènement du nouveau régime. Confrontés à des problèmes pour accéder au port de Dakar et charger leurs marchandises, ils dénoncent la gestion opaque du port et des pratiques abusives qui paralysent leur activité. Malgré plusieurs démarches auprès des autorités, leurs revendications restent sans réponse.
Les transporteurs routiers sont très en colère contre les autorités qu’ils accusent de protéger DP World. En effet, réunis au sein du syndicat des acteurs du transport national et transnational (Satrains), ils dénoncent le blocage de leurs véhicules au port et des tracasseries administratives pesantes. Selon eux, DP World refuse de charger leurs conteneurs, précisant qu’ils n’ont pas d’agrément. Malgré des échanges avec les autorités, leurs revendications restent sans réponse.
S’exprimant face à la presse le week-end, le porte-parole du jour, Pape Mamadou Malaye, a indiqué que le syndicat a adressé des correspondances au directeur du Port autonome de Dakar, au Premier ministre et à son ministère de tutelle. Seul le Directeur du Port, Wally Diout Bodian, les a reçus. « Nous avons été reçus à trois reprises par le directeur général du port. Il donne instruction à DP World de suspendre sa décision, mais aujourd’hui, seuls 100 voitures sont autorisées à embarquer. Pendant ce temps, les transporteurs maliens n’ont pas ces problèmes », déplore-t-il.
En plus des restrictions d’accès au port, des transporteurs dénoncent des pratiques de corruption. Mamadou Paye, chauffeur routier, affirme avoir été sollicité pour un pot-de-vin. « On m’a proposé 100 000 F CFA pour pouvoir charger chez DP World. J’ai refusé et nous sommes en panne depuis deux mois à cause de leurs pratiques », confie-t-il. La douane sénégalaise est également accusée d’imposer des frais exorbitants aux transporteurs. « Ils nous demandent parfois jusqu’à 500 000 F CFA sous prétexte que la déclaration est mal faite. Et ce n’est pas tout : nous subissons des tracasseries routières à chaque étape. Que devient le reste ? » s’interrogent-ils.
À en croire Mamadou Malaye, Wally Diout Bodian a donné des instructions pour améliorer la situation, mais elles tardent à être appliquées. Les transporteurs ont également dénoncé les multiples contrôles routiers auxquels ils font face, notamment à Diamniadio, Mbour, Kaffrine, Tambacounda et Kidira. « À chaque étape, on nous trouve une nouvelle irrégularité et on nous impose des amendes. Cela freine complètement notre travail », explique Mamadou Malaye.
Malgré ces difficultés, les transporteurs assurent être prêts à respecter les règles en vigueur. « Nous organisons chaque mois des campagnes de sensibilisation sur la sécurité routière. Mais nous avons besoin d’un cadre de travail juste et transparent », insiste Malaye. Face à ces nombreux manquements, ces travailleurs réclament une intervention immédiate du gouvernement pour mettre fin à ces blocages et assurer un accès équitable au port. Sans solution, ils avertissent que la crise pourrait avoir des conséquences économiques majeures sur le commerce national et transnational.
PAR Mamadou Lamine Sow
RESTRUCTURER AIR SENEGAL, UN CHOIX CORNÉLIEN
EXCLUSIF SENEPLUS - Entre dette croissante, gouvernance contestée et modèle économique fragile, l'heure est venue de trancher: faut-il transformer radicalement la structure existante ou opter pour une dissolution suivie d'une nouvelle création ?
Se positionner comme l’une des destinations d’Afrique de l’Ouest qui comptent en matière de tourisme, s’affirmer comme un hub aérien régional et logistique majeur, s’investir comme le leader dans le secteur des exportations et autant de moteurs de croissance, restent des motivations stratégiques qui ont conduit le Sénégal à miser sur son pavillon national Air Sénégal SA.
Air Sénégal SA est un acteur capital pour l’économie nationale. Son activité s’inscrit dans l’agenda Sénégal 2050 Transformation structurelle de l’économie et croissance, articulée aux orientations sectorielles de l’objectif “ Hub aérien régional”.
Du fait que l’aérien est considéré comme un secteur stratégique, il comporte un enjeu de souveraineté qui fait que l’omniprésence de l’État dans le processus décisionnel de la compagnie nationale demeure une réalité.
Créée en 2016 pour devenir un acteur majeur dans le transport aérien en Afrique de l’Ouest, Air Sénégal SA fait face à des difficultés multiples et multiformes.
Pour une compagnie aérienne, on considère en général qu’il faut quatre à cinq ans avant d’arriver à l’équilibre.
Cependant, voilà huit (8) ans qu’Air Sénégal SA n’a pas réussi à établir une réputation solide sur les marchés. Lourdement endetté et soumis à une image amochée, le pavillon national a du mal à rentabiliser ses investissements et à remplir sa mission. Un réaménagement pour s’adapter à certaines contraintes devient une nécessité : fusion, scission ? fusion-absorption, fusion-réunion avec dissolution sans liquidation ou encore transmission universelle de patrimoine … ?
En tout état de cause, Air Sénégal SA est à la croisée des chemins. Faudrait-il envisager de déposer le bilan et créer une nouvelle société plutôt que de continuer à opérer avec ses dettes abyssales ? Un choix cornélien se pose aux autorités et décideurs nationaux.
Si la création d’une nouvelle société permet en effet, de repartir sur des bases saines, éviter certaines charges comme le coût de la dette, mieux structurer la nouvelle entreprise en changeant son modèle commercial pour une meilleure flexibilité opérationnelle, avec la possibilité d’attirer de nouveaux investisseurs et négocier de nouveaux accords avec ses partenaires sociaux, profiter des incitations gouvernementales et mieux s'adapter aux conditions changeantes pour saisir de nouvelles opportunités en fonction des perspectives du marché, en revanche, la transformation reste une exigence pour assurer la viabilité à long terme, solidifier sa position sur le marché, améliorer ses performances opérationnelles et financières et se préparer pour l’avenir avec un historique certain.
Il ne faudrait pas se tromper ! Aujourd’hui, Air Sénégal SA se caractérise par des contre-performances. Ses plans sont contrariés par des difficultés financières, des actifs vieillissants et des capacités réduites pour soutenir la croissance du trafic, alors que les conditions essentielles de sa viabilité sont claires :
se doter d’une capitalisation suffisante et des moyens financiers robustes, d’un modèle économique viable et durable, d’une gouvernance exemplaire, exempte d’ingérence politique et fondée sur les meilleures pratiques managériales, d’une flotte de génération récente d’au moins vingt (20) appareils pour garantir une taille critique gage de rentabilité, d’une maitrise de la chaîne d’approvisionnement de certains facteurs de production (notamment, la production de kérosène et du carburant d’aviation SAF par la SAR, pour faire face à la transition énergétique) et enfin de l'établissement de partenariats stratégiques avec des acteurs influents, comme ceux des États du Golfe et du Moyen-Orient.
Le gouvernement, dans le cadre des politiques de rupture et d’assainissement des secteurs de croissance, retient la nécessité d’entreprendre la transformation du transporteur national : un choix cornélien.
En effet, l’absence de restructuration peut avoir plusieurs conséquences potentielles, notamment, l’incapacité à résoudre les problèmes financiers et opérationnels au sein d’Air Sénégal SA, ce qui peut affecter durablement la rentabilité de ses opérations, dissuader les potentiels clients et partenaires commerciaux et surtout, accroitre sa dépendance aux aides extérieures.
Air Sénégal devra compter dans ces conditions, sur des soutiens financiers externes, ce qui ne saurait être durable à long terme.
L’accumulation continue des pertes financières fait exercer une pression sur les ressources de l’État. Elle conduit à une perte de compétitivité avec un risque de perte de parts de marché face à des concurrents mieux structurés, avec des contraintes budgétaires qui pourraient conduire à une réduction de la qualité du service (entretien des avions, respect des horaires, service client …), à des suppressions de postes et d’emplois et nuire à la réputation et à l’image de marque.
La question est alors de savoir pour combien de temps encore l’État, frappé par des contraintes budgétaires sans précédents, va pouvoir soutenir sa compagnie structurellement déficitaire ?
Sachant qu’avant de générer des bénéfices, une compagnie aérienne nécessite beaucoup de temps et d’investissements donc, jusqu’où l’État du Sénégal va vouloir et pouvoir intervenir pour sauver son pavillon ?
Aujourd’hui, aucun pays singulièrement, ouest-africain n’a les moyens de porter une compagnie aérienne rentable. On le voit bien, si les États tiennent autant à leurs pavillons, c’est parce qu’ils représentent des instruments politiques.
En attendant et malgré les ambitions affichées, Air Sénégal SA fait face à des enjeux majeurs, devant d’une part, prouver sa crédibilité pour attirer des partenaires stratégiques après des tentatives infructueuses et d’autre part, en tant que corps d’un secteur stratégique soumis à des considérations de souveraineté nationale, où l’ingérence politique peut parfois prévaloir sur les impératifs économiques du fait que c’est l’État qui vient à la rescousse et met la main à la poche en cas de coup dur.
Faut-il pour autant, que l’État se désengage de sa compagnie nationale ? Entre l’État et la compagnie publique soumise aux choix des politiques économiques et sociales du gouvernement, chacun doit trouver sa place et l’implication de l’État devra se concevoir par moins d’influence dans la gestion opérationnelle de la compagnie.
Mamadou Lamine Sow est pilote de ligne, ancien DG de l’agence nationale de l’aviation civile (anacim), ancien DG Air Sénégal SA.
Le royaume saoudien est devenu le cimetière des rêves de milliers d'Africaines, victimes d'exploitation qui enrichit les élites des deux continents. Le New York Times lève le voile sur ce système qui traite les femmes africaines comme des marchandises
(SenePlus) - Un système cynique de trafic humain prospère entre l'Afrique de l'Est et l'Arabie saoudite, entraînant la mort de centaines de femmes parties travailler comme domestiques. Une récente enquête du New York Times révèle que ce commerce lucratif et mortel est soutenu par des personnalités influentes des deux côtés.
À l'aéroport international de Nairobi, chaque jour, des dizaines de Kényanes s'apprêtent à s'envoler vers l'Arabie saoudite. Pleines d'espoir, elles se prennent en selfie, discutant de la façon dont elles dépenseront l'argent gagné dans leur nouveau travail. Comme le rapporte le NYT, ces femmes sont attirées par une promesse alléchante : "Passez deux ans en Arabie saoudite comme femme de ménage ou nounou, et vous pourrez gagner assez pour construire une maison, éduquer vos enfants et économiser pour l'avenir."
Mais cette promesse se heurte souvent à une réalité brutale. "Tandis que le terminal de départ bourdonne d'anticipation, la zone des arrivées est l'endroit où l'espoir rencontre la dure réalité," écrit le quotidien américain. "Des femmes aux joues creuses reviennent, souvent écrasées par des salaires impayés, des coups, la famine et des agressions sexuelles. Certaines sont ruinées. D'autres sont dans des cercueils."
Les chiffres sont alarmants : au moins 274 travailleurs kényans, principalement des femmes, sont morts en Arabie saoudite au cours des cinq dernières années. "Un chiffre extraordinaire pour une main-d'œuvre jeune effectuant des emplois qui, dans la plupart des pays, sont considérés comme extrêmement sûrs," souligne le New York Times. Rien que l'année dernière, au moins 55 travailleurs kényans sont décédés, soit deux fois plus que l'année précédente.
Des autopsies douteuses et des politiciens impliqués
Les rapports d'autopsie sont souvent vagues et contradictoires. Le New York Times indique qu'ils "décrivent des femmes présentant des signes de traumatismes, y compris des brûlures et des chocs électriques, tous étiquetés comme morts naturelles." Pour une femme, la cause du décès était simplement indiquée comme "mort cérébrale".
L'enquête du journal américain révèle un système profondément corrompu où les personnes censées protéger ces femmes sont souvent celles qui profitent de leur exploitation. Fabian Kyule Muli, vice-président du comité du travail à l'Assemblée nationale du Kenya, est aussi propriétaire d'une agence de recrutement qui envoie des femmes en Arabie saoudite.
Une de ces femmes, Margaret Mutheu Mueni, a raconté au quotidien new-yorkais que son patron saoudien avait saisi son passeport, déclaré qu'il l'avait "achetée" et lui refusait fréquemment de la nourriture. Lorsqu'elle a appelé l'agence pour demander de l'aide, un représentant de l'entreprise lui a répondu : "Vous pouvez traverser la mer Rouge à la nage et retourner au Kenya par vous-même."
Le mois dernier, quatre Ougandaises en uniforme de domestique ont envoyé une vidéo d'appel à l'aide à une organisation humanitaire, affirmant qu'elles étaient détenues depuis six mois en Arabie saoudite. "Nous sommes épuisées d'être retenues contre notre volonté," a déclaré l'une des femmes. L'entreprise qui l'a envoyée à l'étranger appartient à Sedrack Nzaire, un responsable du parti au pouvoir en Ouganda, identifié dans les médias ougandais comme le frère du président Yoweri Museveni.
Un réseau d'influence des deux côtés de la mer Rouge
Au Kenya et en Ouganda, les propriétaires d'agences de recrutement comprennent des politiciens influents et leurs proches. Le président kényan William Ruto affirme vouloir envoyer jusqu'à un demi-million de travailleurs en Arabie saoudite dans les années à venir. L'un de ses principaux conseillers, Moses Kuria, a possédé une agence de recrutement, et son frère, un politicien au niveau du comté, en possède toujours une.
Le porte-parole de M. Ruto, Hussein Mohamed, a déclaré que "la migration de main-d'œuvre profitait à l'économie" et que le gouvernement prenait des mesures pour protéger les travailleurs, notamment en éliminant les sociétés de recrutement non autorisées.
En Ouganda, les propriétaires d'entreprises de recrutement incluent un haut responsable de la police récemment retraité et le général de division Leopold Kyanda, ancien attaché militaire aux États-Unis.
Côté saoudien, les agences de recrutement sont également bien connectées. "Des descendants du roi Fayçal figurent parmi les principaux actionnaires de deux des plus grandes agences," rapporte le New York Times. Un directeur d'un conseil gouvernemental saoudien des droits de l'homme occupe le poste de vice-président d'une importante agence de recrutement, tout comme un ancien ministre de l'Intérieur, un responsable du ministère de l'Investissement et plusieurs conseillers gouvernementaux.
Des récits glaçants de violences et d'abus
Les témoignages recueillis par le New York Times dressent un tableau effroyable. Une employée de maison kényane, Eunice Achieng, a appelé chez elle en panique en 2022, disant que son patron avait menacé de la tuer et de la jeter dans un réservoir d'eau. "Elle criait 'S'il vous plaît, venez me sauver !'" se souvient sa mère. Peu après, Mme Achieng a été retrouvée morte dans un réservoir d'eau sur un toit. Les autorités sanitaires saoudiennes ont déclaré que son corps était trop décomposé pour déterminer comment elle était morte, et la police saoudienne a qualifié son décès de "mort naturelle".
Une jeune mère a sauté d'un toit au troisième étage pour échapper à un employeur abusif, se brisant le dos. Une autre a raconté que son patron l'avait violée puis renvoyée chez elle enceinte et sans le sou.
En Ouganda, Isiko Moses Waiswa a raconté que lorsqu'il a appris que sa femme était morte en Arabie saoudite, son employeur lui a donné le choix : son corps ou ses 2 800 dollars de salaire. "Je lui ai dit que, que vous m'envoyiez l'argent ou non, moi, je veux le corps de ma femme," a déclaré M. Waiswa. L'autopsie saoudienne a révélé que sa femme, Aisha Meeme, était émaciée, présentait de nombreuses contusions, trois côtes cassées et ce qui semblait être de graves brûlures d'électrocution à l'oreille, à la main et aux pieds. Les autorités saoudiennes ont déclaré qu'elle était morte de causes naturelles.
Environ un demi-million de travailleurs kényans et ougandais se trouvent aujourd'hui en Arabie saoudite, selon le gouvernement saoudien. La plupart sont des femmes qui cuisinent, nettoient ou s'occupent d'enfants.
Le New York Times a interviewé plus de 90 travailleurs et membres de familles de personnes décédées, découvrant que ce système traite les femmes comme des biens ménagers — achetées, vendues et jetées. "Certains sites web d'entreprises ont un bouton 'ajouter au panier' à côté des photos des travailleuses. L'un d'eux fait la publicité de 'bonnes kényanes à vendre'," rapporte le journal.
Un porte-parole du ministère saoudien des Ressources humaines a déclaré que des mesures avaient été prises pour protéger les travailleurs. "Toute forme d'exploitation ou d'abus de travailleurs domestiques est totalement inacceptable, et les allégations de tels comportements font l'objet d'enquêtes approfondies," a écrit le porte-parole, Mike Goldstein.
Cependant, Milton Turyasiima, commissaire adjoint au ministère ougandais du Genre, du Travail et du Développement social, a déclaré que les abus restaient omniprésents. "Nous recevons des plaintes quotidiennement," a-t-il affirmé.
Des accords bilatéraux insuffisants
L'enquête révèle que les gouvernements kényan et ougandais ont ignoré les avertissements concernant les abus et ont signé des accords avec l'Arabie saoudite qui manquaient de protections que d'autres pays avaient exigées.
L'accord des Philippines en 2012, par exemple, garantissait un salaire minimum mensuel de 400 dollars, l'accès à des comptes bancaires et la promesse que les passeports des travailleurs ne seraient pas confisqués. Le Kenya a initialement demandé des salaires similaires, selon un rapport gouvernemental, mais lorsque l'Arabie saoudite a refusé, le pays a accepté en 2015 un accord sans aucun salaire minimum.
Le traité ne contenait guère plus qu'une promesse d'établir un comité pour surveiller les questions de travail. "La commission n'a jamais été formée," indique un rapport gouvernemental.
Quand l'Ouganda a conclu son accord avec le gouvernement saoudien, aucune mention n'a été faite d'un salaire minimum, malgré les discussions sur les mauvais traitements infligés aux travailleurs.
En 2021, un comité du Sénat kényan a constaté des "conditions qui se détériorent" en Arabie saoudite et une "augmentation des appels de détresse de ceux qui allèguent torture et mauvais traitements." Le comité a recommandé de suspendre les transferts de travailleurs. Pourtant, lorsque William Ruto a été élu président en 2022, la campagne pour envoyer des travailleurs à l'étranger s'est intensifiée.
"C'est un cycle d'abus que personne ne traite," a déclaré Stephanie Marigu, une avocate kényane qui représente des travailleurs.
Maintenant, quelques fois par mois, des Kényans des zones rurales se rendent à Nairobi pour récupérer un cercueil à l'aéroport. Comme celui de Millicent Moraa Obwocha, 24 ans, dont les funérailles ont rassemblé des centaines de personnes en septembre dernier. Elle avait laissé derrière elle son mari et son jeune fils quelques mois plus tôt. Selon son mari, son employeur l'avait harcelée et agressée sexuellement. La situation était devenue si grave l'été dernier qu'elle avait demandé à son recruteur saoudien de la secourir. Quelques jours plus tard, son mari a appris qu'elle était morte. Le gouvernement kényan a attribué son décès à des "problèmes nerveux".
À ses funérailles, le corps de Mme Obwocha reposait dans un cercueil ouvert, vêtu d'une robe et d'un voile blancs. À côté d'elle se trouvait une photo de deux mètres de haut. On la voit sourire, les doigts levés en V, devant l'aéroport, débordante d'optimisme.
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
KEN BUGUL OU LA CONSCIENCE DE LA RENAISSANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Par sa puissance littéraire, l'auteure de La Folie et la Mort nous oblige à raisonner sur nous-mêmes pour construire le chemin de la Renaissance. C’est un roman captivant par sa forme et par son propos
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
La Folie et la Mort de Ken Bugul est un roman déchirant qui accuse la force du pouvoir et les dérives sanglantes d’un continent en proie au déséquilibre. Le style de Ken Bugul possède un souffle narratif qui mêle réalisme, fantastique, allégorie tout en explorant l’univers secret des croyances africaines et la réalité brutale d’un monde qui a perdu ses valeurs. L’écriture elle-même oscille entre le récit romanesque, la prose poétique et l’épopée onirique. C’est un roman captivant par sa forme et par son propos. L’auteure tisse une histoire contemporaine sans rien oublier des injustices cruelles que traverse l’Afrique.
Dans un pays imaginaire, à quelques détails près, les habitants obéissent au grand Timonier qui a décidé de faire disparaître tous les fous « qui raisonnent et ceux qui ne raisonnent pas ».
On suit ainsi le destin de plusieurs personnages dont les histoires sont tragiques et empreintes de folie. L’espoir de vie est si réduit que malgré le courage, l’honnêteté et la lucidité qui les animent, ils sont voués à errer dans la nuit terrifiante des horreurs qu’ils ont traversées.
Mom Dioum, jeune femme qui a bravé la capitale pour étudier, revient au village désemparée. Un terrible secret semble l’habiter et elle décide de « se tuer pour renaître ». Pour cela, elle choisit de se faire tatouer les lèvres pour échapper à ses démons. Elle disparaît et sa décision va la conduire dans une longue errance initiatique et douloureuse. Inquiète, Fatou Ngouye, son amie d’enfance, part à sa recherche, accompagnée de Yoro le cousin de Mom Dioum. Arrivés à la capitale, les deux jeunes gens sont arrêtés par la police puis séparés. Et leur calvaire ne fait que commencer. Fatou Ngouye, déshonorée, connaît un sort tragique. Brûlée sur la place du marché, elle devient une figure de martyre. Yoro lui cède à la déchéance et s’allie, corps et âme, au pouvoir machiavélique pour survivre mais il n’y parviendra pas.
Mom Dioum, quant à elle ayant échoué son rite initiatique, est défigurée et se retrouve à l’hôpital psychiatrique. Elle y fait la connaissance de Yaw que des images de sang et de meurtres ont rendu irresponsable. C’est le seul espoir que propose le récit de Ken Bugul, la rencontre de deux êtres qui ont souffert et qui veulent retrouver la force et la voie de l’amour. Mais la folie ne peut survivre au désespoir et la mort vaut mieux que l’aliénation totale. C’est le message que semble délivrer Ken Bugul.
A travers ces récits irréels, et pourtant réalistes, haletants de blessures profondes, Ken Bugul nous entraine dans son univers littéraire singulier, fabuleux, chimérique et terriblement juste. La lecture de ce roman ne nous laisse pas indifférent car l’auteur sait aussi dénoncer ce qui peut mener le continent africain à la folie et à la mort : les humiliations de la dépendance, la misère, les guerres fratricides, les chefs d’Etat criminels avides de pouvoir, l’exploitation des peuples, la déshumanisation de l’esprit africain, la perte des valeurs et la course vers l’espoir sans cesse brisée.
Cette vision terriblement pessimiste est une sorte de métaphore poussée à l’extrême qui bouscule nos certitudes et nous force à réfléchir sur les enjeux de l’avenir du continent africain. Ken Bugul, par sa puissance littéraire, nous oblige à raisonner sur nous-mêmes pour construire le chemin de la Renaissance.
Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.
La Folie et la Mort, Ken Bugul, Présence Africaine, Paris, 2000.
VERS UN PACTE DE DÉFENSE KINSHASA–WASHINGTON FINANCÉ PAR LES MINERAIS ?
Les États-Unis se disent disposés à envisager des partenariats autour des ressources minières avec la RDC, alors que le pays, sous pression du M23, multiplie les tentatives de rapprochement envers l'administration de Donald Trump
Les États-Unis se disent disposés à envisager des partenariats autour des ressources minières avec la RDC, alors que le pays, sous pression du M23, multiplie les tentatives de rapprochement envers l'administration de Donald Trump.
Dans une déclaration transmise dimanche 9 mars 2025 à Reuters, le département d'État américain a confirmé que Washington est "ouvert à explorer des partenariats dans le secteur des minéraux critiques" avec la République démocratique du Congo (RDC). L'annonce survient 24 heures après que le Financial Times a révélé l'existence de discussions exploratoires entre les deux pays dans le cadre d'un accord potentiel visant à donner aux États-Unis l'accès aux précieuses ressources congolaises.
"Les partenariats avec les entreprises américaines renforceront les économies des États-Unis et de la RDC, créeront des emplois hautement qualifiés et intégreront le pays dans les chaînes de valeur régionales et mondiales", a indiqué le magazine britannique, citant un porte-parole du Département d'État.
Selon cet officiel américain, un tel partenariat s'alignerait sur l'agenda "America First" (l'Amérique d'abord) de l'administration Trump. Si l'État congolais se garde d'évoquer pour l'heure publiquement le sujet, les tractations se déroulent en coulisses à cet effet.
Un intense lobbying
Plusieurs hauts responsables américains ont reçu, le mois dernier, une lettre sollicitant l'appui de Washington en échange de l'accès des entreprises américaines aux richesses du sous-sol congolais.
"En tant que premier fournisseur mondial de cobalt et producteur majeur de lithium, de tantale et d'uranium, les ressources de la RDC sont essentielles à la compétitivité industrielle et à la sécurité nationale des États-Unis", écrit dans un des documents le lobbyiste Aaron Poynton du Conseil d'affaires Afrique-États-Unis au nom de Pierre Kanda Kalambayi, président de la Commission de défense, sécurité et protection des frontières du Sénat congolais, au secrétaire d'État Marco Rubio.
Le texte, daté du 21 février 2025, demande l'implication américaine dans l'équipement et la formation des forces armées de la RDC ainsi que le remplacement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, jugées "inefficaces", par une coopération sécuritaire directe entre les États-Unis et la RDC.
Une rencontre du président congolais Félix Tshisekedi avec son homologue américain Donald Trump à Washington est également requise. L'auteur mentionne la situation dans l'Est de la RDC comme du "conflit le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale", avec près de 15 millions de morts.
Une menace à l'Est
Il évoque notamment, sans mentionner le M23, la prise de contrôle, le 22 janvier 2025, de 10 % du territoire congolais par des forces hostiles, visant les gisements minéraux les plus riches.
"Si cette instabilité n'est pas contrôlée, elle pourrait déstabiliser les chaînes d'approvisionnement mondiales, augmentant la volatilité pour les fabricants et les industries de défense américaines", insiste le texte, alors que les rebelles ont désormais pris le contrôle de Goma et de Bukavu, deux des plus grandes villes du pays.
Cette crise préoccupe l'administration américaine, qui a récemment appelé au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la RDC. D'après le média américain Semafor, Donald Trump s'apprêterait à nommer Massad Boulos, dont le fils est marié à sa fille, au poste d'envoyé spécial pour la région des Grands Lacs.
Un accord sur les minerais congolais permettrait aux États-Unis de se positionner dans une région dominée par la Chine.
LA NATIONALITÉ SÉNÉGALAISE BRADÉE À MILAN
Le député Babacar Ndiaye, président de la Commission énergie et ressources minérales, affirme avoir été témoin d'une véritable "mafia" organisant la vente de passeports sénégalais à des étrangers pour un million de francs CFA pièce
Consulat de Milan, Bureau des affaires consulaires, probité des agents, des acteurs tirent la sonnette sur les dangers d'un business nauséeux.
Une mafia. C'est le terme utilisé par le député Babacar Ndiaye (membre du parti au pouvoir et président de la Commission énergie et ressources minérales) pour désigner ce qui se passe au consulat du Sénégal à Milan, en Italie. Une mafia qu'il dit avoir constatée lui-même, sur place, il y a quelques jours, alors qu'il était en déplacement dans ce pays.
“Il y a quelques jours, j'étais en Italie. En tant que député, je suis allé au niveau du consulat pour une visite de courtoisie et pour m'enquérir des conditions de travail. J'ai été choqué par ce que j'ai vu à la devanture du consulat. Aussi, il y a une vraie mafia dans ce consulat autour des passeports”, rapporte le député lors du dernier passage de la ministre des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale.
Comment se manifestent ces deals autour du passeport sénégalais en Italie ? À en croire le député, il y a des étrangers qui peuvent se payer le passeport sénégalais moyennant un million de francs CFA. Babacar Ndiaye affirme : “Vous pouvez voir un Gambien se faire écraser son passeport et se faire confectionner un nouveau passeport sénégalais, moyennant un million de francs CFA. Dans ce même consulat, il y a des Sénégalais qui éprouvent d'énormes difficultés à avoir des papiers. On les pousse quelquefois à payer pour avoir leur passeport rapidement.”
Le député de Takku Wallu, Barane Fofana, a saisi la balle au bond pour réclamer des actions concrètes pour mettre un terme à cette accusation qu'il juge “trop grave”. Si c'est fondé, fulmine le député de la diaspora, c'est très grave. “L'État doit identifier les coupables et les sanctionner. Quand Aissata Tall Sall était à la tête de ce département, elle avait rencontré ce genre de cas dans les consulats et elle avait pris des mesures. Elle les avait sanctionnés. Malheureusement, des gens ont voulu instrumentaliser ces mesures en parlant de sanctions politiques. L'histoire fait d'ailleurs bien les choses, puisque la même personne qu'elle avait sanctionnée pour son comportement a été sanctionnée par le président Diomaye. Et je n'ai pas entendu quelqu'un parler de sanctions politiques”.
Réagissant aux interpellations, la ministre des Affaires étrangères n'a pas nié ces pratiques. “Même ici, au Bureau des affaires consulaires à Dakar, on nous a signalé des cas de corruption, notamment sur les rendez-vous. Alors que normalement les usagers doivent avoir un rendez-vous au plus tard en trois jours, des gens essaient de les retarder pour les pousser à payer et avoir des rendez-vous rapidement. Nous sommes en train de mener une enquête pour identifier les coupables de ces actes et des sanctions seront prises”, a reconnu la ministre.
Pour lutter contre ces pratiques, Yacine Fall invite les citoyens à être des lanceurs d'alerte, mais surtout à collecter des preuves. “Si vous voyez de telles pratiques, il ne faut pas se limiter à aller dans les réseaux sociaux et de critiquer la ministre. Il faut essayer d'avoir des preuves, des photos ou vidéos, avec des témoignages détaillés. Cela nous facilite le travail, c'est-à-dire prendre les sanctions que cela requiert”, souligne-t-elle.
Yacine Fall annonce une enquête et demande aux lanceurs d'alerte de collecter des preuves
Pendant que les députés s'insurgeaient contre la corruption autour des passeports, le Premier ministre donnait, lui, des instructions fermes à l'administrateur du Fonds d'appui à l'investissement des Sénégalais de l'extérieur (Faise), pour qu'il intègre une personne citée dans une affaire de trafic de passeports de service, alors qu'elle était à l'Agence sénégalaise pour la promotion des exportations (Asepex). Des faits qui remontent à 2022 et qui étaient ébruités dans la presse. Cette dernière avait, à l'époque, été citée dans un dossier et entendue à la Division des investigations criminelles (Dic).
Aujourd’hui, la même personne, nommée Khardiatou Tandia, est affectée au Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur (Faise). Mais la direction ne semblait pas vouloir la recevoir, poussant ainsi le Premier ministre Ousmane Sonko à leur envoyer une note confidentielle qu'’’EnQuête’’ révélait dans son édition d'hier.
Dans ladite lettre, le Premier ministre s'est voulu clair. ‘’En votre qualité d’administrateur, vous êtes prié de convoquer Madame Khardiatou Tandia pour son intégration au Faise dès réception de cette lettre. Il faut savoir que Mme Tandia est notre plus proche collaboratrice dans le projet et en qui nous avons une totale confiance’’, lit-on dans la note.
Ousmane Sonko ne s'en limite pas. Il a tenu à défendre la bonne dame qu'il a présentée comme victime de son soutien à Pastef. “Nous travaillons avec elle depuis des années en toute discrétion pour l’atteinte de leurs objectifs, ce qui lui a valu une injustice notoire. Une cadre émérite dotée d’éthique et de déontologie, qui fait partie des cadres de l’Administration qui nous ont soutenus depuis le début. Vous êtes donc tenu de l’intégrer avec effet immédiat et avec tous les privilèges afférents à son rang cette semaine en tant que votre conseillère spéciale et directrice de l’Appui à l’investissement et aux projets. Elle se chargera de vous conseiller sur tous les plans, de coordonner toutes les activités de la structure. Elle vous sera d’un grand appui, parce qu’elle maîtrise le secteur et les partenaires techniques et financiers’’, appuie Sonko qui donne presque un ultimatum à l'administrateur Khouraichi Thiam.
À en croire la lettre, Mme Tandia aurait même eu à décliner le poste d'administrateur de ces structures et était pressentie pour le poste de ministre des Affaires étrangères. “Elle a décliné le poste de ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur pour des raisons personnelles et le poste d’administrateur du Faise à votre profit’’, révèle le Premier ministre dans sa lettre. ‘’Au vu et au su de son expertise dans plusieurs secteurs, il est primordial de l’impliquer dans toutes les décisions et qu’elle vous accompagne dans tous vos déplacements nationaux comme internationaux pour glaner des partenaires potentiels. Grâce à ses compétences et son expertise avérée, l’État du Sénégal a pu capter un financement de 130 milliards qui seront injectés dans le secteur des exportations et assurer une participation exemplaire du Sénégal à l’Expo Osaka 2025’’, a-t-il justifié, avant de sommer l'administrateur de travailler avec sa protégée “en toute transparence et en parfaite confiance et collaboration, afin de relever les défis et de statuer sur la situation des Sénégalais de l’extérieur (...)’’.
La question, c'est pourquoi celle qui aurait renoncé non seulement à un poste de ministre des Affaires étrangères et d'administrateur de cette institution stratégique va finalement se contenter d'un simple poste de conseillère d'un administrateur ? Un dossier à suivre.
Il faut noter que ce n'est pas la première fois que le nouveau régime nomme à des postes de responsabilités des gens cités dans des dossiers louches de trafic de passeports ou de visas.
PURGE À LA VOIX DE L'AMÉRIQUE
Trump a placé en congé forcé les employés de VOA et coupé les vivres à Radio Free Europe et Radio Free Asia. Les organisations de défense de la presse dénoncent un acte qui "nie 80 ans d'histoire américaine" dans le soutien à la liberté d'information
(SenePlus) - Des employés de Voice of America (VOA) ont été placés en congé administratif payé samedi, et le financement de deux services d'information américains qui diffusent vers des régimes autoritaires a été drastiquement réduit, selon des informations rapportées par Reuters. Ces mesures interviennent au lendemain de la signature par le président Donald Trump d'un décret exécutif visant à réduire considérablement les opérations de l'agence mère de ces médias ainsi que de six autres agences fédérales.
Plusieurs employés de Voice of America, un diffuseur médiatique international qui opère dans plus de 40 langues, ont partagé avec Reuters un courriel les plaçant en "congé administratif avec salaire et avantages complets jusqu'à nouvel ordre". Ces messages, envoyés par un responsable des ressources humaines de l'Agence américaine pour les médias mondiaux (USAGM), l'organisme de tutelle de VOA, leur interdisaient l'accès à leurs lieux de travail et aux systèmes internes.
L'USAGM a également mis fin au financement de Radio Free Europe/Radio Liberty, qui diffuse vers des pays d'Europe de l'Est, notamment la Russie et l'Ukraine, ainsi qu'à Radio Free Asia, qui émet vers la Chine et la Corée du Nord, selon des lettres consultées par Reuters.
Sur son site web, Radio Free Europe/Radio Liberty indique avoir été déclarée "organisation indésirable" par le gouvernement russe et avertit ses lecteurs en Russie et dans l'Ukraine occupée par la Russie qu'ils "pourraient faire face à des amendes ou à l'emprisonnement pour avoir partagé, aimé, commenté ou sauvegardé notre contenu, ou pour nous avoir contactés".
Cette décision fait suite à la signature par Trump vendredi d'un décret ordonnant à l'USAGM et à six autres agences peu connues de réduire leurs opérations au minimum requis par la loi, affirmant que cela était nécessaire pour "réduire la bureaucratie".
Trump, qui s'était déjà confronté à Voice of America durant son premier mandat, a choisi l'ancienne présentatrice de télévision Kari Lake pour diriger l'organisme pendant son second mandat. Lake, une alliée inconditionnelle du président, a souvent accusé les médias traditionnels d'entretenir un parti pris anti-Trump.
Dans un message sur la plateforme de médias sociaux X samedi, Lake a déclaré que le décret de Trump affectait "l'USAGM et ses organes VOA et OCB", faisant référence à l'Office of Cuba Broadcasting. Elle a demandé aux employés de l'agence de "vérifier immédiatement leurs courriels".
Le président du National Press Club à Washington, Mike Balsamo, a publié une déclaration sur les réseaux sociaux s'opposant aux mesures prises à l'encontre de Voice of America.
"Pendant des décennies, Voice of America a fourni un journalisme factuel et indépendant à des publics du monde entier, souvent dans des lieux où la liberté de la presse n'existe pas", a déclaré Balsamo. Cette décision, a-t-il ajouté, "sape l'engagement de l'Amérique envers une presse libre et indépendante".
Reporters sans frontières, basé à Paris, a également vivement critiqué cette mesure. Son directeur général, Thibaut Bruttin, a affirmé qu'elle "menace la liberté de la presse dans le monde entier et nie 80 ans d'histoire américaine de soutien à la libre circulation de l'information".
Certains républicains ont accusé VOA et d'autres médias financés par des fonds publics d'être biaisés contre les conservateurs. Le mois dernier, le milliardaire Elon Musk, qui dirige l'effort de réduction du gouvernement de Trump, a appelé à la fermeture de VOA et de Radio Free Europe/Radio Liberty dans un message sur sa plateforme de médias sociaux X.
Dans un discours à la Conservative Political Action Conference, Lake a déclaré que, bien qu'elle comprenne les appels à démanteler complètement VOA, elle pensait que l'organisme pouvait être amélioré.
Outre l'USAGM, le décret de Trump visait également le Service fédéral de médiation et de conciliation, le Centre international d'études Woodrow Wilson, l'Institut des services des musées et des bibliothèques, le Conseil interagences américain sur le sans-abrisme, le Fonds des institutions financières de développement communautaire et l'Agence de développement des entreprises minoritaires.
Le décret stipule que ces agences devraient "éliminer toutes les opérations non codifiées par la loi et réduire l'exécution de leurs fonctions statutaires et du personnel associé à la présence et à la fonction minimales requises par la loi".
Jusqu'à présent, le Département de l'efficacité gouvernementale de Musk a proposé des réductions potentielles de plus de 100 000 emplois dans la fonction publique fédérale civile, qui compte 2,3 millions de membres, le gel de l'aide étrangère et l'annulation de milliers de programmes et de contrats.
Vendredi, plusieurs employés du DOGE sont arrivés à l'Institut américain pour la paix, accompagnés de deux agents du FBI, selon Gonzo Gallegos, directeur de la communication de l'institut. Ils sont partis après une brève discussion sur le statut de l'institut. L'institut n'est pas partie intégrante de la branche exécutive fédérale, mais plutôt une agence indépendante à but non lucratif établie par le Congrès en 1984.
par Djibril Keita et Ibra Pouye
ET SI ON PARLAIT DE LA BANQUE DE LA DIASPORA SÉNÉGALAISE ADOSSÉE À L’ÉCONOMIE DE L’HUMAIN ?
Le prêt à taux zéro tant rêvé pourrait refaire surface pour nos pauvres fatou-fatou et gorgolous. Il nous faudra nous appuyer sur nos convictions profondes et la transparence de l’utilisation de ces fonds
Djibril Keita et Ibra Pouye |
Publication 15/03/2025
Cri de cœur, cri de joie, cri de bonheur mais quelques cris étouffés par l’enfumage de cette nouvelle croustillante mais en même temps une chimère emmitouflée en un éléphant blanc auquel s’est exercé le Premier ministre sénégalais, en l’occurrence Ousmane Sonko, lors d’une visite dans le nord du pays. Mais lequel de ces cris devrons-nous comprendre ?
Nous membres de la diaspora sénégalaise, nous Sénégalais d’ici et d’ailleurs éparpillés sur quelques continents. En effet, la crise de la dette s’accentue ; le monde devient bipolaire et l’élection de Trump a bouleversé la planète. Cette dernière est tourneboulée, les tendances et le creuset entre nations s’accentuent. Division de la planète en trois blocs de puissances ; les Etats-Unis d’Amérique, l’Europe recroquevillée sur elle-même et la Chine ragaillardie. La Russie en spectateur très actif. L’Afrique en spectateur passif comme à l’accoutumée et posant son postérieur sur des œufs.
Dans ce contexte très tendu de la géopolitique financière remplie d’enjeux stratégiques, l’exécutif sénégalais joue à la montre russe ; capter la manne financière de sa diaspora très disposée et très encline au développement du pays ou laisser tomber cette occasion en or et tant espérée. De l’espoir naîtra la réalité, dit-on. Marre d’être une vache à lait pour le reste du peuple resté sur les bords de la Méditerranée et sur les bords de l’Atlantique, la diaspora est cette fois-ci prête à jouer son rôle de créancier et de catalyseur de devises pour l’économie du pays. Marre d’être laissée en rade, la diaspora veut jouer le rôle de banquier. D’où une banque de la diaspora germant dans les esprits mais devant être adossée à l’économie de l’humain basée sur l’éducation et la santé. Deux acceptions s’imbriquant et devant jouer un rôle crucial dans ce Sénégal 2050 tracé dans le programme de gouvernance festoyé à Diamniadio dans une ambiance à la bonne franquette.
En effet, l’argent de la diaspora ne doit plus servir à couvrir les frais de bouche, les cérémonies de baptême, de décès et tutti quanti. Ne devant plus servir à construire des maisons individuelles et advitam aeternam, cette manne tombée non du ciel mais des fruits de dur labeur doit servir à construire infrastructures publiques et privées. Israël et l’Ethiopie sont des exemples de haute portée. En effet, ces deux nations ont été construites en partie par leur diaspora. Le don de soi est passé par là. Et l’argent récolté devra servir à créer de l’emploi, construire des hôpitaux, des aéroports, des usines de transformation de fruits, des firmes agricoles, etc.
La diaspora doit être un des créanciers de l’économie sénégalaise. Et face à une dette qui a franchi 99,67% du PIB et un déficit budgétaire ayant franchi 13% du PIB sous le régime de Macky Sall, l’heure est à l’action ce que la parole fut durant les législatives de novembre dernier. Il urge désormais de convaincre et de passer à l’action. Nous devons nous retrousser les manches même si s’endetter devient un exercice très périlleux dans ce monde. Le repli sur soi est devenu une politique de gouvernance. Le président Donald Trump a pris comme résolution de ne plus dépenser les fonds américains. America first est passé par là. Arrêt budgétaire de quelques aides bilatérales comme celle de l’UsAid destinée à bon nombre de pays africains et d’Amérique latine.
Face à ce qui se trame, l’exécutif sénégalais pourrait jeter son dévolu sur les Diaspora bonds comme source de diversification de l’endettement national. En 2023, les Sénégalais de la diaspora et surtout l’essentiel installé en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique ont envoyé plus de 1800 milliards de francs Cfa, environ 12% du PIB national. En effet, il est un montant qui dépasse largement les aides publiques au développement fournies par les institutions internationales et quelques bailleurs de fonds bilatéraux. Avec la naissance de cette banque, l’idée ingénieuse est d’en faire une institution financière d’épargne, de crédits et d’investissements. Et surtout respectivement d’investissements et d’épargne pour l’emploi des jeunes et la retraite de la diaspora. L’argent doit servir à travailler et à développer un pays et non dormir dans les banques. Trivialement parlant « xaliss warul nélaw, dafa wara liggéy am réw ». Transférer autrement et investir autrement, tel doit être le credo de la Banque de la diaspora sénégalaise (BdS).
En effet, le Premier ministre Ousmane Sonko doit être le premier ambassadeur de ce travail de longue haleine et d’espoir. A lui seul, les montagnes bougent. En effet, le «Sonko yaw laniu gëm » reprend tout son sens dans cette situation. Une fois encore, Dakar doit être la future place financière de l’Afrique de l’Ouest. Et si on parlait de la banque de la diaspora adossée à l’économie de l’humain, actrice des transformations profondes qu’attend ce Sénégal qui nous interpelle. Pour la réussite de ce grand deal bancaire, il nous faudra nous appuyer sur nos convictions profondes et la transparence de l’utilisation de ces fonds. Et la communication ne doit pas être en reste. Et surtout l’implémentation et le siège voire les métiers composant cette future banque qui risque de secouer l’écosystème et le paysage bancaires du Sénégal. Capter les revenus de la diaspora doit être désormais un sacerdoce.
En fait, les lignes bougent depuis l’avènement du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Un vent d’espoir souffle sur ce pays longtemps martyrisé par les régimes d’Abdoulaye Wade et de Macky Sall qui se sont succédé même si ce dernier s’est singularisé par un carnage de nos pauvres deniers publics. La Cour des comptes dans son dernier rapport en a fait l’illustration. En fait, cette banque servirait aussi de relais aux PME formant plus de 90% du tissu économique de ce pays. Le prêt à taux zéro tant rêvé pourrait refaire surface pour nos pauvres fatou-fatou et gorgolous. L’idée d’une banque créatrice d’emplois à travers ses filiales et filières économiques. Et devant être couplée à la Caisse des dépôts et Consignations (CdC). Cette banque de dépôt du trésor de la nation devant être entièrement renforcée. Mais mettre en place l’idée des obligations diasporiques (Diaspora bonds) relève aussi d’un malentendu devant être résolu à cause d’une méfiance et d’un scepticisme de bon nombre de nos concitoyens à l’aune d’expériences vécues dans le secteur bancaire et celui de l’immobilier.
A nous Sénégalais de la diaspora de suivre ces sillons frais du développement. A nous de nous saisir de la balle au rebond. A nous de tracer et de labourer ce beau champ qu’est ce pays de la Téranga. A nous chantres d’un développement futur bâti sur l’économie de l’humain. Une économie de la dignité centrée sur l’humain à l’heure où l’Afrique est laissée sur le bord de la route. La banque de la diaspora devrait servir de catharsis économique et développer l’éducation et la santé, vecteurs d’un développement harmonieux et prospère. Un grand réveil économique doublé d’un grand bond en avant. Mais bon an, mal an et pourvu que le printemps fasse fleurir quelques bourgeons et fasse entrevoir l’espoir de lendemains chantants.
Ibra Pouye est éditorialiste et contrôleur des finances publiques.
Djibril Keita est sociologue, enseignant en santé publique et politiques sociales,
co-fondateur de l’Institut Esprit Public Stratégies et Intelligences (IEPSI).
LES MINERAIS, PRÉTEXTE PLUTÔT QUE CAUSE DU CONFLIT EN RDC
Derrière la guerre qui ensanglante le Kivu se cache un réseau d'intérêts bien plus vaste, impliquant le Rwanda voisin mais aussi des puissances occidentales et la Chine, dans une bataille géopolitique qui dépasse largement la simple exploitation minière
(SenePlus) - Le pillage des ressources minérales est régulièrement présenté comme la cause principale du conflit qui ensanglante l'est de la République démocratique du Congo. Cette explication, qualifiée de "séduisante mais fausse" par plusieurs chercheurs, fait l'objet d'une analyse approfondie dans Libération, qui publie une enquête remettant en question cette interprétation simpliste de la guerre.
"Le Congo se fait saigner à blanc [...] Étriper par les cupides armées de l'ONU, les chrétiens, les Belges, les Français, les rebelles, les Rwandais [...], les marchands de minerais, la moitié des profiteurs du monde, et son propre gouvernement à Kinshasa", écrivait John Le Carré dans son roman "Le Chant de la Mission" en 2007. Cette vision d'un pays pillé pour ses ressources a depuis fait son chemin dans l'opinion internationale.
Pourtant, des chercheurs comme Christoph N. Vogel et Judith Verweijen contestent cette lecture. Dans une tribune publiée dans Libération le 14 mars 2025, ils affirment que "le conflit en RDC n'est pas qu'une histoire de minerais". Les chercheurs déplorent que cette focalisation "empêche d'avoir une compréhension globale des problèmes" et ne constitue pas "une condition de base, ou une racine première de la violence et des guerres dans cette région."
Le M23 et le Rwanda au cœur des accusations
La controverse s'est intensifiée depuis janvier 2024 avec l'offensive du groupe rebelle M23, accusé d'être soutenu par le Rwanda. Selon un rapport d'experts de l'ONU cité par Libération, le groupe d'experts a dénoncé "l'exportation frauduleuse d'au moins 150 tonnes de coltan vers le Rwanda" au profit des rebelles, représentant environ 300 000 dollars de revenus miniers mensuels.
Le 21 février 2024, un groupe de rappeurs congolais a diffusé un clip intitulé "Free Congo" dénonçant l'occupation de l'est du pays et "les vrais mineurs artisanaux" forcés "d'aller miner ailleurs que dans leur cobalt". Car au-delà du coltan, c'est aussi le cobalt et le cuivre qui sont convoités, ressources essentielles pour les batteries des véhicules électriques.
Le Rwanda accusé de détourner les minerais congolais
"Le Rwanda peut accéder aux minerais congolais qu'il finance ou non une rébellion ou intervienne avec ses propres troupes", affirment Christoph N. Vogel et Judith Verweijen dans leur tribune. Selon eux, le fait que les droits de douane et les taxes au Rwanda soient plus faibles "incite les producteurs congolais à exporter vers le Rwanda légalement ou illégalement."
D'après un entretien local mentionné par Libération, "une grande partie des minerais partent du Kivu, avant d'être transportés en Tanzanie, puis en Asie." À la frontière avec l'Ouganda, l'un des postes les plus lucratifs de la région, "on peut se demander à qui vont réellement les taxes douanières récoltées à Bunagana si celles de revenue miniers?"
Le contrôle des zones minières reste un enjeu majeur. Tout a changé en avril 2022 lorsque les rebelles ont emprunté le chemin de Rubaya, site d'une importante mine de coltan. Dans un rapport publié en décembre, des experts de l'ONU ont dénoncé le détournement de la production vers le Rwanda.
Le commerce des minerais congolais dépasse largement les frontières africaines. Selon Libération, en 2023, les exportations de cobalt s'élevaient à 2,4 milliards de dollars et à 2,7 milliards pour le cuivre. La RDC possède la plus grande mine de cobalt au monde et détient plus des deux tiers de la production mondiale. Elle est aussi le sixième producteur de cuivre.
La bataille pour l'accès à ces ressources est d'autant plus âpre qu'elle se déroule au Kivu, "opposant la Chine au début de la phase actuelle d'exploitation, aux nations occidentales, États-Unis en tête." Une étude publiée en septembre par le site "The Conversation" souligne d'ailleurs que les États-Unis dépendent en partie du cobalt pour leurs véhicules électriques.
Les ramifications s'étendent jusqu'à Washington et Bruxelles. L'article rapporte que même sous l'administration Trump, déjà engagée dans les ressources minières de l'Ukraine, une enquête publiée par le quotidien La Libre Belgique révélait que "la famille Tshisekedi disposait d'avoirs miniers estimés à 320 milliards de dollars au Katanga."
"La véritable guerre des minerais se déroute au Katanga", souligne le journaliste, rappelant que dans cette région considérée comme "le scandale géologique de la RDC, les populations ne bénéficient pas des richesses exploitées au bénéfice des Chinois et de l'entourage du président."
LA NOUVELLE INTERDICTION DE VOYAGE DE TRUMP POURRAIT CIBLER 43 PAYS, DONT PLUSIEURS NATIONS AFRICAINES
Selon des informations obtenues par le New York Times, l'administration Trump envisage un système à trois niveaux comprenant des interdictions totales, des restrictions partielles et des mises en garde sous ultimatum
(SenePlus) - D'après des informations obtenues par le New York Times, l'administration Trump envisage une interdiction de voyage aux États-Unis considérablement plus étendue que celle mise en place lors de son premier mandat, ciblant potentiellement les citoyens de 43 pays au total.
Selon des responsables familiers avec le dossier, un projet de liste de recommandations élaboré par des responsables diplomatiques et de sécurité propose une classification en trois niveaux, avec des conséquences différentes pour chaque catégorie.
Une interdiction totale pour 11 pays
Le premier niveau, désigné comme "liste rouge", comprend 11 pays dont les citoyens se verraient catégoriquement interdire l'entrée aux États-Unis. Ces pays sont l'Afghanistan, le Bhoutan, Cuba, l'Iran, la Libye, la Corée du Nord, la Somalie, le Soudan, la Syrie, le Venezuela et le Yémen, d'après les sources du New York Times.
Les responsables interrogés ont toutefois souligné que "cette liste a été élaborée par le Département d'État il y a plusieurs semaines, et que des changements sont probables d'ici à ce qu'elle parvienne à la Maison Blanche."
Des restrictions partielles pour 10 autres nations
Un deuxième niveau, la "liste orange", comprendrait 10 pays pour lesquels les voyages seraient restreints mais non totalement interdits. Le quotidien new-yorkais précise que "dans ces cas, les voyageurs d'affaires fortunés pourraient être autorisés à entrer, mais pas les personnes voyageant avec des visas d'immigrant ou de touriste."
Cette liste inclut notamment la Russie, le Bélarus, Haïti, le Pakistan, mais aussi deux pays africains : la Sierra Leone et le Soudan du Sud. Les citoyens de ces pays seraient également "soumis à des entretiens obligatoires en personne pour obtenir un visa", rapporte le journal.
Une mise en garde pour 22 pays, majoritairement africains
Le troisième niveau est particulièrement significatif pour le continent africain. Selon le projet, une "liste jaune" de 22 pays aurait "60 jours pour résoudre les déficiences perçues, sous peine d'être déplacés vers l'une des autres listes".
D'après le NYT, cette liste comprend principalement des nations africaines : "Angola, Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Tchad, République du Congo, République démocratique du Congo, Guinée équatoriale, Gambie, Liberia, Malawi, Mali, Mauritanie et Zimbabwe." Des pays comme le Cameroun et Sao Tomé-et-Principe figurent également sur cette liste préliminaire.
Les problèmes évoqués pourraient inclure "le défaut de partage avec les États-Unis d'informations sur les voyageurs entrants, des pratiques de sécurité prétendument inadéquates pour la délivrance de passeports, ou la vente de citoyenneté à des personnes de pays interdits", ce qui pourrait servir de faille aux restrictions, selon les responsables cités par le quotidien américain.
Un processus encore en cours d'évaluation
Le New York Times précise que ce projet est actuellement en cours d'examen par "les ambassades et les bureaux régionaux du Département d'État, ainsi que par des spécialistes de la sécurité d'autres départements et agences de renseignement". Ces derniers fournissent des commentaires sur "l'exactitude des descriptions des déficiences dans des pays particuliers ou sur les raisons politiques" qui pourraient justifier de reconsidérer l'inclusion de certains pays.
Lorsqu'il a pris ses fonctions le 20 janvier, Trump a émis un décret exécutif "ordonnant au Département d'État d'identifier les pays 'pour lesquels les informations de vérification et de contrôle sont si déficientes qu'elles justifient une suspension partielle ou totale de l'admission des ressortissants de ces pays'", rappelle le journal.
Cette nouvelle interdiction de voyage, si elle est mise en œuvre telle que proposée, affecterait de manière disproportionnée de nombreux pays africains, soulevant des questions sur les critères utilisés pour établir ces listes et leurs implications diplomatiques pour les relations entre les États-Unis et le continent africain.