Excisée au berceau, Fatoumata Tamba dite Bébé Tamba est une laborantine. Elle travaille à l’hôpital de Sédhiou et est une militante engagée pour l’abandon des mutilations génitales féminines.
Dans une autre vie, elle aurait pu être exciseuse, mais elle a choisi une autre voie qui la conduit à se battre contre cette pratique. Laborantine à l’hôpital de Sédhiou, Fatoumata Tamba dite Bébé Tamba lutte sans relâche contre l’excision. «L’une de mes grands-mères, raconte-telle, était exciseuse. Heureusement qu’elle n’est plus de ce monde, sinon c’est moi qui l’aurais tuée en lui répétant chaque jour que je ne lui pardonne pas de m’avoir excisée», se plaint Bébé Tamba. Depuis la mort de sa grand-mère, personne n’a voulu perpétuer cet héritage dans la famille. Mais le mal était déjà fait, car elle aura ellemême subi l’initiation au berceau. «Il paraît que j’avais un mois quand on m’a excisée», confesse-t-elle. Aucun souvenir ne remonte évidemment en surface, mais la blessure est toujours béante. Par conséquent, son engagement s’explique. Sa profession, doublée de son rang de présidente de groupement féminin et d’animatrice à la radio de Sédhiou, lui a permis d’entrer dans l’intimité des victimes et de mesurer les conséquences néfastes de la pratique. C’est ainsi qu’elle vit au quotidien cette épreuve. «L’excision peut briser des ménages, apporter des complications lors des accouchements ; d’où mon engagement pour mettre fin à ce fléau et ainsi épargner les futures générations», dit-elle en indiquant recevoir dans ses confidences à la radio, comme chez elle, des victimes qui n’en veulent plus de leur union, faute de plaisir quand elles ont des relations sexuelles avec leur conjoint. «Une fille m’a avoué qu’elle ignore ce qu’est l’amour, le plaisir. Cette fille-là ne va pas valoriser son ménage parce qu’elle n’y sent aucun bonheur et cherche à partir. Donc l’excision a brisé ce ménage», argumente Bébé Tamba.
Célibataire, Bébé Tamba a la peur au ventre et redoute la nuit de noces ainsi que l’accouchement. Elle s’étrangle quand elle pense au mariage à force de voir et d’entendre les souffrances de ses confidentes et auditrices qui sont victimes de cette pratique. «Comme je suis victime, j’ai peur parce que je l’ai subie dans mon berceau. Et lors de mes émissions radios, une fille m’a expliqué hors ligne sa peur du mariage parce qu’elle devra alors entretenir des rapports avec son mari. Elle m’a dit qu’elle a une fois tenté l’acte, mais n’a pas pu, car cela lui faisait tellement mal. La façon dont cela a été fait a laissé une boule sur place. Elle aurait même honte de se déshabiller devant son conjoint», confesse Bébé Tamba.
Attendrie par cette révélation, elle cherche les voies et moyens d’envoyer à Dakar son auditrice afin de la faire bénéficier d’une opération pour se débarrasser de sa boule. Optimiste et patiente sur la fin de l’excision qui est en train de reculer dans la commune de Sédhiou, elle continue sa sensibilisation et parfois fait dans l’intimidation pour dissuader les récalcitrantes. «Dans une génération, il n’y aura plus d’excision parce que je ne vais pas le faire à mon enfant. Si ma petite sœur ne le fait pas ainsi que bien d’autres jeunes, la pratique va disparaître», se persuade-t-elle.
La pratique, étant l’apanage des vieilles et autres personnes non instruites, disparaîtra avec la mort certaine de ces vieilles praticiennes «qui n’en ont heureusement plus pour longtemps», selon Mlle Tamba. Elle est en outre convaincue que l’éducation et la sensibilisation de tous vont aider à accélérer la fin des mutilations génitales des filles. La trentaine révolue, elle focalise ses interventions sur les jeunes qui incarnent l’avenir du pays. «Si on arrive à convaincre les jeunes d’aujourd’hui qui vont devenir les parents de demain, la pratique ne sera qu’un vieux, lointain et mauvais souvenir», espère-t-elle. Rien de plus...
KOUSSY TOURNE LE DOS A L’EXCISION
Mutilation génitale féminine
Khady SONKO (Envoyée spéciale à Sédhiou) |
Publication 23/12/2017
Le 26 novembre 2017 restera une journée historique pour les populations de Koussy. Située dans le département de Sédhiou, la commune de Koussy engage la bataille contre les mutilations génitales féminines dont le pic est la déclaration publique d’abandon de la pratique par 87 communautés qui ont longtemps résisté aux pressions politico-judiciaires. C’est le début d’une nouvelle ère pour les filles longtemps victimes de ces pratiques rétrogrades et dégradantes.
Elle n’a pas tremblé au moment de faire la déclaration publique sur l’abandon de l’excision : «Prenons l’engagement solennel en ce jour du 26 novembre 2017, en toute connaissance de cause, d’abandonner définitivement les pratiques de l’excision, des mariages des enfants et des mariages forcés des filles au sein de nos communautés...» A travers ces mots, le village de Koussy rejoint ainsi le mouvement historique initié depuis le 31 juillet 1997 à Malicounda Bambara dans le département de Mbour «qui n’a cessé de rayonner au Sénégal tout comme dans la sous-région et qui a enregistré aujourd’hui 6 484 villages ayant définitivement renoncé aux pratiques de l’excision, des mariages des enfants et des mariages forcés ».
Dans la région de Sédhiou, plus de 87 communautés viennent ainsi de rendre public leur abandon de l’excision, des mariages d’enfants et des mariages forcés devant les autorités préfectorale, communale, religieuse, coutumière et des partenaires techniques et financiers de l’Ong Tostan qui a organisé la rencontre. Il est 11 heures. Le soleil trône au zénith sur un ciel dégagé. Sous une chaleur accablante, les populations chantent, dansent et étalent leurs différences ethniques et leur accoutrement. Jadis pratiquement répandue, l’excision est publiquement abandonnée. Une femme s’avance, remet son couteau et incinère tout l’arsenal qui lui servait dans son travail interdit, mais qu’elle continuait à exercer en cachette. L’acte est fort et est salué à sa juste valeur. «Nous, autorités administratives, il est de notre devoir d’appeler toutes les communautés à abandonner ces tares. On faisait l’apologie de ces pratiques dans la société traditionnelle, mais aujourd’hui on s’est rendu compte que ce sont des maladies que nous rencontrons derrière ces pratiques à travers l’excision des filles et même leur mariage précoce», dit l’édile de Koussy.
Située dans le département de Sédhiou, elle compte environ 10 mille 360 habitants, polarisant 29 villages et qui vivent d’agriculture et d’élevage. Dans cette zone rurale fortement conservatrice, l’acte est «fort». Très engagé à vaincre la pratique, le maire de Koussy prévoit une série de rencontres avec les chefs de village de sa commune pour parler de la pratique. «Ils sont les meilleurs vecteurs étant donné leur position entre les communes et les villages. Ils vont porter le message au niveau des communautés les plus lointaines. Le combat doit être pérenne, un suivi après la déclaration, un contrôle au niveau des villages, veiller à l’abandon définitif. Cela ne va pas être facile, compte tenu des réalités socioculturelles surtout dans des communautés manding qui considéraient cette pratique
comme un acte utile et qui avancent des raisons dont on s’est rendu compte qu’on peut les contourner», a développé Ousmane Kamara. Le maire promet par ailleurs un plan d’actions à la suite de la cérémonie de déclaration publique d’abandon de l’excision et des mariages précoces. Il ne veut pas que cela soit un slogan creux. «Il faut enrayer ces fléaux», exige-t-il. Aussi at- il lancé un appel aux Ong présentes dans la zone pour soutenir les femmes à sensibiliser davantage pour l’abandon de l’excision et du mariage précoce des filles.
Selon la coordonnatrice du Programme violence basée sur le genre à Unfpa Sénégal, la déclaration n’est rien d’autre que l’achèvement d’un processus de formation de trois ans. Laquelle formation a porté sur les cours d’alphabétisation, de renforcement de capacités, les questions de droits humains comme le respect de l’intégrité physique, la démocratie. «Petit à petit, on amène la population à prendre conscience de l’importance des droits humains», a expliqué Lidy Sanka Kadou. C’est la fin d’une ère.
AIBD
C’est fait pour le premier bébé accouché en plein vol
Le premier vol de Corsair en partance de l’aéroport international Blaise Diagne (Aibd) de Diass pour Paris a été marqué par un fait inédit : la naissance d’une petite fille en plein vol.
Pour une première, c’est une réussite. Quelques heures seulement après la naissance officielle de l’aéroport international Blaise Diagne (Aibd), le premier vol de Corsair en direction de Paris, identifié CRL 954, a été le théâtre d’un fait inédit. L’habitacle de l’Airbus A 330 a été transformé en salle d’accouchement. Oui, une naissance à bord. En plein vol ! « Nous venions de quitter le tarmac du nouvel aéroport Blaise Diagne. Après une heure de vol, mon équipe m’a informé qu’une jeune femme se plaignait de douleurs abdominales répétitives », raconte, à Paris, Philippe Latorre, le chef de cabine. Il a sous sa responsabilité une dizaine d’hôtesses de l’air. « Quelques instants après mon arrivée, la jeune dame a perdu les eaux », poursuit Philippe Latorre. Et là, le doute n’était plus permis. L’équipe était en train d’assister à un accouchement en plein vol.
Très rapidement la panique a laissé place à la mise en place du dispositif recommandé par la compagnie en pareille circonstance. « Même si je venais de faire une formation sur ce genre de cas d’urgence en plein vol, c’était une première pour moi. Il y a une grande différence entre la théorie et la pratique. Cependant, j’ai gardé ma sérénité », informe le chef de cabine. Philippe Latorre va saisir cette occasion presque unique dans une carrière pour mettre en pratique ce qu’il a appris en secourisme. « L’office de derrière de l’avion, où sont stockés nourriture, boissons, couverts et plats, est vidé et transformé en maternité », détaille Philippe Latorre. Une salle d’accouchement de fortune est donc improvisée : les médicaments et le matériel médical prévus dans les avions en pareils cas sont réquisitionnés, des serviettes ont été mises au sol.
Y a-t-il un médecin dans l’avion ?
Pendant ce temps-là, une annonce importante est faite en cabine : Y a-t-il un médecin dans l’avion ? « À notre grande surprise, c’est un gynécologue sénégalais qui s’est présenté à nous », souffle comme un ouf de soulagement le chef de cabine qui avait encore du mal à croire à la chance de compter un spécialiste de la naissance parmi les voyageurs. A partir de ce moment, c’est comme s’il y avait un alignement des planètes pour la naissance du bébé. « Les dieux de l’aviation étaient avec nous », se réjouit M. Latorre. Tout s’est bien déroulé. Il n’y a pas eu besoin de césarienne ou d’autres opérations complexes. Le matériel était disponible, les médicaments également et, mieux encore, les conditions de vol étaient excellentes : il n’y a pas eu de secousses ni de zones de turbulence ». Ainsi, 45 minutes après la perte des eaux, la passagère a donné naissance à une petite fille.
Un bébé en bonne santé
C’est une jeune maman de « 28 ans, ingénieure en génie civil qui allait rendre visite à sa sœur installée à Paris », nous informe-t-on à Corsair Paris où l’on nous précise qu’elle ne désire pas entrer en contact directement avec la presse. La jeune maman daigne simplement nous faire savoir par l’entremise de Corsair International en France qu’il s’agit de son « premier enfant » et qu’elle ne s’attendait « pas à accoucher ce jour-là ». Mais aussi qu’elle va bien, son « bébé est en bonne santé ». Corsair nous rapporte également qu’elle remercie le gynécologue qui l’a assistée pour la naissance de l’enfant ainsi que le personnel navigant. L’ingénieure sénégalaise se dit consciente du caractère extraordinaire de la situation : « On ne voit ce genre de choses que dans les films. Et cela m’est arrivé à moi, je dois dire que c’est très gênant ». Un sentiment qu’elle justifie par le retard que son accouchement a provoqué car l’avion a fait demi tour pour revenir se poser à l’Aibd afin qu’elle soit prise en charge par les services médicaux spécialisés. Ce qui a nécessité un retard conséquent pour les 300 passagers du vol, parmi lesquels Pascal de Izaguirre, le Pdg de Corsair, venu au Sénégal pour assister à l’inauguration du nouvel aéroport de Diass. Comptant plusieurs années de service, Philippe Latorre évoque un cas inédit qui va rester en mémoire : « Toute l’équipe s’est prise en photo avec le bébé et la maman ».
La Sénégalaise Fatou Kandé Senghor est une femme exceptionnelle. Elle est une artiste sans case - elle ne tient dans aucune - et cependant trouve place partout.
Vous la rencontrez à peine que cette femme joviale de 46 ans, aux yeux comme des dessins d'enfant, vous embarque dans des échanges sur ses réflexions et ses univers, qu'elle raconte en texte, images, sons. Dans une conversation en français, elle peut virer sans crier gare à l'anglais, foncer sur le wolof si l'interlocuteur le comprend, piler net et s'exclamer en pidgin, "l'anglais cassé" du Nigeria, puis repartir en puisant dans le français assaisonné aux épices de ses divers pays d'enfance, "y a foye"! ("Il n'y a rien", comme ils disent en Côte d'Ivoire.)
Fatou Kandé Senghor est à la fois photographe, plasticienne, scénographe, cinéaste, auteure, femme de média (elle a dirigé une radio où elle a animé une émission de rap pendant un an), éducatrice (elle forme en vidéo des étudiants et des jeunes en rupture avec l'école) et on pourrait encore allonger la liste.
Elle a exposé à Dak'Art, une des plus importantes manifestations des arts visuels en Afrique, et à la Biennale de Venise, considérée comme un des évènements artistiques parmi les plus grands en Europe et dans le monde. Le film documentaire "L'autre en moi" ("The Other In Me", 2012), c'est elle - de même que quelques dizaines d'autres. Les costumes pour les films "Faat Kiné" de Sembène Ousmane (2000) et "Madame Brouette" de Moussa Sène Absa (2000), c'est également elle.
(S')Etonner
Waru Studio, qui existe depuis 2001, c'est encore elle. C'est à la fois une société de production et un lieu ouvert à des projets d'autres créateurs, à des échanges avec des artistes d'ailleurs, dans le quartier Mermoz, à Dakar. Pour y faire et y voir éclore des merveilles, des choses qui étonnent, comme le laisse entendre le vocable wolof dans le nom, "waaru", "étonner, s'étonner". Le livre "Wala Bok, une histoire orale du hip-hop au Sénégal" (Editions Amalion, 2015) et la plupart des photos qui illustrent cette anthologie, c'est toujours elle."
Je me décris toujours comme une artiste d'abord. Je suis une artiste pluridisciplinaire, touche-à-tout, qui s'intéresse à tout", résume-t-elle lors d'un entretien qui, au lieu d'une heure ou deux d'échanges, tourne en yendu (quand on passe la journée avec l'hôte) à son domicile à Thiès, à environ 70 km à l'est de Dakar. C'est là, dans cette maison spacieuse, agréable, pleine de vie et d'œuvres d'art, coiffée de bougainvilliers en fleurs, qu'elle vit "depuis huit ans maintenant", ayant choisi de s'éloigner de Dakar, explique-t-elle, "pour avoir un recul et ruminer tout ce que j'avais accumulé dans mes séjours, mes voyages, mes entretiens, mes rencontres."
"J'ai un parcours intéressant parce qu'il vient de l'aventure du voyage et de l'école, de l'université ; il vient du système éducatif des pays que j'ai fréquentés, le Nigeria en particulier où j'ai passé 12 ans de ma vie étant adolescente," indique cette femme de forte corpulence s'exprimant d'une voix calme.
Globe-trotteuse
Si elle est née au Sénégal en 1971, Fatoumata Bintou Kandé - son vrai nom - a vécu longtemps à l'étranger, au gré des affectations professionnelles de son père, un diplomate, puis sur le chemin de ses études et activités postuniversitaires : Etats-Unis, Nigeria donc, Ghana, Bénin, Togo, Cameroun, France, Burkina Faso... Pour avoir "sillonné les vagues anglophone et francophone", affirme-t-elle, "j'ai quasiment créé ma manière d'être entre les deux. Donc, j'ai développé un art qui se focalise moins sur la discipline que le sujet. Quand un sujet me tient à cœur, (...) je laisse presque le médium s'imposer à moi."
Petite, Fatou Kandé Senghor n'imaginait pas ainsi son futur. "Je ne sais ce que j'imaginais et peut-être que je n'imaginais rien du tout parce, que je vivais dans une famille qui voyageait, qui arrivait dans de nouveaux espaces avec de nouvelles histoires. Parce que nous étions dans la représentation diplomatique, tout était frais et neuf à chaque fois, tout était beau. (...) J'étais comme Alice au pays des merveilles, je ne pensais même pas qu'un jour il aurait fallu sortir de ce cocon-là". Il l'a fallu, pourtant. Et pour Fatou-Alice, le retour à la réalité ne fut pas des plus doux. C'était même : "Ouh, la claque !", lâche-t-elle.
Cela lui est arrivé en France. Après le baccalauréat à Yaoundé, elle rejoint son frère et sa sœur à Lille (nord de la France). A la faculté, elle se retrouve à étudier les langues et civilisations anglophones. "Il y avait comme option la filmologie", qu'elle choisit.
Séance de choc
Elle se rappelle un cours l'ayant marquée, avec la projection d'un film du Français Jean Rouch, "Les Maîtres Fous" (1955), sur un rituel d'exorcisme et d'expiation au sein des Haouka (ou Hauka), une société secrète d'immigrés d'origine songhaï - venus du Niger et du Mali - au Ghana. Ce documentaire a été réalisé, selon Rouch, "au cours d'une mission de recherche du Centre national de la Recherche Scientifique et de l'Institut Français d'Afrique Noire". En concluant son récit, l'ethnologue français se demande si ces hommes "ne connaissent pas certains remèdes qui leur permettent de ne pas être des anormaux mais d'être parfaitement intégrés à leurs milieux, des remèdes que nous (Occidentaux, NDLR), nous ne connaissons pas encore."
Mais ce que la classe en retient, ce sont les scènes bouleversantes pour un public non averti : un malade battu, les libations et sacrifices d'animaux - un poulet, un bélier, un chien. Le chien parce que, "c'est un interdit alimentaire total. Si les Haouka tuent et mangent un chien, ils montreront qu'ils sont plus forts que les autres hommes, noirs ou blancs", précise Rouch. Dans le film, on montre les "possédés" dansant, en transes, yeux révulsés, morve au nez et écume de bave à la bouche ; on les montre buvant le sang du canidé fraîchement égorgé durant leur séance de ndëpp. Le lendemain, on les voit en hommes épanouis, heureux, travailleurs, "normaux"...
"On a regardé ça dans une classe où il y avait une Antillaise guadeloupéenne et moi comme Noirs. A la fin du film, on était (perçues comme) responsables du comportement de ces patients en psychiatrie" et tous les autres étudiants, peu familiers de l'Afrique et de sa diversité, "tout le monde nous regardait avec l'air de vouloir planquer son chien", ajoute Fatou Kandé Senghor, que ce souvenir semble émouvoir aujourd'hui encore.
Quête d'identité
C'est le choc pour la jeune femme, jusqu'alors "très space" (originale, singulière, peu commune) et qui avait toujours vécu dans des environnements multiculturels et multinationalités. "J'arrive en France et je réalise que les gens ne sont pas prêts pour quelqu'un comme moi. Ils voient 'les Noirs, les Africains, les Blacks'. Mon individualité sympa et branchée disparaît. Et je commence à rencontrer des trucs réels du genre : tu t'assois dans le métro, la Blanche d'à côté se lève ou alors, sans avoir rien fait, quelqu'un te traite de +noireaude+" dans la rue, se rappelle-t-elle. Des scènes de racisme qu'elle vit aussi à Paris, où elle s'est rendue après Lille. Oubliée, Fatou-Alice, place à Fatou-la-Noire. "Et ça m'a vraiment secouée. Je me suis dit : 'Ouh, I got to get the hell out of here' (Ouh, il faut que me casse d'ici !). Ce n'est pas un endroit où je vais fermer ma gueule pour faire hôtesse d'accueil, secrétariat ou balayeuse ou je ne sais pas quoi dans un Prisu (Prisunic, supermarché, NDLR). Il n'était pas question pour moi que je reste là très longtemps. Et je cherchais déjà la porte de sortie."
La quête de la porte de sortie, c'est aussi celle de son identité. Une quête de soi qui passera par le cinéma et qu'on retrouvera dans certaines de ses œuvres comme, selon ceux qui l'ont vu, le film "L'autre en moi". L'histoire de retrouvailles et interrogations de frères jumeaux, Etienne et Léopold Senghor, nés au Sénégal, ayant grandi aux Etats-Unis, dont l'un est rentré au pays, l'autre est demeuré à l'étranger. Etienne Senghor est, dans la vie, celui qui a donné à l'artiste le nom Senghor en l'épousant. Le couple a trois enfants, des filles : l'aînée a 19 ans, la benjamine, 9.
Dans le milieu du hip-hop au Sénégal, que Fatou Kandé Senghor a vu naître, grandir et dont elle connaît presque tous les acteurs, elle est réputée généreuse, ouverte, accessible, taquine, voire badine. "Mon père a toujours aimé les grosses fêtes, il aimait réconcilier les gens. Son sens de la négociation était très lié était à la rencontre, à la nourriture, à la discussion, à l'invitation, j'ai gardé ce côté festif et des rencontres", confie-t-elle en riant.
"Elle a la niaque"
Elle est aussi connue pour être quelqu'un de combatif et qui maîtrise son sujet. "C'est une femme passionnante et passionnée. Elle a la niaque", témoigne Aïsha Dème, activiste culturelle sénégalaise. "Etant une femme dans son milieu, ce n'était pas évident, mais elle a su s'imposer et ce, depuis des années. Elle est très respectée par tout le monde, ce qui est très difficile dans notre milieu culturel, particulièrement dans le milieu des arts visuels", déclare Dème, soulignant qu'elle est par ailleurs "une des rares" femmes et artistes au Sénégal "à avoir accès à certains endroits comme en Casamance (sud) dans les rituels qui sont consacrés aux hommes".
C'est dans cette région verdoyante, d'où est originaire son père, que Fatou Kandé Senghor a réalisé "Giving Birth" ("Donner naissance", 2015), portrait de la potière et sculptrice sénégalaise Seyni Awa Camara, une autodidacte. Selon le critique d'art sénégalais Massamba Mbaye, Awa Seyni Camara et Ousmane Sow, l'homme aux monumentales sculptures, étaient les artistes sénégalais les plus cotés dans le monde de l'art au décès de Sow en décembre 2016.
Retour au hip-hop. Pour le livre "Walabok...", Fatou Kandé Senghor a rencontré "en tout à peu près 300 groupes ou individus, même si tout le monde n'est pas dans le bouquin". "La plupart du temps, j'allais dans leurs quartiers pour comprendre leur univers aussi... Et ça a mis dix ans" à prendre forme, révèle l'auteur, qui a reproduit textuellement les propos de ses différents interlocuteurs, sur leurs débuts et différents sujets : éducation, politique et engagement, clashes...
"Donner la parole"
Si l'ouvrage a été généralement bien accueilli au Sénégal, certains lui ont reproché l'absence de synthèse et d'analyse. "Ce n'était pas mon objectif, que ce (le livre) soit complet. Mon objectif, c'était juste de donner la parole. Je suis encore dans cette cohérence de la parole : qui l'a, qui ne l'a pas, qui la donne, qui la prend, qui fait quoi avec", réagit Fatou Kandé Senghor, ajoutant qu'il existait déjà "des choses sur le hip-hop au Sénégal" faites par des universitaires, des chercheurs, qui "écrivent comme des scientifiques et font de l'analyse peu accessible à tout le monde. Je voulais faire un bouquin" permettant aux concernés de "raconter leur histoire. Pour moi, c'était à un Sénégalais de faire cette restitution, et je l'ai faite."
Le livre va avoir une petite sœur en 2018 : une série télévisée intitulée "Walabok, comment va la jeunesse ?", dont le pilote a déjà été réalisé. Elle sera tournée en wolof et doublée en français. Ses personnages "sont des protagonistes que tout le monde connaît : les enfants, les adolescents, les jeunes adultes, et les pauvres parents". Son décor, "c'est Pikine, un endroit où ma grand-mère a élevé ses enfants, dont ma mère. La maison familiale y est encore."
Certains de ses collègues et amis s'extasient sur le parcours de Fatou Kandé Senghor, le jugeant "extraordinaire" ou "impressionnant". Elle, humble, sourit quand on évoque son CV. "Je n'ai pas bien tenu les comptes mais j'ai fait des trucs vraiment géniaux", avance-t-elle, se réjouissant de pouvoir "apprendre des choses", à chaque fois, en toutes occasions. "Et pour moi, c'est ça qui fait la densité d'un être, ce ne sont pas des réalisations. Ce sont les pas gagnés à chaque fois pour devenir quelqu'un de dense, c'est faire ses armes."
ACCOUCHEMENT A KOLDA
Certaines femmes préfèrent toujours donner naissance à la maison
Le Soleil |
Mamadou Aliou Diallo |
Publication 22/12/2017
Malgré les importants efforts consentis par l’Etat dans la commune de Kolda pour faciliter l’accessibilité des soins de santé aux populations, certaines femmes accouchent encore à domicile. La plupart d’entre elles appartiennent à des ménages démunis habitant dans des quartiers d’accès difficile comme Sinthiang Gadapara, zone Lycée et Bel-air, entre autres. Elles sont contraintes d’accoucher à la maison à cause de la précarité des ménages et du manque de continuité du service dans les postes de santé de leur quartier à l’exception de Sikilo. Et elles ne disposent pas des moyens de transport pour se rendre au centre de santé ou à l’hôpital régional à certaines heures de la nuit.
Ces contraintes plombent les efforts consentis par l’Etat pour booster les indicateurs en matière de santé de la reproduction. C’est le cas notamment du poste de santé de Gadapara qui polarise 5 quartiers de la commune pour une population de 13.928 habitants. La maternité ne dispose pas de salle de consultation pour la sage-femme, il n y a pas de suite de couche, encore moins de salle de garde et de chaine de froid pour la conservation des médicaments, tandis que la salle d’accouchement n’a qu’un seul lit.
L’Infirmier chef de poste (Icp) a effectué en vain des démarches auprès des autorités municipales, dans l’espoir de trouver un logement, afin d’assurer la continuité du service. Le Comité de santé a également adressé des lettres de demande d’appui aux ressortissants de Gadapara vivant à l’étranger pour la construction d’un logement pour l’Icp et la sage-femme.
Il a aussi contacté certaines banques de la place et la Caisse de sécurité sociale pour solliciter une aide dans ce sens. « Nous recevons, en moyenne, 40 patients par mois pour les consultations prénatales. Mais, pour les accouchements, nous n’avons pas encore commencé, car nous avons des difficultés pour la maternité. Plusieurs accouchements se font la nuit. Et comme l’Icp et la sage-femme ne sont pas logés, nous ne pouvons faire les accouchements que pendant la journée », a déclaré Mme Fall Aïda Thiaw, Icp de Gadapara.
MALNUTRITION AU SÉNÉGAL
Cette situation est l'une des principales causes de la mortalité maternelle et infantio-juvénile le document de politique nationale de développement nutritionnel (2015-2025)
La malnutrition serait l’une des principales causes de la mortalité infanto-juvénile qui est passée de 121% en 2005 à 54% en 2014, renseigne le document de politique nationale de développement nutritionnel (2015-2025) parcouru à l’APS.
Elle serait également la cause de la mortalité maternelle qui s’établit à 392 pour 100.000 naissances vivantes, ajoute le document. Qui fait ressortir que "19% des enfants âgés de moins de cinq ans souffrent de retard de croissance, 6% d’entre eux sont atteints de malnutrition aiguë et 13% soufrent d’insuffisance pondérale".
Selon la Cellule de lutte contre la malnutrition (CLM), les déterminants majeurs de la malnutrition au Sénégal se résument à des pratiques sanitaires que sont l’espacement des naissances, l’allaitement des femmes en âge de reproduction.
On dénombre également des pratiques alimentaires en rapport avec la pauvreté, l’hygiène et les soins accordés aux enfants.
Le document produit par la CLM constate que "malgré les importants résultats enregistrés dans la nutrition, le Sénégal fait face à des défis majeurs qui ont pour noms l’amélioration de la couverture en services essentiels de nutrition, l’accès et l’utilisation des services de santé de qualité, l’accès à des aliments à haute valeur nutritive, ainsi que le renforcement de l’éducation nutritionnelle et sanitaire".
Il s’agit d’oeuvrer à la mobilisation de financement "suffisant et durable" pour la nutrition, à la mise en place d’une véritable résilience des populations et à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement de base.
De telles dispositions permettraient d’arriver à "assurer à tous un état nutritionnel satisfaisant particulièrement les enfants de moins de cinq ans, aux femmes en âge de procréer et les adolescents", indique le document.
Dans le rapport, il est fait mention la nécessité de prendre en compte l’éducation nutritionnelle chez tous les secteurs pour améliorer les connaissances en nutrition des acteurs et le statut nutritionnel des populations.
D’ailleurs, la création de la CLM, un organe de coordination,d e suivi et d’évaluation de la politique de nutrition est une résultante de la politique nationale de développement de la nutrition initiée par l’Etat.
AUTONOMISATION DES FEMMES
Le maire de Méckhé Dr Magatte Wade vole au secours de la gent féminine via la Caisse de solidarité et d’entraide
La mairie de Méckhé a mis sur pied une Caisse de solidarité et d’entraide qui vise à "renforcer l’autonomisation des femmes grâce à des financements conséquents et de contribuer à éradiquer la pauvreté", a appris l’APS.
La Caisse de solidarité et d’entraide des femmes de Meckhé et environs initiée par le Maire de Meckhé, le Dr Magatte Wade, a démarré ses opérations récemment à Ngaye Meckhé, indique un communiqué.
Elle vise à "renforcer l’autonomisation des femmes grâce à des financements conséquents et à des taux très souples afin d’accroître les revenus des ménages et de contribuer à éradiquer la pauvreté qui touche plus les femmes".
L’institution, explique t-on, est dotée d’un financement mobilisé avec des contributions volontaires et celles de généreux donateurs. En cas de succès, elle constituerait "une innovation majeure dans le secteur financier national à cause des conditions d’accès et des coûts liés aux crédits accordées aux femmes".
Cité dans le communiqué, le maire de Méckhé a déclaré que la banque vise à "se transformer très vite en un puissant levier de financement au niveau local puis national", ajoutant que leur ambition est qu’elle "puisse constituer le socle fécond de la future Banque des femmes du Sénégal".
"Nous avons démarré nos opérations avec des prêts à des conditions très souples accordés aux groupements. Nous sommes très soucieux de l’encadrement des crédits et des ratios prudentiels d’autant que nos taux d’intérêt ne dépassent guère les 7%", a déclaré pour sa part Falam Samb, présidente de la Caisse de solidarité et d’entraide pour l’autonomisation des femmes de Meckhé et des environs.
JEEWO GUEYE PROMEUT LA LITTÉRATURE WOLOF
L'auteur invite à travers "Yaayu Cééx Yi", à la réappropriation de la langue pour conserver notre identité
Ils sont rares, les pays qui ont pu atteindre l’émergence en se servant d’une langue étrangère. Pourtant, le Sénégal continue d’utiliser la langue d’autrui, donc la civilisation étrangère, pour prétendre être émergent. Face à cela, loin d’être des nationalistes au sens étroit du terme, des personnes se battent pour l’enseignement du wolof dans l’école de la République. C’est en ce sens qu’il faut comprendre la publication du livre «Yaayu cééx yi» aux éditions Papyrus. Ce conte éduque et invite à la réappropriation de la langue pour conserver notre identité.
La 3ème édition du Ndaajé ak binde kaat (rencontre avec l’auteur, en wolof) tenue à Jokkolabs a été samedi passé le point de convergence des défenseurs de la langue wolof. L’auteur Jeewo Guèye présentait son livre Yaayu cééx yi (la mère des jumeaux, en wolof) paru aux éditions Papyrus Afrique. Ce livre de poche est en réalité un conte destiné aux enfants.
C’est l’histoire d’un roi qui ne vit que pour sa 2ème femme, entraînant ainsi tout le royaume à se liguer contre sa première. Une situation qu’accepte la première sans broncher. Elle qui avait l’habitude de se faire bichonner par les serviteurs du roi se retrouve à s’occuper des chevaux et à labourer les champs du royaume. C’est sa coépouse qui avait exigé du roi qu’il punisse sa première femme parce qu’elle n’avait pas la capacité de lui donner un successeur. Elle, non plus, n’a pu atteindre cet objectif. En sortant de la cour du roi pour rejoindre l’écurie devenue sa chambre, la première épouse était enceinte et l’avait caché. Elle ne s’est jamais plainte de ses nouvelles conditions de vie. Elle s’occupait avec passion des chevaux et labourait les champs avec une dextérité impressionnante, malgré son état de santé. Elle ne mangeait pas à sa faim et ne prenait pas de douche parce qu’en étant privée. En résumé, elle est passée de reine adulée à une boniche salle et méprisée. Sa grossesse arrivée à terme, elle met au monde des jumeaux sous un arbre, sans assistance. Ayant peur qu’on lui vole ses enfants, elle les met dans un trou et part leur chercher à manger. A son retour, elle s’aperçoit que ses enfants ont disparu. En réalité, c’est un serpent qui les a emportés, guidé par la peur qu’une personne fasse du mal aux nouveau-nés. Le serpent va les élever jusqu’à l’âge d’adulte.
Devenus des hommes, les deux princes entreprennent un voyage pour retrouver leur mère. Ils étaient tellement élégants que toute femme voulait être leur mère. En quittant leur famille adoptive, les deux princes savaient qu’ils étaient nés sous un arbre appelé karajuwo. Avec cette indication, ils demandaient à toutes les femmes qui prétendaient être leur mère leur lieu de naissance. Et aucune des prétendantes n’a su donner la bonne réponse. C’est ainsi qu’ils ont parcouru tout le royaume sans trouver leur mère, jusqu’au jour où une personne a demandé au roi de faire revenir sa première femme pour savoir. Une fois la première épouse du roi sur les lieux, la magie opéra. Dès que les princes ont aperçu la dame, un frisson parcourt leur corps, sans même poser la fameuse question. Une fois faite, la première épouse prononce le nom de l’arbre. Personne n’en revenait : comment cette boniche pouvait-elle être la mère de ces deux vaillants hommes ? Le roi qui n’était obnubilé que par sa succession n’aura aucun scrupule à remplacer sa 2ème épouse par la première dans l’écurie et les champs. Comment la vie se fera dans le royaume ? Quel sera le sort de la seconde épouse ? Comment vont se comporter les princes avec ceux qui ont marginalisé leur mère ? Voilà autant de questions dont le lecteur va chercher les réponses dans Yaayu cééx yi, un livre entièrement écrit en wolof et disponible dans toutes les librairies ou presqu’au Sénégal.
Derrière cette histoire et sa morale se cache un combat noble : comment dans cette mondialisation galopante et outrancière conserver notre identité ? Pour cette ancienne assistante de direction, la réponse est toute simple : «Il faut revenir à la source.» Mais utiliser le livre qu’on sait bousculé par l’avènement des technologies de l’information et de la communication peut paraître un peu paradoxal. Jeewo Guèye, elle, y croit fermement. «Même si la lecture n’est plus ce qu’elle a été, il faut l’adopter à côté des Tic. Il faut pouvoir faire revenir le conte dans une forme moderne et se positionner dans la guerre des contenus sur le net.» Pour celle qui s’est fait aider dans cette entreprise par le Professeur Amsatou Sow Sidibé, l’usage de la langue wolof est le meilleur outil pour l’éducation des enfants. Aussi plaide-t-elle pour l’enseignement de cette langue dans l’école de la République. Un combat qu’elle compte mener en n’écrivant désormais qu’en wolof.
PLANIFICATION FAMILIALE
910000 nouvelles femmes utilisent les méthodes contraceptives en Afrique de l'Ouest
Le Soleil |
Maîmouna Guèye |
Publication 14/12/2017
D’importants progrès sont en train d’être accomplis en Afrique de l’Ouest pour améliorer les très faibles taux de prévalence contraceptive. En 2 ans, 910 000 nouvelles utilisatrices des méthodes modernes de planification familiale ont été enregistrées. Cette annonce a été faite lors de l’ouverture de la 6ème Réunion annuelle du Partenariat de Ouagadougou (Conakry, 12-14 décembre 2017). Compte tenu de ces efforts, les pays francophones de l’Afrique de l’Ouest espèrent bien atteindre les objectifs fixés pour 2020.
Constatant que les progrès en planification familiale sont très lents en Afrique de l’Ouest, il a été mis en place, en 2011, le Partenariat de Ouagadougou (Po). Un mouvement regroupant les 9 pays francophones de l’Afrique occidentale (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo) afin de permettre aux femmes qui le souhaitent d’accéder librement aux services et méthodes de contraception. Ainsi, après la première phase qui s’est achevée en 2015 et a été couronnée de succès pour avoir permis de recruter 1 184 000 nouvelles utilisatrices des méthodes modernes de planification familiale sur un objectif d’un million de femmes additionnelles à enrôler, il a lancé, en 2016, la phase dite d’accélération. Cette dernière, devant se poursuit jusqu’en 2020, vise à recruter 2,2 millions d’utilisatrices supplémentaires de la planification familiale dans les 9 pays concernés.
Après deux ans de mise en œuvre, les résultats présentés, hier, lors de l’ouverture de 6ème Réunion annuelle du Partenariat de Ouagadougou (Conakry, 12-14 Décembre 2017), sont plutôt élogieux. En ce sens que 910 000 femmes supplémentaires ont été enrôlées. D’où la motion de satisfaction de Fatimata Sy, directrice de l’Unité de coordination du Partenariat de Ouagadougou (Ucpo). « Nous sommes en train d’accélérer, contrairement à l’année dernière où un ralentissement a été noté », a-t-elle lancé, informant que si l’on se rapporte à l’objectif global de 2020 (2,2 millions de nouvelles utilisatrices à recruter), les 9 pays du Po sont à 41 % du but à atteindre.
D’ailleurs, Mme Sy a estimé que ce que ces pays francophones de l’Afrique de l’Ouest ont réussi en 6 ans (2011-2017) est comparable aux résultats qui ont été enregistrés dans les mêmes Etats entre 1990 et 2011, soit 21 ans. « Les progrès enregistrés sont considérables puisque les pays ont quasiment doublé leur taux de prévalence contraceptive (…) », a-t-elle relevé.
Cependant, la directrice de l’Upco a attiré l’attention sur le fait que ces données cachent bien des disparités. En effet, en 2017, seuls trois pays (Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Bénin) ont dépassé les objectifs qui leur étaient assignés. Alors que deux pays (Mauritanie et Togo) n’en sont pas loin, les 4 autres (Guinée, Mali, Niger et Sénégal) sont dans une situation de ralentissement.
Pourtant un pays comme le Sénégal a été leader pendant la première phase de mise en œuvre du Po. Il a même focalisé toutes les attentions, reçu des récompenses pour avoir réussi des performances exceptionnelles avec des gains de 4 points par an pendant deux années consécutives.