Paris (France), 7 mars (APS) – La ferme mise en place à Loumpoul (Louga) par la société sénégalo-indienne "Sénéindia" s’est engagée à produire 80.000 tonnes de pommes de terre par an sur la superficie de 1000 hectares qui lui est affectée, a indiqué le maire de la commune de Diokoul, Cheikh Sadibou Diack.
L’édile de Diokoul, commune qui englobe le village de Loumpoul, s’entretenait récemment à Paris (France) avec l’APS, en marge du 54-e Salon international de l’agriculture de Paris (SIA, 25 février-5 mars). Il a précisé que les partenaires indiens ont pris l’engagement de produire 80 tonnes de pommes de terre à l’hectare.
"Ils (les Indiens) ont commencé par payer des compenses aux ayant-droits traditionnels des terres, remettant 250.000 francs CFA pour chaque hectare, soit une somme globale de 250 millions de francs CFA", a informé Cheikh Sadibou Diack.
Les quatre villages (Diokoul, Gad Kébé, Badar Bouya et Mérida) seront tous électrifiés et auront gratuitement accès à l’eau, a dit le maire, soulignant que 2500 jeunes sénégalais vont travailler dans la ferme, avec chacun un salaire de base de 75.000 fancs CFA.
"Les 3000 emplois saisonniers qui seront créés, permettront aux femmes de gagner 3500 francs CFA en travaillant de 9h à 13h pendant 8 mois sur 12", a fait remarquer le maire de Diokoul.
La mairie a affecté 1000 ha à des Indiens et 2000 aux populations, afin de leur permettre de cultiver des céréales qui seront achetées par la société Sénéindia, a expliqué M. Diack. Ce dernier envisage de bâtir à Diokoul "le plus grand marché de légumes en Afrique et le plus grand parking de gros porteurs".
Les gros porteurs, qui amèneront la production partout dans la sous-région, payeront une taxe communale de 25.00 francs CFA tous les trois mois et cela permettra à Diokoul d’avoir à elle seule le quadruple du budget des 52 communes de la région de Louga réunies, a soutenu Cheikh Sadibou Diack.
Le maire de Diokoul était à la recherche d’une unité complète de fabrication de frites surgelées à Paris. Il a signalé qu’un forage en construction a nécessité le recrutement de 50 personnes et cela dans le souci de maîtriser l’eau pour la réussite du projet.
La secrétaire générale de la Fifa, la Sénégalaise Fatma Samoura, a assuré mardi de sa neutralité avant l'élection à la présidence de la Confédération africaine (CAF), durant laquelle le Malgache Ahmad tentera de déloger le Camerounais Issa Hayatou.
Ahmad Ahmad, président de la Fédération malgache et membre de la commission exécutive de la Confédération africaine de football (CAF), sera le seul candidat face au Camerounais Issa Hayatou, en poste depuis 1988 et qui brigue un 8e mandat lors du scrutin prévu le 16 mars à Addis-Abeba.
"Moi, je suis neutre", a assuré Mme Samoura, dans un entretien à l'AFP.
Devenue en mai dernier la première femme à occuper le poste de secrétaire générale de la Fifa, Mme Samoura, ex-diplomate aux Nations Unies, a été en poste dans plusieurs pays africains, dont Madagascar.
"Je veux juste que celui qui représente l'avenir du foot africain soit élu avec un programme solide, qui pourra permettre vraiment à ce continent de non seulement continuer à être un réservoir de talents, mais que ces talents puissent rester en Afrique et puissent faire du football africain celui dont tout le monde rêve", a-t-elle ajouté.
Ahmad Ahmad, 54 ans, contre 70 ans pour Issa Hayatou, souhaite apporter de "nombreux changements" au football africain en cas d'élection.
"Ce n'était pas mon ambition de devenir président de la CAF mais des collègues comme le président Amaju Pinnick, de la Fédération nigériane de football, m'y ont encouragé après le congrès de la FIFA à Mexico l'an dernier", a déclaré jeudi M. Ahmad, lors d'un déplacement au Nigeria.
Le président de la Fifa, Gianni Infantino, s'est rendu récemment en Afrique australe, notamment au Zimbabwe, membre de la Cosafa (Conseil des associations de football en Afrique australe), qui a apporté officiellement son soutien à M. Ahmad.
Fatma Samoura, première femme secrétaire générale de la Fifa: "Le plafond de verre tombe"
Nommée en mai dernier, la Sénégalaise Fatma Samoura, première femme N.2 de la Fifa, estime mardi dans un entretien à l'AFP qu'en tant que femme, musulmane et africaine, dans un univers très masculin et peu prompt "à bousculer les traditions", elle a fait tomber "le plafond de verre".
Pour l'ex-diplomate aux Nations Unies, le football féminin, jusqu'alors le "parent pauvre" de ce sport prend "un essor irréversible", souligne-t-elle, à la veille de la 40e journée internationale des droits des femmes.
Question: Première femme secrétaire générale de la Fifa, vous venez d'un monde extérieur au football. Avez-vous l'impression d'avoir fait tomber des barrières ?
Réponse: "Bien entendu. La Fifa existe depuis 1904 et c'est donc 112 ans après sa création qu'une femme non européenne, musulmane, occupe cette fonction. Effectivement, c'est un petit peu le plafond de verre qui tombe. Pour moi, c'est aussi une opportunité de montrer au reste du monde que le football est en train de s'ouvrir et que la diversité est quelque chose qu'on peut appliquer au niveau du football, y compris dans son instance la plus élevée".
Q : Le football est un monde très masculin. Rencontrez-vous des obstacles au quotidien en tant que femme ?
R: "Je rencontre des obstacles mais pas parce que je suis une femme, plutôt parce que c'était un monde fermé, où les gens n'avaient pas l'habitude de bousculer les traditions. Mais au niveau de l'accueil lui même, je n'ai pas trouvé que je n'étais pas à ma place. Les gens me parlent avec beaucoup de respect et de considération, ils connaissent mon passé aux Nations Unies. Il y a aussi beaucoup de thèmes dans le football qui me sont très familiers, puisque parler de diversité, d'inclusion, de la défense des droits de l'Homme, c'est quelque chose que je faisais au quotidien et des thèmes sur lesquels j'ai travaillé pendant 20 ans. Effectivement, il y a encore beaucoup de stéréotypes dans le monde du foot, comme parfois dans la politique. On a besoin de beaucoup plus d'exemples comme le mien, j'espère que mon passage à la Fifa va en inspirer d'autres pour avoir beaucoup plus de femmes dans les instances du sport".
Q: Le programme électoral de Gianni Infantino, élu président de la Fifa en février 2016, faisait une grande place au développement du foot féminin. Dans les faits, ne serait-ce que dans le recrutement à la Fifa, que s'est-il passé, à part votre arrivée ?
R: "Je me suis prononcée pour l'égalité des chances dans le recrutement et la promotion des candidates féminines. Aujourd'hui, au niveau des postes juniors et des cadres de la Fifa, nous avons plus de femmes que d'hommes (61%) mais lorsque nous montons dans la hiérarchie au niveau des cadres supérieurs, nous sommes à 42% de femmes. L'idéal serait qu'au terme du magistère de M. Infantino en 2019, on ait 50% de femmes qui occupent des postes de responsabilité. Nous avons créé une division dédiée à 100% au foot féminin, nous avons aussi une femme à la tête de la division chargée des relations avec les fédérations (la Britannique Joyce Cooke, ndlr) et au niveau du Conseil de la Fifa, nous sommes trois femmes, alors qu'il y en avait zéro encore récemment. Cela montre que le président Infantino n'a pas tenu seulement des promesses électorales, mais qu'il croit aussi dans la possibilité de changer la société à travers une plus grande implication des femmes dans la gestion de l'instance qu'il dirige".
Q: Le versement des aides aux fédérations est même soumis à des critères liés au développement du foot féminin ?
R: "Il y a dix critères pour pouvoir bénéficier des aides dans le cadre du programme "forward", sur lequel le président Infantino a été élu. L'aide versée aux fédérations est passée de 400.000 dollars (378.000 euros) par an à 1,250 M usd (1,181 million d'euros). Pour que les Fédérations puissent accéder à ces fonds, elles doivent avoir une division qui fait la promotion du foot féminin. C'est un impératif pour les 211 fédérations membres. Notre objectif, c'est d'avoir 60 millions de femmes dument enregistrées et qui jouent au foot d'ici 2026, il nous reste moins de dix ans. C'est seulement à travers les fédérations membres que nous atteindrons cet objectif".
- "Il faut que les moyens suivent" -
Q: Les coupes du monde féminines sont un succès, mais au-delà des Mondiaux, le soufflet retombe parfois car dans beaucoup de pays il n'y a pas de championnats féminins...
R: "D'où l'idée de continuer à beaucoup investir dans le foot pour les équipes de moins de 15, 17 et 20 ans et de continuer à soutenir les confédérations pour les tournois dans leur région. Je n'ai pas eu la chance d'assister à la dernière Coupe d'Afrique des nations féminines (en novembre-décembre 2016 au Cameroun, ndlr), mais cela a été quelque chose d'extraordinaire. Normalement en Afrique, quand les femmes jouent, à part pour une finale, il n'y a même pas 2.000 supporteurs qui viennent. Là, à chaque match, on avait un minium de 13.000 personnes. Cela montre que le football féminin, qui était le parent pauvre du foot, est en train de prendre une autre dimension et son essor est à mon avis irréversible. L'essentiel est maintenant d'investir sur la visibilité et d'attirer des sponsors pour en faire un sport financièrement autonome. Aujourd'hui, c'est la Coupe du monde des hommes qui finance tous les autres tournois, et c'est inacceptable qu'au 21e siècle, avec 50% de la population composée de femmes, on soit entièrement dépendant d'un seul tournoi pour pouvoir financer les activités féminines".
Q: Vous dites en somme que la femme est l'avenir du foot, est-ce juste un slogan ou y croyez-vous vraiment ?
R: "J'y crois dur comme fer, quand je vois le niveau d’enthousiasme suscité par la Coupe du monde féminine (au Canada en 2015, ndlr) et l'engouement dans la préparation au jour le jour de la Coupe du monde en France en 2019, qui se passera notamment dans la ville où j'ai étudié, à Lyon, je dis bravo, maintenant il faut juste que les moyens suivent".
L'internationale américaine de football (soccer) Megan Rapinoe s'est engagée a respecter dorénavant le nouveau réglement de la Fédération obligeant les joueurs à se tenir debout pendant l'hymne américain.
Celui-ci a été boycotté en 2016 par de nombreux sportifs souhaitant protester ainsi contre des bavures policières visant la communauté noire.
Il y a six mois, Megan Rapinoe avait posé un genou à terre pendant l'hymne joué en ouverture du match amical entre son équipe et la Thaïlande (9-0) à Columbus (Ohio). Elle avait déjà fait ce geste lors d'un match de son club, Chicago, le 4 septembre dernier.
La Fédération (USSF) avait critiqué l'attitude de Rapinoe, l'une de ses joueuses les plus expérimentées, sacrée championne olympique en 2012 et championne du monde en 2015.
"C'est un honneur de représenter les Etats-Unis et tout ce que cela implique en portant les couleurs américaines dans ce sport que j'adore", a-t-elle dit dans un communiqué transmis lundi à l'AFP.
"Toutes les personnes représentant la Fédération américaine lors d'un match, doivent être debout et écouter respectueusement l'hymne américain", selon un texte diffusé samedi peu avant le coup d'envoi opposant l'équipe féminine des Etats-Unis à l'Angleterre dans le cadre de la SheBelieves Cup, un tournoi amical.
"Je respecterai ce nouveau règlement", a-t-elle ajouté. Je crois que nous devrions toujours utiliser notre voix pour lutter pour l'égalité", a-t-elle affirmé.
Rapinoe avait voulu apporter son soutien à Colin Kaepernick, quarterback des San Francisco 49ers, au coeur d'une polémique nationale pour avoir refusé de se lever pendant l'hymne américain, avant les matches de la Ligue nationale de football américain (NFL).
Son boycott, pour protester contre l’oppression dont sont victimes selon lui les Noirs aux Etats-Unis, a fait tache d'huile au sein de la NFL et dans tous les niveaux du football américain, dans les Championnats lycéens et universitaires notamment.
Le mouvement a depuis perdu de sa vigueur et Kaepernick a indiqué qu'il devrait cesser son boycott lorsque la saison de la Ligue nationale de football américain (NFL) reprendra en septembre prochain.
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ELLES SONT TOUTES… DES LEADERS !
Elles sont des Sénégalaises de la Diaspora (ou de retour) et d'autres qui ont fait leur cursus ici-même et elles nous ont enchantées
J'ai failli titrer "elles sont toutes… belles", du nom de l'émission beauté de la 2STV. Même si c'est l'évidence (vous n'avez qu'à parcourir le magazine !), nous nous sommes plutôt intéressés à vous raconter les parcours des unes et des autres, de ces femmes leaders qui forcent l'admiration. Elles sont entrepreneurs, managers de haut niveau, des battantes hors pair qui excellent au Sénégal, dans la zone UEMOA et en Afrique, voir dans le monde entier…
Elles se nomment Hassatou Diop N'Selé (Trésorier de la BAD), Fatma Diouf Samoura (Secrétaire Général de la FIFA), Marieme Jamme qui implémente lesTIC à tout-va, en Afrique et de par le monde, à partir de sa base de Londres… Elles sont des Sénégalaises de la Diaspora (ou de retour) et d'autres qui ont fait leur cursus ici-même et elles nous ont enchantées. Parce qu'elles dégagent un potentiel de leadership extraordinaire, une force de conviction époustouflante, des réalisations qui parlent d'elles-mêmes…
C'est pourquoi REUSSIR a sacrifié à la tradition. Celle du 08 Mars ou Journée Internationale de la Femme qui veut qu'on célèbre toute la gente féminine. Celles qui se battent au quotidien, ici et ailleurs, pour faire bouillir la marmite, décemment. Qui s'occupent de leurs enfants et mari, dignement. Espérant un futur qui chante pour elles-mêmes et toute leur famille…
Dans cette édition, REUSSIR a bien cassé la baraque. Pas moins de 28 femmes leaders (!) qui ont accepté de partager avec nous, leurs sœurs et autres acteurs de la société, qui souhaitent s'inspirer de "héros positifs", de modèles d'intégrité et d'abnégation, à qui elles veulent ressembler, parce qu'ayant réussi là où elles (et eux) se cherchent encore. Pour espérer voir le bout du tunnel et s'en sortir…
A ces grandes dames, REUSSIR a posé des questions relatives à leur conception du leadership et aux challenges qui vont avec, aux pesanteurs socioculturelles, à leur engagement pour la cause de leurs cadettes, cadres en Entreprise, en termes de mentorat ou de coaching, vu les contraintes liées au statut matrimonial (ou la maternité) et leurs ambitions de faire carrière, notamment au niveau du Staff (postes de direction).Voire même au sein des Conseils d'administration…
Pour les femmes Entrepreneurs, les défis se posent autrement en termes d'accès aux financements et aux marchés, notamment de la commande publique, aux possibilités de partenariats nationaux et internationaux, aux réseaux de solidarité féminine qui dépasseraient le cadre restreint des fameuses tontines. D'ailleurs, des femmes leaders ont mis en place un fonds d'investissement typiquement féminin, Women's Investment Club (WIC), pour accompagner des porteuses de projets à fort potentiel et à haute valeur ajoutée. D'abord au Sénégal, puis dans la sous- région…
REUSSIR a également rencontré Mme Diana Ofwona, Représentant-résident de ONU Femmes pour un plaidoyer autour des questions liées à l'autonomisation des femmes, l'égalité des sexes, notamment l'accès aux instances de décisions, pour davantage de parité au niveau politique et dans le monde du travail… Et le rôle des hommes est capital dans ce processus de transformation structurelle de la Société et pour l'atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD) au niveau mondial.
Enfin, dans l'actualité, REUSSIR rend compte des Assises de l'Entreprise du CNP, le rachat de Tigo Sénégal par Wari et de Elton/ Senbus par Sagam. Ainsi, Kabirou Mbodje et Abderrahmane Ndiaye viennent de donner une sacrée leçon d'audace entrepreneuriale et de patriotisme économique à tous leurs pairs. Soit une autre mutation en cours du capitalisme à la sénégalaise…
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Mariage ou ballon rond: des Algériennes face à un dilemme
"A sept ans, en sortant de l'école, je balançais mon cartable et j'allais jouer au foot avec les garçons du quartier", se remémore Fathia. Vingt ans plus tard, la jeune femme n'a pas renoncé aux crampons et joue milieu de terrain.
Sur la pelouse du stade de Relizane, à l'ouest d'Alger, elle se démarque avant de faire une passe décisive. Fathia, qui est aussi membre de l'équipe nationale, s'entraîne avec ses 14 camarades sous le regard exigeant de leur entraîneur, Sid Ahmed Mouaz.
En 1997, alors que la guerre civile faisait rage dans le pays, M. Mouaz, quelques passionnés de foot et des pionnières ont lancé l'équipe féminine +Afak Relizane+, l'une des premières en Algérie - qui en compte une dizaine aujourd'hui.
A l'époque, les islamistes armés interdisaient tout sport féminin, malgré une instruction ministérielle appelant au contraire à encourager l'activité sportive des filles.
Relizane est sortie de l'anonymat en 1997 avec le pire massacre de la "décennie noire", plus de 1.000 morts. "Les terroristes m'avaient envoyé une lettre pour exiger l'arrêt du foot féminin," confie l'entraîneur qui leur a tenu tête.
"Des filles se sont fait insulter, cracher dessus à la sortie du stade (...) Pour certains esprits rétrogrades encore aujourd'hui, une fille de bonne famille ne joue pas au foot", déplore-t-il.
"Rentre chez toi faire la cuisine" ou encore "trouve-toi un mari" sont des phrases que la plupart des filles ont entendu un jour.
Issues majoritairement de milieux modestes, les joueuses ont réussi à convaincre leurs proches d’accepter leur passion, en dépit des préjugés et d'une reconnaissance financière quasi inexistante.
Dans le stade, elles ont leur "pavillon": un dortoir, quelques armoires, une télévision et une chaine hifi. Après les entraînements, grâce au wifi, elles discutent avec le monde extérieur via Facebook, l'oreille scotchée à leur smartphone.
Le club, qui ne les rémunère pas, les encourage à continuer une formation ou leur trouve un travail qui leur permette de vivre.
- Arrêter le ballon -
A Relizane, une ville populaire de près d'un million d'habitants, nichée au coeur d'une région agropastorale, quasiment toutes les femmes sont voilées.
"Je suis fière de ma fille mais je serais plus tranquille si elle arrêtait le ballon, se mariait et se voilait comme les autres femmes de la région", lâche Fatma, la mère de Fathia.
Cette veuve et mère de six enfants n'a qu'une angoisse: mourir avant que sa fille ne trouve un mari.
Chaque fois qu'elles sont "approchées" par un garçon, c'est le même refrain, regrettent les joueuses: "le ballon ou le mariage".
Les filles se voient contraintes de choisir entre le mariage, synonyme d'une fin de carrière dans le football, et le célibat pour vivre leur passion.
Mouna, attaquante, laissera tomber le ballon rond en mars après son mariage.
"S'il y avait des motivations, elles continueraient à jouer même après le mariage", veut croire leur entraîneur. Mais aucun sponsor ne s'intéresse à l'équipe des filles, et les caisses sont souvent vides, dans un pays où le foot féminin reste amateur.
Le budget annuel accordé par la préfecture au club de Relizane est de 3,2 millions de dinars (27.000 euros) et une victoire en Coupe d’Algérie rapporte au club 1,5 million de dinars (12.800 euros). Quant au championnat, il ne vaut à l'équipe lauréate qu'un trophée.
- 12 euros par victoire -
Pourtant le club de Relizane a dominé ces dernières années toutes les compétitions nationales face aux équipes de grandes villes, comme celle d'Alger centre, en remportant depuis 2009 six coupes et sept championnats d'Algérie, en plus de deux coupes maghrébines.
Une fierté pour la ville, admettent certains habitants. Mais quand les filles jouent à domicile, peu de Relizanis se déplacent pour les soutenir.
"On ne finance pas une équipe de foot féminine à Relizane", déplorent plusieurs joueuses déçues de bénéficier de si peu de considération alors qu'elles excellent dans leur domaine. Six d'entre elles jouent en équipe nationale.
Sur le parking du stade, le contraste est saisissant entre le luxueux bus des hommes, aux couleurs des sponsors, et le mini-bus sans fard des joueuses.
Quand elles remportent un match, elles reçoivent 1.500 dinars (12 euros), "une misère" selon M. Mouaz.
Pour leur dernière victoire, le wali (préfet) a reçu les filles pour "les honorer". Alors qu'elles espéraient un petit geste financier, elles se sont vu offrir un sac de sport et un survêtement.
"Tout a été fait pour casser cette équipe mais l'amour du foot est plus fort que les esprits rétrogrades", résume l'un des fondateurs d'Afak Relizane.
LE BONHEUR POUR "FÉLICITÉ" ET LE RÉALISATEUR ALAIN GOMIS AU FESPACO
Romaric Ollo Hien, Patrick Fort |
Publication 04/03/2017
Après un Ours d'argent à Berlin il y a deux semaines, l'Etalon d'or samedi au Fespaco: "Félicité", du Sénégalais Alain Gomis, récit de la vie difficile d'une chanteuse de bar de Kinshasa collectionne les récompenses du cinéma mondial.
"C'est un grand honneur de recevoir ce trophée pour la deuxième fois", a déclaré Alain Gomis qui avait déjà reçu la récompense suprême du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou avec "Tey" en 2013.
Il est le deuxième réalisateur à recevoir pour la seconde fois l'Etalon d'or au grand rendez-vous du cinéma africain, après le Malien Souleymane Cissé ("Baara" en 1979 et "Finyé" en 1983).
Le film anticolonialiste béninois "Un orage africain" de Sylvestre Amoussou, qui met en scène un président africain face aux multinationales occidentales cyniques qui tentent vainement de le déstabiliser après des nationalisations, a reçu l'Etalon d'argent. Les spectateurs présents au palais des sports ont bruyamment acclamé cette récompense. Le film avait remporté un immense succès lors de ses projections pendant le festival.
L'Etalon de bronze est revenu au film marocain "A mile in my shoes" de Saïd Khallaf, qui filme la vie sordide d'un enfant d'un quartier populaire de Casablanca, victime de toutes sortes d'abus.
Le prix d'interprétation masculine a été attribué au Français Ibrahim Koma pour son rôle dans le très réussi thriller malien "Wulu", qui ne figure pas, à la surprise générale, dans le trio de films récompensés.
Alain Gomis a appelé les "jeunes réalisateurs à se battre".
- 'Indépendance' -
"Le cinéma est en danger. On parle de moins en moins de culture et de plus en plus de commerce", a ajouté le réalisateur sénégalais. "L'arrivée des grands opérateurs nous aide, mais il est aussi un danger. Il faut lutter pour notre indépendance".
Le réalisateur de cette "ode à la femme africaine et à la femme en général", a rendu hommage à son actrice principale, Véronique Mbeya Mputu, dont c'était le premier rôle, et qui porte un film particulièrement léché avec des interludes oniriques ou des images de l'orchestre symphonique de Kinshasa "pour permettre au spectateur de souffler et prendre du recul".
Alain Gomis a aussi rappelé à des journalistes que le film était "un travail sur le long terme. Cela a été difficile". "Il a fallu s'adapter aux conditions" à Kinshasa, la mégalopole africaine", avait-il raconté pendant le Fespaco.
Il a reçu son prix des mains des présidents burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et ivoirien Alassane Ouattara, dont le pays était l'invité d'honneur du festival.
"Il faut travailler à faire émerger une industrie cinématographique en Afrique. C'est un défi et nous allons nous attacher à travailler pour que cela soit une réalité", a déclaré M. Kaboré, alors que les salles de cinéma disparaissent du continent.
"Le Fespaco est un événement essentiel pour le monde de la culture, pour les Africains, pour la diaspora, pour le monde entier et cette 25e édition montre à quel point le Fespaco est un succès burkinabè, ouest-africain, continental et même mondial", a déclaré à son arrivée à Ouagadougou M. Ouattara, dont la visite scelle aussi la réconciliation entre les deux pays voisins, en froid après la chute du président burkinabè Blaise Compaoré fin octobre 2014.
Les relations entre les deux pays, fortement imbriqués sur les plans politique, économique et démographique (trois millions de Burkinabè vivent en Côte d'Ivoire) ont été tendues ces dernières années avant un réchauffement fin 2016.
L'ancien président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par la rue fin octobre 2014 et jadis un des principaux soutiens d'Alassane Ouattara, a trouvé refuge en Côte d'Ivoire où il vit en exil. Naturalisé ivoirien depuis, M. Compaoré fait l'objet d'un mandat d'arrêt lancé par la justice burkinabè.
LA PLUS JEUNE FLEUR DU CINÉMA SÉNÉGALAIS
Adama Binta Sow, réalisatrice de Aveuglé par une aveugle
A 23 ans, elle représente déjà le Sénégal au plus grand rendez-vous du 7e art panafricain, le Fespaco. Adama Binta Sow, c'est son nom, a été la grande oubliée lors de la campagne sur les réalisateurs sénégalais en compétition. Mais son étoile brille si bien qu'elle est parvenue à montrer son premier court-métrage, Aveuglé par une aveugle, dans la section Junior. Zoom sur un jeune talent.
Adama Binta Sow, jeune réalisatrice. C'est la première fois qu'elle foule le sol du Burkina Faso, la terre du cinéma panafricain. Son film Aveuglé par une aveugle a, en effet, été sélectionné au Fespaco 2017 dans la section Espace Junior. Durant toute la période de communication sur les réalisateurs sénégalais retenus pour "compétir" pour cette 25e édition, jamais son nom n'a été évoqué. Ni par la direction de la Cinématographie ni par le Fespaco.
Pourtant, elle a été bien sélectionnée et pour rectifier le tir, Hugues Diaz, le directeur de la Cinématographie, a fait un zoom sur elle, lors d'un point de presse tenu à Ouagadoudou. Mais pour quelle raison, la jeune femme de 23 ans n'a pas été informée plus tôt de sa sélection ?
"C'était trop bizarre. Je ne comprends pas que je sois sélectionnée et que je ne l'ai su que beaucoup plus tard. Je ne l'ai su que le 9 février dernier. Alors que les autres réalisateurs sélectionnés l'ont su plus tôt, notamment au mois de janvier et on leur a fait des affiches, tout en les associant à toutes les initiatives de préparation du Fespaco. Ils étaient intégrés à tous les niveaux", explique Adama Binta Sow.
La jeune réalisatrice, qui dit ne pas savoir si c'est la direction de la Cinématographie du Sénégal qui a manqué d'attention ou si c'est le Fespaco qui n'a pas bien communiqué sur tous les sélectionnés, préfère ne "blâmer personne". Le plus important pour la plus jeune de tous les cinéastes et réalisateurs du Sénégal, c'est qu'elle soit au Fespaco, pour montrer son premier chef d'œuvre qui a déjà retenu l'attention de ses pairs.
Son premier court-métrage (24 mn) intitulé Aveuglé par un aveugle a été réalisé en 2015. Et c'est avec cette œuvre qu'elle marque son territoire dans la sélection Junior. Le film raconte l'histoire d'un jeune photographe qui tient à émerger dans son domaine et qui, un jour, en marchant dans la rue, rencontre une belle jeune fille. Mais cette jeune fille est aveugle. Le jeune homme a donc voulu faire d'elle son sujet de photographie. Plus tard, une relation naîtra à la suite de leur rencontre et le photographe sera finalement "aveuglé par une aveugle".
C'est en 2009 que Adama Binta Sow a commencé à écrire pour le cinéma. A l'époque, elle le faisait juste pour le plaisir d'écrire. Plus tard en 2013, elle décida de faire une formation avec M. Boye de Ciné Ucad. "C'est là que j'ai été initiée à certaines notions techniques de réalisation", se souvient la jeune femme qui indique que qu'à la fin de cette formation, un film collectif titré : A la mémoire de Sina avait été réalisé par sa promotion. Ce fut le déclic pour se lancer. Elle réalisa ce premier court-métrage qui lui trace une voie vers le Fespaco 2015.
La jeune étoile du cinéma sénégalais ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. "Je travaille actuellement sur un autre projet de film pour lequel je cherche un financement. Mais je travaille également sur une série Tv", renseigne-t-elle.
Femmes agents de footballeurs, le supplément dames
"Les portes sont fermées, parfois à double tour". Sonia Souid s'est fait un nom et une place chez les agents de footballeurs, mais les femmes sont moins d'une quinzaine, sur les 400 représentants recensés en France, et la situation reste difficile dans un milieu réputé machiste et conservateur.
"Il a fallu du temps pour en arriver là. C'est un milieu très concurrentiel", expose cette jeune femme de 31 ans, très médiatisée en raison de son parcours entre titre de miss Auvergne en 2003, immobilier, avant d'arriver au foot.
Agent depuis sept ans, elle vit désormais tout à fait correctement de son métier "sans faire partie de la dizaine d'agents multimillionnaires" qui entourent les stars du ballon rond, sourit-elle.
Elle a notamment accompagné Rachid Ghezzal à Lyon, suit l'une des vedettes de l'équipe de France Amandine Henry, ou emmené l'entraîneur Guy Lacombe prendre les rênes d'un club de Dubaï.
Dans le foot, "ça continue à être difficile pour les femmes, mais les choses bougent un peu", explique-t-elle à l'AFP. "Corinne Diacre a beaucoup fait en étant la première femme à entraîner un club de Ligue 2 (Clermont). Il y a aussi la première arbitre Stéphanie Frappart. Et quelques noms chez les agents. J'ai récemment rencontré une agente en Turquie. Et une autre qui s'occupe de Fernando Torres en Espagne. Ça fait du bien".
- "remarques macho" -
Les femmes sont encore très peu nombreuses parmi les centaines de candidats qui vont tenter d'obtenir la licence d'agents sportifs fin mars. A Neuilly, à l'EAJF, l'une des écoles privées qui préparent à cet examen réputé difficile, il n'y en a que deux, Hermina Siassia et Mélodie Reboul, 24 et 27 ans.
Toutes deux ont grandi dans un milieu de passionnés de foot, surtout des hommes, et ont eu droit parfois à des commentaires "un peu désobligeants", reconnaissent-elles. Mais elles se disent prêtes à en découdre.
"Les remarques macho, j'en ai entendues", raconte ainsi Hermina Siassia. "Ce qui m'inquiète plus, ce n'est pas forcément ça, c'est le fait de ne pas être prise au sérieux. On est obligé d'être plus pro, on a moins le droit à l'erreur" que les garçons.
"J'aimerais bien que ça change et qu'il y ait beaucoup plus de femmes", abonde sa camarade. Mais comme on est peu nombreuses cela peut aussi être un atout", nuance-t-elle. "Forcément, on se fait tout de suite plus remarquer. On s'intéresse à nous plus facilement".
- "être plus maligne" -
Quand l'école a ouvert ses portes en 2009, il n'y avait tout simplement aucune candidate féminine, se souvient le directeur Sidney Broutinovski. "Les premières sont arrivées à partir de 2013. C'est là qu'elles ont commencé à se dire +ce n'est pas un métier qui m'est interdit+".
"C'est un milieu très conservateur, masculin et majoritairement blanc", confirme l'universitaire Stanislas Frenkiel, auteur d'"Une histoire des agents sportifs en France". "Il y a souvent un mélange des genres: des liens familiaux qui facilitent la conquête de la profession et des positions dominantes, avec beaucoup de +fils de+ comme Stéphane Courbis", le fils de Rolland Courbis, l'ancien entraîneur de Marseille.
Pour trouver sa place, "il faut essayer d'être un peu plus maligne que les autres, aller vers des marchés nouveaux et moins concurrentiels", recommande Sonia Souid.
C'est ce qu'elle a fait pour se lancer dans la profession en partant un an aux Emirats arabes unis, où son père exerçait comme préparateur physique. "Il n'y avait pas grand monde pour faire le pont entre les pays du Golfe et l'Europe. Et j'ai signé le premier joueur émirati dans un club de Ligue 1, Hamdan Al-Kamali à Lyon (pour un prêt en 2012). Ça m'a fait connaître aux Emirats", explique la jeune femme.
"Dans dix ans, le monde des agents aura changé, espère-t-elle. C'est comme pour les autres métiers. Il y a cent ans, une femme médecin ça paraissait inimaginable, aujourd'hui c'est courant".
D’après le rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants, un consommateur de drogue sur trois est une femme.
Le tiers des consommateurs de drogue constitue des femmes. C’est l’une des conclusions du rapport 2016 de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (Oics) présenté hier par le directeur régional de l’Onudc en Afrique de l’Ouest et du Centre, Pierre Lapaque. D’après lui, cet usage étant plus répandu parmi les femmes des pays à revenu élevé. Une situation peu reluisante exacerbée par le manque de traitement chez les femmes droguées.
«1/5 seulement des personnes traitées sont des femmes, car elles se heurtent à d’importants obstacles systémiques, structurels, culturels et personnels lorsqu’elles veulent accéder à un traitement pour toxicomanie. Par rapport aux hommes, les femmes ont beaucoup plus de probabilité de se faire prescrire des narcotiques et anxiolytiques et donc de faire abus de ces médicaments», relève l’Oics. En revanche, le rapport souligne l’importance des programmes de prévention ciblant spécialement les détenues, les femmes enceintes, les personnes vivant avec le Vih/Sida et les travailleuses du sexe.
L’Afrique, région de transit de drogue
Egalement, l’Oics demande aux États de recueillir et de communiquer les données pour «permettre de mieux comprendre les besoins spécifiques des femmes toxicomanes afin d’améliorer la prévention, le traitement et la réadaptation». Par ailleurs, l’Afrique continue d’être une plaque tournante du trafic.
D’après le rapport, le continent noir reste l’une des principales régions de transit du trafic de drogue et «devient aussi progressivement un marché de consommation et de destination pour tous les types de drogue». «L’herbe de cannabis est produite illicitement sur tout le continent, tandis que la production illicite de résine de cannabis se concentre dans un nombre restreint de pays d’Afrique du Nord», souligne l’Oics. Sans surprise, le cannabis reste la drogue la plus consommée en Afrique et celle pour laquelle la demande de traitement est la plus élevée, la prévalence annuelle de l’usage de cannabis étant estimée à 7,6% (soit le double de la moyenne mondiale de 3,8%).
Concernant les autres types de drogue, le rapport note un «abus d’héroïne» dans certains pays de la région, principalement en Afrique de l’Est. «De plus en plus d’Africains sont impliqués, particulièrement dans le trafic d’héroïne le long de la route du Sud qui passe soit par la République islamique d’Iran soit par le Pakistan et traverse l’océan Indien, et qui est de plus en plus utilisée pour le trafic d’opiacés en provenance d’Afghanistan», relève-t-on.
En outre, l’Afrique de l’Ouest a été de plus en plus touchée par des opérations criminelles qui concernent non seulement le trafic de la cocaïne d’Amérique du Sud vers l’Europe, mais aussi la distribution pour consommation sur place et la fabrication illicite de drogues synthétiques principalement destinées aux marchés asiatiques. «11 % des consommateurs d’opiacés dans le monde vivent en Afrique et plus de la moitié de ceux-ci en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Les opiacés afghans font l’objet d’un trafic croissant vers l’Afrique de l’Est et de l’Ouest, que ce soit pour y être consommés ou pour être expédiés vers d’autres pays», illustre l’Oics.