Elles ont contribué pendant plus de 20 ans à écrire l’histoire de la mécanique automobile au Sénégal. Fatou Sylla et Fatou Kamara Diagne ne partagent pas qu’un prénom. Bien plus, elles partagent un mode de vie, une passion et un destin : avoir réussi à inscrire leur nom dans la postérité dans ce qu’il convient d’appeler une chasse gardée des hommes, la mécanique automobile.
A Liberté 6 à l’intersection qui mène à Scat Urbam et le ministère de la Jeunesse, pendant que Fatou Kamara Diagne, penchée sur une Mercedes, assiste un apprenti qui éprouve des difficultés à résoudre un problème mécanique, Fatou Sylla est confinée à la salle d’accueil en train de s’occuper d’un bébé. C’est la scène qui rythme depuis un certain temps les journées des Fatou Fatou, précisément depuis que Fatou Kamara Diagne, surnommée Sédinté, a accouché d’un petit marmot en novembre dernier.
Elles commémorent cette année leur 21ème anniversaire dans un domaine considéré par beaucoup comme la «chasse gardée des hommes», la mécanique automobile. De quoi désarçonner le visiteur qui met pour la première fois les pieds dans le garage Fatou Fatou de réparation des Mercedes, car pour un garage, Fatou Fatou Mercedes est différent de ce qu’on a l’habitude de voir.
L’ordre y règne en maître. Dès le portail franchi, 2 pots de fleur ornent l’allée qui mène à la salle d’accueil. On aperçoit à droite des voitures en réparation et à gauche, celles qui vont être livrées.
Un rêve qui se concrétise
Les idées reçues voudraient que la réparation mécanique soit destinée aux hommes qui ont échoué à l’école. Mais pour les Fatou Fatou, cette logique n’engage que ceux qui y croient. Issue d’une famille aux revenus modestes, Sédinté a très tôt commencé à s’intéresser au bricolage.
D’ailleurs, elle est incapable de se rappeler le moment exact où elle s’est décidée à réaliser son rêve de devenir mécanicienne. C’est sur les conseils d’un parent qu’elle s’est initiée à la formation mécanique. C’était en 1995, Sédinté venait tout juste d’échouer à l’examen du Bfem.
La jeune fille va intégrer l’Ifc Thomas Sankara. A ce même moment, Fatou Sylla qui fréquentait le lycée technique Maurice Delafosse accompagnait son père dans ses chantiers à ses heures libres. Elle s’essayait à tous les métiers, de la maçonnerie à la peinture. Elle proposait son aide aux ouvriers. Plus tard, Fatou Sylla gèrera les chantiers de son père.
Cela n’a pas eu d’impact sur ses études. Bien au contraire, elle excelle dans les matières scientifiques au point de taper à l’œil d’un de ses professeurs. Ce dernier lui conseille de faire de la mécanique. L’idée au départ paressait utopique, mais avec le temps, elle décide de suivre le conseil de son professeur. Elle intègre l’Ifc Thomas Sankara en 1995. A l’époque, les deux Fatou ne se connaissaient pas.
Trois ans plus tard, diplôme en poche, les 2 jeunes dames vont aller pratiquer leur métier au garage Cheikh Ndiarème Sarr. C’est là qu’elles sympathisent. Toutes deux étant fraîchement diplômées et stagiaires, elles n’ont pas de revenu mensuel. A l’heure du déjeuner, elles se trouvaient un havre de paix à l’ombre d’un arbre et croquaient des cacahuètes. Cette situation ne les dérange pas puisqu’elles sont décidées et motivées à mettre en pratique les théories absorbées à l’école.
En dehors des considérations de genre, les deux Fatou doivent très rapidement montrer qu’elles ont les mêmes aptitudes que leurs autres collègues. Le patron des lieux ne fait pas de distinction entre hommes et femmes. Les demoiselles doivent comme tout le monde se mettre à la tâche. Rien ne leur sera toléré. Au contraire, vu qu’elles ont reçu une formation académique, on attend d’elles un travail de professionnel.
Cependant, elles se heurtent à une difficulté. Elles n’ont pas le temps de bien pratiquer, car le chef d’équipe ne prenait pas le risque de leur confier de lourdes tâches sous prétexte que les voitures dont il avait la responsabilité coûtaient une fortune. Elles en ont souffert une bonne partie de leur stage. De cette souffrance partagée, elles se sont rapprochées et ont commencé à se découvrir. Elles tissent des liens. C’est le début d’une nouvelle amitié.
Les années défilent, elles accumulèrent de l’expérience. Mais il restait à s’habituer au regard «dérangeant» des gens qu’elles croisaient dans la rue. Au début, il fallait mettre les tenues de travail dans un sac et ne les porter qu’une fois au garage. Très vite, elles se rendent à l’évidence que fuir le regard parfois moqueur des gens n’est pas la bonne solution. Elles décident de les affronter.
Désormais, la tenue de travail serait leur identité. Elles la portaient dans les cars rapides, les lieux publics, etc. Cela n’a pas été de tout repos. Un jour, alors que les deux filles avaient quitté le garage tard, elles se rendent au marché pour les besoin de la Tabaski. De là, elles se trouvent en butte aux moqueries de vendeuses qui n’avaient jamais vu des femmes mécaniciennes.
Exaspérée par l’attitude de ces femmes, Sédinté décide de se retourner et d’en découdre avec les vendeuses. Il a fallu que Fatou Sylla l’en dissuade pour lui faire rebrousser chemin. «C’est demain qu’elles vont comprendre», la consolait sa camarade.
Blessée dans son amour propre, Sédinté avait songé à changer de métier pour ne serait-ce pouvoir avoir une vie comme toutes les autres femmes, car faut-il le souligner, les deux Fatou ne disaient rien à leur famille de ce qu’elles enduraient. «Il nous est arrivé plusieurs fois de marcher de la Vdn à Golf Sud parce qu’on n’avait pas assez d’argent pour payer le transport. Etant des femmes, nous ne pouvions pas demander de l’argent, sinon ça serait mal perçu», confie Fatou Sylla avec nostalgie, le sourire aux lèvres. En tout, elles ont passé sept bonnes années dans ce garage comme stagiaires.
La traversée du désert
Ainsi, l’expérience étant emmagasinée et le carnet d’adresses bien rempli, les deux Fatou décident de mettre à profit leurs talents et s’installer à leur propre compte. Elles veulent avoir leur propre garage avec peu de moyens, pour ne pas dire avec rien. Elles épargnent le peu d’argent qu’elles gagnent grâce à certains clients pour acheter des feuilles de zinc alors qu’elles n’avaient même pas de terrain. Elles trouveront finalement un espace libre à Yoff vers le Yengoulen. Elles y construisent un abri de fortune et commencent à recevoir des clients.
L’emplacement n’attirait pas beaucoup de clients et il fallait payer les ouvriers qui les aidaient, même s’il n’y avait pas de clients. «Il y avait des jours où on n’avait pas assez d’argent pour le transport. Dans ces moments, on mettait des tenues de sport et on faisait semblant de faire du sport. Et on donnait aux ouvriers le prix du billet de transport. Ces temps étaient vraiment durs» témoigne Sédinté qui soutient que ce n’est rien par rapport à ce qu’elles ont enduré par la suite.
Un jour, elles trouvent au garage des agents de la mairie de Yoff en train de détruire l’abri de fortune qui leur servait de garage. Fatou Sylla, qui d’habitude réconfortait Sédinté dans les moments difficiles, a été la première à vouloir jeter l’éponge.
«On a beaucoup pleuré ce jour-là. J’avais même décidé d’arrêter la mécanique et de voyager, car je ne pouvais pas comprendre qu’on démolisse nos ambitions. On ne faisait qu’essayer de s’en sortir. Je me suis dit qu’avec des débuts pareils, il ne servait à rien de continuer et c’était perdu d’avance», explique-t-elle, l’air jouissif, comme pour dire que si elles avaient jeté l’éponge, elles ne seraient pas devenues chefs d’entreprise aujourd’hui.
Après cette démolition, les deux mécaniciennes continuent à pratiquer, mais en «freelance». Elles vont trouver le client à son emplacement. En même temps, elles cherchent un site pour les héberger. La mairie de Dakar les autorise à s’implanter derrière le cimetière de Yoff.
Elles vont construire de leurs propres mains le nouveau garage, car n’ayant pas les moyens de s’attacher les services de professionnels. Mais à Yoff, elles se font «bizuter». Le peu d’outils dont elles disposaient disparaissait. Il faut noter que cet emplacement ne garantissait aucune
sécurité. Du garage, on pouvait assister en direct à un enterrement, car le mur qui séparait l’atelier du cimetière était très bas. Cela n’enchantait pas beaucoup les clients. Et il fallait s’adapter. Et pour combler ce «vide», elles ont installé une «salle d’accueil» où les clients, pendant que leurs voitures étaient en réparation, pouvaient tranquillement déguster un café. «Cela a permis de fidéliser un bon nombre de clients», note Sédinté, de qui est venue l’idée de mettre un plus de touche féminine à leur garage.
Même si à cette époque elles avaient une bonne clientèle, elles ne gagnaient pas encore assez d’argent pour subvenir à leurs besoins. L’emplacement était acquis, certains clients fidélisés, il restait toujours à faire du profit. En ce sens, elles ont vu leur cote de popularité grimper du jour au lendemain. «C’est la presse qui a contribué de manière significative à l’expansion de notre garage», relève Fatou Sylla avec une certaine ironie gourmande car, explique-t-elle, «depuis qu’on a commencé à nous donner le titre de premières femmes mécaniciennes au Sénégal, les clients ont commencé à venir. Ce n’était pas un rush, mais à cette période, c’était une aubaine pour nous».
Avec cette aura, le président de la République d’alors, Me Abdoulaye Wade, les reçoit au Palais. Il leur octroie un terrain sur les deux voies de Liberté 6, à l’intersection de Scat Urbam et du ministère de la Jeunesse. Maintenant qu’elles y ont construit un garage moderne, les Fatou Fatou ont pris des galons. Elles sont devenues des chefs d’entreprise et emploient des salariés.
Une gestion féminine dans un milieu masculin
Maintenant que la tempête est passée, elles s’apprêtent à boucler leur 21ème année de carrière. Entre-temps, elles se sont rendues en Europe pour se former à la mécanique électronique. Deux ans après ce voyage, le maire Racine Talla leur offre une valise de diagnostic électronique d’une valeur estimée à plusieurs millions. Elles ne passent leurs journées qu’au sein de bureau, sauf si les employés rencontrent des problèmes.
Les décisions concernant l’entreprise se prennent à deux. «Il arrive que l’une soit affectée à d’autres tâches hors du garage, et celle qui reste à l’atelier assure la gestion. Une fois au garage, on fait un compte rendu et on s’aligne sur la décision qui a été prise. On ne se prend pas la tête», assure Fatou Sylla qui a expliqué leur complicité par le partage d’une certaine forme d’éducation.
En effet, les deux dames ne sont jamais restées plus de deux jours sans se voir. Et ce, depuis plus de 18 ans jusqu’à novembre passé. Cette complicité saute aux yeux du visiteur qui met les pieds au garage. Seulement, pour Fatou Sylla qui refuse de parler de réussite, cette situation, elle aurait aimé que sa mère la voie, car révèle-t-elle, «de son vivant elle savait, même si on ne lui a rien dit, qu’on souffrait. Je voulais au moins qu’elle voie que nous avons nos propres locaux», regrette-t-elle.
Mais quand elle y pense, elle se console en se disant que Sédinté n’a pas connu son père. Elle y voit un signe du destin pour renforcer leur amitié. Maintenant que Sédinté est devenue mère de famille, l’on pourrait croire que la famille devient prioritaire au détriment du garage.
Il n’en est rien. «Les gens attendent que je privilégie soit la mécanique soit ma famille, mais ils oublient qu’on peut se positionner au juste milieu. Je dirai même que les femmes chefs d’entreprise s’occupent mieux de leur mari que les femmes au foyer», plaide Sédinté.
PAR IDIATOU DIALLO ET FODÉ MANGA DE SENEPLUS
VIDEO
LE BUSINESS DU POISSON SÉCHÉ
VIDÉO SENEPLUS – Le GIE Batta Diamaguène livre la recette de ses activités de transformation
Idiatou Diallo et Fodé Manga |
Publication 27/01/2016
(SenePlus.Com – Dakar) – Un GIE de la localité de Diameguène-Bargny s’adonne à la transformation du poisson. Une trentaine de femmes et d’hommes travaillent à longueur de journée dans des conditions précaires et souvent sous un soleil de plomb. Le poisson séché, avec ou sans sel, est emballé dans des cartons et vendu dans les pays de la sous-région comme le Mali, la Guinée, le Burkina, etc.
Le GIE emprunte de l’argent auprès des banques pour développer ses activités.
Au micro de SenePlus, sa présidente, Diémé Faye, lance un appel aux autorités pour un aménagement du site de production. De nombreux intervenants dans cette vidéo expliquent la nature de leur activité, la vitalité du marché et la complexité de leur système de vente.
Vidéo à suivre.
PAR IBRAHIMA FALL DE SENEPLUS
MULTIPLE PHOTOS
MARC SANKALÉ, DOOMU NDAR
PORTRAIT du premier Africain agrégé de médecine générale
IBRAHIMA FALL DE SENEPLUS |
Publication 21/01/2016
Premier Africain agrégé de médecine générale, parrain du centre antidiabétique de l’hôpital Abass Ndao et ancien doyen de la faculté de médecine de l’université de Dakar, Pr Marc Sankalé s’est éteint à 94 ans. Rigueur, humanisme et élégance constituaient le dénominateur commun de l’homme, l’enseignant et le médecin qu’était ceDoomu Ndar.
"Dernier dinosaure"
Le professeur Marc Sankalé est décédé mercredi 13 janvier à Marseille. Il avait 94 ans. Premier Africain agrégé de médecine générale, il était enseignant à l’Université de Dakar (devenue UCAD) et doyen de la faculté de médecine de 1968 à 1976. Une messe de requiem sera célébrée en sa mémoire ce vendredi à partir de 18 heures à la Cathédrale de Dakar, quelques heures après ses obsèques prévues dans la Cité phocéenne. Il reposera aux côtés de son épouse, Yvette Sankalé, née Le Pelletier, partie quatre mois plus tôt.
Marc Sankalé est né le 7 février 1921 à Saint-Louis. Si la mort savait trouver des compromis avec l’assiduité et la ponctualité, il aurait peut-être fêté ses 95 ans dans moins de 20 jours. Et, 5 ans après, son centenaire. Voire davantage. Probablement on le verrait chaque fois en train de souffler sur un appétissant gâteau, entouré de son clan, enfants, nièces, neveux, petits-enfants, arrière-petits-enfants… La mine joyeuse et à l’aise sous un impeccable costume-cravate-pochette. Et vu que les vents s’amusent souvent à jouer des tours aux poumons des gens âgés, surtout en plein hiver, le cardigan ou le pull seraient également de sortie, assortis à l’ensemble, histoire de faire pratique tout en restant chic-sobre.
Mais la faucheuse ne badine pas avec l’heure. Lorsqu’arrive le moment d’exécuter sa mission, elle n’y va pas par quatre chemins. Elle a emporté Marc Sankalé sans demander son avis. Sonnant ainsi la fin du parcours d’un médecin reconnu, d’un professeur respecté et d’un homme de bien qui, par ses qualités professionnelles et humaines, aura marqué beaucoup de personnes ayant croisé sa route.
Dr Alioune Sarr est l'une d'elles. Gynécologue de son état, le président du CNG de lutte est l’un de ses anciens étudiants. Lorsque nous l’avons rencontré dans son bureau de la clinique Pasteur, deux jours après "la terrible nouvelle", il s’apprêtait à prendre sa plume pour rendre hommage à celui qu’il nomme "le dernier dinosaure de la faculté de médecine". Finalement, entre deux consultations, il confiera à SenePlus son témoignage nimbé "d’émotions" et ponctué d’anecdotes qui mettent en relief la dimension du disparu.
C’est que, pendant plusieurs décennies, Alioune Sarr a "eu la chance de côtoyer et l’homme et le professionnel". Avant de devenir son étudiant, il était dans la même classe au lycée van Vo (actuel Lamine Guèye) que l’une de ses deux filles, Joëlle, et à l’internat du même établissement avec l’un de ses neveux Louis-Albert Lake. Grâce à cette proximité, il fréquentait assidûment la famille de celui qui sera le président de son jury de thèse. De l’homme, il retiendra l’élégance, la générosité et, "surtout l’attachement à sa religion".
En effet Marc Sankalé et son épouse étaient de fervents catholiques. Fidèles aux messes du dimanche, engagés dans les actions de l’Église, à Saint-Louis, Dakar et Marseille, ils ont rencontré le pape Jean-Paul II au Vatican dans sa chapelle privée. Le Bénédicité (prière avant les repas) était toujours prononcé à table. Et leur premier enfant, Louis, est devenu prêtre après avoir fait HEC. Pour un fidèle chrétien, un enfant qui emprunte la voie ecclésiastique peut s’avérer la cerise sur le gâteau, mais Pr Sankalé n’a jamais formulé cette demande dans ses prières. Il l’avouera, avec une pointe d’ironie, en prononçant son discours lors de la première messe dite par son fils ainé à la Cathédrale de Dakar : "Tous les jours je prie pour que l'église ait plus de prêtres, mais je dois à la vérité de dire, que je ne priais pas pour que mon fils, après avoir fini HEC, en devienne un." L’assistance s’était tordue de rire, selon un témoin de la scène. Qui ajoute : "Il ne l’a pas regretté pour autant puisqu’il était très proche et très fier de Louis."
Mais Marc Sankalé était également proche de ses autres enfants, deux filles, Michèle et Joëlle, et un second garçon, Hervé. Il trainait avec eux au cinéma, au théâtre, au musée, à l’opéra… "Tu as toujours fait en sorte avec maman, d’équilibrer ton temps entre ton travail, les mondanités et la famille, rappelle Michèle à son père dans un album photos affectueux qu’elle lui a consacré en 2011 pour son quatre-vingt dixième anniversaire et sobrement intitulé Papa a 90 ans. Bon danseur, il était donc normal que tu m’apprennes à danser, y compris la valse !"
Mais si Pr Sankalé était papa-gâteau, il savait se montrer "sévère pour les résultats scolaires et les sorties". En cas d’écart, rapporte Michèle, "les choses étaient dites tranquillement, mais fermement !". Et c’était valable avec toutes les personnes placées sous sa responsabilité. "Il avait un sens du devoir hors du commun, souligne un de ses proches. C’était un homme qui a consacré sa vie à chercher à améliorer à tous les niveaux la vie quotidienne des gens autour de lui."
"Vous m’enlevez une partie de ma crème"
Dr Alioune Sarr acquiesce. En 1973, raconte-t-il, les autorités universitaires décrètent une purge à la faculté de médecine. "Pour des raisons obscures", certains étudiants étaient suspendus pour un an tandis que d’autres l’étaient à vie. "Furieux", Marc Sankalé interpelle "d’une voix posée" le recteur : "Vous m’enlevez une partie de ma crème." Réplique de son collègue et supérieur hiérarchique : "Vous ne savez pas ce que fait votre crème après les cours." La cause étant entendue, il aurait pu baisser les bras et s’avouer vaincu. Poursuivre sa route avec le reste de sa crème et abandonner les bannis à leur propre sort. Il n’en fera rien. Il trouvera à ses derniers des inscriptions à l’étranger.
"Mbaye Kane s’est retrouvé à Abidjan, il est devenu anesthésiste-réanimation, jubile Dr Alioune Sarr. Les Issa Mbaye Samb (décédé, ancien ministre de la Santé sous Wade), Alpha Sy, Cheikh Marone, Corinne Senghor ont terminé leurs études en France. Ibra Ndoye- si je ne m’abuse- et moi, nous sommes restés à Dakar et avons repris nos études une fois la suspension purgée. Durant cette période il m’a autorisé à fréquenter la bibliothèque de l’université et l’hôpital Le Dantec pour ne pas ‘perdre la main’. Pour vous dire combien Monsieur Sankalé était préoccupé par le devenir de ses étudiants."
Autre preuve : dès le premier contact avec ses futurs collègues, Pr Sankalé aimait transmettre les fondamentaux pour réussir en médecine. Directeur du centre antidiabétique qui porte son nom, le professeur Seynou Nourou Diop se souvient de son ancien professeur : "Il était responsable de l’enseignement de base que l’on appelle la sémiologie médicale et sans laquelle aucun médecin ne peut être un bon médecin, en particulier dans nos pays en développement. Il nous inculquait le sens clinique, c’est-à-dire la capacité à pouvoir régler les problèmes du plus grand nombre sans avoir à faire des dépenses énormes. Pour cela, il nous avait sorti lors de notre premier cours avec lui une phrase que je n’oublierai jamais et que je répète à mes étudiants : ‘Si vous voulez apprendre la médecine n’attendez pas qu’on vienne vers vous, c’est à vous d’aller vers vos maîtres’."
Pr Diop accompagnera son "grand-père spirituel" jusqu’à sa dernière demeure ce vendredi. Avec le doyen Amadou Diouf, ils représenteront la faculté de médecine, la communauté universitaire, aux obsèques du Pr Sankalé à Marseille. Depuis samedi, une note de service annonçant la disparition du parrain de l’établissement est visible dans le hall du centre antidiabétique et avant-hier, mercredi, des affiches et prospectus rendant hommage au disparu étaient sur le point d’être ventilés dans les coins et recoins de l’UCAD.
1921, bonne année pour la médecine
Marc Sankalé est né un lundi matin, à 9 heures. En 1921. Une année de grâce pour la médecine car coïncidant avec la découverte du BCG (18 juillet), le vaccin antituberculeux, et de l’insuline (27 juillet), destiné au traitement du diabète. Le docteur Frederick Grant Banting et son assistant Charles Herbert Best de l’université de Toronto, pères du médicament antidiabétique, ne savaient probablement pas qu’à des milliers de kilomètres, à Saint-Louis du Sénégal, cinq mois plus tôt, venait de voir le jour un futur grand médecin. Qui donnera son nom au premier centre de traitement du diabète en Afrique.
Pr Sankalé est le deuxième d’une fratrie de 5 enfants. Ses deux frères (Sylvain, l'aîné, et Edouard) et ses deux sœurs (Marie et Christiane) sont décédés avant lui. Leurs parents, Louis Albert et Marie Pouyanne, qui sont nés et ont toujours vécu à Saint-Louis où ils sont enterrés, les élevèrent sur un socle de valeurs dont l’une des principales était le sens de l’honneur. Après l’obtention de son bac, il embarque avec Sylvain, son grand frère, pour la France où ils devaient poursuivre leurs études. C’était en septembre 1937. Au moment de monter à bord du navire, "Florida", les frères reçoivent un télégramme de leur père, payeur du Trésor à Podor. Le texte disait : "Bon voyage, chers enfants ! Bon courage ! Allez Honneur Sans Faiblir Exemple Père Dévoué Vous Embrasse Avec Effusion. Louis Sankalé."
En rapportant cette anecdote dans Papa a 90 ans, le professeur Sankalé ajoute ce commentaire : "Je me souviendrai toujours de ce message et, dans bien des moments de ma vie, en ai fait ma règle. Une parenthèse pour dire que l’honneur était une grande valeur que nous enseignait notre père."
Il ne reverra plus ce père affectueux. Celui-ci décéda alors qu’il avait 20 ans et était étudiant en France. Mais "le plus cruel" pour Marc Sankalé fut la perte de sa mère, dix ans avant la disparition de son père. Il avait juste 10 ans. Ses frères et sœurs, de 12 à 4 ans. Leur papa éleva seul ses petits, épaulé par trois dames, Mame Catho, la gouvernante, leur grand-mère maternelle, Mame Benda Bâ, et Yaye Aïssatou Ndiaye, "une ancienne ‘dévouée’ de la famille".
Bac à 16 ans, médecin à 23 ans et agrégé à 40 ans
Malgré ce vide précoce, ces coups de boutoir du destin, il brille au plan scolaire puis professionnel et finalement humain. Bac à 16 ans, succès à 18 ans au concours d’entrée à la prestigieuse École de santé navale et coloniale (ESN) de Bordeaux, docteur en médecine à 23 ans et à 40 ans agrégé de médecine. Affecté au Sénégal, il servira tour à tour à Kaolack, Tamba et Saint-Louis. Après une parenthèse qui le mènera à La Guyane, terre de son épouse, et en Indochine, il revient à Dakar pour officier en tant que médecin à l’hôpital Aristide Le Dantec, professeur à l’UCAD et plus tard conseiller technique au ministère de la Santé. Devenu doyen de la faculté de médecine en 1968 il quitte le ministère pour se consacrer exclusivement à l’enseignement et à la pratique de son métier. Il retournera en France en 1978 avec le titre de doyen honoraire.
Il poursuivra sa carrière d’enseignant à l’université de Marseille. Membre des Académies de médecine de France et de Belgique, il empilera les publications, dix ouvrages didactiques et monographiques et plus de 600 articles dans les revues médicales, ainsi que les décorations, au Sénégal (Grand croix de l’ordre national et Grand croix de l’ordre national du mérite), en France (Officier de la légion d’honneur, Médialle coloniale…) et dans plusieurs autres pays africains (Côte d’Ivoire, Bénin, Niger, Mauritanie…).
Malgré son départ pour la France, Marc Sankalé était resté attaché au Sénégal, particulièrement à sa ville natale, Saint-Louis. Il y revenait régulièrement. Une occasion de renouer avec le wolof qu’il parlait parfaitement, de goûter ses plats préférés, le tiéré siim (couscous avec de la sauce et du poisson) et le tiéré bassé (couscous avec une sauce à base de pâte d’arachide). Un régal qui, consommé sans modération, pouvait se révéler un supplice. Un de ses proches raconte : "Tout le monde savait que Micou, comme on l'appelait dans sa famille, aimait le tiéré. Alors quand il était de passage au Sénégal, on lui en préparait à chaque invitation. Un jour en allant rendre visite à sa sœur Titane (Christiane), il la prévient de ne pas lui faire du tiéré parce qu’il était ‘saturé’ car depuis une dizaine de jours qu’il était au Sénégal, le menu n’a pas varié."
Métissages
Mais le plus grand bonheur de Marc Sankalé lors de ses derniers séjours au Sénégal, c’était sans doute de retrouver sa terre natale et le métissage qui fait sa singularité et son charme. Dans Saint-Louis du Sénégal : d’hier à aujourd’hui, le livre d’Abdoul Hadir Aïdara, Pr Sankalé brosse avec passion et fougue le portrait de l’ancienne capitale de l’AOF. Il dit : "La grande originalité (de Saint-Louis) tient à l’ancienneté, à l’intensité et à la qualité des brassages d’idées, de races et de cultures qui se sont opérées dans son sein. Dans ce creuset unique en son genre, après l’inévitable maturation, est sortie une société qui a marqué d’une profonde empreinte le destin de l’Afrique. Ce sont ces brassages de populations qui ont fait de Ndar ou de Saint-Louis ce qu’elle est et qui ont donné naissance à ce type humain très particulier qu’est le Saint-Louisien, le Doomu Ndar."
Poursuivant sa déclaration d’amour à sa ville, il s’arrête sur le profil du Saint-Louisien-type, qui "n’est identique à aucun autre Africain". "Il est un métis, souvent sur le plan ethnologique mais toujours sur le plan psychologique. Si les Oualofs sont les plus nombreux parmi nous, beaucoup portent des noms bambara, toucouleur, français, anglais, portugais… Les uns sont catholiques, les autres musulmans. La couleur du tégument offre les teintes les plus variées. Surmontant les préjugés et oubliant les heurts inévitables des premiers contacts, ce peuple de Saint-Louis connaît une grande cohésion, l’élément le plus constant étant un attachement pour notre ville qui peut parvenir au chauvinisme le plus exclusif."
Cet attachement aux métissages, Marc Sankalé l’a transmis à ses enfants, petits enfants, nièces et neveux. Et ce n'est que du bonheur ! Sa fille Michèle rapporte : "De fait, nous avons poursuivi la ‘tradition’ des ‘métissages’, en y ajoutant l’Autriche, la Guadeloupe et le Maroc. Moi-même j’ai ‘digéré’ ces principes dont vous nous avez ‘pétris’ et j’ai essayé d’en mettre certains en pratique au quotidien, surtout quand j’ai eu à éveiller nos enfants à la vie. Quelle ne fut ma surprise lorsque nos deux fils nous ont présenté leurs futures épouses ! Elles élargissaient l’éventail des cultures déjà représentées dans la famille ; l’une étant allemande et l’autre, métisse tunisienne-suédoise ! Désormais leurs cultures enrichissent notre quotidien. Tout du moins, elles nous font toucher du doigt la complexité de cette entreprise qu’est l’Europe ou l’Union européenne avec son foisonnement de cultures diverses et la difficulté d’une gestion centrale !"
Marc Sankalé a eu trois retraites : l’une de l’armée, en 1962, l’autre de l’université, en 1990, la dernière de l’humanitaire (Médecins du monde), en 2000, respectivement à 41 ans, 69 ans et 79 ans. Il vient de faire valoir ses droits à une pension de retraite de la vie. À 94 ans. Sa fille, Michèle Metzler, auteur de Papa a 90 ans, pourra se pencher sur le tome 2 de cet album-photos dont le titre serait peut-être "Papa avait 94 ans" et le sous-titre "Il a vécu en Doomu Ndar".
Les chiffres sont effarants: 3,6% des décès maternels seraient liés aux grossesses non désirées. Selon une étude du ministère de la Santé et de l’Action sociale réalisée en 2010, ces décès maternels seraient liés à l’avortement à risque. Pis, 51.500 avortements seraient provoqués au Sénégal en 2012, si l’on en croit l’Institut Goethe Masher.
51.500 avortements seraient provoqués au Sénégal en 2012, selon l’Institut Goethe Masher. Auparavant, une étude du ministère de la Santé et de l’Action sociale faite en 2010, révèle que 3,6% des décès maternels dans notre pays seraient liés aux grossesses non désirées. Ces décès maternels seraient liés à l’avortement à risque, informe l’enquête. C’est pour une meilleure compréhension des femmes ayant subi une grossesse non désirée suite à un viol ou un inceste, que Population Council, en partenariat avec la Task force, ont réalisé cette étude sur l’expérience des femmes ayant subi une grossesse non désirée.
D’ailleurs, l’objectif de l’étude c’est de permettre une meilleure compréhension de la vie des femmes qui ont subi des grossesses non désirées suite à un viol ou un inceste. Il s’agit, particulièrement, de mettre à la disposition des populations des documents sur la vie des femmes ayant subi une grossesse non désirée résultant d’un viol ou d’un inceste en vue d’un bon plaidoyer pour un assouplissement de la loi sur l’avortement, pour l’application de la loi sur l’avortement médicalisé mais aussi fournir des évidences basées sur la recherche à la Task force et à tous ceux qui sont intéressés par le sujet.
Les résultats de l’étude qui a ciblé trois groupes ont été rendu publics hier, mercredi 20 janvier lors d’un atelier à Dakar. Nafissatou Diop, directrice de Population Council au Sénégal, interrogée par Sud Fm Sen Radio, qui a couvert la rencontre, le explique que «le premier groupe concerne les femmes ayant subi une grossesse non désirée résultant d’un viol ou d’un inceste et qui ont gardé la grossesse et l’enfant est né vivant et a survécu au moins un an. Le deuxième est celui des femmes ayant subi une grossesse non désirée résultant d’un viol ou d’un inceste et qui avaient décidé qu’elles ne voulaient pas garder cette grossesse ou qu’elles ne voulaient pas garder cet enfant. Donc elles ont fait ou un avortement ou un infanticide.
Pour avoir fait cet avortement ou cet infanticide qui sont illégaux au Sénégal, elles ont été rattrapées, punies par la loi et mises en prions. Elles sont actuellement encore en prison ou ont été libérées pour avoir purgé leurs peines. Et le troisième groupe est celui des femmes qui, quelque soit l’issue de la grossesse, ont eu des conséquences graves sur leurs santés. Qu’elles aient préféré garder l’enfant ou qu’elles aient fait un avortement ou un infanticide, ce n’est pas le gros souci pour elles». Leurs problèmes «ce sont les conséquences sur la santé et, pour les femmes décédées, c’était pouvoir parler aux familles de ces victimes là».
En effet, sur 36 femmes identifiées, seules 15 ont effectivement réalisé et complétés leurs entretiens. A en croire Nafissatou Diouf, les résultats de l’étude ont montré que «quelque soit le groupe, en réalité toutes les femmes sont stigmatisées, elles sont les victimes, d’avoir été violées, d’avoir subi l’inceste. Mais c’est quand-même elles qu’on ‘’victimise’’ et c’est encore elles qu’on stigmatise. Elles sont discriminées, elles sont stigmatisées, et beaucoup de conséquences sont similaires quelque soit le groupe. Et c’est toujours dramatique. Et peu de ces femmes en réalité parlent, expriment ce qu’elles ont ressenti».
La directrice de Population Council souligne que des femmes refusées de participer, certaines ont débuté mais n’ont pas pu continuer parce qu’elles ne voulaient pas se souvenir de l’incident. «Elles se sont tues sur leurs cas parce qu’elles se sentent brimées et que la société dit: ‘’c’est votre faute parce que vous avez dû faire quelque chose, ce qui a fait que vous en êtes arrivées là’’. Donc, elles préfèrent se taire, garder sur elles-mêmes ce qui se passe. Et c’est difficile après de vouloir leur faire reparler de leurs conséquences,… une fois qu’elles commencent à en reparler, elles ressentent ce qu’elles avaient senti», informe Mme Diop. Et la député Mme Awa Diop, présente à la rencontre de penser que ces collègues informés pourraient voter la loi sur la question une fois que celle-ci sera déposée à l’Assemblée nationale.
Kolda, 17 janv. (APS) – Des élèves venant de plusieurs établissements scolaires de Kolda (Sud), ont organisé samedi une marche pour dénoncer les violences faites aux filles, a constaté l’APS.
Cette marche est initiée par l’amicale du personnel du Collège d’enseignement moyen (CEM) de Sikilo Ouest, un quartier périphérique de la commune de Kolda.
Des acteurs du système éducatif et des autorités administratives ont pris part à la manifestation organisée en partenariat avec la Fondation Güney et l’Agence catalane de coopération pour le développement (ACCD).
‘’Ne briser pas notre espoir de réussir à l’école qui est notre avenir ‘’, ‘’halte aux mariages forcés’’, ‘’laisser nous aller et rester à l’école car garçons et filles ont les même chances’’, sont entre messages qu’on pouvait lire sur les pancartes brandies par les élèves.
Les participant et les organisateurs ont lors de cette marche plaider pour le maintien des filles à l’école .Ils ont sensibilisé sur les mariages forcés et les grossesses précoces qui selon eux constituent un blocage à la réussite des filles à l’école
GAMBIE : LE RÉTROPÉDALAGE DE JAMMEH
Les femmes fonctionnaires ne sont plus obligées de se couvrir la tête
Banjul (Gambie), 14 jan 2016 (AFP) - La directive officielle qui imposait depuis le début de l'année aux employées d'administration en Gambie de se couvrir la tête dans les services publics a été abandonnée, a annoncé jeudi la présidence de ce pays, proclamé en décembre "Etat islamique".
En décembre, un mémorandum dont l'AFP a obtenu copie indiquait que "tout le personnel féminin des ministères, départements et agences gouvernementaux n'(était) plus autorisé à montrer ses cheveux pendant les heures de travail officielles à compter du 31 décembre 2015".
"Le personnel féminin est appelé à se couvrir les cheveux et à les attacher", pouvait-on lire dans ce document, daté du 4 janvier, recommandant à tous les chefs de service de l'appliquer et d'en aviser leurs personnels féminins.
Certains d'entre eux avaient confirmé à l'AFP avoir reçu des instructions en ce sens. Cette décision est abandonnée, a affirmé la présidence gambienne dans un communiqué, ajoutant qu'exiger le port du foulard n'avait "rien à voir avec la religion".
"Les femmes sont les meilleures amies (de Yahya Jammeh, le président), elles sont ses soeurs et il tient à leur bien-être, en toute circonstance. Par conséquence, cette décision qui les rend malheureuses a été levée", a-t-on expliqué de même source.
La directive officielle sur le port du foulard dans les services publics a été prise quelques jours après l'annonce par le président Jammeh de sa décision de faire désormais de son pays un "Etat islamique".
Lors d'une réunion publique en décembre, il avait déclaré que la Gambie était désormais "un Etat islamique qui respecte les droits des citoyens", sans en préciser les conséquences pratiques, mais assurant que cette proclamation n'aurait aucune incidence sur la minorité chrétienne. Il avait également mis en garde contre toute coercition envers les femmes en raison de leur tenue vestimentaire.
"Je n'ai nommé personne policier islamique. La manière dont les femmes s'habillent ne vous concerne pas", avait-il dit.
Porté au pouvoir par un coup d'Etat sans effusion de sang en 1994 puis élu en 1996, et réélu trois fois depuis, M. Jammeh dirige d'une main de fer la Gambie, petit Etat anglophone d'Afrique de l'Ouest enclavé dans le territoire du Sénégal, hormis sa façade sur l'Atlantique.
Ses détracteurs lui reprochent souvent des décisions unilatérales et des déclarations fracassantes, notamment sur d'autres pays, les migrants ou l'homosexualité. La prochaine élection présidentielle en Gambie est prévue en décembre 2016.
L’année 2015 a été marquée par des sévices et violences faites aux femmes. Réunies à Dakar pour discuter de l’avortement médicalisé, les juristes sénégalaises ont encore fait état de chiffres alarmants. Selon des données recueillies auprès des boutiques de droits de Pikine et de la Médina de l’Association des juristes sénégalaises (Ajs), 250 cas de viol dont 52 grossesses et 25 incestes ont été enregistrés entre janvier et novembre 2015. Les victimes sont âgées entre 3 et 18 ans.
Réunies à Dakar pour faire le plaidoyer de l’avortement médicalisé, les juristes sénégalaises ont encore donné des chiffres alarmants sur les viols au Sénégal. Selon les boutiques de droits de l’Association des juristes sénégalaises (Ajs) basées à Pikine et à la Médina, 250 cas de viol dont 52 grossesses et 25 incestes ont été recensés entre janvier et novembre 2015. Les victimes sont âgées entre 3 à 18 ans. Consciente de la gravité de la situation, la Présidente de l’association des juristes sénégalaises (Ajs) Fanta Gueye Ndiaye qui s’exprimait sur les ondes de la radio Sud Fm a estimé nécessaire que les communautés à la base soient informées des tenants et des aboutissants de l’avortement médicalisé : « La situation est grave surtout que nous sommes dans un Etat de droit. Il faut réagir. C’est pourquoi nous menons cette campagne pour trouver le consensus et expliquer aux communautés c’est quoi l’avortement médicalisé et le fondement juridique de la question», a soutenu Fanta Gueye Ndiaye.
A signaler que depuis un certains temps, les juristes sénégalaises se battent pour la légalisation de l’avortement médicalisé car le Sénégal a ratifié le protocole de Maputo depuis 2004. Et, cette loi permet l’avortement aux femmes et aux filles porteuses de grossesse après inceste, viol ou toute autre forme d’agression sexuelle. L’avortement médicalisé est aussi permis quand la santé de la femme est menacée. Cependant, l’avortement est toujours puni par la loi sénégalaise. L’avortement clandestin et l’infanticide sont les premières causes de l’emprisonnement des femmes au Sénégal de l’avis des juristes sénégalaises. Cette mise en détention de la femme est à éviter, jugent encore ces femmes de droits qui estiment que l’emprisonnement de la femme, en dehors de ses conséquences sur le cercle familial, influe négativement sur la progéniture de la détenue.
(SenePlus.Com, Dakar) - Quelle conduite tenir face aux menaces sécuritaires qui hantent le quotidien des Sénégalais ? Soixante-quinze femmes et jeunes filles et garçons vont tenter de répondre à cette question lors d’un atelier de renforcement des capacités prévu ce vendredi à l’hôtel Fana de Dakar.
Selon la note de présentation parvenue à SenePlus, "cette rencontre cible principalement la famille en tant qu’entité première de discussion des sujets de société et de prise de décisions en matière d’éducation de ses membres".
Elle vise, selon la même source, à "créer (une) plateforme pour discuter et échanger des informations sur la sécurité dans (les) familles et quartiers avec les personnes indiquées". Et sera l’occasion pour ses participants de se "mettre d’accord sur la conduite à tenir devant certains signes préoccupantes que nous constatons tous les jours dans notre environnement le plus immédiat".
L’atelier vise deux principaux objectifs : "informer, sensibiliser, partager certains outils utiles pour les femmes et les jeunes, pour mieux appréhender les enjeux sécuritaires actuels au Sénégal" et "connaitre les notions de base de l’insécurité, ses différentes formes ainsi que les voies et moyens à leurs mesures, à utiliser pour combattre ce nouveau phénomène dans notre société".
Des spécialistes de la question animeront les débats, qui seront la première édition d’une série de rencontres que les organisateurs de l’atelier comptent tenir ultérieurement.
LA RSE, UNE PARTIE INTÉGRANTE DE LA STRATÉGIE DE L'ENTREPRISE
Spécialiste des enjeux organisationnels des entreprises en Afrique, Mme Sandra Happi-Tasha et son cabinet Tasha & Partners accompagnent les organisations dans la formulation de leur stratégie, l'élaboration de systèmes de gestion efficiente du capital humain et des processus organisationnels et le renforcement des capacités managériales des équipes. Basé à Douala (Cameroun), le Cabinet a effectué des missions pour le compte de multinationales et d'entreprises locales dans 8 pays d'Afrique Centrale, de l'Est et de l'Ouest. En exclusivité pour REUSSIR, Mme Tasha revient sur les enjeux de la RSE dans nos pays africains.
Qu'entendez-vous par RSE et quelle est votre approche de cette notion ?
La Commission Européenne définit la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) comme l'intégration des préoccupations sociales, environnementales et économiques dans les activités d'une entreprise et dans ses interactions avec ses parties prenantes sur une base volontaire. Il s'agit de la contribution des entreprises aux exigences du développement durable.
Ainsi, toute politique RSE doit intégrer des actions visant aussi bien la protection de l'environnement, la bonne gouvernance que l'impact social et l'égalité des chances professionnelles.
Notre approche positionne la RSE, non comme une œuvre de charité, mais comme une démarche potentiellement bénéfique pour l'entreprise et la société. Il revient donc à l'entreprise, au-delà des exigences réglementaires, de dé nir les actions en ligne avec son activité et qui sont susceptibles, soit de produire le plus grand impact positif sur les parties prenantes, ou alors de mitiger, au maximum, les conséquences négatives de leurs interactions.
À la lumière de cette définition, quelle est selon vous la place des valeurs africaines traditionnelles dans la mise en application des exigences de la RSE ?
Dans la grande majorité des cultures africaines, on retrouve des valeurs telles que la primauté de la communauté sur l'individu, une conception intégrale de la personne humaine prise dans toutes ses dimensions (spirituelle, émotionnelle, physique, sociale…) ainsi qu'une recherche permanente d'un équilibre, d'une cohabitation harmonieuse avec la Nature, souvent considérée comme sacrée. La RSE se fonde sur un principe d'interdépendance entre l'entreprise en tant qu'acteur social, son environnement et ses parties prenantes. Il est donc nécessaire d'établir une relation de réciprocité.
L'entreprise, qui utilise les ressources (naturelles et autres) pour mener son activité, produit un impact sur l'environnement dont il faut gérer les effets, de manière proactive. La société achète les produits/ services de l'entreprise, permettant ainsi sa survie et sa croissance. Cette prise de conscience de l'interdépendance entre les employés et les propriétaires d'entreprises suscite parfois, chez ces derniers, le désir de "rendre à la communauté" une partie des possibilités qu'elle leur a créées.
La RSE en Afrique, est-ce une vraie exigence ou simplement un dérivatif pour se donner bonne conscience ?
Le respect des obligations légales est un précédent à toute politique RSE. La conformité à la réglementation en vigueur est un prérequis à la conduite des affaires et une condition pour des partenariats avec certaines organisations. C'est le cas d'un de nos partenaires qui accompagne plus d'une cinquantaine d'entreprises en Afrique et qui a mis en place une charte Environnement, Social et Gouvernance (ESG) à laquelle les entreprises sont appelées à se conformer. Cette exigence s'applique aussi bien aux entreprises candidates au financement, qu'à celles déjà en portefeuille, dont le suivi de l'impact social et environnemental fait l'objet d'un suivi particulier.
La RSE représente un levier de performance pour l'entreprise et pour l'économie africaine caractérisée par son dynamisme, avec des prévisions de croissance de +5% en moyenne et dépassant les 10% dans certains pays (Banque Mondiale, 2015). Avoir une politique RSE est un choix stratégique susceptible d'impacter positivement les résultats.
En effet, la bonne gouvernance favorise la mise en place de systèmes transparents permettant un fonctionnement optimal de l'entreprise. La prise en compte des salariés et l'égalité des chances sont des éléments qui stimulent la motivation des employés et les disposent à une productivité accrue. Par ailleurs, certaines actions de protection de l'environnement permettent une réduction des coûts de production (recyclage), et à moyen et/ou long terme, un accès durable aux ressources.
De plus, la RSE permet le développement d'une marque d'employeur capable d'attirer et de retenir les talents qui sont de plus en plus sensibles aux questions de réputation des entreprises.
Quelles sont les tendances de la RSE en Afrique ?
La RSE tend à redéfinir les responsabilités des entreprises vis-à-vis des composantes impliquées dans leurs activités ou affectées par ces dernières. Parmi celles-ci, on peut citer les populations locales qui, dans la majorité des pays du continent, font face au quotidien à des difficultés dont les plus criardes concernent le volet social (pauvreté, chômage des jeunes, difficultés d'accès aux soins de santé primaires, accès limité à l'éducation, absence/ insuffisance d'infrastructures, faible accès à l'eau potable…). Sans négliger les autres dimensions (gouvernance et environnement), les actions RSE des entreprises installées sur le continent ont tendance à s'orienter prioritairement vers des mesures ayant un effet plus direct sur l'amélioration des conditions de vie des populations (construction de centres de santé, de points d'eau, d'établissements scolaires, dons de fournitures scolaires, distribution de médicaments…).
Comment votre cabinet aborde-t- il la problématique RSE avec vos partenaires ? Est-ce une simple obligation légale ou un appel à la solidarité ?
Nous pensons que la RSE doit être perçue comme un élément à part entière de la stratégie de l'entreprise et à ce titre, être en ligne avec l'identité de celle-ci. Ceci justifie le choix dans notre démarche d'accompagnement des entreprises d'inclure un pilier RSE dans les priorités stratégiques de nos partenaires. Cette approche constitue un facteur d'intégration et de durabilité, qui crée une relation mutuellement bénéfique entre l'entreprise et son environnement social (populationslocales).
A titre d'illustration, parmi nos clients, nous pouvons évoquer le cas d'une entreprise de services informatiques, basée au Cameroun, qui dispose d'un laboratoire doté d'équipements de pointe. L'axe phare de sa politique RSE consiste à offrir des stages aux étudiants de l'Ecole nationale d'ingénieurs a n de les exposer aux technologies les plus avancées. En retour, les meilleurs travaillent sur des projets utiles à l'entreprise. Ils apportent un regard neuf sur ses pratiques et peuvent être retenus pour intégrer ses effectifs au terme de leur formation. Il s'agit d'un mécanisme de création d'emplois dont la société et l'entreprise ressortent mutuellement gagnants.
Dans la même logique, une entreprise de BTP que nous accompagnons a choisi, comme axe de RSE, la rénovation des aires de jeux de la municipalité gabonaise dans laquelle elle est installée. De ce fait, elle offre à la jeunesse locale un cadre de vie plus agréable tout en faisant découvrir son savoir-faire au public. Les populations locales s'identifient ainsi à l'entreprise puisqu'elle fait désormais partie de leur quotidien et permet à leurs enfants de s'amuser dans de meilleures conditions d'hygiène et de sécurité. La plaque commémorative et la cérémonie de rétrocession des aires rénovées à la municipalité ont aussi contribué à améliorer la visibilité de l'entreprise.
La nouvelle génération de patrons africains, avec qui vous travaillez, a-t-elle assimilé le concept RSE dans son style de management ?
La plupart des entrepreneurs avec lesquels nous travaillons se caractérisent par leur passion pour le continent et le désir de contribuer à son évolution. Toutefois, ils sont généralement peu sensibilisés aux possibilités de la RSE. La mise en évidence du bien-fondé de l'intégration de la RSE dans le mode de fonctionnement de l'entreprise provoque, habituellement, chez eux une prise de conscience accrue qui les reconnecte à leur volonté d'agir et d'impacter positivement leurs communautés. De ce fait, ils perçoivent mieux l'opportunité de mettre en place une politique RSE qui réponde aux besoins de l'entreprise et de ses parties prenantes. Sur ce point, notre accompagnement consiste à assurer la cohérence et l'alignement de ladite politique avec l'identité et les orientations stratégiques de l'entreprise. Cette démarche permet de s'assurer que la RSE ne soit pas perçue comme une contrainte supplémentaire, mais une façon optimale de gérer l'entreprise, de manière productive et durable.
JE VOTERAIS OUI
EXCLUSIF - L'éditorialiste de SenePlus NDIORO NDIAYE approuve les réformes institutionnelles proposées par le chef de l'État
IBRAHIMA FALL DE SENEPLUS |
Publication 05/01/2016
Même si elle aurait préféré que Macky Sall se prononce aussi sur les questions migratoires, le suivi des conseils des ministres délocalisés et le rôle des familles dans la gestion des questions sécuritaires qui interpellent le pays, Ndioro Ndiaye se montre conquise par le message de Nouvel An du chef de l'État.
"J'ai trouvé le discours direct, volontairement ciblé sur certains sujets pour lesquels il était nécessaire de fournir un certain nombre de précisions", opine l'éditorialiste de SenePlus dans cet entretien exclusif avec votre site préféré.
En outre, la présidente de l'Alliance pour la migration, le leadership et le développement (AMLD) approuve le projet de réformes constitutionnelles du Président Macky Sall. Confiant qu'elle voterait oui si les changements en question étaient aujourd'hui soumis aux Sénégalais au cours d'un référendum.
Le discours de Nouvel An du chef de l'État a-t-il répondu à vos attentes ?
J'ai eu à dire déjà, dans certains media, que le discours du chef de l'État cette année était hautement stratégique et particulièrement différent de ceux que nous avons l'habitude d'écouter à la fin de chaque année. Les objectifs étaient clairement énoncés et leur choix a été délibéré selon ma lecture du texte.
Le président de la République a non seulement sélectionné, à dessein certes, les sujets sur lesquels il fait le point de l'état d'exécution par son gouvernement (c'est ce que la population attend, en général, de ce type d'adresse), mais il a anticipé les questions critiques que chacun d'entre nous se pose : les investissements bouclés, les actes posés, les actions menées, les profits et impacts attendus, comment tirer un maximum de profits des nouvelles facilités créées par les programmes en cours…
Que cela soit pour moi ou pour le commun des Sénégalais, ce qui est attendu d'un discours-bilan est la clarté des programmes et les perspectives qu'il dessine pour chacun d'entre nous…
Justement le fait de mettre en relief certains aspects de son bilan et la durée relativement longue du discours, une trentaine de minutes, font penser davantage à un propos de campagne électorale avant l'heure qu'à une simple adresse à la Nation. Partagez-vous ce point de vue ?
Un message à la Nation n'est jamais si simple pour n'importe quel citoyen, à plus forte raison pour un chef d'État. Qu'il ait duré 30 minutes, plus ou moins, je pense que celui-ci a été éminemment politique dans le sens K du terme et non partisan parce qu'il s'agit de la construction du pays et non d'une propagande de parti, fut-il le sien. Ce qui importe en ces moments, c'est la justesse de ses orientations et directives en tant que chef d'État en vue d'améliorer la vie des populations.
J'ai trouvé le discours direct, volontairement ciblé sur certains sujets pour lesquels il était nécessaire de fournir un certain nombre de précisions (et pas sur tous) ; c'est certainement pour ces raisons que nous n'avons pas eu de bilan et de projections sur certains secteurs-clés du développement socio-économique tels que les femmes et les jeunes… Ces secteurs doivent faire l'objet de bilans constants étant les germes de changements essentiels de l'ensemble du système actuel.
Quels sont les sujets que vous auriez aimé que le chef de l'État aborde dans son discours et qui n'y figurent pas ?
L'évaluation des conseils des ministres délocalisés : les promesses de financements publics, l'état d'exécution des décisions prises dans chaque région, les obstacles, les solutions amorcées, le chronogramme et les échéanciers… Qui, chez le Premier ministre, est responsable du monitoring et des redressements nécessaires ?
Il y a ensuite les questions migratoires et le leadership attendu du Sénégal dans la région ouest-africaine, africaine et, globalement, dans le monde.
Et enfin, l'importance de la famille dans la gestion des questions sécuritaires dans notre pays : quels messages dire aux familles sénégalaises face aux nouveaux défis sécuritaires avec lesquels il faut qu'elles apprennent à vivre et à anticiper ?
Le projet de changements institutionnels a occupé une place importante du discours de Macky Sall. Dans le paquet de 15 réformes qu'il compte soumettre au peuple, lesquelles vous semblent plus urgentes ?
Les réformes 5 ("Le renforcement de la citoyenneté par la consécration de devoirs du citoyen") et 15 ("L'intangibilité des dispositions relatives à la forme républicaine, la laïcité, le caractère indivisible, démocratique et décentralisé de l'Etat, le mode d'élection, la durée et le nombre de mandats consécutifs du Président de la République") sont centrales et consubstantielles avec toutes les autres réformes car leur mise en œuvre correcte les influence favorablement.
Si ce projet de réformes était soumis à référendum aujourd'hui, quelle serait votre réponse ?
Oui, bien sûr, il nous faut avancer et on ne peut le faire sans reformes volontaristes.
Dans ce contexte où le financement des partis politiques est sujet à débat, avec l'affaire Lamine Diack, le Président Macky Sall n'aurait-il pas été bien inspiré d'annoncer des mesures pour davantage de transparence dans le fonctionnement et le financement des formations politiques ?
La question du financement des partis politiques date de l'époque du Président Abdou Diouf sans qu'il n'y ait jamais eu de mesures claires et précises pour en faciliter la mise en œuvre. Cependant, à l'évidence, nous sommes tous concernés par le fonctionnement et le financement des partis politiques ; nos partis doivent se moderniser, la majorité est sclérosée et dépassée par les exigences de la vie politique actuelle autant au plan structurel que programmatique.
Je ne pense pas que le Président ait besoin d'annoncer ces types de projets sur lesquels son ministre de l'Intérieur et toutes les parties prenantes doivent plancher pour faire avancer notre démocratie, cela doit faire partie du calendrier républicain.