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26 avril 2025
Femmes
par Farid Bathily
L'ENJEU DES DONNÉES PERSONELLES À L'ÈRE DE LA CRIMINALISATION DE L'IVG AUX ÉTATS-UNIS
La suppression par la Cour suprême américaine du droit à l’avortement accroît la pression sur les entreprises de la tech. Les données personnelles des utilisateurs peuvent servir de preuve contre la pratique dans certains États
La récente suppression par la Cour suprême américaine du droit constitutionnel à l’avortement accroît la pression sur les entreprises de la tech. Elles sont tiraillées entre partisans et adversaires du droit à l’avortement quant à leur gestion de l’empreinte numérique des utilisateurs du web.
Les données personnelles n’ont jamais aussi bien porté leur surnom "d’or numérique" que maintenant aux États-Unis. Elles sont en effet désormais plus que jamais précieuses dans cette Amérique qui a vu la Cour suprême revenir, le 24 juin dernier, sur l’arrêt historique de 1973, Roe vs Wade, qui ouvrait la voie à l’interruption volontaire de grossesse sur l’ensemble du territoire américain.
Cette décision lourde de conséquences pour la société américaine remet au-devant de la scène les entreprises du secteur du numérique. Et pour cause, les données personnelles de leurs utilisateurs peuvent désormais servir de preuve contre les citoyennes résidant dans des États où la pratique est interdite.
Google prend position
Les spécialistes des droits reproductifs citent à cet effet de nombreux outils technologiques susceptibles de mettre l’utilisateur en opposition avec la législation en vigueur selon les États concernés. Cela va des applications de suivi des menstruations au simple SMS échangé via son téléphone sur une méthode abortive par exemple.
Le géant des moteurs de recherche, Google, dont la plateforme concentre quotidiennement des milliards de données personnelles, a récemment pris position. Il a en effet annoncé, le 1er juillet 2022, la suppression automatique de son historique, des données de localisation concernant les visites dans des lieux comme les centres d’avortement, les cliniques de prise en charge de victimes de violences conjugales, etc. afin de les soustraire du regard des autorités.
Des inquiétudes demeurent
Cette mesure est destinée à rassurer les utilisateurs quant à la sécurité de leurs données personnelles. C’est d’autant plus essentiel de protéger la vie privée des internautes à l’ère post-Roe vs Wade aux États-Unis que même un chauffeur de taxi est passible de poursuite dans un État comme le Texas s’il transporte une cliente dans une clinique d’interruption de grossesse.
Reste à voir jusqu’à quel niveau l'entreprise californienne pourra résister en cas de sollicitation formelle des données par des autorités étatiques. On se rappelle que, selon un rapport publié par le New York Times en juin 2021, Apple avait notamment dû fournir des métadonnées de deux démocrates de la Chambre des représentants au ministère de la Justice sous la pression de l’administration Trump.
par farid bathily
LE FOOTBALL FÉMININ AFRICAIN GAGNE EN POPULARITÉ
Débutée depuis le 2 juillet dernier au Maroc, la CAN féminine de football en est à sa 14e édition. Présentation de ce tournoi qui ne manque pas d’attraction grâce à ses nombreuses manieuses de ballon reconnues à l’international
Elle souffre peut-être encore de la comparaison avec celle des hommes, mais la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football féminin fait son petit bonhomme de chemin.
Le tournoi, autrefois appelé Championnat d'Afrique de football par la CAF, réunit du 2 au 23 juillet 2022 au Maroc, douze nations africaines parmi lesquelles le pays hôte bien évidemment, mais aussi le Ghana, le Cameroun ou encore l’Afrique du Sud pour ne citer que celles-là.
Une favorite défiée
Autant d’équipes prêtes à faire déjouer le Nigeria, grandissime favori et vainqueur de 11 des 13 précédentes éditions. Preuve d’une compétition pleine d’équipes ambitieuses, la formation des Super Falcons (surnom des Nigérianes) a été battue d’entrée le 4 juillet 2022 en match d’ouverture du groupe C par les Banyana Banyana d’Afrique du Sud.
Dans ce remake de la finale de la dernière CAN organisée au Ghana, les femmes de la sélectionneuse Desiree Ellis, emmenées par Thembi Kgatlana du club de l’Atletico Madrid, en première division espagnole, ont fait mentir les pronostics en l’emportant par deux buts à un.
C’est un avertissement pour les triples tenantes du titre, privées désormais d’une de leur valeur sûre, en l’occurrence Asisat Oshola. Blessée au genou, l’attaquante du FC Barcelone et co-meilleure buteuse de la saison dernière en championnat d’Espagne, a dû déclarer forfait pour le reste du tournoi.
Brochette de stars
C’est dire que chacune des équipes en lice est prête à vendre chèrement sa peau face à l’ogre nigérian. En dehors du trophée doté d’un prix de 500 000 dollars américains, l’objectif des participantes est d’accéder au dernier carré, directement qualificatif pour le Mondial féminin prévu en Australie et en Nouvelle-Zélande l’année prochaine.
Chaque nation engagée au Maroc peut, à cet effet, compter sur quelques talents, dont certains font les beaux jours des plus grands clubs européens. À celles déjà citées plus haut, s’ajoute la Camerounaise Ajara Nchout, Prix Puskas et joueuse de l’Inter Milan en championnat d’élite Italien.
Une illustration de la marque d’un football féminin en constante professionnalisation sur le continent africain et dont l’engouement se traduit aussi par l’intérêt grandissant des annonceurs. Les matchs en cours au Maroc sont retransmis dans 60 différents pays.
EUGÉNIE ROKHAYA AW, UNE RÉVOLUTIONNAIRE TOMBÉE SOUS LE CHARME DU JOURNALISME
Retour sur la vie de l'ancienne présidente du Tribunal des pairs du CORED et ancienne directrice du Cesti, décédée, dimanche 3 juillet à l’âge de 70 ans, à travers ce portrait que lui avait consacré l’APS en 200
Eugénie Rokhaya Aw Ndiaye, présidente du Tribunal des pairs du CORED et ancienne directrice du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de Dakar, décédée, dimanche à l’âge de 70 ans, des suites d’une maladie, était une ’’révolutionnaire’’ tombée sous le charme du journalisme.
Retour sur cette vie révolutionnaire et professionnelle à travers ce portrait que lui avait consacré l’APS en 2009.
Rares sont ceux qui se doutent aujourd’hui de ce qu’Eugénie Rokhaya Aw, reconduite mercredi à la direction du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) pour un deuxième mandat, s’était fait embaucher en 1974 comme ouvrière, pour s’enquérir des conditions de vie et de travail de ses humbles sœurs qui triment dans les usines. Mme Aw, portée à la tête du CESTI depuis mai 2005, officiait alors au quotidien public Le Soleil comme journaliste.
Cela rappelait les étudiants et apprentis philosophes de la même époque, qui se faisaient recruter en masse dans les usines de Renault, avec la conviction qu’être au fait de la condition des prolétaires, pour tester profondément leur vécu particulier, était le meilleur gage d’une parfaite maîtrise de la théorie marxiste, révolutionnaire.
Il serait également assez surréaliste pour les étudiants du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de savoir que la directrice actuelle de leur institut faisait dormir, par la force du verbe et de la théorie révolutionnaire, des policiers dont le rôle était de réprimer, d’intimider ou de filer.
’’Je me souviens d’un jour où on discutait avec des policiers du commissariat du Plateau. Les policiers étaient tellement fascinés qu’ils s’étaient endormis. On aurait pu tous fuir. On est tous restés’’, a confié Mme Aw, évoquant un épisode-phare de la structure politique clandestine qui va donner naissance par la suite à And-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS).
Tout cela relevait du temps de la mystique révolutionnaire à laquelle Eugénie Rokhaya Aw croyait, comme qui avait foi en l’avènement du grand soir, qui a poussé à des engagements parfois incompréhensibles, quelques fois à la limite de l’absurde pure et simple.
Mais dans le cas de Mme Aw, il est à faire observer que tout cela relevait peut-être d’une certaine prédestination, d’une sensibilité sociale qu’elle tenait de son père, même si ces tranches de vie qu’elle prolonge aujourd’hui comme directrice du CESTI ont été abolies en quelque sorte, depuis que le marxisme ne fait plus recette, ne fait plus rêver.
N’empêche. Elle assure garder encore, gravé en elle "comme une marque au fer rouge’’, le souvenir de ce père, éducateur spécialisé pour l’enfance délinquante, affecté pour les services de l’administration coloniale au fin fond du Niger, à Dakoro où il dirigeait un centre de rééducation.
Un homme qui a été ‘’toujours engagé’’ notamment auprès de Djibo Bakary au sein de la SAWABA, le parti nigérien ’’honni’’ à l’époque. ’’Je me souviendrai toujours qu’on a tous été arrêtés alors que j’étais vraiment toute petite, parce que c’était au moment du référendum en 1958’’. Persécuté pour ses convictions politiques, le père Aw était "obligé de partir clandestinement du Niger, pour avoir la vie sauve’’.
Tel père, telle fille, pourrait-on dire. Et de cette "épisode de résistance’’, Eugénie Rokhaya Aw a gardé la formule du "mouvement perpétuel’’ qui fait qu’en dépit des aléas de l’histoire et des limites de l’action, on reste "relativement fidèle’’ à ses idées, à travers "des marques concrètes’’ laissées par tout parcours.
"Etrangement, ce n’est pas ma vie militante qui a été la plus déterminante’’, mais la découverte, fondamentale, qu’a été pour elle le journalisme, l’écrit, le fait de rendre compte, assure celle qui dit avoir "adoré’’, malgré tout, son séjour au Soleil.
Un plaisir qu’elle ne se prive pas de raconter, même en comptant avec les négatifs qu’avaient constitué les plaisanteries des journalistes "qui ne sont pas ce qu’il y a de plus saints au monde’’.
’’C’est vrai que les confrères n’étaient pas toujours très corrects sur ce plan-là’’, mais ’’à l’époque, j’ai rencontré des hommes qui m’ont vraiment formée, qui m’ont vraiment encadrée’’, a-t-elle dit, en citant ASAK (Abdou Salam Kane), Alcinou Da Costa, Emile Senghor. "Ce que j’ai aimé avec ces hommes, c’est que leurs convictions politiques n’ont jamais pris le dessus sur l’éthique professionnelle’’, tient-elle à relever.
Entre ‘’découvertes formidables’’ et contraintes liées au fait de suivre les femmes de présidents en visite au Sénégal, et à force de ruse et de témérité, elle dit avoir réussi à faire des reportages qui lui ressemblaient et qui ressemblaient à ce qu’elle était.
’’C’était un peu difficile pour moi’’, surtout quand des différences de points de vue se faisaient jour avec le président Senghor à propos de l’appréciation du travail de tel ou tel peintre et qu’elle était ’’convoquée au ministère de la Culture’’.
’’C’était un peu délicat’’, mais avec le recul, et en dépit du fait qu’elle sera finalement renvoyée du Soleil vers 1976, pour "idéologie contraire’’ à la ligne de ce journal, Eugénie Rokhaya Aw a pour cette période "un regard positif, enrichissant’’, puisque, dit-elle, ‘’j’ai tout appris dans ce métier’’.
Dans la foulée, grâce à l’entregent du défunt cardinal Hyacinthe Thiandoum, elle sera employée à Afrique Nouvelles, va faire de la consultance et dans l’intervalle, sera ensuite employée à la conférence des églises de toute l’Afrique, qui était basée au Kenya, et qui regroupait essentiellement des églises protestantes.
"C’est à cette occasion que j’ai pu connaître l’ensemble de l’Afrique’’ en circulant sur tout le continent pour le compte de son employeur qui avait mis en place des programmes de développement, souligne celle qui se présente comme ‘’un produit de la formation continue’’.
Viendra par la suite l’épisode canadienne (1988-2002) de la vie de Mme Aw. Dans ce pays, elle décroche un master — son sujet de recherches portait sur la parole africaine — et un doctorat soutenu sur le thème de la question des conflits, qui s’inspire de son expérience des Grands Lacs et de la manière dont "les conflits se nourrissent de problèmes environnementaux’’.
Une revanche pour cette femme qui n’a jamais fait d’école de journalisme, et n’était riche que d’un bac et d’une ‘’très très forte expérience journalistique’’. D’où sa sensibilité à la formation continue.
"L’Amérique du Nord est très forte dans ça, le volet formation continue et même accès à la formation de type classique universitaire’’, poursuit-elle, en martelant comme une énième conviction : "tout le monde a droit au savoir. C’est pourquoi je suis sensible à cette question-là’’.
Ce bagage acquis dans les universités canadiennes va lui valoir une carrière enviée dans la consultance pour plusieurs ONG et l’élaboration de politiques de développement à l’endroit du continent. Elle a ainsi été, de 90 à 96, coordonnatrice du Réseau Afrique 2000 du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), un programme environnemental qui travaillait avec les communautés locales.
"Personne relativement religieuse’’ comme elle se définit elle-même, Mme Aw dit pour cela n’avoir ‘’jamais accepté la discrimination institutionnelle par exemple entre les hommes et les femmes’’. "Je suis une personne qui, longtemps s’est posée la question de savoir pourquoi une femme ne pouvait pas être prêtre par exemple. C’est une réponse institutionnelle, mais je crois que mon questionnement se poursuit’’.
A la tête du CESTI depuis mai 2005, Eugénie Rokhaya Aw pense "boucler la boucle’’ de sa vie ’’en retournant au journalisme’’. "Mais je ne sais pas encore, parce que je n’ai pas fini de faire ce retour sur moi-même, mais j’ai l’intuition que c’est ce qui va se passer’’, dit-elle.
Mais un préalable, peut-être, à tout cela. "Commencer à écrire pour mieux me comprendre, pour mieux comprendre mon itinéraire, pour mieux comprendre ce que je suis’’, relève-elle, à la manière de ceux qui ne s’habituent jamais au monde et comme si le tout et le meilleur de sa vie est encore à raconter.
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CINÉMA, ON PEUT S'ATTAQUER À TOUS LES SUJETS...
Y-a-t-il des sens interdits en matière de production cinématographique au Sénégal? Peut-on traiter de tout sujet de société sans censure? Les sujets intimes peuvent-ils être abordés sans réprimandes? Les réponses de la productrice Kalista Sy.
Productrice de séries, dans le cadre du lancement de l’application Weerwi destinée au suivi des règles et au cycle menstruel, Kalista Sy assuré la réalisation de la web série Weerwi, très éducative pour les jeunes adolescentes.
En marge du lancement de l’application Weerwi, jeudi à Dakar, nous l’avons interviewée sur sa participation à ce projet. Selon elle, la question des règles ne doit pas être seulement une affaire des jeunes adolescentes ou de femmes tout court, mais ça doit être une question qui concerne aussi bien les hommes que les femmes et même les parents de manière générale.
Répondant sur le cinéma sénégalais, Kalista explique qu’il est en évolution avec de nouveaux regards. Pour la célèbre productrice, la meilleure manière de faire évoluer le cinéma sénégalais et africain, c’est que les Africains racontent leurs propres histoires africaines et sénégalaises.
Malgré la controverse suscitée par certains épisodes de « Maitresse d’un homme marié», sa fameuse série, Kalista Sy assure qu’il n’y a pas de sens interdit dans le cinéma, que l’on peut bel et bien s’attaquer à tous les sujets, mais tout est dans l’angle d’attaque.
TECH, RÈGLES ET SUIVI DU CYCLE MENSTRUEL EN UN CLIC
Weerwi, une application gratuite et téléchargeable, destinée au suivi du cycle menstruel, notamment des jeunes filles, vient d’être lancée par une entreprise sénégalaise pour venir en appui aux éducatrices devant aborder ce sujet ô combien tabou
Apiafrique, une entreprise sociale sénégalaise vient de lancer, ce jeudi 30 juin, à Dakar, une application mobile afin de permettre aux jeunes filles de suivre leurs règles et leurs cycles menstruels en toute quiétude. La cérémonie a eu lieu jeudi, à l’institut français de Dakar en présence des différentes parties prenante dont la réalisatrice Kalisata Sy.
C’est peut-être fini le temps où les jeunes filles éprouvaient d’énormes difficultés ou tout simplement de la gêne à parler de leurs menstrues qu'elles découvrent avec surprise ou le cycle qu'elles n'arrivent pas à maîtriser afin d'organiser leur quotidien. En effet, l’entreprise ApiAfrique vient de lancer officiellement au Sénégal, Weer Wi, la première application mobile destinée au suivi du cycle et à la santé menstruelle en Afrique de l'Ouest.
Le but viser est de "changer les règles" et d’accompagner les filles dans la découverte de leur cycle menstruel sachant que la question reste un sujet tabou de manière générale dans les foyers. La solution est désormais là grâce à la terchnologie.
Il s’agit d’un ensemble d’outils composés d’une chaine youtube en français et en wolof, (avec une web série réalisée par la réalisatrice kalista Sy), d’un livret avec des conseils et astuces, d’un chatbot dans l’application Weerwi et d’un site internet.
Avec ce package, les jeunes filles ont désormais l’info précieuse pour leur bien-être et ont des réponses personnalisées et confidentielles à leurs interrogations puisqu'elles peuvent faire leurs requêtes sur la plateforme. «Il y a des questions qu’on ne peut pas poser à nos parents ou à des amies. Mais sur la plateforme quand tu poses une question, on te répond comme si c’était ta mère ou ta sœur. On te répond comme il se doit. Il a plus de sécurité parce c’est confidentiel », a confié Mlle Mendy, une lycéenne de 19 ans qui utilise l’application depuis quelques mois.
Cet ensemble d’outils qu’offre que la plateforme Weerwi donne aux jeunes filles les informations nécessaires à la compréhension de leur cycle mensuel, les guider dans leur développement personnel et les aider à communiquer sur les règles au sein de leur entourage sans pour autant remplacer leur rôle des mères et des tantes.
Phénomène physiologique donc naturel, les règles demeurent troutefois une question très peu discutée dans beaucoup de sociétés, notamment africaines et de fait, des millions de femmes et surtout de jeunes filles manque d’information sur ce sujet. C’est équation que résout ainsi Apiafrique. « A travers le programme changeons les règles »,nous nous engageons à fournir aux femmes des solutions innovantes.
Werrwi a été conçu avec et pour les filles, afin de leur fournir toutes les informations fondamentales sur les règles et cela de manière adaptée à leur âge et aux spécificités culturelles de notre région d’Afrique », a indiqué Marina Gning, la cofondatrice et CEO d’Apiafrique, dans un communiqué transmis aux médias.
D’ailleurs les outils de Weerwi ne se substitue pas au rôle des éducatrice que sont les mamans , les tantes ou autres membres de la famille, précise Soukeyna Ouédraogo, responsable du programme « Changeons les règles» à Apiafrique.
Selon elle, 84% des jeunes filles et des femmes ne sont pas bien préparées à accueillir sereinement leurs premières règles. De ce point de vue cette première application africaine destinée à ce phénomène vient à point nommé.
Gratuite, l’application Weerwi est téléchargeable sur AppSotre et Googleplay. Les initiatrices du projet ambitionnent de le propager en Afrique de l’Ouest et plus tard sur l’ensemble du continent.
Le projet Weerwi a été rendu possible grâce à Apiafrique, -une entreprise sociale spécialisé dans les produits innovants et respectueux de l’environnement pour femmes et bébés-, en partenariat avec it4life et d’autres partenaires.
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KEN BUGUL, BOUBACAR BORIS DIOP M'AVAIT VEXÉE...
Dans son échange sur le réalisme littéraire avec l'écrivain espagnol José Manuel Farjado, lors du Benengeli 2022, à l’Institut Cervantes de Dakar, Ken Bugul (Mariétou Mbaye), raconte pourquoi et comment elle s'est lancée dans l'écriture avec sa trilogie.
Dans son échange sur le réalisme littéraire avec l'écrivain espagnol José Manuel Farjado, lors du Benengeli 2022*, Ken Bugul, de son vrai nom Mariétou Mbaye, raconte comment elle s'est lancée dans l'écriture en dévoilant l'histoire à partir de laquelle son aventure d’écrivain a véritablement démarré. Elle précise aussi comment Boubacar Boris Diop y a participé peu ou prou.
C'est avec «La folie et la mort» que Ken Bugul s'est vraiment sentie en confiance pour poursuivre l'écriture et a décidé de poursuivre l'écriture. Elle signait d’ailleurs réellement son entrée dans la fiction parce que son aventure littéraire a commencé avec des romans autobiographiques.
Les premières publications de Ken Bugul sont une trilogie composée de «Le baobab fou», «Riwan ou le chemin de sable» et «Cendres et Braises». Selon elle, cette trilogie était écrite dans une démarche plutôt thérapeutique que dans un projet purement littéraire.
D’ailleurs après ces premières publications, la célèbre écrivaine voulait tout simplement ranger calepin et stylo, estimant avoir atteint son objectif, avoir réussi à se soigner. Partant, elle ne trouvait pas vraiment opportun de poursuivre l’aventure.
Mais par défi, elle reprend sa plume et elle publie « La folie et la mort» après avoir été titillée par Boubacar Boris Diop. En effet, sa trilogie avait été bien apprécié par ce dernier. Mais Ken Bugul l’a assuré qu’elle n’est pas écrivain et qu’elle prévoyait d’ailleurs d’arrêter.
Boubacar Boris Diop lui dit alors si elle préférerait aller acheter les ingrédients de cuisine à vendre plutôt qu’à s’investir dans l’écriture dont elle a déjà le talent. La romancière décidée alors de relever ce défi avec «La folie et la mort».
Après ce roman réaliste, elle s’est mise à fond dans l’écriture et n'a plus pensé à renoncer. Bien au contraire. Ken Bugul est à plus d’une dizaine de romans. «Le trio bleu» est son onzième livre et elle travaille sur son dernier ouvrage.
NB : *Benengeli est la semaine internationale des lettres du monde francophone.
«TOUS POUR DIRE NON AUX VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ET AUX FILLES »
Le Sénégal a abrité hier, lundi 27 juin le lancement de la campagne carton rouge pour lutter contre toute forme de discrimination et de violence à l’égard des femmes et des filles.
Le Sénégal a abrité hier, lundi 27 juin le lancement de la campagne carton rouge pour lutter contre toute forme de discrimination et de violence à l’égard des femmes et des filles. La campagne Carton rouge, lancée hier, lundi 27 juin, à Dakar en présence des sommités comme l’Envoyée spéciale du président de la République, Aminata Touré, et de Chantal Yelu Mulop, Conseillère spéciale du président de la République démocratique du Congo, en charge de la Jeunesse et de la lutte contre les violences faites à la femme, a pour objectif d’accélérer le plaidoyer et la sensibilisation contre les violences à l’égard des femmes et des filles, en vue de l’atteinte des objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
Selon Dr Djibril Diallo, président directeur général de l’Ardn, « spécifiquement, nous voulons que ces campagnes servent de plateforme pour recueillir les bonnes pratiques et les expériences de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles». Avec comme thème « le sport et la culture en faveur de l’élimination des discriminations et violences à l’égard des femmes et des filles », les acteurs comptent s’appuyer sur ces deux piliers pour réussir le pari de l’élimination et atteindre un million de signatures avant la Coupe du monde prochaine.
Pour le Réseau de la renaissance africaine et de la diaspora (ARDN) en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour la population (l’Unfpa), il y a des causes qui ne laissent pas de place à la neutralité, tant elles imposent un seul choix à savoir celui de l’engagement et de l’action. « Aujourd’hui, encore les femmes et les filles représentent trop souvent le maillon faible en termes de protection, de sécurité, de préservation de droits sur les questions relatives aux violences », a déclaré la représentante résidente de l’Unfpa au Sénégal, Rose Gakuba. Et de poursuivre : « les avancées réalisées bénéficient non seulement aux femmes mais aussi aux hommes et aux enfants. Elles touchent l’économie, la santé et le bien-être, et permettent d’offrir de meilleures perspectives d’avenir à toutes et tous».
Au niveau du Sénégal, le conseiller spécial du Président de la République, Aminata Touré a appelé toutes les forces vives de la société pour la réussite de la campagne Carton rouge. Au même moment, le Secrétaire général du ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection de l’enfant, Mame Ngor Diouf a déclaré : « c’est une excellente initiative qui s’inscrit parfaitement dans le mouvement mondial en faveur de l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes et des filles et le gouvernement du Sénégal est pleinement engagé dans ce mouvement à travers la ratification de la totalité des instruments juridiques pertinents». La Campagne "Carton Rouge" a été déjà lancée dans plusieurs pays d’Afrique, des Caraïbes, d’Amérique latine et aux Etats-Unis.
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LE SLAM SE CONJUGUE PEU A PEU AU FÉMININ
Hajar est l'une des porte-étandard du slam du Sénéga depuis quelques années. Initiatrice du Festival international slam nomade, elle beaucoup d'engagement, de revendication dans ses textes. Les détails dans cette interview après une prestation
Précocement artiste, c’est depuis l’âge de 5 ans que Hajar Pourmera Thiam s’est mise à l’écriture, en composant notamment des poèmes, un talent favorisé par un environnement familial fort artistique. Plus tard au lycée, elle découvre le slam grâce à un devancier dans le domaine.
Dans cet entretien, celle qui a lancé le Slam nomade nous parle de ses débuts dans cet art encore bien masculin, de l’évolution du slam du fait du numérique. Hajar nous parle aussi de la prochaine édition du festival dont elle est la directrice. Les détails dans cette entrevue.
Nous avons rencontré Hajar ce weekend au Grand théâtre lors de la cérémonie des 30 ans de TV5 à Dakar où, elle a presté, slamé TV5, ses journalistes et ses programmes.
Regardez !
L'ENDOMÉTRIOSE, UNE MALADIE SOURNOISE ET ENCORE MAL CONNUE
L'endométriose se définit comme la présence, en dehors de la cavité utérine de tissu semblable à la muqueuse utérine appelé endomètre qui subira, lors de chacun des cycles menstruels ultérieurs, l'influence des modifications hormonales.
Les règles douloureuses ou dysménorrhées sont très souvent liées à l'endométriose. Une femme sur dix en âge d'avoir des enfants serait atteinte par cette maladie.
L'endométriose se définit comme la présence, en dehors de la cavité utérine de tissu semblable à la muqueuse utérine appelé endomètre qui subira, lors de chacun des cycles menstruels ultérieurs, l'influence des modifications hormonales.
L'endométriose provoque des douleurs très handicapantes, elle représente l'une des premières causes d'infertilité chez la femme et est généralement tardivement diagnostiquée. Il peut s'écouler 8 à 10 ans entre les premiers symptômes et la confirmation du diagnostic.
Si les règles sont normales, cela ne l'est pas en revanche lorsqu'elles sont très douloureuses ou durent dans le temps. Un diagnostic précoce peut faciliter le traitement, préserver la fertilité et réduire le risque de complications.
Nombreuses sont celles qui en souffrent dans le silence, non pas parce qu'elles n'ont pas le choix, mais parce qu'elles ne sont pas assez informées. Aujourd'hui, avec l'avancée de la science, de plus en plus de femmes se renseignent sur cette maladie.
À l’heure actuelle, aucun traitement ne permet de guérir de l’endométriose ; mais avec l'avancée de la science, l'espoir est permis quant à un éventuel remède.
MAL-ÊTRE ET INCOMMODITÉS DE FEMMES ACTIVES
Règles douloureuses à l’école, au travail et absence de congé menstruel, C'est un sujet dont on ne parle presque jamais
C'est une période du mois que beaucoup de femmes redoutent. Fait certes naturel, les menstrues sont souvent accompagnées de nombreux symptômes désagréables et parfois très inquiétants. Alors que, dans notre société, parler des menstrues a toujours été un tabou, les symptômes de cette indisposition sont plus prononcés chez certaines femmes que chez d'autres, au point d'être un handicap dans le quotidien de ces premières qui, face à des douleurs qui peuvent parfois être insoutenables, sont souvent forcées à manquer l'école ou le travail, malgré elles.
C'est un sujet dont on ne parle presque jamais. ''Avoir ses "ragnagna'' ; ''être indisposée'' ; ''saigner du nez'' ; ''les chutes du Niagara'' ; ce sont autant d'expressions à mots couverts utilisées pour désigner les menstrues. Les tabous autour des règles continuent d'exister et perdurent malheureusement au Sénégal.
Beaucoup de femmes chez qui les symptômes sont plus prononcés (règles douloureuses), souffrent encore plus de cette pesanteur sociale. Et ce ne sont pas des écolières, étudiantes et autres femmes actives ou travailleuses dans différentes entreprises et sociétés, obligés de déserter les classes, les bureaux ou services, qui diront le contraire.
Mame Bousso travaille dans une entreprise de la place à temps plein. Pour elle, allier travail et douleur menstruelle ne font pas bon ménage, surtout lorsqu'elle doit donner des explications, pour disposer, dans une société où ce sujet ne passe pas. "Je crains toujours ce moment ; même en parler est difficile pour moi parce que n'étant pas habituée. Au début, on m'exigeait un Certificat médical pour justifier mon absence. C'est un peu compliqué ; vous imaginez apporter un Certificat médical, juste parce qu'on a des règles douloureuses. Et rares sont les médecins qui les délivrent ; mais on essaie de faire avec. Personnellement, je me prépare en conséquence, en prenant des médicaments le plutôt possible. Et si les douleurs persistent, je suis obligée de rentrer. Chacun a sa façon de supporter la douleur."
Pour Mame Diarra, il est presque impossible de rester sur place. "Je ne suis pas à l'aise et d'ailleurs je fais des va et vient dans les toilettes pour vérifier si tout va bien. Heureusement qu'il y a des toilettes pour femmes qui permettent de respecter notre intimité. Mon supérieur m'a une fois demandé un Certificat médical. Mais, après explication, il a compris et, depuis, je ne suis plus obligée de le donner. Cependant, certaines entreprises montrent peu d'indulgence envers ces femmes, contrairement à l'entreprise où je suis actuellement. Je risquais même de perdre mon poste, pour cause d'absentéisme. Je croise vraiment les doigts et je garde espoir pour qu'au moins une loi soit votée dans le sens de nous faire bénéficier de congés en cette période", explique-t-elle. Les élèves et étudiantes ne sont pas non plus épargnés.
Du haut de ses 15 ans, Dieynaba, élève en classe de 3ème, subit de plein fouet ces effets «indésirables» de la puberté. "Je suis élève en classe d'examen et je peux vous dire que j'ai raté beaucoup de cours parce que tout simplement les douleurs étaient insupportables. Je suis obligée de tout le temps trouver des excuses parce que c'est gênant pour moi d'en parler. À l'école, le confort n'y est pas et les personnes ne comprennent vraiment pas notre mal-être. Pour elles, prendre des médicaments suffit pour stopper la douleur. Or, elle varie d'une femme à une autre." Pour beaucoup de femmes actives, aussi bien dans le formel que l'informel, la situation dans laquelle elles travaillent devient de plus en plus préoccupante en ces périodes du mois. C'est ce que révèle Aissatou, la trentaine, vendeuse de légumes. "Je rencontre d'énormes difficultés lorsque je suis en période de règles.
En plus des douleurs qui réduisent toute mon efficacité, je me sens mal à l'aise au marché ; les conditions ne sont pas réunies car les toilettes ne sont pas praticables. Il est vraiment difficile d'entretenir son hygiène dans ces conditions. À chaque fois, je suis obligée de descendre beaucoup plus tôt que prévu, des fois même il m'arrive de ne pas venir au marché car les douleurs m'handicapent carrément." Aujourd'hui, face à cette indisposition mensuelle, un certain nombre de pays ont prévu, dans leur législation du travail, le droit au congé menstruel. Tel n'est pas encore le cas au Sénégal. De même, un peu partout dans le monde, de plus en plus d'entreprises proposent des jours de congés aux femmes pendant leur période menstruelle.
Dans des pays comme le Japon, l'Inde, la Corée du Sud, pour ne citer que ceux-là, le pas a déjà été franchi. Dans la législation sénégalaise, il est prévu des jours de congés de maternité, pour les derniers mois de grossesse et les femmes allaitantes. Cependant, beaucoup de femmes se sentent exclues, du fait de la conception de la société où elles ne sont pas prises en compte durant ces quelques jours d'incommodité.
De nos jours, pour des raisons culturelles et sociales, il y a toujours un malaise collectif qui plane au-dessus des menstruations et il est temps de lever les tabous. Le vote d'une loi sur le congé menstruel permettra, dans une certaine mesure, aux femmes actives notamment du secteur formel de mieux appréhender leur cycle menstruel. Faudrait-il alors lever certaines craintes liées notamment à une discrimination à l'embauche mais aussi un difficile avancement en ce qui concerne leur carrière, pour ces femmes, en plus des congés de maternité dont elles bénéficient. Bref, alors que dans un certains nombres pays, les femmes ont obtenu le droit de bénéficier d'un congé menstruel, pouvons-nous, un jour espérer de même pour le Sénégal ? L'appel est lancé au législateur.