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27 avril 2025
Politique
L'EXÉCUTIF DONNE L'EXEMPLE EN MATIÈRE DE REDDITION DES COMPTES
Lors du conseil des ministres de mercredi, le Premier ministre s'est félicité que l'ensemble de l'exécutif ait déclaré son patrimoine dans les délais requis
Le Premier ministre s’est félicité, mercredi en Conseil des ministres, de l’acquittement par le président de la République et l’ensemble du gouvernement de leurs obligations de déclaration de patrimoine.
‘’Le Premier ministre s’est ensuite félicité de l’acquittement par le Président de la République lui-même et l’ensemble du Gouvernement de leurs obligations de déclaration de patrimoine, respectivement au Conseil Constitutionnel et à l’OFNAC, dans les délais impartis, à savoir trois (3) mois après la prise de fonction’’, rapporte le communiqué du Conseil des ministres.
La même source ajoute qu’Ousmane Sonko a demandé aux ministres de ‘’veiller au respect scrupuleux de cette exigence, par les responsables assujettis, placés sous leur tutelle’’.
par Babacar Mbaye
AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT : LA FRANCE LOIN DEVANT LA CHINE, LA RUSSIE AUX ABONNÉS ABSENTS
Alors que la rhétorique russo-chinoise plaide pour un renouveau des relations avec les pays africains, les actes ne sont pas à la hauteur des discours, du moins en ce qui concerne l'aide publique au Sénégal
En début de semaine, un déploiement diplomatique, à la fois, des russes et des chinois en direction du Sénégal a été observé. En effet, l’ambassadeur de la Chine à Dakar Xiao Han a accordé, lundi 8 juillet, un entretien au site Dakaractu dans lequel il vante les promesses de la coopération sino-sénégalaise en matière de nouvelles énergies. Le lendemain, Moscou a envoyé à Dakar son vice-ministre des Affaires étrangères Mikhail Bogdanov. Au menu des échanges avec les autorités sénégalaises : les orientations de la coopération bilatérale.
L’un des éléments importants de cette coopération sur lequel Dakar s’appuie pour dérouler une partie de sa politique économique reste l’aide publique au développement. Et sur ce point, malgré la rhétorique russo-chinoise sur un nouveau type de partenariat avec nos Etats et les attaques contre les partenaires traditionnels tels que la France, ce dernier pays a un apport de loin plus consistant.
Selon les chiffres du ministère des Finances et du Budget publiés en 2020 et qui suivent la même tendance sur les années suivantes, la répartition de l’aide publique au développement par partenaires dans la coopération bilatérale positionne la France loin devant la Chine et montre que la Russie est aux abonnés absents.
La France, à travers ses différentes agences donatrices à savoir l’Agence Française de Développement, la Banque Française pour le Commerce extérieur et la Coopération française, assure à elle seule 25% de l’Aide publique au développement du Sénégal. Là où la Chine est à 4% et la Russie même pas répertoriée au tableau des donateurs.
Ainsi en 2020, sur un total de 663 milliards de francs CFA (plus d’1 milliard d’euros) la France a contribué à hauteur de 174 milliards de francs CFA (265 millions d’euros), la Chine a décaissé 27 milliards de francs CFA et la Russie a eu donc une contribution insignifiante.
Pour rappel, selon la définition du Comité d’Aide au Développement (CAD) de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), on comprend par Aide publique au développement « l’ensemble des dons et prêts accordés à des conditions très favorables (nets desremboursements en capital) par des organismes publics à des pays et territoires, dans le but depromouvoir leur développement économique et social ».
Si l’on intègre à la fois les partenaires bilatéraux et multilatéraux, le classement des onze (11) premiers partenaires du Sénégal par volume des décaissements se présente comme suit : Banque mondiale (16,08%), France (14,39%), Commission européenne (11,91%), Banque africaine de développement (11,19%), Allemagne (7,86%), BOAD (7,41%), Japon (6,08%), Etats-Unis d’Amérique (5,53%), BID (5,43%), Nations unies (2,88%), Chine (2,25%).
L’Aide publique au développement permet a l’Etat du Sénégal de réaliser des investissements dans des secteurs tels que l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’hydraulique, les eaux et forêts, la recherche, les mines-industrie-énergie, le tourisme, les transports, les télécoms, l’appui institutionnel.
Babacar Mbaye est expert en politique publique.
DIOMAYE ET SON GOUVERNEMENT ONT EFFECTUÉ LEUR DÉCLARATION DE PATRIMOINE
Ousmane Sonko a demandé aux ministres de ‘’veiller au respect scrupuleux de cette exigence, par les responsables assujettis, placés sous leur tutelle’’.
Le Premier ministre s’est félicité, mercredi en Conseil des ministres, de l’acquittement par le président de la République et l’ensemble du gouvernement de leurs obligations de déclaration de patrimoine.
‘’Le Premier ministre s’est ensuite félicité de l’acquittement par le Président de la République lui-même et l’ensemble du Gouvernement de leurs obligations de déclaration de patrimoine, respectivement au Conseil Constitutionnel et à l’OFNAC, dans les délais impartis, à savoir trois (3) mois après la prise de fonction’’, rapporte le communiqué du Conseil des ministres.
La même source ajoute qu’Ousmane Sonko a demandé aux ministres de ‘’veiller au respect scrupuleux de cette exigence, par les responsables assujettis, placés sous leur tutelle’’.
L'ÉQUATION DES NOMINATIONS
Le rythme des nominations dans le nouveau régime de Diomaye et Sonko suscite bien des interrogations. Entre les urgences à gérer et les attentes pressantes, le duo au pouvoir semble prendre son temps, provoquant l'impatience de certains alliés
Entre les urgences, les militants et sympathisants qui sont pressés et qui pensent que le duo au pouvoir est très lent dans le remplacement de certains dirigeants de l’ancien régime, ceux qui veulent plus de rigueur dans le choix des profils, Diomaye et Sonko ne semblent nullement perturbés.
C’est devenu la grande attraction dans les communiqués successifs du Conseil des ministres. Chaque mercredi, quand Amadou Moustapha Ndieck Sarré, porte-parole du gouvernement, partage le fameux document, beaucoup se ruent directement vers le bas pour voir qui sont les nouveaux nommés du régime Diomaye-Sonko. Dans les minutes qui suivent, l’info barre la une de plusieurs sites d’informations avec souvent le même titre : ‘’Les nominations du Conseil des ministres.’’ Ainsi en est-il depuis avril 2024.
Certes, beaucoup de nominations ont été faites, mais le rythme est jugé très, voire trop lent par beaucoup d’observateurs, y compris même parmi des soutiens du régime. Interpellé, ce militant de Pastef précise : ‘’J’avoue que certains s’impatientent un peu. Ils pensent que les choses ne vont pas très vite et ça peut s’entendre. Mais je pense qu’il faut aussi relativiser. Nous avons trouvé sur place des urgences qu’il fallait gérer : les tensions de trésorerie, les audits qu’il faut gérer…’’
Dans le même sillage, notre interlocuteur met en exergue la volonté presque obsessionnelle du régime à faire les meilleurs choix possibles dans la plupart des postes. ‘’Je sais, souligne-t-il, que le régime tient à faire des choix basés sur l’expertise et la compétence. Il ne s’agit pas seulement d’enlever X ou Y pour y mettre un militant. Nous avons promis de gouverner autrement et la compétence sera de mise…’’
À ce propos, il faut noter que le Pastef avait proposé bien mieux. Il avait préconisé de passer par l’appel à candidatures pour nommer à certains postes. À ce jour, en dehors des appels à candidatures traditionnels, qui se faisaient bien avant la troisième alternance, il y a très peu, pour ne pas dire aucun appel à candidatures. Ce qui aurait dû faire gagner beaucoup de temps.
Mais voilà plus de trois mois que le régime peine à désigner des personnes, politiques ou non politiques, à certains postes.
Un soutien de Pastef invoque les urgences qu’il fallait gérer : tensions de trésorerie, audits…
Résultat, Diomaye et Sonko continuent de gouverner dans bien des secteurs avec d’anciens détracteurs. Si ce n’était que des fonctionnaires qui sont à leurs postes de par leurs seules compétences, cela aurait pu se comprendre. Mais parmi ces gens, ils sont nombreux à être politiquement très marqués. On pourrait en citer Mamadou Lamine Sall, ancien serviteur de Wade puis de Macky Sall et pendant plus de deux mois encore de Diomaye. Il y a quelques jours, celui qui était jusque-là le PCA de l’Office national de la formation professionnelle (ONFP) a pris la décision de jeter l’éponge, non sans tirer à boulets rouges sur le régime.
Il peste : ‘’Je ne peux pas continuer de garder le silence face aux souffrances que ce régime inflige aux populations. Si quelqu’un pense me neutraliser en me laissant à mon poste pour martyriser les Sénégalais, il se trompe. Moi, je mettrai toujours la patrie au-dessus de toutes les considérations. Je préfère rester avec ces gens que de continuer de profiter d’un salaire. C’est pourquoi j’ai décidé, à partir d’aujourd’hui, de démissionner de mon poste.’’
Avant lui, le directeur général de l’Agence nationale de la maison de l’outil (Anamo) avait lui aussi, après plus de deux mois à son poste sans être démis, choisi de rendre lui-même le tablier. ‘’J’ai le privilège, disait-il dans une lettre publiée dans la presse le vendredi 14 juin, de vous informer que je me suis volontairement déchargé de mes fonctions de directeur général de l’Agence nationale de la maison de l’outil (Anamo), par courrier n°00002 /ANAMO/DG/Conf/ en date du mercredi 12 juin 2024 adressée sous couvert de la voie hiérarchique à Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye, président de la République du Sénégal’’.
Dans la même logique, précisait-il, il dit vouloir rendre le même jour son passeport diplomatique, pour se consacrer à son organisation, le Groupe d’initiative pour une médiation à l’Africaine (Gima).
Bien avant eux, le journaliste Abdoulaye Bamba Diallo avait démissionné de son poste de PCA du quotidien national ‘’Le Soleil’’ pour mettre à l’aise le successeur du président Sall qui l’avait nommé. Il disait de manière claire : ‘’… C’est Macky Sall qui m’avait nommé ; il est parti. Bassirou Diomaye Faye a gagné, il doit s’installer avec ses hommes. Pour moi, c’est la règle du jeu. Je lui souhaite vraiment plein succès pour sa brillante victoire. Mais je crois que pour moi, ma cohérence est qu’il ne m’avait pas désigné, bon je n’ai pas à l’encombrer.’’
Quand d’anciens collaborateurs de Sall préfèrent se démettre avant d’être démis
Pendant ce temps, ils sont encore assez nombreux à continuer de jouir des privilèges dans le nouveau régime, comme ils l’ont fait dans le régime déchu du président Macky Sall. Certains n’hésitant même pas à aller quémander de direction en direction leur maintien en poste, malgré le changement de régime.
Pastef est-il en manque de cadres pour occuper certains postes de responsabilité ? Pourquoi Diomaye et Sonko ne vont pas chercher les compétences au-delà des frontières de leurs militants et alliés, si Pastef en manque ? Plusieurs questions qui se posent au rythme des conseils des ministres.
Mais le grief qui revient le plus, c’est la concentration de tout entre les mains du PR et de son PM. ‘’À mon humble avis, le PR et le PM doivent confier certains dossiers à des hommes de confiance ; ils ne peuvent pas tout faire. On sait qu’ils veulent surtout bien faire, mais le travail est immense, avec de nombreux dossiers à gérer. Il faut qu’ils délèguent certaines tâches’’, confie un de nos interlocuteurs.
D’autres indexent la concentration du pouvoir de nomination entre Diomaye et Sonko, et demandent une décentralisation
Quand ce n’est pas les lenteurs dans les nominations qui posent problème, c’est tout simplement la promotion de profils qui sont loin de faire l’unanimité. Dans une lettre ouverte publiée intitulée ‘’Les 100 jours du gouvernement de rupture : point de vue d’un modeste citoyen’’, le doyen Mody Niang, jusque-là considéré par beaucoup comme ‘’proche’’ des nouvelles autorités, alerte sur certaines décisions.
‘’… J'ai parfois des problèmes devant certaines nominations. L'exemple qui retient mon attention parmi tant d'autres, c'est la récente nomination d’un compatriote comme PCA de l’Apix. Mon frère Alla Kane m'a envoyé une vidéo que j’ai transférée à Amadou Ba (responsable à Pastef). Elle nous rappelle qui est réellement ce nouveau promu ou qui il était. Quand j’ai écouté la vidéo, j’ai failli tomber à la renverse. J’ai envoyé d'ailleurs un court message à Alla Kane, que j’ai ensuite transféré à Amadou Ba.’’
Monsieur Niang ne se prive pas de livrer le contenu de la lettre envoyée à Alla Kane et qu’il a transféré à Amadou Ba. ‘’Mon frère, disait-il à Alla Kane, toi qui es plus près d’eux, tu dois leur suggérer de faire davantage attention au passé de ceux et celles qu’ils nomment. Cette nomination doit faire mal aux vrais patriotes qui ont porté le Projet Pastef pendant plusieurs années et dont le profil n’a vraiment rien à envier à celui dont la vidéo nous présente un certain passé’’.
Alors que beaucoup de Sénégalais s’interrogent sur les lenteurs, le doyen, lui, invite à être plus regardant. ‘’Les nouveaux gouvernants doivent s'attarder encore plus sur le passé des gens avant de les nommer à quelque poste que ce soit. Aujourd'hui, de plus en plus de compatriotes se posent légitimement des questions sur le népotisme qui serait à la base des actes de nominations de certains ministres et surtout de deux d’entre eux. Leurs ministères seraient devenus finalement pour eux comme une famille, avec d’anciens membres de l’APR bien connus. J'ai employé le conditionnel, ne disposant pas de preuves que les informations agitées çà et là sont avérées. Je ne le fais d’ailleurs que par sagesse’’.
TOUT LE MONDE PEUT HUMILIER CETTE ASSEMBLÉE SAUF OUSMANE SONKO, SELON ABBA MBAYE
Pour le député de Taxawu, le Premier ministre ne doit pas tenir cette posture car le parlement a été au devant de la scène lors de ses combats pour la souveraineté.
Membre du groupe des non-inscrits et non moins ex-député du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, Babacar Abba Mbaye a donné la position des députés de Taxawu Sénégal sur la volonté du Premier ministre de tenir sa Déclaration de Politique Générale devant une assemblée populaire. Selon le parlementaire, Ousmane Sonko ne doit pas tenir cette posture car l’Assemblée nationale a été au devant de la scène lors de ses combats pour la souveraineté. Il doit plutôt «renforcer l’Assemblée nationale et demander la réadaptation de son règlement intérieur et changer la fonction parlementaire ».
«Nous lui demandons de ranger cette idée. Le faire, ce serait humilier l’Assemblée nationale. Or, tout le monde peut humilier cette assemblée sauf Ousmane Sonko. Parce qu’elle a été à ses côtés dans tous ses combats, pour toutes les initiatives parlementaires le concernant. Les gens se sont battus, ont engagé une guérilla parlementaire pour lui », déclare-t-il. Et de lui conseiller à faire des propositions constructives pour la bonne marche de l’hémicycle.
«J’aurai souhaité plutôt entendre de lui des propositions consolidantes comme donner le poste de questeur à l’opposition, faciliter la création de commissions d’enquête parlementaire », conclut-il.
par Mohamed Lamine Ly
RÉFLEXIONS SUR LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES À LA SANTÉ
L'appel à candidatures du Pastef aurait eu toute sa pertinence au ministère de la Santé et de l'Action sociale, car la gestion démocratique du personnel n'y a jamais été une réalité. Le nouveau ministre ne fait perpétuer d'anciennes pratiques
Il est souvent reproché au système sanitaire sénégalais un déficit chronique et permanent en ressources, aussi bien humaines, matérielles que financières. Pour la présente contribution, nous nous appesantirons sur la gestion des ressources humaines, en prenant prétexte des récentes nominations controversées au niveau du ministère de la Santé et de l’Action sociale, qui ont suscité des protestations véhémentes du syndicat des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes (SAMES) et semé la zizanie dans la famille des professionnels de santé.
S’il y a un secteur, où l’appel à candidatures mentionné dans le projet de transformation systémique du Pastef aurait eu toute sa pertinence, c’est bien celui de la Santé et de l’Action sociale, car la gestion démocratique du personnel n’y a jamais été une réalité, tout au moins, pour ce qui est de celle des cadres supérieurs de santé (et du secteur social), désignés, sans concertation formelle, même si c’est par note de service, arrêté ou décret.
C’est donc dire que le nouveau ministre de la Santé n’a fait que perpétuer d’anciennes traditions de gestion discrétionnaire de cette question importante et sensible, avec la complicité de divers groupes de pression, dont l’Exécutif central et les syndicats.
Au Sénégal, l’atmosphère du secteur socio-sanitaire est polluée par des accusations itératives de « médicalisation » du secteur de la Santé, à savoir, l’accaparement par le corps des médecins de la quasi-totalité des postes de directions.
Qu’en est-il réellement ?
Une gestion archaïque des ressources humaines
Au niveau des districts et régions
Il est vrai que les districts, unités opérationnelles par excellence du système socio-sanitaire, chargées d’activités de santé publique et de mise en œuvre opérationnelle du PNDS, sont tous gérés par des médecins. Cela vient essentiellement du fait que la fonction de chef de district et celle (très orientée vers le curatif) de chef de centre de santé sont encore confondues. Les dissocier offrirait l’opportunité à d’autres cadres supérieurs de santé non médecins (docteurs en pharmacie, en chirurgie dentaire, en sciences infirmières ou obstétricales) d’occuper le poste de chef de district et même de région. En l’absence de règles du jeu claires, les organes de participation communautaire et dévolus au transfert de la compétence Santé aux collectivités territoriales (comité de développement sanitaire) restreignent considérablement la marge de manœuvre des gestionnaires de district ou conduisent à une collusion au détriment des usagers et travailleurs.
Par ailleurs, les équipes des districts sanitaires et des directions régionales de santé incluent des techniciens supérieurs de santé, des assistants sociaux et même des agents paramédicaux expérimentés (IDE, SFE), dont la plupart acquièrent de nouveaux diplômes (master, doctorat) dans les domaines les plus variés (gestion des programmes, administration des services de santé, épidémiologie…), sans compter l’expertise acquise sur le terrain.
Au niveau des hôpitaux
Par contre, la gestion de l’écrasante majorité des structures hospitalières échoit à des non-médecins, qui ne sont parfois même pas du secteur de la santé, mais qui ont acquis des diplômes d’administration des services de santé. Ces directeurs nommés par décret présidentiel constituent une sorte de « lobby administratif et financier » dans les structures sanitaires, dont certains membres issus du monde politico-syndical, pensent devoir s’acquitter d’un devoir de gratitude envers l’Exécutif.
Cet état de fait est en contradiction flagrante avec la prétendue autonomie hospitalière, qui a permis, jusque-là aux ministres politiciens de vampiriser les structures hospitalières à leur profit, à travers des instances délibérantes ravalées au rang de caisses de résonnance.
Les cadres supérieurs de santé sont réduits au rôle d’observateurs impuissants, confinés dans des commissions médicales honorifiques, ayant peu de prise sur la réalité hospitalière. Il en est de même pour les agents paramédicaux, dont les commissions techniques ont un statut encore moins valorisé.
Au niveau de l’administration centrale
La nomination aux postes de direction du niveau central obéit à un faisceau de critères dont aucun ne renvoie à une compétition saine et loyale ou en rapport avec le profil des postulants :
Critère politicien, pour récompenser les cadres de la mouvance présidentielle, qui n’hésitent d’ailleurs pas à transhumer, à l’occasion,
Critère académique, qui devrait poser le débat sur les plans de carrière des cadres de santé publique, par rapport aux universitaires, qui viennent occuper des postes au niveau du Ministère,
Critère lié à l’appartenance à un groupe de pression syndical, associatif voire religieux…
En lien avec la gestion verticale du système sanitaire, occasionnant une foultitude de programmes, on note une pléthore de cadres supérieurs de santé et d’action sociale, dont certains n’ont même pas de bureau, au du siège du Ministère en charge de la Santé.
En l’absence de coordination optimale, avec pour objectif principal, le déroulement de leurs plans d’action et l’absorption des financements reçus, les gestionnaires de programmes et leurs équipes se télescopent aux niveaux régional et de district, jusqu’aux postes et cases de santé.
Nouvelles réalités du système sanitaire
Les exigences liées à la multi-sectorialité, mais aussi à la philosophie des soins de santé primaires, adoptée à Alma-Ata en 1978 commandent de réformer la gouvernance sanitaire et de faire la place aux nouveaux corps intervenant dans la Santé prise au sens large. En effet, partout dans le monde, la Santé est, de plus en plus caractérisée par une multiplicité d’intervenants, ayant des statuts et des employeurs différents, dont les agents et relais communautaires.
Dans ce contexte caractérisé par une complexité croissante, il faut en arriver à une organisation des acteurs, qui les pousse à se réinventer, pour s’adapter à plusieurs innovations technologiques en cours (génomique, numérique, liée à l’intelligence artificielle…), se déroulant en marge du système sanitaire, qui peine à se les approprier entièrement.
Dans le même ordre d’idées, le secteur de la Santé a vu, en quelques décennies, un élargissement de son champ d’action aux sciences sociales, y compris à la participation communautaire et au travail social, à la digitalisation, à l’économie, au droit, à la communication et même aux mathématiques (statistiques)…
Toutes ces considérations doivent induire un changement de paradigme dans la gestion des ressources humaines, laquelle devra reposer sur un socle démocratique, qui devra, de plus en plus bannir l’approche discrétionnaire, ouvrant la porte à des considérations extra-sanitaires voire à la complaisance et au népotisme.
Pour une gestion des ressources humaines basée sur des critères
Pour corriger les impairs dans la gestion des ressources humaines, il faut en revenir aux bonnes vieilles recettes, à savoir la représentation des professionnels de la Santé dans les réunions de redéploiement, à tous les niveaux et à l’appel à candidatures pour les postes de direction.
Il faudra également, en amont du processus de sélection des candidats, définir des critères minimaux auxquels doit satisfaire tout postulant, parmi lesquels, outre le profil, l’expérience, le parcours professionnel, les diplômes requis pour le poste … Ces critères devront transcender la qualification professionnelle ou le corps d’origine, mais être fondé sur la hiérarchie et le niveau d’études, mais surtout sur les compétences requises pour satisfaire à la description de poste.
De manière pratique, nous pensons, qu’on peut envisager que des cadres de santé non médecins (pharmaciens, chirurgiens-dentistes, docteurs en sciences infirmières ou obstétricales) puissent occuper le poste de directeur régional de la Santé. Pour les autres cadres, acteurs de la Santé comme les anthropologues, les sociologues, les géographes, les travailleurs sociaux ayant au moins le doctorat, ils pourraient, par contre, postuler, au même titre que les cadres de santé, pour être des coordonnateurs de la Santé, au niveau départemental, rattaché à la préfecture), pouvant abriter un service territorial de santé publique.
Dans le même ordre d’idées les directeurs d’hôpitaux devraient avoir des niveaux académiques élevés, leur accordant une pleine légitimité pour gérer tous les cadres de santé de la structure.
L’implication des nombreux acteurs de la Santé non médecins ne doit pas avoir pour corollaire l’éviction injuste des médecins des sphères de gestion administrative et de santé publique, pour les confiner au rôle de cliniciens exécutants, au service d’autres catégories socioprofessionnelles.
De même, des plans de carrière stimulants et des passerelles entre les différentes catégories d’acteurs de la santé permettront une flexibilité et une complémentarité pour mettre fin aux malentendus et préjugés.
Dr Mohamed Lamine Ly est Spécialiste en santé publique
Après les Etats-Unis, la Chine et la Russie qui rivalisent en Afrique, des puissances dites moyennes comme la Turquie, les Emirats Arabes Unis, le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Indonésie, la Malaisie y font une percée de plus en plus remarquable
Alors que tous les regards sont tournés vers les Etats-Unis, la Chine et la Russie, ces grandes puissances qui rivalisent en Afrique, des puissances dites moyennes comme la Turquie, les Emirats Arabes Unis, le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Indonésie, la Malaisie y font une percée de plus en plus remarquable.
Ces acteurs -pas toujours nouveaux- profitent d’un théâtre africain aujourd’hui caractérisé par trois bouleversements majeurs. D’abord, après la Chine et l’Inde, l’Afrique sera le prochain champion démographique. Elle a déjà engagé un doublement de sa population d’ici 2050. Ensuite, les opinions publiques y sont tenaillées par un fort désir de souveraineté, qu’elles soient issues de régimes autoritaires comme les pays sahéliens ou démocratiques comme le Sénégal. Ce tropisme néo-souverainiste se décline dans tous les secteurs, de la défense (avec la remise en cause des accords militaires avec les Occidentaux) à la monnaie (avec le refus croissant du F Cfa). Enfin, l’Afrique d’aujourd’hui veut prendre le tournant de la transformation industrielle avec le souci de contrôler ses ressources minières, en mettant en avant l’impératif de la création de valeur et d’emplois. Dans ce contexte qui change profondément l’Afrique et les Africains, les puissances moyennes jouent une carte décomplexée, profitant de la diversification des partenariats.
Si on sait ce qu’elles ne sont pas (elles ne sont ni des superpuissances, comme les Etats-Unis et l’Urss de la Guerre froide, ni des puissances mondiales, comme les Etats-Unis, «première puissance mondiale de l’histoire» selon Zbigniew Brzeziński, et sans doute la Chine d’aujourd’hui), les puissances moyennes se définissent par quatre traits : 1) elles font des démonstrations de puissance comme lorsque l’Afrique du Sud saisit la Cour internationale de justice en mai 2024 contre Israël pour «risque de génocide» 2) elles exercent une influence régionale ou/et sectorielle à l’instar de la Corée du Sud qui a organisé, en juin 2024, un Sommet Afrique auquel ont participé 48 délégations africaines 3) leur influence est toutefois contenue car elles font partie d’un système d’influence plus global comme la Turquie, qui a beau étendre sa diplomatie en Afrique, n’en est pas moins limitée par son appartenance à l’Otan 4) Résultat : les puissances moyennes sont contraintes de déployer des techniques indirectes de persuasion sur le terrain, par exemple des influences religieuses : la Turquie a ainsi obtenu, en 2017, du Sénégal, la fermeture d’écoles liées à Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’être à l’origine de la tentative de coup d’Etat en 2016.
Deux cas restent incertains. La Russie cherche à passer d’une puissance moyenne eurasiatique, intégrée dans la Communauté des Etats indépendants et protégeant ses intérêts régionaux en Ukraine et en Géorgie, à une puissance mondiale qui se déploie au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai jusqu’en Afrique avec Wagner, devenu Afrika Corps, qui y relaie des opérations de propagande. Egalement, l’Inde, pays le plus peuplé du monde et 3ème puissance économique mondiale, a su se projeter en Afrique grâce à la longue présence de sa diaspora à l’Est du continent et l’héritage idéologique du mouvement des non-alignés. L’incertitude de la position de la Russie et de l’Inde tient au fait qu’elles ont davantage d’impact que les puissances moyennes, mais moins que les puissances mondiales. Elles ont des caractéristiques des deux groupes. Le temps nous dira où elles tomberont.
De fait, les puissances moyennes se répartissent en trois groupes, selon la profondeur de leur engagement en Afrique : Emirats Arabes Unis, Inde, Brésil, Turquie (Niveau 1), Iran, Indonésie, Arabie Saoudite, Qatar (Niveau 2) et Corée du Sud, Japon, Malaisie, Israël, Allemagne (Niveau 3). Leur montée en puissance tient essentiellement au retrait des anciennes puissances coloniales en Afrique dont l’expression la plus éclatante a été celle de la France au Sahel. Il faut aussi relever l’affaiblissement relatif des superpuissances en Afrique mesuré récemment par l’institut Gallup, qui montre que la Chine dépasse désormais les Etats-Unis en popularité sur le continent en 2023. La position dominante chinoise elle-même n’est plus si assurée : si, depuis 2000, la valeur des échanges Chine-Afrique a été multipliée par près de trente, pour atteindre 282 milliards de dollars, faisant de la Chine le premier partenaire commercial de l’Afrique, les prêts officiels chinois, de plus en plus frappés de suspicion, atteignent en 2022 moins d’1 milliard de dollars pour la première fois en 18 ans, selon l’Initiative mondiale pour la Chine de l’Université de Boston. Lorsque les puissances mondiales sont moins impliquées, il y a un vide que les puissances moyennes se sont empressées de combler et de… cristalliser par la création de groupements régionaux dont le plus emblématique est les Brics, rejoints désormais par trois pays africains, l’Afrique du Sud, l’Ethiopie et l’Egypte.
De toutes les façons, les outils d’influence que les puissances moyennes déploient en Afrique sont différents de ceux des puissances classiques. Ainsi, ils ne se limitent pas aux outils militaires privilégiés par la Russie, premier fournisseur d’armes du continent. Ils couvrent une palette très diversifiée d’initiatives. Au niveau des investissements, les Emirats Arabes Unis se sont imposés en devenant le troisième investisseur en Afrique au cours de la dernière décennie, derrière la Chine et les Etats-Unis, avec Dubaï Ports World, l’un des plus grands opérateurs portuaires du monde, en tête de pont. Plus méconnue, l’influence culturelle des puissances régionales a été déterminante ces dernières années. Ainsi, les investissements de l’Arabie Saoudite dans les systèmes éducatifs d’Afrique de l’Ouest ont fait progresser l’usage de la langue arabe. Les diasporas indiennes ont servi de point d’appui efficace à la stratégie indienne dont les films qui ont fait le succès de Bollywood participent, d’une certaine manière, à la guerre de l’information. La chaîne qatarie Al Jazeera et l’agence de presse turque Anadolu couvrent efficacement le continent. Bon nombre de puissances moyennes diffusent leurs messages dans les langues locales africaines, à l’image des programmes turcs Trt et Natural Tv, qui proposent des émissions en haoussa et en swahili, et des séries télévisées populaires dans de nombreux pays. Le Brésil dont la moitié de la population est originaire d’Afrique, a multiplié les ouvertures d’ambassades sous Lula.
Dans ces conditions, ces puissances moyennes ont considérablement gagné en influence politique. Ainsi, l’Inde a tiré profit de sa présidence du G20 en septembre 2023 pour pousser et revendiquer l’entrée de l’Union africaine au sein de cette instance comme membre permanent. En 2015, le Niger, le Tchad et la Mauritanie ont rejoint la «Coalition sunnite contre le terrorisme», créée par l’Arabie Saoudite.
Si aucune de ces puissances moyennes n’a été en mesure de remplacer les puissances mondiales traditionnelles que sont les Etats-Unis et la Chine en termes de volumes d’engagement, leur influence croissante sur le continent les met en position de tailler des croupières à celles-ci. Mais la compétition ne profitera pas à tout le monde à long terme, de la même manière. Sans doute l’avenir appartient aux puissances qui sauront exploiter les recompositions en cours en formant des alliances complémentaires et gagnantes. Sans doute est-ce la raison pour laquelle des rapprochements se font entre les Etats-Unis et l’Inde ou encore entre la Russie et l’Iran. D’autres puissances régionales devront sans doute clarifier leurs intentions vis-à-vis de l’Afrique à l’instar des Emirats Arabes Unis, dans la guerre civile sanglante du Soudan, pour préserver leur avantage comparatif vis-à-vis d’opinions publiques africaines informées et conscientisées sur ce qui se passe chez elles. Du côté de l’Afrique, au regard de ces mêmes aspirations néo-souverainistes, elle ne saurait se contenter d’être l’objet de convoitises. Pourtant, du côté des puissances moyennes locales, aucun des champions économiques africains, l’Afrique du Sud, l’Egypte ou le Nigeria, n’a été en mesure jusqu’à présent de mener à bien un projet panafricain susceptible d’emporter la conviction du continent.
Sur le papier, bien que l’Afrique du Sud, pays de Nelson Mandela, ait des atouts, sa politique étrangère ambiguë et le souvenir des attaques xénophobes contre les immigrés nigérians en 2020-2022 font que Pretoria peine à jouer ce rôle. Deuxième économie d’Afrique en 2023, l’Egypte n’a jamais convaincu quant à son engagement sur le continent, comme l’ont prouvé la conflictualité entretenue avec l’Ethiopie ou sa présidence décevante de l’Union africaine en 2019, où elle avait été incapable de jouer un rôle de médiateur en Libye. Certaines attitudes, comme la plainte d’officiels égyptiens au sujet de la représentation d’une Cléopâtre noire sur Netflix en avril 2023, nuisent également à sa réputation. Enfin, le Nigeria, première population d’Afrique et grand producteur de pétrole africain, doit encore réussir à prendre en charge certains défis continentaux qui dépendent beaucoup de lui à l’instar de la nouvelle monnaie Eco, la Zone de libre-échange continentale africaine et la Cedeao qu’elle préside actuellement.
Après le siège permanent au sein du G20, les Africains ne pourront pas éluder cette question plus longtemps s’ils veulent atteindre leur prochain objectif -un ou plusieurs sièges permanents au Conseil de sécurité des Nations unies. Il appartiendra alors au Nigeria, à l’Afrique du Sud ou, pourquoi pas, au Senegal qui en avait aussi exprimé la volonté, de s’élever au rang de puissance régionale africaine, primus inter pares.
Rama Yade est Directrice Afrique Atlantic Council.
GUY MARIUS SAGNA EN COLERE CONTRE LE GOUVERNEMENT
Le député est furieux contre certains ministres qui ne daignent pas répondre à ses questions écrites. il cite, à cet effet, le ministre de la Santé et son collègue des infrastructures
Le député Guy Marius Sagna est furieux contre certains ministres qui ne daignent pas répondre à ses questions écrites. il cite, à cet effet, le ministre de la Santé et son collègue des infrastructures. Le parlementaire promet de revenir sur cette même attitude qu’il dit noter dans d’autres ministères.
Par ces nombreuses questions écrites qu’il adresse au gouvernement, Guy Marius Sagna dit ne chercher qu’à consolider et renforcer la bonne perspective imprimée le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko. Mais le gouvernement ne semble pas rendre la pareille au député au point de l’amener à s’égosiller sur l’attitude de certains ministres qui n’ont pas daigné répondre à ses questions.
Il a, à cet effet, ciblé l’attitude du ministre de la Santé et de l’Action sociale. «Il y a un problème dans ces deux ministères. Le ministre des Infrastructures que j'ai interpellé 06 fois au moins sur la situation des travailleurs du FERA qui courent derrière 11 mois d'arriérés de salaire pour certains ne m'a jamais répondu. Et 45 jours avant que le ministère de la Santé et de l'Action sociale ne fasse un communiqué pour parler des troubles au centre Talibou Dabo, j'avais adressé une question écrite à son chef, qui, si elle avait été traitée, aurait pu éviter les troubles en question. J'ai ciblé ces deux ministères mais cela a été noté pour d'autres ministres et j'y reviendrai», fustige le parlementaire qui annonce le dépôt de 35 questions écrites sur la table du gouvernement.
D’ailleurs, il a adressé à nouveau une lettre au ministre de la Santé pour lui rappeler l’absence de réponse à ses questions. «Monsieur le ministre, je vous ai adressé plusieurs questions écrites relatives aux préoccupations de nos concitoyens. Parmi celles-ci, le 30 avril 2024, je vous ai adressé une question écrite relative à la situation du centre Talibou Dabo. Je vous ai adressé deux lettres relatives aux contractuels des établissements publics de santé (EPS) le 18 avril 2024 et le 14 mai 2024. Au moment où j'écris ces lignes, je n'ai reçu aucune réponse de votre part à ces trois questions écrites», a-t-il écrit à Ibrahima Sy.
Plus loin, il se demande : «Où est passée ma question écrite sur la situation du centre Talibou Dabo ? L'avez-vous reçue? L'avez-vous traitée ? Vos agents l'ont-elle cachée ? Monsieur le ministre, il y a un problème dans votre ministère. Ou certains de vos agents vous cachent et traitent très mal les initiatives parlementaires mais également les demandes d'acteurs du ministère de la Santé et de l'Action sociale comme celles du collectif des agents contractuels des EPS, ou c'est vous-même qui êtes à l'origine de cette situation. Qu'en est-il réellement monsieur le ministre ?»
Le député a adressé une lettre identique au ministre des Infrastructures dans laquelle il a déploré l’absence de réponse à ses questions écrites. «Monsieur le ministre, j'ai adressé à votre gouvernement six (06) questions écrites relatives à la situation des travailleurs du fonds d'entretien routier autonome (FERA). Monsieur le ministre, ces lettres vous ont été adressées depuis plus de mois. Or, le ministre a un mois à partir de la date de réception d'une question écrite d'un député pour y répondre. Monsieur le ministre, ou bien mes questions écrites ne sont jamais entrées dans votre ministère, ou bien elles y sont parvenues mais vous ne les avez jamais vues, ou vous les avez vues mais vous n'y avez jamais répondu, ou vos réponses ne me sont jamais parvenues», a-t-il écrit.
SONKO, LA TÊTE AUX LÉGISLATIVES
Entre sa descente à Colobane pour apporter son «soutien » aux ambulants et sa visite hier chez les chefs religieux, le tonitruant chef du gouvernement calme le jeu avant d'éventuelles élections législatives
Le Premier ministre et chef du parti Pastef essaie-t-il de déjouer le piège des législatives ? En tout cas, entre sa descente à Colobane pour apporter son «soutien » aux ambulants et sa visite hier chez les chefs religieux, le tonitruant chef du gouvernement calme le jeu avant d'éventuelles élections législatives.
Pour quelqu'un qui avait été décrit comme un homme politique qui rame à contre-courant des convenances religieuses, s'afficher avec les khalifes généraux de Touba et de Tivaouane peut taire manifestement la polémique. Mais, et si cette rencontre avec les chefs religieux, au-delà de la courtoisie et au nom de l'étroitesse des relations entre le temporel et le spirituel, entrait dans une stratégie savamment mûrie?
Certains diront que le puissant Premier ministre n'a pas besoin du soutien des chefs religieux pour gagner d'éventuelles élections législatives étant donné qu'il a quasiment vaincu tout seul le régime de Macky Sall sans ces pouvoirs annexes. Soit. Mais force est de dire qu'un monde sépare la conquête du pouvoir et son exercice. Et le tandem Diomaye-Sonko a encore besoin de l'assentiment des populations pour passer la dernière marche des législatives qui leur permettrait de gouverner sans entrave.
Et le président de la République Bassirou Diomaye, pour rappel, a démissionné de toutes ses fonctions après son élection ; la responsabilité politique du nouveau régime incombe au Premier ministre et non moins président du Pastef et à sa coalition pour essayer de déjouer le piège des élections législatives à venir inéluctablement et dont la victoire est loin d'être une évidence. Loin s'en faut.
Malgré l'euphorie d'une élection présidentielle qui a été brillamment remportée, le nouveau régime devra convaincre de sa capacité à gouverner et montrer une plus grande lisibilité dans la faisabilité du «Projet» qui a suscité tant de sacrifices ces dernières années. Et la coalition au pouvoir devra faire face à une opposition qui a du mal manifestement à trouver le bon bout et le contexte idéal pour tirer à boulets rouges sur le gouvernement, mais qui affûte ses armes et attend.
De ce fait, Ousmane Sonko est conscient qu'il devra «dompter » ses militants et sympathisants pour passer le cap des législatives avec brio. C'est pourquoi il n'a pas lésiné sur les moyens, il y a quelques jours, pour voler au secours des commerçants et des ambulants qui commençaient à battre le macadam pour fustiger les déguerpissements tous azimuts. Ousmane Sonko a invité les maires et les services déconcentrés à faire preuve de «yeurmandé».
Et même s'il a déclaré après que son gouvernement ne subira aucune pression, Ousmane Sonko ne veut visiblement pas s'attirer la foudre de ces jeunes qui ont participé grandement à son ascension. L'Assemblée nationale sera probablement dissoute dans les jours et les semaines à venir, et ça serait une catastrophe pour eux de ne pas avoir la majorité à l'issue des futures élections législatives. Et si le leader du Pastef n'y est pas allé de main morte dans ses premières sorties en public, Ousmane Sonko sera obligé de faire de plus en plus profil bas pour ne pas indisposer » une certaine doxa nationale.
Pour le moment et à la lumière de ses différents déplacements dans le pays, sa popularité reste intacte. Mais il devra faire attention et la majorité parlementaire est loin d'être quelque chose qui va passer comme lettre à la poste. La politique est un sable mouvant.
ABDOU MBOW INTERPELLE SONKO SUR LE DRAME DE LA MIGRATION
Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, Abdou Mbow, continue sa croisade contre le régime du président Bassirou Diomaye Faye. Il a adressé au Premier ministre une question écrite portant sur l’émigration clandestine des jeunes Sénégalais
Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, Abdou Mbow, continue sa croisade contre le régime du président Bassirou Diomaye Faye. Il a adressé au Premier ministre une question écrite portant sur l’émigration clandestine des jeunes Sénégalais qui continue, malgré le changement de régime. ‘’Maintenant que vous êtes à la tête du gouvernement du Sénégal, quelles solutions proposez-vous à cette jeunesse désemparée, pour mettre fin à ce phénomène ?’’, interroge le parlementaire.
Selon le député, il est ‘’urgent’’ que le Premier ministre Ousmane Sonko lui dise ce qu’il compte faire, ‘’en termes de mesures et de politiques pour cette brave jeunesse dont la bonne foi a été abusée’’ par les ‘’utopiques solutions’’ du régime en place. ‘’Le pays, soutient-il, attend de vraies solutions, celles qui empêcheront ces drames récurrents’’.
Très provocateur, le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar a profité de l’occasion pour revenir sur le ‘’refus’’, par le Premier ministre, de faire sa déclaration de politique générale. À en croire Abdou Mbow, le respect de cette exigence constitutionnelle aurait pu être une belle occasion pour le gouvernement de décliner ses orientations et peut-être de convaincre les jeunes à rester dans leur pays.
‘’Peut-être si vous aviez sacrifié à la possibilité de venir devant la représentation nationale pour faire, conformément à la Constitution, votre déclaration de politique générale et ainsi y décliner vos orientations, votre cap et vos objectifs, peut-être cette jeunesse aurait pu les considérer comme une boussole plus certaine que celle des passeurs et faiseurs de morts…’’