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5 mai 2025
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BARTH ÉVINCÉ DE L'HÉMICYCLE
Malgré les appels d'Alioune Tine dénonçant "un coup dur pour la démocratie sénégalaise" et ceux de Seydi Gassama plaidant pour "la voix forte et discordante" du maire de Dakar, ce dernier est déchu de son mandat de député
(SenePlus) - L'Assemblée nationale a officiellement prononcé ce vendredi 6 décembre 2024, la radiation de Barthélémy Dias de son mandat de député. Cette décision est intervenue lors de la séance plénière consacrée à l'installation des 14 commissions parlementaires.
Le président de l'Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, a formellement annoncé la nouvelle devant l'hémicycle : "Sur demande du ministre de la Justice, garde des Sceaux et en application des dispositions de l'Article 61 de la Constitution, dernier alinéa et de l'Article 51 de notre Règlement intérieur, le bureau de l'Assemblée nationale, réuni le jeudi 5 décembre 2024, a procédé à la radiation de Barthélémy Dias."
Cette radiation trouve son origine dans l'affaire Ndiaga Diouf, un dossier judiciaire qui poursuit le maire de Dakar depuis plus d'une décennie. En effet, la Cour suprême du Sénégal, par son arrêt n°76 du 22 décembre 2023, avait définitivement confirmé la condamnation de Barthélémy Dias à deux ans d'emprisonnement, dont six mois ferme, pour "coups mortels" sur Ndiaga Diouf, ainsi qu'au paiement de 25 millions de francs CFA de dommages et intérêts.
Cette situation juridique complexe soulève d'importantes questions sur l'éligibilité de l'ancien député. Comme l'explique Mamadou Salif Sané, enseignant-chercheur en droit public cité par Le Soleil, Barthélémy Dias "ne fait plus partie du corps électoral, c'est-à-dire des personnes qui bénéficient juridiquement du droit de vote, même s'il n'est pas radié de la liste."
Avant cette radiation, plusieurs voix s'étaient élevées pour défendre le mandat de Dias. Alioune Tine, figure respectée de la société civile, avait notamment déclaré : "Ce serait un coup dur pour la démocratie sénégalaise que de chercher à liquider politiquement Barthélémy Dias." Dans le même sens, Seydi Gassama, directeur d'Amnesty International Sénégal, avait souligné que "l'Assemblée nationale a besoin, pour la qualité des débats, de la voix forte et discordante de Barthélémy Dias."
Il est à noter que le désormais ex-député n'avait pas assisté à la cérémonie d'installation des députés le 2 décembre, étant présent à Saint-Louis pour soutenir ses gardes du corps impliqués dans une affaire de violences électorales.
Cette radiation constitue un nouveau chapitre dans la vie politique mouvementée de Barthélémy Dias, figure majeure de l'opposition et tête de liste de la coalition Samm Sa Kaddu, qui conserve néanmoins son poste stratégique de maire de Dakar.
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LAMINE NIANG REAFFIRME SON AMBITION DE FAIRE RAYONNER LE SOLEIL
Lamine Niang, Directeur général de la SSPP Le Soleil, a pris part aux débats lors du salon Presse et Médias au Futur (3 et 4 décembre) à Paris. Il a réaffirmé son ambition de faire rayonner Le Soleil..
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LE GRAND TRI DANS LES MÉDIAS
Sur les 380 médias inscrits sur la plateforme nationale, seuls 112 répondent actuellement aux normes en vigueur. Les médias non conformes devront rapidement se mettre aux normes sous peine de sanctions, incluant l'interdiction d'exercer
Le ministre de la Communication, Aliou Sall, a tenu ce matin un point de presse pour annoncer la publication de la liste provisoire des médias conformes aux dispositions du Code de la presse. Cette initiative s’inscrit dans la dynamique du gouvernement visant à assainir le secteur des médias au Sénégal, à améliorer les conditions de travail des journalistes et des jeunes reporters, et à impulser une nouvelle dynamique dans le paysage médiatique du pays.
Avant de dévoiler la liste des médias conformes aux normes, le ministre a d’abord dressé un état des lieux du secteur, rappelant la volonté du gouvernement d’accompagner ce dernier. En 2023, 535 organes de presse ont exprimé leur intérêt pour accéder au Fonds d’Appui et de Développement de la Presse. Cependant, malgré cette forte demande, la situation demeure préoccupante. En effet, la loi sur la presse stipule que toutes les structures médiatiques doivent disposer d’une autorisation délivrée par le ministère de la Communication. À ce jour, aucune structure ne respecte cette exigence légale.
Cette absence d’autorisation a contribué à la déliquescence de l’environnement économique des médias. Les acteurs du secteur se trouvent dans une situation de précarité sociale et économique, alimentée par la prolifération de “mercenaires” de l’information qui ne respectent ni les standards professionnels, ni les règles éthiques.
Le ministre est également revenu sur la chronologie des concertations ayant abouti à la publication de la liste officielle des médias. Il a souligné qu’il s’agissait d’une démarche collégiale impliquant tous les acteurs du secteur.
Les efforts du ministère pour réguler et assainir le secteur
Dans ce contexte, Aliou Sall a réaffirmé la volonté du ministère de la Communication de réguler le secteur afin de le rendre plus transparent et professionnel. La publication de la liste provisoire des médias conformes s’inscrit dans une démarche de renforcement des normes, dans le but de garantir un environnement médiatique fiable et respectueux des normes en vigueur.
Parmi les 380 médias inscrits sur la plateforme de déclaration des médias du Sénégal, 112 ont été jugés conformes au Code de la presse. Cette liste comprend :
• 10 chaînes de télévision
• 14 journaux imprimés
• 17 stations de radio
• 11 radios communautaires
• 6 Web TV
• 54 sites d’information en ligne
Les médias non conformes auront la possibilité de se rapprocher des services du ministère pour se mettre en conformité, sous peine de sanctions sévères. Des mesures sont en effet prévues pour interdire leur fonctionnement, notamment l’interdiction d’impression pour la presse écrite, l’arrêt de diffusion pour les médias audiovisuels par la Commission Nationale de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA), ainsi que l’impossibilité d’accéder à la communication commerciale de l’État. Il est également recommandé aux entreprises privées de ne pas diffuser de publicités dans ces médias, sous peine de sanctions, y compris des poursuites en vertu de la loi sur le blanchiment d’argent.
Réformes en vue pour transformer le secteur des médias
Le ministre Aliou Sall a également mis en avant plusieurs réformes destinées à insuffler une nouvelle dynamique dans le secteur des médias. Parmi les initiatives annoncées figure la réforme du Code de la presse, visant à moderniser les lois et les pratiques en matière de liberté de la presse et de régulation. La révision du Code de la publicité fait également partie des priorités, afin de mieux encadrer la distribution des publicités et garantir une meilleure transparence dans le financement des médias.
Une autre mesure phare est la création d’un fonds de développement pour la production audiovisuelle, destiné à soutenir la production de contenu de qualité au Sénégal. Le ministère prévoit également de réorganiser les conventions entre l’État et les médias, afin de diriger le financement public vers la production de contenus médiatiques de qualité et de renforcer l’indépendance éditoriale des organes de presse.
Les réformes envisagées devraient aussi permettre la mise en place de leviers de financement additionnels, afin de diversifier les sources de financement et d’offrir un soutien tangible aux médias sénégalais. Cela inclut la révision des mécanismes d’accès au fonds d’appui à la presse, qui sera désormais destiné en priorité aux médias respectant les critères de conformité, en mettant l’accent sur la qualité de la production et la viabilité économique des structures médiatiques.
Le ministre a insisté sur le fait que l’État assume pleinement ses responsabilités pour garantir un environnement médiatique plus structuré, tout en encourageant les acteurs du secteur à se conformer aux normes afin de bénéficier des opportunités offertes par ces réformes.
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L'EXÉCUTIF AJUSTE SES POSITIONS
L'ancien député Abass Fall est nommé ministre du Travail, tandis que Yankhoba Diémé hérite du portefeuille des Transports. Cette nouvelle configuration préserve la stabilité d'un gouvernement toujours sous la conduite du Premier ministre Ousmane Sonko
Le président de la République a procédé à un réaménagement du gouvernement consistant à nommer l’ancien député Abass Fall ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions, en remplacement de Yankhoba Diémé, lequel va s’occuper désormais des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens.
M. Diémé remplace Malick Ndiaye, qui été élu président de l’Assemblée nationale, lundi.
Voici la liste des membres du nouveau gouvernement :
monsieur Ousmane Sonko, Premier ministre ;
monsieur Ahmadou Al Aminou Lo, ministre, secrétaire général du gouvernement ;
madame Yassine Fall, ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères ;
Général Birame Diop, ministre des Forces armées ;
monsieur Ousmane Diagne, ministre de la Justice, Garde des Sceaux ;
Général Jean Baptiste Tine, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique ;
monsieur Birame Souleye Diop, ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines ;
monsieur Abdourahmane Sarr, ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération ;
monsieur Cheikh Diba, ministre des Finances et du Budget ;
monsieur Yankhoba Diémé, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens ;
monsieur Daouda Ngom, ministre de l’Environnement et de la Transition écologique ;
monsieur Amadou Moustapha Njekk Sarré, ministre de la Formation professionnelle (Porte-parole du Gouvernement) ;
monsieur Cheikh Tidiane Dièye, ministre de l‘Hydraulique et de l’Assainissement ;
monsieur Alioune Sall, ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique ;
monsieur Elhadj Abdourahmane Diouf, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ;
monsieur Serigne Guèye Diop, ministre de l’Industrie et du Commerce ;
madame Fatou Diouf, ministre des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires ;
madame Maïmouna Dièye, ministre de la Famille et des Solidarités ;
monsieur Abass Fall, ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions ;
monsieur Balla Moussa Fofana, ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires ;
monsieur Moustapha Mamba Guirassy, ministre de l’Éducation nationale ;
monsieur Ibrahima Sy, ministre de la Santé et de l’Action sociale ;
monsieur Olivier Boucal, ministre de la Fonction publique et de la Réforme du Service public ;
madame Khady Diène Gaye, ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture ;
monsieur Mabouba Diagne, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage ;
monsieur Alioune Dione, ministre de la Microfinance, de l’Économie sociale et solidaire ;
monsieur Mountaga Diao, ministre du Tourisme et de l’Artisanat ;
monsieur Amadou Chérif Diouf, secrétaire d’État aux Sénégalais de l’extérieur ;
monsieur Ibrahima Thiam, secrétaire d’État au Développement des PME/PMI ;
monsieur Momath Talla Ndao, secrétaire d’État à l’Urbanisme et au Logement ;
monsieur Alpha Ba, secrétaire d’État aux Coopératives et à l’Encadrement paysan ;
monsieur Bacary Sarr, secrétaire d’État à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique.
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THIAROYE : LA FIN D'UNE AMNÉSIE D'ÉTAT
Mamadou Diouf révèle l'ampleur d'une tragédie longtemps minimisée tant par Paris que par Dakar. L'historien appelle à "retourner l'événement à l'Afrique" en effaçant "la territorialisation coloniale" de cette mémoire
Le massacre de Thiaroye, longtemps relégué dans les limbes de l'histoire officielle sénégalaise, connaît un tournant décisif sous le nouveau régime. Lors du lancement des commémorations des 80 ans de la tragédie dimanche 1er décembre 2024, l'historien Mamadou Diouf, président du comité préparatoire, a relevé "le silence coupable et complice" des gouvernements précédents sur ce drame colonial.
Cette rupture, impulsée par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousman Sonko, marque une volonté inédite de réappropriation de l'histoire nationale. Le choix du Professeur Diouf pour coordonner les cérémonies illustre cette détermination à porter un regard scientifique sur les événements du 1er décembre 1944.
À cette date, rappelle l'historien, entre 300 et 400 tirailleurs furent tués par l'armée française à Thiaroye. Ces anciens prisonniers de guerre, libérés des camps allemands, réclamaient simplement leurs droits : soldes impayées, indemnités et primes de démobilisation. La réponse coloniale fut brutale : 1200 soldats français encerclèrent le camp au petit matin, appuyés par des blindés.
Pendant que les régimes successifs du Sénégal indépendant se taisaient, la France tentait d'étouffer l'affaire. Les archives ont été manipulées, le bilan officiel minimisé à 35 morts, puis 70. Il a fallu attendre 2024 pour que François Hollande reconnaisse ce "massacre à la mitrailleuse", selon ses termes, suivi récemment par Emmanuel Macron dans une lettre au président sénégalais.
Le gouvernement actuel entend désormais faire de Thiaroye un symbole de la conscience panafricaine. Un vaste programme mémoriel a été lancé, mobilisant les institutions culturelles, les médias nationaux et les collectivités locales. Cette initiative, souligne le Professeur Diouf, vise à "retourner l'événement à l'Afrique" en effaçant "la territorialisation coloniale".
Cette commémoration marque ainsi un double mouvement : reconnaissance tardive par l'ancienne puissance coloniale et réappropriation assumée par le nouveau pouvoir sénégalais, rompant avec des décennies de silence institutionnel. Un tournant historique qui pourrait ouvrir la voie à d'autres relectures nécessaires de l'histoire nationale.
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BAYE MBALLO, LE PEINTRE QUI SUBLIME LE JAZZ
Le Prof Magueye Kasse décrit le peintre octogénaire Baye Mballo Kébé à qui la BICIS rend hommage à travers une expo à l’agence prestige de la Banque à Dakar dans le cadre de la 15e édition de l’art africain contemporain.
La Banque internationale pour l’industrie et le commerce du Sénégal (BICIS) a rendu hommage au peintre Baye Mballo Kébé dans une exposition qui entre dans le cadre des OFF de la 15e édition de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’Art) qui met en avant les œuvres de cet artiste connu comme un des précurseurs de la peinture au Sénégal. Pour Magueye Kasse, Baye Mballo sublime le jazz et le blues.
Grand artiste, mais peu connu du grand public, Baye Mbaye Kébé n’en demeure pas moins un artiste de grand talent ayant obtenu beaucoup de distinctions pour la finesse et la justesse de son pinceau depuis des décennies.
Passionné de musique et plus précisément du jazz, dans cette expo hommage sélectionnée pour la Biennale, l’artiste sublime le jazz et le blues dans ses majestueux tableaux à l’agence prestige de l’institution bancaire.
Lors de la cérémonie de vernissage, les différents speakers ont témoigné de l’humilité, de l’humanité de l’homme ainsi que de la qualité de ses œuvres.
Le Prof Magueye Kassé, critique d’arts connu et reconnu, connaît très bien l’artiste dont on parle. Pour le Prof Kassé, regarder ces tableaux donne l’impression de suivre un concert de jazz presque en direct.
Le vernissage s’est tenu en présence des amis, des proches de la famille et de quelques personnalités. En marge de cette cérémonie d’hommages, le Prof Magueye Kassé décortique l’œuvre de l’artiste.
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THIAROYE 44, LES EXCUSES HISTORIQUES DE LA FRANCE
80 ans après cette tragédie, Paris reconnaît sa responsabilité dans ce drame. Par la voix de son ministre Jean-Noël Barrot, porteur d'un message de Macron, elle admet qu'aucune justification n'est possible pour ces tirs contre ses propres soldats
Dans une déclaration solennelle prononcée à Thiaroye ce dimanche 1er décembre 2024, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a officiellement reconnu le massacre perpétré le 1er décembre 1944 contre des tirailleurs sénégalais. Porteur d'un message du président Emmanuel Macron, le patron de la diplomatie française a déclaré que "rien ne peut justifier que des soldats de France aient ainsi retourné leur canon contre leurs frères d'armes".
Ces événements tragiques se sont déroulés dans un contexte d'après-guerre, alors que des milliers de soldats africains avaient combattu héroïquement pour la libération de la France. Vénus de diverses colonies françaises, notamment du Sénégal, des Comores, du Congo, et de la Côte d'Ivoire, ces tirailleurs s'étaient illustrés sur tous les fronts de la bataille de France, de Sedan à Amiens.
Pourtant, à la Libération, ces héros furent victimes d'une profonde injustice. Démobilisés avant leurs camarades européens et privés de leur solde, ils protestèrent d'abord à Morlaix, refusant d'embarquer sur le Circassia qui devait les ramener chez eux. Leur seconde protestation, au camp de Thiaroye, se termina dans un bain de sang lorsque l'armée française révéla le feu sur ses propres soldats.
Dans le cadre d'un travail de mémoire et de vérité, la France a pris plusieurs mesures concrètes, notamment la transmission des archives en 2014 et le soutien à une mission d'étude dirigée par le Professeur Mamadou Diouf.
Cette reconnaissance s'inscrit dans une volonté de renouveau des relations franco-sénégalaises, marquée par un partenariat renforcé établi en juin dernier entre les deux pays. Le ministre a conclu en appelant à "cultiver l'amitié entre le Sénégal et la France sur les fondements d'une mémoire qui rassemble plutôt qu'une mémoire qui divise".
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LA MÉMOIRE DES TIRAILLEURS INSTITUTIONNALISÉE
Un mémorial et un centre de documentation verront le jour à Thiaroye, tandis que des rues porteront le nom de cet événement tragique. L'histoire des tirailleurs intégrera les programmes scolaires, assurant sa transmission aux générations futures
Le président Bassirou Diomaye Faye a dévoilé ce samedi 1er décembre à Dakar plusieurs mesures de préservation de la mémoire des tirailleurs sénégalais, à l'occasion du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye.
En présence de plusieurs chefs d'État africains, le président Faye a annoncé cinq mesures majeures pour réhabiliter cette page sombre de l'histoire commune à 17 pays africains. "J'initierai plusieurs mesures de réappropriation de cette histoire commune avec 16 pays africains frères", a déclaré le chef de l'État sénégalais.
Au cœur de ces initiatives figure l'érection d'un mémorial à Thiaroye, conçu comme "un lieu de recueillement et de mémoire ouvert à toutes les nations dont ils étaient originaires ainsi qu'au public". Cette première mesure sera complétée par la création d'un centre de documentation et de recherche dédié aux tirailleurs, destiné à "conserver la mémoire" en recueillant "archives, témoignages et récits".
Le président a également annoncé que des rues et des places porteraient désormais les noms des soldats et de cet événement tragique, "pour inscrire leur sacrifice dans notre quotidien et notre histoire collective". L'histoire de Thiaroye sera par ailleurs intégrée aux programmes scolaires, permettant ainsi aux "générations futures de grandir avec une compréhension approfondie de cet épisode de notre passé".
Enfin, point d'orgue de ces mesures, le 1er décembre a été officiellement décrété "journée du tirailleur", en mémoire du massacre de Thiaroye.
"Cette commémoration ne doit pas être qu'un moment de recueillement", a souligné le président Faye, "qu'elle soit un serment renouvelé, un serment de justice, un serment de mémoire, un serment de vérité pour que plus jamais Thiaroye et les événements similaires ne se répètent sous aucune forme nulle part ailleurs dans le monde".
Ces annonces interviennent dans un contexte marqué par une avancée significative : la reconnaissance officielle par le président français Emmanuel Macron, dans une lettre envoyée à son homologue sénégalais, que "les événements de Thiaroye en 1944 ont abouti à un massacre".
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L'AFRIQUE CHANGE, ET EN FACE, LA FRANCE NE CHANGE PAS
Antoine Glaser et Francis Kpatindé dressent le portrait d'une ex-puissance coloniale qui n'a pas su anticiper les mutations sur le continent. Les récentes demandes de retrait des troupes françaises du Sénégal et du Tchad illustrent ce divorce croissant
Un entretien majeur avec deux spécialistes reconnus de l'Afrique vient éclairer le déclin accéléré de l'influence française sur le continent. Antoine Glaser, journaliste chevronné et auteur du "Piège africain de Macron" (Fayard), ancien fondateur de La Lettre du Continent, et Francis Kpatindé, ancien rédacteur en chef de Jeune Afrique et du Monde Afrique, aujourd'hui maître de conférence à Sciences Po, dressent un constat sans appel de la situation.
Les récentes demandes simultanées du Sénégal et du Tchad exigeant le départ des troupes françaises marquent un tournant historique dans les relations franco-africaines. Antoine Glaser pointe du doigt une France qui "s'est un peu endormie en Afrique", révélant une incapacité à comprendre les mutations profondes du continent.
"La France n'a pas vu l'Afrique se mondialiser", analyse Glaser, soulignant un aveuglement historique qui remonte aux indépendances. Selon lui, Paris est restée prisonnière d'une vision dépassée, celle de la "Françafrique", un système intégré qui a perduré bien au-delà de sa pertinence historique. Cette posture reflète une conviction erronée : celle d'une présence française éternellement désirée sur le continent.
Francis Kpatindé met en lumière un décalage croissant entre une Afrique en pleine mutation et une France figée dans ses certitudes. "L'Afrique change, elle a beaucoup changé depuis deux décennies. Et en face, la France ne change pas", observe-t-il. Il souligne particulièrement le fossé générationnel avec une jeunesse africaine qui n'a "aucune référence par rapport à la France, à l'ancienne puissance coloniale."
Un des aspects les plus alarmants soulevés par Kpatindé concerne l'érosion de l'expertise française sur l'Afrique. "Il n'y a plus d'experts : il n'y a plus de gens qui connaissent vraiment l'Afrique. Et surtout, il n'y a plus de gens qui ressentent l'Afrique", déplore-t-il. Cette perte de compréhension profonde conduit à une politique de réaction plutôt que d'anticipation, laissant la France systématiquement "un train de retard dans les événements en Afrique."
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LES MISES EN GARDE D'AISSATA TALL SALL
L'ex-garde des Sceaux évoque l'impossibilité d'abroger rétroactivement une loi d'amnistie dont ont bénéficié plusieurs personnalités, dont le président et son Premier ministre. "C'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire", estime-t-elle
Dans une intervention sur la situation politique nationale, l'ancienne ministre de la Justice et actuelle députée de l'opposition Takku Wallu, Aissata Tall Sall, a livré une analyse des questions juridiques et constitutionnelles qui agitent le pays.
L'ancienne garde des Sceaux s'est particulièrement attardée sur l'article 86.6 de la Constitution sénégalaise, l'équivalent du 49.3 français. Elle a souligné que malgré l'existence de cet article permettant l'adoption de lois sans débat, son utilisation n'était pas justifiée pour le vote de la loi de finances 2025, rappelant que l'Assemblée dispose déjà d'une majorité suffisante.
Sur la question de la Haute Cour de Justice, sujet de vives tensions, Aissata Tall Sall a tenu à remettre les pendules à l'heure : "La Haute Cour de Justice existe depuis que le Sénégal est Sénégal. C'est cette même cour qui avait jugé le président Mamadou Dia en 1963", a-t-elle rappelé. Elle a insisté sur le caractère judiciaire de cette institution, présidée par le premier président de la Cour suprême et non destinée à des règlements de comptes politiques.
La députée a également abordé la question épineuse de l'abrogation de la loi d'amnistie, mettant en garde contre les obstacles juridiques majeurs. "C'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire", a-t-elle averti, évoquant les principes fondamentaux de non-rétroactivité des lois et d'intangibilité des droits acquis. Elle a notamment rappelé que l'actuel président de la République et son Premier ministre avaient eux-mêmes bénéficié de cette loi.
L'ancienne ministre a vivement apprécié l'utilisation de l'argument de la "majorité écrasante" par le pouvoir en place, estimant que celle-ci devrait plutôt se concentrer sur les véritables préoccupations des Sénégalais plutôt que sur des manœuvres politiques.