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3 mai 2025
Société
L’HECATOMBE SUR LES ROUTES SE POURSUIT
11morts sur le coup, 08 blesses grièvement et 01 blessé léger ! Tel est le bilan de l’accident de la circulation survenu hier, mardi 28 janvier 2025, aux environs de 7 heures, sur l'autoroute à péage Ila Touba, entre Bambey et Khombole.
Les décisions et mesures de fermeté brandies par les autorités étatiques à l’issue des nombreux Conseils interministériels, des Conseils des ministres, et tout récemment lors des états généraux des transports publics à Diamniadio, y compris des déclarations d’autorités gouvernementales et/ou du chef de l’Etat suite à des accidents mortels, n’y feront rien. Les routes du Sénégal continuent d’être très meurtrières. En atteste ce terrible accident de la circulation qui a fait 11 morts sur le coup et 8 blessés graves dans la matinée de ce mardi, 28 janvier 2025, sur l’autoroute à péage Ila Touba, entre Bambey et Khombole. Les victimes, toutes à bord d’un minicar qui a dérapé avant de percuter un camion en panne, revenaient du Magal de «Kazou Rajab» célébré à Touba.
11morts sur le coup, 08 blesses grièvement et 01 blessé léger ! Tel est le bilan de l’accident de la circulation survenu hier, mardi 28 janvier 2025, aux environs de 7 heures, sur l'autoroute à péage Ila Touba, entre Bambey et Khombole. Un minicar, qui a dérapé, a heurté un camion en panne sur la chaussée, avant de se renverser. La violence du choc n’a laissé aucune chance à 11 passagers du véhicule de transport en commun décédés sur place ; 08 s’en sont sortis avec des blessures graves et 01 autre blessé légèrement.
Ce sont les éléments des Sapeurs-pompiers de Bambey qui se sont déplacés sur les lieux pour évacuer les blessés au niveau des différentes structures sanitaires de Bambey et Khombole. 03 corps sans vie ont été déposés à la morgue du Centre de santé de Khombole et les 08 autres morts à la morgue de l'hôpital Heinrich Lukbe de Diourbel. Ces victimes revenaient du Magal de «Kazou Rajab», qui commémore la naissance de Serigne Falilou Mbacké, 2ème Khalife général des Mourides, célébré la veille, lundi, à Touba, la capitale du Mouridisme. Il y a quelques mois, dans le même département de Bambey, au moins, 16 personnes ont perdu la vie, calcinées, suite à un accident survenu à Ndiama Fall, un village de la commune de Ndangalma, le lundi 9 septembre 2024. 36 autres avaient été blessées dont 20 dans un état grave dans cette collision entre un bus de transport en commun et un camion de sable. Une défaillance humaine, notamment un dépassement dangereux amorcé par le conducteur du bus en provenance de Dakar et roulant à vive allure, était à l’origine de cet accident de la circulation survenu cette fois sur la route nationale n°3. C’est pour juguler l’insécurité routière, entre autres maux du secteur, que les pouvoirs publics ont organisé les états généraux des transports publics, en octobre 2024.
S’exprimant à la clôture de ces assises, qu’il a co-présidées avec sa collègue en charge des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires, Madame Fatou Douf, le vendredi 25 octobre 2024, au Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens d’alors, El Malick Ndiaye, avait annoncé que les conclusions et recommandations issues de ce «moment d’introspection sincère et une prise de conscience de nos responsabilités qui en découlent pour façonner l’avenir du transport au Sénégal» devraient être examinées lors d’un Conseil présidentiel qui sera organisé à cet effet.
En attendant, au lancement des travaux de ces cinq jours de «débats riches et constructifs entre tous les acteurs du secteur», il a déclaré que l’État jouera sa partition avec toute la rigueur nécessaire. «Au sortir de ces états généraux, nous allons mettre tout un chacun devant ses responsabilités. L’État jouera sa partition avec toute la rigueur nécessaire», a-t-il soutenu le lundi 21 octobre dernier. Et d’ajouter, parlant des accidents de la route, que «le plus grand pourcentage de leurs causes» est attribué aux «facteurs humains». «Les solutions, nous allons les trouver ensemble» et il s’agira de «solutions durables et structurelles».
Par Henriette Niang KANDE
DÉSERT D’OPPORTUNITÉS VERSUS MIRAGE DE PROSPÉRITÉ
Les rêves de startup agricoles font face à un écueil : « pas de marge de manœuvre ». L’eldorado promis s’avère être… une récolte de raisins en Espagne... Faute d'imagination, les solutions ressurgissent d'un passé qu'on aurait aimé oublier
C'était une époque pas très lointaine pleine de promesses, des discours et une campagne teintés d'idéaux flamboyants. Ils avaient su capter l'attention de toute une génération. Leur programme ? Simple : des emplois pour les jeunes, une économie indépendante des fluctuations internationales et une autosuffisance alimentaire qui nous ferait oublier l'existence même des importations.
L e tout emballé dans une rhétorique pleine d'élan patriotique et de slogans. Le programme initial, rappelons-le, était ambitieux. Un plan massif d’investissements, le développement de circuits courts, et des incitations à la création d’entreprises locales devaient redonner au pays un lustre économique qu’il n’avait jamais connu. Les jeunes, eux, étaient promis à des emplois dans les technologies, la recherche et l’innovation, ou encore des carrières exaltantes dans l’agriculture « modernisée ». En somme, on leur proposait la Silicon Valley version bio et terroir. C'était leur espoir, le grand souffle de renouveau. En élisant l’équipe de la "Souveraineté et de Rupture" (S&R pour les intimes), le pays semblait avoir trouvé la solution miracle : des emplois dignes et épanouissants pour sa jeunesse, une autosuffisance économique et alimentaire, et un avenir radieux sous un ciel bleu patriotique.
Les promesses étaient un brin trop ambitieux, les rêves de startup agricoles font face à un écueil imprévu : « pas de marge de manœuvre ». Les emplois pour les jeunes se feront finalement, au son du sécateur et du craquement des feuilles sous les pieds et des coups de bistouri dans les structures de santé qataries. Direction les vignobles espagnols, et les projets technologiques ou de médecine du Qatar donc. Nous n’avions jamais imaginé que la "souveraineté économique" consistait à mieux « rentabiliser » les exploitations agricoles espagnoles et combler le déficit de personnels qataris, à coups de maind’œuvre pas chère. En effet, après dix mois plus tard, d’exercice du pouvoir, la réalité s’est imposée avec toute la grâce d’un tracteur déraillant dans un champ de maïs. L’eldorado promis s’avère être… une récolte de raisins et de mandarines, en Espagne ou un travail de forçat « qualifié » au Qatar. L'espoir s'est transformé en une réalité plutôt... terre à terre. Très terre à terre. Terre aride même. Quand l'imagination fait défaut, les solutions viennent souvent d'un passé qu'on aurait aimé oublier. Nos dirigeants, viennent d'appliquer une recette déjà connue : envoyer nos jeunes concitoyens à l'étranger, dans des emplois qui n'ont rien de glorieux, mais qui font illusion sur le papier.
C’est le dernier coup d'éclat en date du ministre Abasse Fall à qui on peut donner le titre de « ministre du Travail et des Perspectives radieuses », qui, revenant du Qatar, brandit un accord comme s'il avait décroché la lune. Son trophée ? Exporter dans ce petit émirat un millier de travailleurs de divers secteurs tels que la technologie, la médecine et la logistique, dont la formation a coûté au Sénégal qui en a grandement besoin.
Dans la foulée, le gouvernement sénégalais a décidé de remettre sur la table un accord de migration circulaire avec l'Espagne. Traduction ? Des bras sénégalais pour aller cueillir fruits et légumes dans les champs espagnols. Oui, vous avez bien lu. La jeunesse, portée aux nues il y a peu, est aujourd'hui invitée à plier bagage et traverser les frontières pour participer aux vendanges et à la cueillette en Espagne. Les emplois promis sont bel et bien là, mais il faudra mettre des bottes, attraper un sécateur, vivre dans des cantonnements, et apprendre à dire "olé, viva Espaňa" sans sourciller
Pendant ce temps, l’opposition politique se frotte les mains. « Voilà où mènent les slogans populistes, à l’exil de notre jeunesse ! », tonnent d’anciens dirigeants gouvernementaux, qui n’avaient eux-mêmes pas mieux proposé quand ils étaient aux affaires. Et maintenant ? À bien y réfléchir, pourquoi la souveraineté à cors et à cris, sur tous les tons, ne nous fait-elle pas réclamer une réciprocité ? Le sens unique doit interroger, d’autant plus que les jeunes du monde entier, ont la mobilité en commun. Pourquoi les Espagnols ne viendraient-ils pas, eux, planter des cacahuètes dans nos campagnes ? À croire que l’équilibre agricole espagnol et le développement du Qatar, reposent sur une subtile stratégie de délocalisation des bras et des cerveaux. Et nos jeunes, le lubrifiant silencieux des rouages de leurs économies respectives.
Au pays pourtant, les terres cultivables s'étendent, désespérément inactives ou louées à des étrangers. Des milliers de kilomètres carrés de potentiel agricole qui attendent une maind'œuvre... qui part ailleurs. Les terres arables locales se couvrent d'herbes folles, d’épineux, repas de roi pour des troupeaux de chèvres, de sachets plastique que le vent accroche aux arbustes, et le pays importe à prix d'or des denrées qu'il aurait pu produire lui-même. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Les exploitants espagnols, eux, se frottent les mains : une jeunesse dynamique, prête à tout pour gagner quelques euros. Pendant ce temps, notre pays regarde ses enfants s’éloigner.
Cherchez l'erreur. Ah, ces pauvres gouvernants, bien plus doués pour planter des promesses électorales et des plants de salade ! Il n'y a pas si longtemps, des rêves nous étaient vendus : des rêves en technicolor : "En deux mois, tout sera réglé ».
À croire qu'il est plus simple de négocier des contrats saisonniers à l'étranger que de construire des infrastructures agricoles chez soi. Après tout, pourquoi ne pas se pencher sérieusement sur une économie locale au lieu de transformer sa jeunesse en travailleurs lowcost pour l'économie hors-frontières ? Une solution pratique : les jeunes travaillent, les statistiques de chômage baissent, et le gouvernement peut se féliciter. Pas mal, non ?
Le plus beau dans cette affaire, c'est le double discours. Officiellement, on nous parle de fierté nationale, de valorisation des talents locaux, de souveraineté alimentaire. Officieusement, on les emballe dans des charters direction l'Espagne avec, peut-être, un petit guide touristique pour se consoler : "L’Espagne et ses merveilles »."Qui croit aux promesses récolte l'exil."
Finalement, cette histoire de jeunesse exportée pourrait être une excellente comédie… si elle n'était pas si tragique. Que faire de cette situation ? Rire pour ne pas pleurer ? Peut-être. Mais il serait temps que nos gouvernants se rendent compte qu'un pays ne se construit pas en exportant ses forces vives. Les champs espagnols ont peutêtre trouvé nos bras, le Qatar nos cerveaux, mais notre pays, lui, risque fort de perdre son âme
Pour arriver au niveau de développement actuel, les Chinois pédalaient en uniforme Mao, une mode sobre qu’on pourrait qualifier d’anti-paillettes. Chez nous, les tenues d’apparat, les carrosses dorés et les privilèges clinquants, liés aux fonctions officielles, sont des arguments motivants pour les jeunes. Rien que ça fait germer l’envie de ne pas rester, mais plutôt de jouer les aventuriers sur des rafiots douteux ou de tester l’endurance dans le désert en mode « esclavage version hardcore ». Mais bon, pourquoi changer ? L’exemple vient d’en haut, et là-haut, on aime bien les paillettes. On garde les vieilles recettes foireuses, convaincus que le frein, ce n’est pas nous. Eh bien si.
Alors, qu'on se le dise : exportateur des travailleurs, c'est peutêtre efficace à court terme, mais ça ne nourrit pas les ambitions nationales. Si nos dirigeants actuels veulent vraiment marquer l'histoire, qu’ils sortent du cycle des idées réchauffées, se dévêtissent de leurs boubous froufroutants, des costumes près-du-corps, des chaussures dont le cuir bêle encore et qu’ils innovent. Sinon, leur place dans les livres d'histoire, risque de se limiter à une simple note de bas de page, juste après la recette du gaspacho espagnol et le majboos, le plat incontournable au Qatar. Ah ! j’oubliais, majboos signifie « être engagé » en arabe. Comme ces milliers de jeunes qui ont littéralement envahis les Bureaux d’Orientation et de Suivi (Baos) et les tribunaux du pays, chacun espérant faire partie du « peuple des élus ». Engagés à quitter ce désert d’opportunités pour aller vivre un mirage de prospérité ailleurs.
PAR Ismaila Madior Fall
L’AES, ENTRE LÉGITIMITÉ DU RETRAIT DE LA CEDEAO, EFFECTIVITÉ ET AVENIR DE L’ORGANISATION SOUS-RÉGIONALE
EXCLUSIF SENEPLUS - La désintégration par dénonciation du traité fondateur de la communauté peut-elle être mise en œuvre sans consultation populaire ni aval parlementaire, mais aussi des autres organes de l’organisation ?
Ce mercredi 29 janvier 2025 marque la date de formalisation du divorce du Mali d’avec la CEDEAO.
Un divorce regrettable
Pourtant, lors des réunions (ministérielles et de chefs d’Etat) de la CEDEAO de l’année 2023 sur les velléités des Etats de l’AES de quitter l’organisation, nous étions convaincus qu’ils n’allaient pas franchir le rubicond de claquer la porte de la maison communautaire et qu’ils allaient revenir sur leur volonté de se délier de l’organisation pour ne pas compromettre les acquis de plusieurs décennies de construction d’un modèle d’intégration, qui bien qu’imparfait, est bien meilleur que beaucoup d’autres expériences du genre sur le continent et dans le monde.
La lettre du président de la Commission (Docteur Omar Alieu Touray) (en date du 13 janvier passé) adressée au ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République du Mali, (Abdoulaye Diop) l’invitant à engager les formalités de séparation à compter du 29 janvier 2025 nous ramène à la dure et douloureuse réalité de l’effectivité du divorce avec plein d’incertitudes qui concernera aussi le Niger et le Burkina Faso.
Réserves sur des divorces engagés par des régimes de transition
Malgré le respect qu’il convient d’accorder à cette séparation qui constitue un risque sur la viabilité de l’organisation et l’avenir de l’intégration en Afrique de l’Ouest et, au-delà, en Afrique, l’on peut s’interroger sur le bien-fondé de la décision de retrait d’une organisation régionale de la part d’Etats dont les autorités sont dépourvues de la légitimité du suffrage universel et n’ont pas pris l’initiative d’une ratification populaire d’un acte de cette envergure de désaffiliation affectant le destin d’une communauté, quoi qu’on en dise, soudée par l’histoire, la géographie, la culture, l’économie et un ambitieux droit qui définit les principes de convergence constitutionnelle régissant le mode de vie politique de cet espace ; une communauté de droit qui récuse et sanctionne audacieusement la prise de pouvoir par des moyens portant atteinte aux bases ontologiques de l’intégration.
La décision unilatérale des juntes militaires de délier leurs Etats de leurs obligations vis-à-vis de la CEDEAO, même si elle est, bien sûr, conforme aux principes régissant les organisations internationales (dénonciation) et au traité fondateur de la Communauté (retrait), elle pose un problème de légitimité quant à la validité procédurale et substantielle de la démarche, tant en droit international qu’en droit interne. En effet, si, en droit international, l’effectivité du pouvoir peut parfois l’emporter sur la légitimité, en droit de l’intégration en revanche, on peut s’interroger sur l’admission automatique d’un retrait assumé par des autorités investies en violation des textes de la CEDEAO, notamment du Protocole de Dakar. Doit-on se limiter à la lettre du droit communautaire et laisser libre cours aux retraits ? Ou ne devrait-on pas, sans aller jusqu’à loi de l’enchaînement de l’Etat fédéré à l’Etat fédéral, davantage rigidifier la procédure de retrait, avec l’objectif de donner du temps et de la chance à la diplomatie intégrative. Ce qui pose le débat de la réforme institutionnelle de la CEDEAO après que le traité soit éprouvé par l’expérience.
Au surplus, la désintégration du processus d’intégration par des actions initiées dans le cadre de la dénonciation du traité peut-elle être accueillie et mise en œuvre sans consultation du peuple par voie référendaire, des parlements nationaux suspendus ou dissous, mais aussi des autres organes de l’organisation (Parlement au titre des saisines facultatives au moins, Cour de justice) ? Ces derniers devraient aussi, au nom de la logique institutionnelle, avoir leurs initiatives à prendre et leur mot à dire, même si le dernier mot revient à la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement.
A dire vrai, au-delà de la légalité de la démarche, ces retraits, spectaculaires et inédits depuis le départ en 2000 de la Mauritanie qui a envisagé heureusement son retour par la signature en 2017 avec l’organisation d’un accord d’association, doivent être pris au sérieux et subir le traitement juridique et politique requis. Ils pourraient souffrir d’un déficit de légitimité apaisante lié à l’absence d’onction démocratique tirée du défaut d’élection des dirigeants de la transition et de la non tenue de consultation référendaire, comme on l’a vu par exemple dans le cadre du Brexit où après le référendum, la Cour suprême britannique avait exigé l’approbation parlementaire, avant d’activer l’article 50 du Traité de Lisbonne sur les négociations de sortie. A juste titre, car le référendum reste le procédé de droit commun de validation et de légitimation d’une décision d’un pays décidant se retirer d’un projet d’intégration cinquantenaire, dont l’Etat en question est membre fondateur.
Les réserves de principe démocratique sur l’initiative de désaffiliation de la CEDEAO de la part de régimes à vocation transitoire sont également valables pour celle de leur affiliation à l’AES. En tout état de cause, il est clair qu’après 50 ans de vie dans une organisation d’intégration, se retirer de celle-ci signifie tourner le dos à une expérience de fraternité africaine cinquantenaire, pourtant citée en exemple par les benchmarkings de fonctionnement de modèles d’intégration.
Une opportunité pour sécuriser le droit de retrait et sauver l’intégration
Bien entendu, le propos ne consiste pas ici à délégitimer ou à contester la décision de retrait des Etats de l’AES ou à critiquer la mise en branle de la procédure de séparation, mais plutôt à inciter la CEDEAO à transformer cette crise en opportunité pour sécuriser le processus d’intégration et éviter d’ultérieurs retraits liés notamment à des changements anticonstitutionnels de gouvernement (on le sait doublement condamnés par la CEDEAO et l’Union Africaine) qui peuvent se révéler des parenthèses bien circonscrites dans des périodes de transition d’une durée limitée. Ce besoin de sanctuarisation de l’organisation ne répond pas seulement aux Etats théâtres de coup d’Etat, mais à tous types de manifestations de volonté de rompre avec celle-ci. Il faut, à cet égard, prêter attention à la récente déclaration du ministre togolais des affaires étrangères Robert Dussey qui n’exclut pas une adhésion de son pays à l’AES. A l’évidence, un autre retrait et une éventuelle attractivité de l’AES (avec l’intention prêtée au Tchad d’y adhérer) seraient un coup dur pour les efforts méritoires de construction de l’intégration des Etats et des peuples de l’Afrique de l’Ouest.
L’organisation communautaire devrait, donc, marquer le coup en engageant, sans remettre en cause la souveraineté des Etats qui restent maîtres des traités, la réflexion sur la sécurisation de la clause du droit de retrait et définir une doctrine préventive y relative pour endiguer quelque tentation de cascades de décrochages qui saperaient la dynamique intégrative, mais aussi les efforts collectifs de construction de la paix et de la sécurité de la sous-région.
En définitive, parce qu’il y va de la survie de l’organisation, cet ajustement institutionnel salvateur de l’intégrité de l’organisation devrait être un des points de l’Agenda attendu des réformes de la CEDEAO.
L’urgence d’engager la réforme de l’architecture institutionnelle
Au total, pour éviter de se désagréger et plutôt s’élargir en se consolidant, la CEDEAO doit, d’urgence, se réformer dans le sens d’une meilleure balance entre la sauvegarde des principes constitutionnels, la gestion des susceptibilités souverainistes et l’atteinte des objectifs économiques.
Ismaila Madior Fall est Professeur des Universités, ancien ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur.
CURTIS YARVIN, DÉMOCRATIE, MONARCHIE ET PROVOCATION
Une pensée controversée qui sort de l’ombre. Il préconise le remplacement de la démocratie américaine par une monarchie moderne. Des affirmations provocantes sur des figures historiques telles que Nelson Mandela
(SenePlus) - Le 18 janvier 2025, le New York Times a publié une interview captivante et troublante de Curtis Yarvin, auteur controversé et penseur politique souvent associé à la droite radicale. Conduit par David Marchese, cet échange dévoile les idées provocatrices de Yarvin sur la démocratie, l’état et le pouvoir, tout en illustrant l’évolution de son influence, autrefois marginale, vers les cercles du pouvoir états-unien. L'interview explore l'idéologie de Yarvin, qui préconise le remplacement de la démocratie américaine par une monarchie moderne, ainsi que ses affirmations provocantes sur des figures historiques telles que Nelson Mandela.
Les idées clés de Curtis Yarvin : une attaque contre la démocratie
Yarvin, 51 ans, est connu pour ses théories extrêmes visant à démanteler les institutions démocratiques et les structures administratives qu’il considère comme obsolètes ou inefficaces. Il propose une alternative radicale qu’il appelle une « monarchie », dirigée par un leader centralisé—un « C.E.O. » ou un dictateur. Selon lui, des dirigeants historiques tels que Franklin Delano Roosevelt ou George Washington ont fonctionné de manière similaire à des chefs d’entreprise modernes, gouvernant avec une autorité centralisée et efficace.
Il décrit la démocratie comme « faible » et dysfonctionnelle, incapable de répondre aux véritables besoins des citoyens. Pour appuyer son argumentaire, il affirme :
« Il est facile de voir que des politiques très impopulaires, comme l’immigration massive, persistent malgré des majorités écrasantes qui s’y opposent. »
Selon Yarvin, les lois et les politiques devraient être confiées à des « experts sages » — universitaires, juges et élites —, ce qui revient à remplacer la démocratie par une forme d’aristocratie. Il déclare :
« Quand on dit aux lecteurs du New York Times que la démocratie est mauvaise, ils sont choqués. Mais si vous leur dites que la politique est mauvaise, ils sont d’accord. »
Les propos chocs sur Nelson Mandela
Dans une des séquences les plus controversées de l’interview, Yarvin fait une comparaison provocatrice entre Nelson Mandela et le terroriste norvégien Anders Breivik. Il affirme :
« Si vous me demandez de condamner Anders Breivik mais d’adorer Nelson Mandela, peut-être avez-vous une mère que vous aimeriez [censuré]. »
Yarvin justifie cette comparaison en affirmant que Mandela, tout comme Breivik, était un « terroriste » au sens strict :
« La plupart des gens ignorent que Mandela était sur une liste de terroristes avant d’être libéré. Il a violé les règles de la guerre et causé la mort de civils innocents, tout comme Breivik. »
Cette affirmation, perçue comme un affront à l’héritage de Mandela, ignore le contexte historique de sa lutte contre l’apartheid, un régime systématiquement raciste et oppressif. Face à ces accusations, David Marchese lui rappelle : « Mandela a combattu un régime d’apartheid vicieusement raciste. Comparer cela à Breivik est une simplification grossière et offensante. »
Malgré les critiques, Yarvin maintient son point de vue, arguant que la société « valorise le terrorisme » lorsqu’il sert une cause acceptée socialement.
Influences et audiences
Autrefois confiné à la périphérie intellectuelle, Yarvin voit ses idées gagner en visibilité. Des figures influentes comme Marc Andreessen, capital-risqueur et conseiller informel de Donald Trump, et Peter Thiel, donateur conservateur, ont exprimé un vif intérêt pour ses théories. De plus, des personnalités politiques telles que le vice-président élu J.D. Vance font écho à certaines de ses propositions, notamment l’éradication de l’« éveil » (« wokeism ») dans les institutions.
Yarvin se dit toutefois éloigné de toute participation directe au pouvoir. Il affirme :
« Je ne pense même pas assister à l’investiture. Je suis un intellectuel, un outsider. Mon influence passe surtout par les jeunes élites qui gravitent dans ce milieu en ligne très connecté. »
Un discours ancré dans les modèles historiques
Yarvin fait régulièrement appel à l’histoire pour légitimer ses théories. Il présente des dirigeants comme George Washington, Abraham Lincoln et Franklin D. Roosevelt comme des « C.E.O. nationaux » qui dirigeaient leur gouvernement avec l’efficacité d’une entreprise. Pour renforcer son point de vue, il affirme :
« F.D.R. a géré le New Deal comme une start-up. Si nous pouvons révérer un dirigeant comme F.D.R., pourquoi craindre un dictateur moderne ? »
Cependant, ses interprétations historiques sont souvent accusées de « cherry-picking » (sélection biaisée des faits) et de simplification excessive. Lorsque Marchese le confronte sur ses affirmations erronées, comme l’absence de génocides en Europe entre 1000 et 1750, Yarvin admet à demi-mot ses imprécisions tout en minimisant leur impact sur son argumentaire global.
Une vision centralisée du pouvoir
Yarvin compare souvent la gestion gouvernementale à celle d’une entreprise privée, citant des exemples tels qu’Apple ou SpaceX. Il déclare :
« Les entreprises sont de petites monarchies. Imaginez si Apple gérait la Californie. Ce serait bien plus efficace que le gouvernement actuel. »
Cependant, Marchese souligne que cette vision ignore les différences fondamentales entre les objectifs des entreprises et ceux des gouvernements, notamment le bien-être social et les droits des citoyens.
Une influence grandissante, un danger imminent ?
L’interview de Curtis Yarvin révèle une pensée radicale et une rhétorique souvent choquante, mais également une influence croissante au sein des cercles conservateurs et technologiques. Ses idées, bien qu’à première vue outrancières, trouvent un écho auprès de certaines des figures les plus puissantes du pays, ce qui souligne l’importance de ne pas les ignorer.
David Marchese conclut l’échange avec une question essentielle : « Pourquoi détruire la démocratie plutôt que de chercher à l’améliorer ? » La réponse de Yarvin reste insatisfaisante, mêlant désillusion envers les institutions actuelles et une confiance aveugle dans l’efficacité d’un « C.E.O. national ». Si ses théories divisent, elles mettent en lumière une fracture profonde dans le discours politique américain et un tournant potentiel vers des modèles de gouvernance radicalement différents.
DES CENTRALES SYNDICALES ALERTENT SUR UNE CRISE SOCIALE EXPLOSIVE
Face aux licenciements massifs, à la dégradation du pouvoir d’achat et aux violations des droits syndicaux, les syndicats exigent des actions urgentes des autorités pour protéger les travailleurs et redresser l’économie.
Le Cadre Unitaire des Centrales Syndicales (CUCS) a organisé, ce mardi 28 janvier 2025, un point de presse à la Bourse du Travail pour alerter sur la situation préoccupante des travailleurs sénégalais, confrontés à une crise socio-économique sans précédent. Sous le thème « La situation des travailleurs et la cherté de la vie », les responsables syndicaux ont exposé les défis majeurs qui minent le monde du travail, dénonçant notamment la dégradation du pouvoir d’achat, les licenciements massifs et les violations des libertés syndicales.
Selon Mamadou Dramé, secrétaire général de l’Union des Syndicats Démocratiques du Sénégal (USDS), les faits sont alarmants : près de 500 employés licenciés à la Lonase, 700 au Port autonome de Dakar, des dizaines dans les secteurs des mines, de la poste et de la santé, sans compter les retards de paiement des salaires. « Ces licenciements abysseaux traduisent une crise systémique », a-t-il martelé, évoquant un sentiment d’abandon ressenti par les travailleurs.
Dans le secteur public, les syndicats multiplient les préavis pour revendiquer des carrières dignes et l’intégration des contractuels dans la fonction publique. Le secteur privé, quant à lui, n’est pas épargné : dans le bâtiment et les travaux publics (BTP), les arrêts de chantier ont plongé de nombreux ouvriers dans le chômage. La situation est tout aussi critique dans la boulangerie, où les fermetures d’unités de production aggravent le chômage.
Le tourisme, autrefois moteur économique, subit également les conséquences de politiques qui freinent l’attractivité du Sénégal. Les syndicats regrettent la baisse des flux touristiques, qui impacte directement les emplois.
Autre secteur en crise : le transport. Les chauffeurs de taxi dénoncent une concurrence jugée déloyale face aux plateformes numériques comme Yango et Yassir. « Ces travailleurs sont à bout », a souligné un intervenant, appelant l’État à arbitrer pour une coexistence équitable.
Le CUCS exige des mesures immédiates et appelle les autorités à s’impliquer davantage pour redresser la situation et préserver la dignité des travailleurs sénégalais. Une mobilisation nationale est à prévoir si ces revendications ne trouvent pas de réponses rapides.
AGNAM, DU NÉANT AU FIRMAMENT
En une décennie, Farba Ngom a métamorphosé cette localité méconnue en pôle de développement majeur, doté d'un hôpital ultramoderne et d'infrastructures essentielles. Sa chute potentielle soulève l'inquiétude d'une population qui lui doit son émergence
C’est aux dernières heures de la levée de son immunité parlementaire que l’honorable député Farba Ngom est rentré dans sa citadelle à Agnam, où il a reçu une gigantesque manifestation de soutien, jeudi dernier. Cette commune, dont il est le démiurge et le premier maire, veut lui renvoyer l’ascenseur, puisque Farba a réussi, en un temps record de douze ans, à hisser Agnam parmi les localités les plus célèbres du pays.
Avant l'an 2012, qui, en dehors de ceux qui vivent au Fouta, connaissait une localité qui s’appelait Agnam ? Quasiment personne. Aujourd’hui, même l'enfant d’un village lointain de la Casamance s'est familiarisé avec la prononciation d’Agnam. Une prouesse qui porte la signature exclusive de son actuel maire Mouhamadou Ngom, plus connu sous le nom de Farba Ngom, né un certain 5 mars 1971 à Nguidjilone.
Dans la province traditionnelle du Bosséa (regroupant les quatre communes de Orefondé, Agnam, Dabia et Thilogne), Agnam a toujours vécu sous l'ombre envahissante de Thilogne, Salndu Fouta (Pilier du Fouta), qui était la capitale économique de toute cette zone jusqu’à l’événement du phénomène Farba.
En 2012, Macky Sall accédait au pouvoir avec son homme à tout faire, membre fondateur de l’Alliance pour la République (APR). Un statut qui lui donne beaucoup de privilèges dont les populations d’Agnam vont beaucoup profiter.
Agnam, chef-lieu d’arrondissement éponyme, va se libérer, en 2013, du joug de Thilogne pour devenir une commune à part entière, grâce à l'acte 3 de la décentralisation. En 2014, Farba Ngom, entre-temps élu député à l’Assemblée nationale, deviendra le premier magistrat de cette ville. Cette nouvelle commune va polariser 16 villages officiels et six hameaux, une donne qui va lui conférer un certain poids électoral plus conséquent que celui de Thilogne, par exemple.
Une brigade de gendarmerie logée dans une de ses maisons
Farba Ngom, député-maire, va multiplier les chantiers dans son terroir. Il usera de tous ses pouvoirs et de toute son influence pour attirer projets et programmes dans sa région. Une brigade de gendarmerie sera implantée à Agnam. En attendant la construction des locaux, Farba mettra gracieusement une de ses maisons aux éléments de la nouvelle brigade de gendarmerie. ‘’Je tiens à la sécurité des populations. C’est pourquoi j’ai décidé de mettre une de mes maisons à la disposition de la gendarmerie. Cette maison servira de brigade, en attendant la construction’’. Et pour motiver davantage ces forces de l'ordre, il s'engage à leur ‘’assurer gracieusement la restauration’’.
Un acquis qui serait obtenu au détriment de son voisin Thilogne. Des Thilognois avaient manifesté leur mécontentement, en vain. Mamadou Elimane Kane, l'actuel édile de la ville, avait crié au scandale. ‘’C’est un détournement d’objectif qui a été fait. La brigade de gendarmerie était initialement prévue à Thilogne. C’est Farba qui l'a détournée pour la ramener chez lui, à Agnam. C’est scandaleux’’, s’était-il emporté.
Agnam se dote d'un hôpital ultramoderne
Pour les populations d’Agnam, il fallait faire une courte distance de 6 km pour se rendre au district de Thilogne ou bien parcourir 60 bornes pour se soigner au centre hospitalier régional d’Ourossogui. Une souffrance que leur maire cherchera à abréger. Sans attendre l’État, il prit l’initiative de construire, pour un coût de deux milliards, un hôpital de niveau 1 ultramoderne sur fonds propres et avec l’appui de quelques partenaires. Ce joyau sera doté d’un service d’accueil et d’urgence (SAU), d’un bloc opératoire, d’une maternité, d’un service d’ophtalmologie, d’un centre d’hémodialyse, d’un bloc administratif et d’une cité pour l’hébergement du personnel de santé. Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé à l'époque puis Macky Sall étaient venus inaugurer cette infrastructure sanitaire. Une manière d'avaliser les initiatives du maire d’Agnam. Le ministre de la Santé dira solennellement que ‘’c’est un exemple à suivre pour les autres maires’’.
Lors de l’inauguration, Farba informera que ‘’trois ambulances, un corbillard et un véhicule pour la direction de l’hôpital ont été achetés par de bonnes volontés de la localité’’.
La croisade contre le chômage des jeunes
‘’Si tous les leaders politiques se battaient avec acharnement comme Farba pour trouver de l'emploi aux jeunes de leur localité, je pense sincèrement que la question du chômage serait résolue’’, avait soutenu en off un ancien ministre lors de son séjour à Matam.
En effet, Farba a offert une niche d'emplois aux jeunes de sa commune et même de son arrondissement. Avec le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), il a joué des coudes pour obtenir une part bien importante pour ses jeunes. Selon Mamina Daffé, directeur technique à l'époque du Prodac, le Domaine agricole communautaire d’Agnam, qui va être le premier à Matam, va s’étendre sur 1 000 ha pour un coût global de plus de cinq milliards de francs CFA. À terme, il va employer environ dix mille jeunes, soit quatre mille emplois directs et six mille emplois indirects.
Au-delà du Prodac, qui n'a pas pu se concrétiser, Farba Ngom s’était rué sur les postes de chargé de mission dans les différents ministères pour offrir des emplois aux jeunes. Il frappait à toutes les portes des structures étatiques pour trouver des postes à sa jeunesse. Cela constitue la marque de fabrique qui le distingue des autres responsables politiques. Quand les autres leaders se contentaient d'assurer aux personnes de leur environnement immédiat une bonne situation, Farba Ngom, lui, cherchait des avantages pour sa communauté.
La rengaine ‘’Touche pas à Farba’’
Aujourd’hui, Agnam est une commune émergente qui dispose de quasiment toutes les infrastructures de base. Elle dispose notamment de l’écomusée des civilisations peules d'une valeur de deux milliards, qui est implanté au village d’Agnam Godo. Un patrimoine qui va cristalliser toutes les attentions des chercheurs et ethnologues spécialisés du pulagu de 28 pays d’Afrique, au grand bonheur des populations locales.
Avec tous ces privilèges obtenus grâce à leur maire, les populations d’Agnam se montrent bien reconnaissantes à l'endroit de leur mécène. À l'annonce de la procédure de la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom par la majorité, une gigantesque mobilisation a été organisée tout près de son domicile, à Agnam Ouro Ciré. Les Agnamois, en première ligne, se sont dressés contre les menaces qui pèsent sur leur ‘’bienfaiteur’’ avec le slogan ‘’On ne touche pas à Farba Ngom’’.
Pour beaucoup, le député-maire ne peut être incriminé du fait qu’il n'a jamais eu à gérer des deniers publics. ‘’C’est une injustice, ce qui est en train de se passer. Farba n'a jamais été épinglé par un rapport. Le nouveau régime veut s’acharner sur lui’’, clame Abdoul Djiby Ndiaye, un des jeunes lieutenants de Farba, par ailleurs adjoint au maire d’Orefondé. Des propos qui résonnent avec les prédictions d’Ousmane Sonko lors des dernières campagnes législatives : ‘’J’ai entendu qu’une personne sillonne le département, mallette à la main, distribuant entre 50 et 80 millions de francs CFA. Mais je vous garantis que ce sera la dernière élection au Sénégal à laquelle il prendra part en tant que candidat, à fortiori en tant que distributeur automatique de billets de banque’’, avait-il annoncé.
En attendant la suite des événements, le député-maire Farba Ngom, qui a déjà perdu son immunité parlementaire, s'est plongé dans sa bulle des Agnams, se déconnectant de la clameur et du tumulte. Il laisse son sort ‘’entre les mains de Dieu’’, comme l'avait avoué l’honorable députée Aissata Tall Sall, mais il sait compter sur les siens pour lui éviter les déboires de la justice.
SAISIE DE 1,3 TONNE DE DROGUE À MBOUR
M. Ndong, accusé d’avoir transporté cette drogue, a comparu devant la chambre criminelle de Mbour. Selon le parquet, il faisait partie d’un réseau organisé, tandis que la défense conteste tout lien direct avec le trafic.
À 38 ans, M. Ndong, accusé de trafic intérieur de drogue et d’association de malfaiteurs, pourrait écoper de 10 ans de réclusion criminelle. Il a comparu devant la chambre criminelle de Mbour, où les faits à son encontre ont été exposés.
L’affaire remonte à son arrestation sur la plage de Mbour Sérère, en possession de 1300 kilogrammes de chanvre indien conditionnés dans des sacs de 300 grammes. Lors de l’enquête, M. Ndong a affirmé avoir reçu la drogue d’un certain S. Diawara, qui l’aurait acheminée depuis la Casamance. Il devait livrer cette cargaison à des clients en échange d’une rémunération de 500 000 FCFA par débarquement.
Le parquet a soutenu que la drogue était destinée à la commercialisation, rejetant toute tentative de dénégation des faits par l’accusé. « Ces techniques de nier les faits sont courantes chez les trafiquants. Mais les éléments du dossier sont clairs. L’accusé n’a montré aucune volonté de contribuer à la manifestation de la vérité. Il ne mérite aucune circonstance atténuante », a martelé le procureur, qui a requis une peine de 10 ans de réclusion criminelle.
De son côté, l’avocat de la défense a plaidé l’absence de preuves tangibles liant son client au trafic de drogue. « Rien dans ce dossier ne prouve que mon client est impliqué dans un réseau de trafic », a-t-il argumenté.
La chambre criminelle rendra son verdict le 21 février, date à laquelle l’affaire a été mise en délibéré.
GOMA SOUS LE FEU DU M23
Les hôpitaux sont débordés, comptabilisant déjà 17 morts et plus de 360 blessés. L'onde de choc se propage jusqu'à Kinshasa, où la colère populaire vise les ambassades occidentales
(SenePlus) - La situation s'aggrave dramatiquement dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC), où la ville stratégique de Goma est devenue le théâtre d'intenses combats entre les forces armées congolaises et les rebelles du M23, soutenus selon les autorités par l'armée rwandaise. D'après l'AFP, la ville d'un million d'habitants, qui accueille presque autant de déplacés, est sous le feu des combats depuis dimanche soir.
Les conséquences humanitaires sont déjà catastrophiques. "Nous avons vu des corps sur la route", témoigne auprès de l'AFP un habitant du quartier du marché de Kituku. La population, privée d'eau et d'électricité depuis trois jours en raison des bombardements, commence à sortir pour chercher des provisions essentielles. Selon Shelley Thakral, porte-parole du Programme alimentaire mondial, "les prochaines 24 heures seront cruciales car les gens commencent à manquer de provisions et devront voir ce qu'ils peuvent trouver pour survivre."
La situation sécuritaire se dégrade rapidement. Des témoins rapportent à l'AFP avoir vu "plusieurs dizaines de combattants du M23 reconnaissables à leurs tenues et équipements" remonter l'une des principales artères de la ville. Les pillages se multiplient, comme en témoigne Jospin Nyolemwaka, qui a fui son quartier : "Ils nous ont tout volé, nos téléphones, même nos souliers. On les a vus se déshabiller et jeter leurs tenues et leurs armes."
Les hôpitaux de la ville font état d'au moins 17 morts et 367 blessés au cours des deux derniers jours. L'armée sud-africaine annonce la mort de quatre soldats supplémentaires, portant à 17 le nombre de victimes parmi les forces de la SAMIRDC et de la Monusco.
À Kinshasa, la capitale, des manifestants ont pris pour cible plusieurs ambassades, notamment celles du Rwanda, de la France, de la Belgique et des États-Unis. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a qualifié ces attaques d'"inadmissibles".
Face à cette escalade, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies est prévue. Selon l'AFP, le président Félix Tshisekedi devrait s'adresser à la nation dans la journée, alors que son gouvernement affirme vouloir "éviter le carnage". Une rencontre entre les présidents Tshisekedi et Kagame est également programmée à Nairobi mercredi, dans une tentative de désamorcer la crise.
Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, rapporte que "un demi-million de personnes de plus ont été déplacées rien que ce mois-ci". Le CICR alerte par ailleurs sur les risques de dissémination de virus, dont Ebola, à partir d'un laboratoire à Goma.
Cet embrasement survient après l'échec, mi-décembre, d'une médiation entre la RDC et le Rwanda sous l'égide de l'Angola, ravivant les tensions dans une région déjà marquée par plus de trente ans de conflits.
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LA SCÈNE POLITIQUE COMME THÉÂTRE
Face à Pape Alioune Sarr, Ndeye Astou Ndiaye et Fary Ndao livrent une analyse fine des enjeux contemporains du pouvoir. De la souveraineté africaine aux défis de la jeunesse, leur discussion dessine un portrait saisissant du Sénégal d'aujourd'hui
Dans le dernier épisode de l'émission Belles Lignes (BL) diffusé lundi 27 janvier 2025, Pape Alioune Sarr a reçu deux personnalités marquantes de la scène intellectuelle sénégalaise pour débattre de l'art politique et des discours ethniques. Face à lui, la Dre Ndeye Astou Ndiaye, enseignante en sciences politiques, et Fary Ndao, essayiste et romancier, ont livré une analyse approfondie des défis politiques contemporains.
La discussion s'est d'abord orientée vers la dimension artistique de la politique. S'appuyant sur la pensée de Bismarck, les intervenants ont souligné comment l'exercice politique requiert créativité et imagination, à l'instar d'un art performatif. Cette dimension théâtrale de la politique contemporaine s'illustre notamment à travers les figures de Barack Obama ou Jean-Luc Mélenchon, dont les qualités oratoires ont été évoquées.
Le débat s'est ensuite élargi aux relations complexes entre intellectuels et pouvoir politique au Sénégal. Les invités ont insisté sur la nécessité d'une synergie entre théorie et pratique pour une gouvernance efficace. Dre Ndiaye a particulièrement mis en avant l'importance de réconcilier la réflexion intellectuelle avec les réalités du terrain.
La question de la souveraineté africaine a occupé une place centrale dans les échanges. Les intervenants ont exploré les nouvelles dynamiques du nationalisme africain, notamment chez les jeunes générations qui aspirent à un dialogue d'égal à égal avec l'Occident. La discussion a également abordé les tensions récentes avec la France, suite aux déclarations du président Macron.
La démocratie sénégalaise et ses particularités ont fait l'objet d'une analyse approfondie. Les participants ont évoqué les alternances politiques de 2000, 2012 et 2024, tout en soulignant les défis persistants en matière d'égalité des chances et d'éducation. Les aspirations de la jeunesse sénégalaise ont été au cœur de cette réflexion.
L'émission s'est conclue sur la problématique des discours ethniques, considérés comme une menace potentielle pour la cohésion nationale. Les invités ont plaidé pour un renforcement du rôle de la presse dans le contrôle de l'information et pour des sanctions plus fermes contre les propos discriminatoires, tout en appelant à une scène politique plus apaisée et constructive.
L'ILLUSION DE LA RUPTURE
Alors que le nouveau régime affiche sa volonté de rompre avec la dépendance occidentale, les accords d'envoi de main-d'œuvre avec Madrid et Doha racontent une autre histoire. La ruée vers les guichets d'inscription contredit le discours souverainiste
Le Sénégal semble entrer dans une nouvelle ère avec l'avènement du nouveau régime incarné par le tandem Diomaye-Sonko qui donne une nouvelle impulsion à la souveraineté du pays. Mais entre ce désir de s'affranchir du joug occidental et les accords signés entre l'Espagne et le Qatar dans le but d'envoyer des travailleurs dans ces deux pays, le manque d'harmonie est manifeste.
L'image se passe de commentaires. Des milliers de jeunes qui se bousculent pour déposer leurs dossiers, dans le but d'espérer pouvoir décrocher le « Graal »: aller travailler pendant quelques mois dans les plantations d'Espagne. En effet, dans le cadre du Programme de Migration Circulaire Espagne-Sénégal, le ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, à travers le Secrétariat d’État aux Sénégalais de l’Extérieur et la Direction Générale d’Appui aux Sénégalais de l’Extérieur, a lancé un appel à candidature pour le recrutement d’ouvriers agricoles.
Cette information qui a été largement partagée dans les réseaux sociaux a poussé de nombreux jeunes qui y voient une chance inouïe de rejoindre l'Europe, à s'inscrire. Dans les relations bilatérales, cet accord peut sonner comme une chose banale. Sauf que les nouvelles autorités sont venues, disent-elles, pour asseoir la souveraineté du Sénégal sous toutes ses formes.
L'accession à la magistrature suprême du président Bassirou Diomaye Faye est une victoire à la Pyrrhus, car nombreux de leurs militants et sympathisants ont vu certainement dans leur démarche des raisons d'espérer rompre définitivement les amarres avec le système néocolonial. Et ces mois, le gouvernement a fait des efforts, notamment avec la commémoration des massacres de Thiaroye et la décision de fermer la militaire au Sénégal, pour donner un nouvel imaginaire aux jeunes Sénégalais. Mais force est de constater que cette nouvelle dynamique est en déphasage avec la communication catastrophique faite sur cet accord avec l'Espagne.
Comme le dit le penseur italien Antonio Gramsci pour expliquer son fameux concept d'hégémonie culturelle, ce joug tient grâce à son emprise sur les représentations culturelles de la masse. Poussant même les dominés à adopter leur vision du monde et à l’accepter comme indépassable. Et pour changer de paradigme, Gramsci trouve que toute conquête du pouvoir doit d’abord passer par un long travail idéologique.
Ainsi, les nouveaux tenants du pouvoir ne peuvent pas vouloir un changement de '' tempo'' vis-à-vis des pays occidentaux tout en se targuant d'avoir signé des accords avec l'Espagne ou le Qatar pour envoyer des jeunes sénégalais travailler dans ces pays respectifs. Ce n'est pas en accord avec les promesses du Projet.
D'ailleurs ce que l'actuel Premier ministre et leader du Pastef a toujours déclaré en parlant aux jeunes, c'est de faire part de son désir de les voir rester au pays afin de participer à sa construction et à son développement. Donc, ce gouvernement ne peut pas se permettre d'encourager, de promouvoir voire de se pâmer d'avoir signé un accord qui permet l'émigration.
À défaut de ne pas avoir les moyens de son endiguement, le nouveau régime ne doit pas l'encourager. Ils ont été élus pour changer le pays, mais surtout pour susciter l'espoir. Et les images qui circulent sur les réseaux sociaux montrant des milliers de jeunes prendre d'assaut le lieu de dépôt des dossiers sont déconcertantes.
Il faut dire aussi que ces derniers jours, le tribunal de Dakar ne désemplit pas. Il refuse du monde car les jeunes sont venus chercher des casiers judiciaires pour compléter leurs dossiers. Tout cela est confus et en déphasage avec la nouvelle dynamique de souveraineté prônée par les tenants du régime. La dissonance est trop flagrante et le contexte trop inaudible pour encourager ces départs.