«DE 23% EN 1960, ELLE PASSE A 43% EN 2013 ET DEVAIT S’ETABLIR A 60% A L’HORIZON 2030»
AUGMENTATION FULGURANTE DE LA POPULATION CITADINE AU SENEGAL

Pour relever les défis du développement urbain et répondre aux besoins d’une population en plein essor, le Gouvernement doit corriger le déséquilibre à tout point de vue entre Dakar et les villes secondaires. C’est du moins une recommandation de la Banque mondiale, qui relève que la moitié de la population réside en zones urbaines. Et ce les centres urbains qui tirent la croissance du pays (65% du Pib), particulièrement Dakar qui se taille la part du lion avec 55%.
Même si le Sénégal a enregistré un taux d’urbanisme galopant, il est confronté à un déséquilibre infrastructurel entre la capitale et les régions. Dans un document de la Banque mondiale, il est mentionné que le Sénégal pré- sente un taux d’urbanisation supérieur à la moyenne observée en Afrique subsaharienne, à savoir 40%. En effet, près de la moitié de la population réside en zone urbaine. «La proportion de citadins a quasiment doublé ces dernières décennies. De 23% dans les années 1960, elle est passée à 43% en 2013 et devrait s’établir à 60% à l’horizon 2030. Certes, cet essor s’accompagne d’immenses défis, mais il offre aussi aux responsables sénégalais l’occasion d’opérer une transformation structurelle de l’économie», indique la même source.
La croissance du pays est par ailleurs tirée par les villes, notamment Dakar. «Ce sont les centres urbains, et principalement la capitale Dakar, qui tirent la croissance. Ils sont globalement à l’origine de 65% du Pib national, Dakar se taillant la part du lion (55 %)», souligne la même source. En outre, la région de Dakar abrite 50% de la population urbaine sénégalaise, concentre plus de 52% des emplois créés dans le pays et regroupe plus de 80% des sociétés immatriculées au registre du commerce. D’après la Banque mondiale, la capitale accueille, à elle seule, 62% des créations d’entreprises.
Les villes souffrent d’un déficit infrastructurel chronique et d’une carence de services publics Toutefois, les villes sont confrontées à des problèmes infrastructurels. «Elles souffrent dans leur ensemble d’un déficit infrastructurel chronique et d’une carence de services publics. Dans les villes secondaires, en particulier, 68% des ménages sont raccordés au réseau d’alimentation en eau, tandis que les 32% restants dépendent de bornes fontaines», peut-on lire dans le document. Au plan sanitaire, seuls 36,7% des foyers en milieu urbain disposent d’équipements sanitaires de base, notamment des latrines et fosses septiques. «Outre Dakar, seuls six centres urbains bénéficient d’un accès partiel à un système d’égout, à savoir Rufisque, Louga, Saint-Louis, Kaolack, Thiès et les villes touristiques de Sally et Mbour. La gestion des ordures ménagères est en outre problématique dans la plupart des villes du pays, aussi bien sur le plan de l’enlèvement que du traitement des déchets», relève la Banque mondiale.
Cette situation dénote de la problématique de l’aménagement des villes. «Elles ont une capacité limitée de planification de l’aménagement urbain : moins de 20% des villes et des municipalités possèdent un plan d’urbanisme, et la plupart de ces plans sont obsolètes ou ne sont pas appliqués faute de capacités de gestion urbaine suffisantes dans les collectivités locales», renseigne le document. D’après la Banque mondiale, l’inadéquation de la réglementation en matière de gestion et d’aménagement du territoire a entraîné des distorsions sur les marchés foncier et immobilier, et a conduit au développement d’implantations sauvages à la périphérie des villes, dans des zones sujettes aux inondations.
LES LEVIERS POUR CHANGER LA DONNE
Toutefois, le Sénégal dispose de plusieurs leviers pour corriger ce déséquilibre entre Dakar et le reste du pays. A ce propos, la Banque mondiale préconise le renforcement du rôle des villes secondaires et l’amélioration de la gouvernance de la zone du Grand Dakar. Car, le constat est que le manque de réseaux d’infrastructures et de services adéquats dans les villes secondaires a exacerbé l’exode rural vers la capitale. Cela a entraîné la dégradation davantage des conditions de vie des populations pauvres, et mis à rude épreuve les capacités techniques et financières déjà limitées des autorités municipales. En plus, les autorités sont invitées à mettre sur pied de nouveaux modèles de gestion décentralisée et une coopération multidimensionnelle afin de créer des systèmes économiques en zones urbaines plus efficaces et des villes inclusives qui garantissent l’égalité d’accès au logement, aux services et à l’emploi.