DOUGAR ENREGISTRE SES PREMIERS BLESSES PAR BALLE
Deux blessés par balle, d’autres blessés graves et des arrestations : c’est bilan de la chaude journée de manifestations qui a eu lieu à Dougar hier, dimanche
Deux blessés par balle, d’autres blessés graves et des arrestations : c’est bilan de la chaude journée de manifestations qui a eu lieu à Dougar hier, dimanche. Après les 72 heures d’affrontements en début de semaine passée, les populations de Dougar ont redoublé de détermination de la lutte pour la sauvegarde de leurs terres qu’elles accusent la société Peacock de vouloir s’en approprier.
La présence des mouvements Frapp France Dégage et Y’en a marre ainsi que l’engagement des personnes âgées et des femmes ne sont pas étrangères à ce regain de détermination. Pendant que les populations étaient encore sur la place publique pour débattre du sujet, les jeunes et les femmes commençaient à s’impatienter et à appeler les autres à aller au front pour se frotter aux gendarmes de la DSCOS qui avaient déjà pris position sur le site de 72 ha qui fait partie des superficies objets du litige.
C’est le discours prononcé par Kilifeu de Y’en a marre qui a déclenché les hostilités avec son appel qui a sonné comme un cri de guerre « Sunu suuf sunu bakane», (nos terres au prix de nos vies). C’est à la suite de ce discours que les jeunes hommes et femmes armées de lance-pierres, foulards rougés autour de la tête ont pris d’assaut le terrain où les attendaient les gendarmes. Leurs mamans suivaient derrière avec des bouteilles de vinaigre pour imbiber des morceaux de tissus qui étaient distribués aux jeunes au front afin de leur permettre de supporter les désagréments provoqués par l’inhalation du gaz lacrymogène.
Après des heures d’affrontements, les populations de Dougar ont observé une pause le temps d’évacuer les blessés et de revoir leur stratégie. C’est le moment choisi par le leader du mouvement Frapp France Dégage pour se prononcer sur le sujet. Sur place, Guy Marius Sagna a interpellé le Président de la République, dont il estime que « la responsabilité est engagée » dans ce qu’il appelle un brigandage foncier. « Nous ne pouvons pas accepter qu’on déshabille des citoyens sénégalais pour habiller des Marocains, qu’on leur prive de leurs terres pour les donner à des étrangers. Nous voulons la paix, l’apaisement mais pour cela il faut la justice, cela signifie qu’on laisse leurs terres aux agriculteurs, aux paysans, aux éleveurs et aux habitants de Dougar. Pour qu’il y ait apaisement, nous posons trois conditions. Que ceux qui sont arrêtés et qui sont de Dougar soient libérés immédiatement, que l’opération barbare et criminelle de démolition soit suspendue sans délais, que l’Etat du Sénégal à travers la DSCOS et le ministère de l’Urbanisme ouvre des discussions afin de trouver un terrain d’entente », a dit Guy Marius Sagna.
Le leader de Frapp France Dégage avertit qu’aucun moyen ne sera pas de trop pour rempoter cette bataille : « nous ne lésinerons pas sur les moyens pour faire face à cette vaste opération de spoliation que nous vivons ici. Nous interpellons tous les citoyens parce que si nous gagnons ici, c’est un précédent positif pour toutes les victimes de spoliation foncière au Sénégal ». Les partis politiques et les autres organisations sont aussi interpellés afin qu’ils se consacrent au combat pour la justice plutôt que de déployer toutes leurs énergies dans des batailles autour de questions électorales, notamment du calendrier électoral et de la loi sur le parrainage qui, aux yeux de Guy Marius Sagna, passent au second plan devant l’impérieuse nécessité de lutter pour la justice. « Le calendrier électoral est certes important mais se battre aux cotés des populations de Dougar pour éviter une injustice foncière, c’est beaucoup plus important que de se battre pour un parrainage ou pour une alternance.
À quoi ça sert une alternance si les populations continuent à subir les agressions de bandits fonciers. Nous interpellons le président de la république parce que sa responsabilité est pleine et entière dans ce dossier », leur a lancé le chef de file du mouvement Frapp France Dégage ».