LE POIDS DE L'ÉCHEC DE L'ÉMIGRATION
Le retour des migrants au Sénégal après des tentatives avortées d'émigration irrégulière pose de nombreux défis en termes de réinsertion sociale et économique

Baldé, un jeune homme de 25 ans originaire de Kolda, au Sénégal, a décidé de tenter sa chance en Espagne pour financer ses études universitaires. Cependant, son voyage s'est soldé par un échec lorsque les autorités espagnoles l'ont arrêté et rapatrié au Sénégal. Baldé se sent abandonné par sa famille, qui lui demande même de rembourser l'argent qu'elle avait réuni pour son voyage. Il vit maintenant seul, essayant de se débrouiller en effectuant de petits travaux précaires.
L'Union européenne s'inquiète du nombre croissant d'arrivées de migrants sur son sol, ce qui témoigne d'une recrudescence des tentatives d'émigration irrégulière. Selon le ministère des forces armées sénégalaises cité par Le Monde, la marine nationale a intercepté 1 500 migrants entre mai et septembre 2022, sur la route migratoire passant par les îles Canaries ou le Maroc. Cette tendance persiste, avec de nouvelles interceptions régulières par les autorités sénégalaises.
Pour de nombreux migrants rapatriés, il est difficile de se réinstaller dans leur pays d'origine. Lébou, un pêcheur de 33 ans, est rentré au Sénégal sans papiers ni argent après avoir été intercepté en mer par la marine nationale. Bien qu'il ait été accueilli favorablement par sa famille, il déplore le manque d'aide et d'accompagnement de la part de l'État à son retour.
Les autorités sénégalaises affirment que les migrants rapatriés sont accueillis par les Bureaux d’accueil, d’orientation et de suivi (BAOS), présents dans tout le pays. À en croire Le Monde, ces bureaux fournissent une aide matérielle, telle que de la nourriture, de l'eau, des vêtements et une prime de transport, pour aider les migrants à se réinsérer dans la société. Les équipes des BAOS offrent également un soutien psychosocial et orientent les migrants vers des structures étatiques pour répondre à leurs besoins de formation ou de financement de projets.
Cependant, le nombre croissant de migrants rapatriés rend difficile un suivi adéquat de leur réinsertion. Les ressources humaines et financières limitées entravent les efforts des équipes des BAOS pour offrir un suivi complet aux migrants. Cette situation laisse de nombreux migrants livrés à eux-mêmes, ce qui les incite à envisager de nouvelles tentatives de migration.
Les migrants rapatriés, confrontés à des difficultés économiques et à un manque de perspectives dans leur pays d'origine, sont souvent tentés de retenter la traversée vers l'Europe. Les organisations de défense des migrants, telles qu'Horizon sans frontières, estiment que davantage doit être fait pour retenir ces migrants et leur offrir des opportunités de réinsertion.
Malgré les défis rencontrés par les migrants rapatriés, certains parviennent à se réinventer et à trouver de nouvelles opportunités. Certains se lancent dans des projets économiques modestes, tels que l'élevage de poulets, tandis que d'autres cherchent des moyens de financer leurs études ou de créer leur propre entreprise. Cependant, un soutien accru de la part des autorités et des organisations est nécessaire pour aider ces migrants à reconstrLeur vie et à contribuer au développement de leur pays d'origine.