LA LONGUE LISTE DES VILLAGES MARTYRS
Mandina Mancagne, Diagnon, Babonda, Diegoune, Boffa Bayotte - La Casamance continue de payer un lourd tribut

Le massacre de Boffa Bayotte samedi dernier ayant occasionné treize morts et sept blessés, sera enregistré, dans les annales de l’histoire des attaques qui ont marqué le conflit en Casamance. Cette tuerie rappelle également celles de Mandina Mancagne, de Diagnon et de Babonda considérée comme les plus meurtrières et les plus impressionnantes de par les méthodes utilisées.
«Dix personnes fusillées, deux égorgées et une brulée!» C’est le bilan du massacre qui s’est produit, samedi, dernier dans la forêt classée de Bayotte à une dizaine de kilomètres, environ de Ziguinchor. A cela il faut ajouter les sept personnes blessées dont deux ont été évacuées dans la capitale sénégalaise. Les victimes étaient parties chercher du bois avant d’être capturées par une bande d’une quinzaine d’individus. De par l’atrocité et le nombre de victimes, cette tuerie dont les auteurs n’ont pas encore été identifiés, rappelle d’autres attaques meurtrières qui se sont produites par le passé dans la région.
DIAGNON, DECEMBRE 2011 : ONZE CIVILS TUES
Ainsi, on peut citer la tuerie de Diagnon qui a eu lieu en décembre 2011. Comme celui de Boffa Bayotte, ce massacre a été également dirigé contre des populations civiles. En effet, des jeunes exploitants forestiers au nombre de onze ont été exécutés froidement dans la forêt de Bissine, non loin de leur village Diagnon dans le département de Ziguinchor sur la RN6. Partis chercher du bois de Teck à revendre, ils ont été abattus en pleine brousse par les rebelles du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc). Un véritable carnage avec des corps giclant de sang, des jambes et des bras cassés et des visages entaillés.
MANDINA MANCAGNE, AOUT 1997 : 23 MILITAIRES EXECUTES
Un autre massacre qui a marqué l’histoire du conflit Casamançais, c’est celui de Mandina Mancagne, village situé à quelques encablures de la Commune de Ziguinchor. Suite à une embuscade tendue à l’Armée sénégalaise, vingt-trois militaires s’étaient faits piégés en août 1997 avant d’être exécutés froidement par les éléments d’Attika, la branche armée du Mouvement des Forces démocratiques de Casamance. L’unité spéciale de l’armée sénégalaise avait pour mission de déloger les éléments du Mfdc. Cette mission d’attaque surprise avait viré à la tragédie. La branche armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance maîtrisant bien l’environnement de ce village de Mandina Mancagne avec ses forêts et rizières avaient tendu des pièges aux soldats sénégalais.
BABONDA, JUILLET 1995 : 26 SOLDATS TUES
L’histoire retiendra également les évènements tragiques de Babonda, village situé à quelques kilomètres de Ziguinchor. Vingt-six soldats étaient tombés dans un traquenard avant d’être tués. Ces 23 Jambars de l’Armée sénégalaise étaient ainsi tombés dans la forêt vierge de la Casamance à Ziguinchor. Ils étaient tous d’ailleurs des éléments du 3ème Bataillon d’infanterie de Kaolack. L’Armée venait de subir sa plus grosse perte depuis le déclenchement du conflit dans la région Sud. Selon l’historien, Nouha Cissé, avec celle de Boffa Bayotte, ces tueries précitées sont les plus abominables et les plus massifs qu’on peut retenir dans l’histoire du conflit en Casamance. Non sans attirer l’attention sur des attaques de moindre envergure comme celle de Diegoune, village situé en Basse-Casamance, dans la région historique du Boulouf, dans le département de Bignona. Cette attaque survenue le 18 décembre 2011 avait enregistré, selon la Dirpa, un militaire tué, un autre gravement blessé et un troisième qui manquait à l’appel. Si d’autres sources en rajoutaient sept autres soldats tués alors qu’il venait en renfort pour aider leurs camarades de Diégoune, la Direction de l'Information et des Relations Publiques (Dirpa) a toujours soutenu que ces derniers avaient péri dans un «grave accident de la circulation» alors qu’ils étaient envoyés en intervention.