LES DROITS DE L'HOMME BAFOUÉS EN AFRIQUE À L’ÈRE DU CORONAVIRUS
Là où l’histoire est marquée par les violences politiques et la relative impunité des forces de l’ordre, des citoyens ont été tués par la police pour non-respect des règles du confinement et de l’état d’urgence sanitaire

Les décrets de couvre-feu et de confinement décidés fin mars en Afrique se sont soldés dans certains pays — peu nombreux, il faut le souligner, sur les 54 que compte le continent — par des abus des droits humains. La crise des droits humains par temps de pandémie paraît par ailleurs globale et n’a rien de spécifique à l’Afrique. Sur le continent, on peut néanmoins relever que là où l’histoire est marquée par les violences politiques et la relative impunité des forces de l’ordre, des citoyens ont été tués par la police pour non-respect des règles du confinement et de l’état d’urgence sanitaire.
Au moins 18 exécutions extra-judiciaires ont été dénoncées par la Commission des droits de l’homme du Nigeria dans les quinze premiers jours du « lockdown » — soit plus de morts au 24 avril aux mains de la police que de patients tués par le coronavirus (12 personnes).
En Afrique du Sud, l’interdiction de vente d’alcool, décidée par le gouvernement pour éviter les rassemblements pendant un confinement strict, a entraîné des brutalités de l’armée, déployée en masse, qui ont fait au moins huit morts.
Des citoyens tués pour non-respect du confinement
Au Kenya, six personnes ont péri dans les dix premiers jours du couvre-feu, décrété le 27 mars. Abattues sur des marchés ou en rentrant de leur travail. La police kényane a également assassiné un adolescent de 13 ans qui se trouvait sur son balcon, avec ses frères et sœurs.
En Ouganda, deux ouvriers du bâtiment ont été tués le 26 mars par la police, pour avoir roulé en taxi-moto à la périphérie de la capitale, Kampala. Une interdiction de circulation de voitures privées avait été instaurée. Sur les marchés, des commerçants ont été battus et fouettés, tandis qu’au Rwanda voisin, des dizaines de personnes étaient arrêtées, dont quatre blogueurs dénonçant des abus après le « lockdown » du 22 mars.