LES MENAGERES DELAISSENT LA VIANDE VENDUE EN TAS A 100 FRANCS
CONSEQUENCES DE LA COMMERCIALISATION DE LA VIANDE D’ANE
De la viande d’âne circule dans le marché et cela inquiète les Sénégalais. Dans la banlieue, l’affaire est sur toutes les lèvres. Ce qui fait que les ménagères ont délaissé la viande vendue en tas à 100 francs Cfa. Les vendeurs de sandwiches en subissent également les conséquences.
Psychose chez les consommateurs de viande, depuis l’annonce de la commercialisation de la viande d’âne dans le marché. Une affaire qui est sur toutes les lèvres et qui alimente les discussions dans les foyers. Et la solution que bon nombre de ménagères ont trouvé, c’est d’arrêter tout simplement de consommer la viande, surtout celle qui est vendue en tas à 100 francs Cfa.
La particularité de ces tas, est qu’ils sont constituées de quelques morceaux de viande, ainsi que de tripes et poumons ce qu’on appelle en wolof «mbakh». Ce qui est très prisé par les femmes pour la préparation de beaucoup de plat, comme le «thiéré bassé» (couscous à la sauce d’arachide), le «deukhine» ou encore le «mbakalou yapp».
Tout, sauf la viande
Et pour s’en rendre compte, nous avons fait le tour du marché Ndiarème à Guédiawaye. Un lieu où les femmes viennent en nombre s’approvisionner en légumes, viande ou poisson pour la préparation du repas de midi. Panier, sceau en pastique ou calebasse en main, les va-et-vient des dames sont intenses. Les vendeurs sont installés à toutes les rues et ruelles de ce marché habituellement très animés.
Si à l’entrée du marché les ronronnements des cars rapides et clando se font entendre ça et là, à l’intérieur, les marchands assurent l’ambiance. Les vendeurs de friperie chantent applaudissent pour attirer les clients. Une stratégie qui marche visiblement, car les femmes se disputent nappes de tables, torchons ou habits déposés à même le sol.
A côté de ce vacarme, se trouve le «mbarou yapp» ou espace réservé à la vente de viande. Dès l’approche, c’est l’odeur du sang frais qui titille les narines. Il y a également le bruit des coupe-coupes en train de découper la viande. Des femmes s’activent à confectionner des «lakhass» (tripes enroulées en forme de saucisse). Sur des tables sont rangés des tas submergés par des mouches. Une marchandise qui se vendait très bien avant l’annonce de la commercialisation de la viande d’âne sur le marché.
Tenant un panier à la main, Ndèye Maty, ménagère âgée de 28 ans, vient de finir d’acheter des légumes et une tranche de poisson. Et comme la majorité de celles qui se rendent au marché, la dame est bien au courant de cette affaire de viande d’âne. Elle a d’ores et déjà pris ces précautions : «Je n’achète plus ces tas de viande qu’on vend à 100 francs Cfa. D’habitude, j’en achetais quand je cuisine du couscous ou du ‘deukhine’. Mais avec cette histoire de viande d’âne, je préfère même acheter du ‘kétiakh’, parce qu’on ne sait pas quelles conséquences ça peut avoir sur la santé».
Les ménagères habitées par une grande inquiétude
La même inquiétude anime Khady Thiaw, cette mère de famille, femme au foyer. «J’en ai entendu parler, c’est inquiétant, car les gens sont prêts à tout pour avoir de l’argent. Moi, je n’ai même plus envie de cuisiner de la viande chez moi. Parce que je cuisine pour beaucoup de personnes et quelqu’un peut avoir du mal à manger de la viande, s’il entend cette affaire. Je préfère acheter du poisson ou même du poulet, en attendant que cette affaire soit réglée», s’indigne la dame.
Sa compagne de lancer : «Moi, je n’ai pas les moyens d’acheter de la viande. C’est cher, le kilogramme coûte entre 2 700 francs Cfa pour la viande de bœuf et 3 500 francs Cfa la viande de mouton. J’avais l’habitude de peser un peu de viande et de mélanger avec un ou 2 tas. Mais je ne le fais plus».
Racky Diallo préfère, pour sa part, rester optimiste : «J'achète toujours de la viande parce que j’ai confiance en celui qui me vend depuis des années. Mais la nouvelle est inquiétante et les autorités doivent prendre des mesures».
Une vendeuse, sous le couvert de l’anonymat, d’ajouter que cette affaire est un manque à gagner pour eux. «Ce ne sont que mes clientes fidèles qui ont confiance en moi qui continue d’acheter», dit-elle.
Guinéen établi dans le marché, depuis des années, Diallo confirme la mévente des tas de viande. «Les clients préfèrent peser, car elles n’ont plus confiance en cette viande», se désole-t-il. Son camarade boucher rassure : «On ne vend que la viande saine, les clientes ne doivent pas s’inquiéter».