L’ONG HORIZON SANS FRONTIERE CRIE A DES ACTES D’INTIMIDATION REPETES SUR SON PRESIDENT
Après un séjour en Espagne, Boubacar Sèye a été arrêté hier à l’aéroport international Blaise Diagne par la Police de l’Air et des Frontières et mis à la disposition de la Section de recherche de la gendarmerie nationale.
Après un séjour en Espagne, Boubacar Sèye a été arrêté hier à l’aéroport international Blaise Diagne par la Police de l’Air et des Frontières et mis à la disposition de la Section de recherche de la gendarmerie nationale. Considérant l’arrestation de leur président comme une tentative d’intimider et de museler les personnes qui décrient la mauvaise gestion de l'État du phénomène migratoire, l’ONG Horizon Sans Frontière appelle à sa libération immédiate et sans condition.
Était-il classé sur la liste des personnes les plus recherchées de la république ? En tout cas, la Direction de la Police de l’Air et des Frontières n’a pas perdu son temps pour mettre la main sur le président de l’ONG Horizon sans frontière.
En effet, Boubacar Sèye a été arrêté dès sa descente d’avion. C’est le concerné lui-même qui a donné l’information sur sa page Facebook dès les premières heures de la journée d’hier. «Je viens d’être arrêté par la Police de l’Aéroport à ma descente d’avion», a écrit le président de ladite organisation non gouvernementale qui avait accusé en octobre dernier les autorités sénégalaises de s’être partagé une somme de 118 milliards de FCFA allouée par l’Union Européenne dans le but de faire face au phénomène de l’émigration clandestine.
D’ailleurs, selon des sources concordantes, ce sont ces propos qui ont conduit à son arrestation. Profondément touchée, son organisation a, dans un communiqué de presse, dénoncé les méthodes indignes et de persécutions utilisées par les autorités contre son Président au Sénégal. Pour le Secrétaire général de HSF, Tamsir Ousmane Ba, ces interpellations et arrestations opèrent sur la personnalité morale de HSF comme s’il s’agissait d’un malfaiteur en fuite, ce qui viole les principes du respect de la dignité humaine. « HSF considère ces actes comme de sérieuses atteintes au droit à la dignité, à l’intégrité morale et à la liberté d’opinion et d’expression et n’ont pour but que de museler les personnes qui luttent contre la mauvaise gouvernance et surtout la mauvaise gestion du phénomène de l’émigration clandestine au Sénégal », dénoncent-ils, non sans condamner fermement ces actes d’intimidation, d’arrestation, d’interpellation arbitraires et de traitements inhumains de son Président.
D’autant que, rappelle l’ONG, Boubacar Sèye, contacté par les services de la DIC pour déférer à une convocation sur des déclarations qu’il aurait soutenues, s’était mis d’accord avec le responsable de la DIC qu’à son retour de voyage, il se rendrait lui-même dans leurs locaux. C’est pourquoi Horizon Sans Frontière a exhorté les autorités sénégalaises à prendre toutes les mesures nécessaires pour la libération immédiate et sans condition de leur président Boubacar Sèye. Mais aussi, elle a demandé aux autorités sénégalaises de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à tous les actes de harcèlement et d’intimidation sur la personne morale de leur organisation.
Réitérant son engagement de contribuer à la lutte pour un Etat de droit et démocratique, HSF a lancé un appel au gouvernement du Sénégal à respecter et à garantir le droit à la dignité et à l’intégrité morale, les droits à la liberté d’opinion, la liberté d’expression et enfin à la liberté de circulation. Seydi Gassama d’Amnesty international dénonce un manque d’élégance des autorités judiciaires
Aussitôt informé, le Directeur Exécutif de la section sénégalaise d’Amnesty International a dénoncé la manière de procéder peu élégante des autorités judiciaires qu’il assimile à une réaction digne d’un Etat policier. «Nous dénonçons cette manière de procéder des autorités judiciaires sénégalaises. Boubacar Sèye n'est pas un fugitif et il est régulièrement domicilié au Sénégal. Une convocation aurait pu lui être servie et il y aurait répondu devant la police ou la gendarmerie», a-t-il réagi sur les réseaux sociaux avant d’exiger sa libération sans condition. En outre, le défenseur de droits de l’Homme dit suivre l’affaire de très près dans le but d’assister Boubacar Sèye, très actif dans la défense des droits des migrants.
LES EXPLICATIONS DE LA POLICE
Le commissaire Mohamed Guèye, chef du bureau des relations publiques de la Police, clarifie les raisons de l’arrestation de Boubacar Sèye à l’aéroport International Blaise Diagne. Selon lui, c’est la brigade de recherches de la gendarmerie qui avait adressé à la Direction de la Police des Airs et des Frontières une demande d’opposition d’entrée et de sortie du territoire de Boubacar Sèye. Et c’est dans le cadre de la collaboration entre la Police et la Gendarmerie que les limiers de l’aéroport Blaise Diagne ont interpellé M. Sèye dès sa descente d’avion.
Par la suite, Boubacar Sèye est mis à la disposition de la brigade de recherches de la gendarmerie. Le commissaire Guèye rappelle que cette collaboration n’est pas nouvelle entre les deux corps.