MEDIAS EN CRISE, LE SYNPICS PLAIDE POUR UNE « RUPTURE AUDACIEUSE »
Face à une presse sous tension, le Secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), Moustapha Cissé, a lancé un plaidoyer à l’endroit du chef de l’État.

Face à une presse en tension, le Secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), Moustapha Cissé, a lancé un plaidoyer à l’endroit du chef de l’État.
À l’occasion de la traditionnelle remise du cahier de doléances, il a appelé à une « rupture audacieuse » dans la gouvernance médiatique, en insistant sur la nécessité de sauvegarder les emplois du secteur. « Dans un monde aux équilibres incertains, la souveraineté est à la fois un bouclier protecteur et un levier puissant. Elle traduit notre capacité à maîtriser notre destin et à répondre aux besoins de notre peuple. C’est dans cet esprit que nous lançons un appel à une vision inspirante, une ambition partagée, portée par la conviction que la presse, pilier de notre démocratie, doit devenir un acteur clé de la souveraineté nationale », a-t-il déclaré devant le Président.
Selon lui, la presse sénégalaise est à la croisée des chemins. Dans le secteur public, des professionnels font face à des injustices structurelles : salaires suspendus, reclassements ignorés, affectations arbitraires. Le privé n’est pas épargné : précarité, retards de paiement, absence de protection sociale, violations des droits garantis par la convention collective. Pour Moustapha Cissé, ces réalités ne relèvent pas seulement d’atteintes aux droits sociaux : elles sapent l’indépendance même de la presse et, partant, sa contribution à la souveraineté du pays.
Trois piliers pour refonder la presse
Pour sortir de cette impasse, le Synpics propose une refondation du secteur, reposant sur trois piliers majeurs. D’abord, l’indépendance structurelle. « Une presse libre ne peut exister si elle est sous pression économique ou politique. Nous réclamons une régulation impartiale, la transparence des financements et le respect rigoureux des statuts professionnels. » Deuxième axe : la valorisation des acteurs. Cissé plaide pour une meilleure protection des journalistes et techniciens, à travers des contrats formalisés, des droits sociaux respectés et un investissement durable dans la formation. Enfin, la transformation numérique et éthique. À l’heure où l’information circule à une vitesse inédite, la presse doit être dotée d’outils modernes mais aussi d’une rigueur éthique. « Une presse souveraine est aussi une presse responsable », souligne-t-il.
Des urgences à régler
Le Secrétaire général du Synpics a profité de cette audience pour alerter sur plusieurs dysfonctionnements. Le budget 2024 du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie (Cored) n’a toujours pas été versé, entravant le bon fonctionnement de l’organe d’autorégulation. Même blocage du côté de la Commission de la carte nationale de presse, qui n’a délivré aucune carte depuis un an en raison du non-versement des appuis de l’État. Moustapha Cissé a également plaidé pour une concertation ouverte sur les conclusions des Assises de la presse, remises depuis novembre dernier au ministère de la Communication. Enfin, il a demandé la levée de la mesure ministérielle suspendant la parution ou diffusion de 381 médias, dénonçant un acte aux effets dévastateurs pour un secteur déjà éprouvé.