PLUS DE 50% DES ÉCOLES DÉPOURVUES DE POINT D’EAU
Les problèmes liés à l’eau d’usage, décriés souvent dans le monde rural, affectent fortement le milieu scolaire

Mamadou Migniane Diouf invite les autorités à poser le débat sur la question du manque d’eau à l’école. Se basant sur une étude de la Cosydep qui révèle que plus de 50% des établissements scolaires n’ont pas de point d’eau, le coordonnateur du Forum Social Sénégalais (Fss) prend l’Etat et les institutions pour responsables de la situation.
Les problèmes liés à l’eau d’usage, décriés souvent dans le monde rural, affectent fortement le milieu scolaire. Dans certains établissements, les élèves ne disposent pas d’eau potable, et cette situation contribue à l’abandon scolaire de certaines filles.
Interpellé sur la question, le coordonnateur du Forum Social Sénégalais (Fss), Mamadou Migniane Diouf, a fait un plaidoyer auprès des autorités compétentes (ministère de l’Education nationale et celui chargé de l’Eau), ainsi que des institutions telles que l’Unicef, l’Unesco et les Collectivités territoriales pour qu’elles réfléchissent sur comment régler la question de l’eau en milieu scolaire. «Il faut que le débat sur l’eau à l’école soit réellement posé», indique Mamadou Migniane Diouf qui considère que le manque criard de points d’eau et de toilettes dans les établissements est une aberration. «L’eau fait la vie et nos enfants, à partir de deux ou trois ans, passent la moitié de leur vie à l’école. Si les élèves, du jardin à l’école primaire, ont des gourdes, c’est parce qu’à l’école, il n’y a pas d’eau potable ou de point d’eau qui permet aux enfants d’y accéder dans des conditions hygiéniques. Pis, il n’y a même pas de toilettes pour ces enfants. Et cette anomalie, on l’a notée dans une enquête de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’école publique (Cosydep) qui révèle que le taux exorbitant de manque de points d’eau dans les écoles dépasse 50%. L’absence de toilettes pour filles et garçons dans les écoles est une aberration. Les enfants sont obligés d’acheter des sachets d’eau, ce qui également pollue l’environnement», souligne le coordonnateur du Fss.
Et ce dernier de s’insurger : «Certaines écoles ne disposent pas de toilettes permettant aux jeunes filles, à un certain stade de leur vie, d’être à l’aise quand elles sont rattrapées par la puberté. Il y a un taux important de jeunes filles qui ont abandonné l’école à cause de cela. C’est comme si on mettait des travailleurs de notre administration dans des bureaux où il n’y a pas d’eau ; c’est quand même abominable. Et l’enfant n’a pas demandé cela, c’est nous (les adultes) qui avons fait qu’il soit à l’école, c’est à nous de subvenir à ses besoins. Il faut donc que le débat sur l’eau à l’école soit réellement posé par le ministère de l’Education nationale, le ministère chargé de l’Eau, par des institutions comme l’Unicef et l’Unesco mais aussi par les collectivités territoriales. On nous a signalé que dans une école de la région de Diourbel, l’eau a été coupée parce que la gestion est privatisée. Si elle était communale et communautaire, sans doute le maire aurait-il trouvé un mécanisme pour que cela n’arrive pas. Mais le privé en charge de la gestion de l’eau dans cette zone ne se soucie pas de l’état des enfants, c’est une violation des droits humains des enfants. Si un enfant abandonne dans ces conditions, il a été trahi par les adultes et nos Etats».