RENÉ BASSENE MENACE DE METTRE FIN À SES JOURS
Après sept ans et deux mois d'incarcération à la prison de Ziguinchor, le journaliste voit s'évanouir son dernier espoir avec le rejet de son pourvoi en cassation par la Cour suprême

Incarcéré depuis sept ans et deux mois à la prison de Ziguinchor, René Capain Bassène voit son dernier espoir s’envoler. Son pourvoi en cassation a été rejeté par la Cours suprême qui confirme la peine de prison à perpétuité qui a été prononcée dans l’affaire dite du « massacre de Boffa Bayotte (2018).
Déjà très affaibli en détention, le journaliste René Capain Bassène s’effondre davantage après la décision rendue hier vendredi par la Cour suprême. Une décision qu’il aurait très mal vécue, au point de menacer de mettre fin à ses jours, selon des confidences en provenance de la Maison d’Arrêt et de Correction (MAC) de Ziguinchor.
René Capain Basséne a repris sa grève de la faim depuis ce vendredi, relançant ainsi une diète noire entamée il y a quelques semaines avant d’être suspendue. Très affecté par le rejet de son pourvoi en cassation par la Cour suprême, le journaliste détenu au MAC de Ziguinchor a confié à ses proches : « Après cette décision, il ne me reste plus qu’à trancher. Que personne ne vienne me dire quoi que ce soit. Je ne resterai pas en prison pour un crime que je n’ai pas commis. J’ai décidé de ne plus manger ni boire, j’entame une diète noire jusqu’à l’extinction… » a-t-il confié René à ses proches.
Condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité, peine confirmée après son procès en appel, la Cours suprême vient de rejetter son pourvoi en cassation, introduit au lendemain du verdict en appel.
Détenu à la maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor depuis janvier 2018, le journaliste René Capain Bassène apparaît de plus en plus affaibli, moralement et physiquement. Il se dit profondément meurtri, convaincu d’avoir été sacrifié dans le dossier Boffa Bayotte, une affaire qu’il estime instrumentalisée sur fond de conflit en Casamance. Clamant inlassablement son innocence, il ne comprend pas le traitement qui lui est réservé, tandis que César Atoute Badiate, condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité, reste en position de négociateur dans le processus de paix avec l’État du Sénégal.
Une situation jugée incompréhensible par René Capain Bassène. Dès les premières heures de l’affaire, il a été affublé de l’étiquette de « cerveau du massacre », un qualificatif qu’il n’a jamais accepté. Dans le dossier Boffa Bayotte, il demeure à ce jour, le seul condamné en détention, aux côtés du chef rebelle César Atoute Badiate, condamné par contumace. Tous les autres prévenus ont été acquittés ou blanchis dans cette affaire qui avait bouleversé le pays. Quatorze coupeurs de bois avaient été exécutés par un commando armé dans la forêt de Boffa Bayotte, en janvier 2018. Un drame qui avait provoqué stupeur, indignation et émotion nationale.
Sept ans plus tard, l’épilogue judiciaire semble se dessiner avec le rejet, vendredi, du pourvoi en cassation de René Capain Bassène par la Cour suprême.
Les accords de paix entre l’État et le MFDC peuvent-ils sauver René Capain Bassene ?
C’est la question que se posent nombre d’observateurs dans le sud du pays. Si certains plaident pour une loi d’amnistie comme seul espoir pour libérer le journaliste, d’autres évoquent une piste politique à travers les discussions en cours avec le MFDC. Les recommandations issues de ces pourparlers évoquent en effet la possibilité d’amnistier des membres du mouvement indépendantiste. Mais dans le cas de Bassène, une difficulté majeure se pose: il n’a jamais été membre du MFDC. Peut-il dès lors bénéficier d’une éventuelle mesure d’amnistie ? L’affaire prend une tournure de plus en plus complexe, d’autant que Bassène a fini d’épuiser ses recours judiciaires. En attendant une hypothétique solution, René Capain Bassène, toujours détenu à la prison de Ziguinchor, poursuit ses grèves de la faim à répétition, dans l’espoir de faire entendre son cri de détresse.