UN SPECIALISTE EN SECURITE PREND LE CONTRE-PIED DE MACKY SALL ET DEMANDE AU G5 SAHEL DE REVOIR SA COPIE
« Il faut arrêter de jouer aux guerriers face aux terroristes. » C’est en substance l’appel lancé par Pape Sané spécialiste en sécurité et défense à l’endroit du G5 Sahel qui mène un combat farouche contre le djihadisme

Lors d’un entretien qu’il a accordé à nos confrères de Rfi, le président Macky Sall, qui a récemment participé à la séance élargie du sommet du g5 Sahel dont l’objectif était de rechercher des solutions durables à la crise sécuritaire qui sévit dans l’espace sahélien, a affirmé qu’il est opposé à toute discussion avec les terroristes. Une position loin d’être partagée par le spécialiste en question de sécurité et de défense que "l’As" a joint. Pape Sané estime que cette stratégie ne va faire que perdurer la guerre.
« Il faut arrêter de jouer aux guerriers face aux terroristes. » C’est en substance l’appel lancé par le spécialiste en sécurité et défense à l’endroit du G5 Sahel qui mène un combat farouche contre le djihadisme.
Selon Pape Sané, il faut rompre avec cette stratégie de black-out adoptée vis-à-vis des terroristes. « Ne pas parler avec ceux qu’on appelle terrorismes, c’est faire perdurer cette guerre. Officiellement, les Etats ne négocient pas. Mais il y a certains parmi eux qui négocient depuis fort longtemps avec les terroristes. Il y a l’exemple de la Mauritanie qui a permis à certains groupes terroristes de se replier dans leurs territoires. En contrepartie, ces derniers n’attaquent pas. Ceux qui refusent de négocier sont en train de le faire officieusement», argumente-t-il. Non sans inviter les différents États à avoir une réelle volonté politique communautaire. D’ailleurs, fait-il noter, aucun pays n’a réussi à gagner la guerre contre le djihadisme. « Les Etats-Unis ne l’ont pas réussi mais ils ont transporté le terrain des combats loin de leurs frontières, en Irak ou en Afghanistan. Et aujourd’hui, avec la menace persistante du djihadisme au Sahel, l’Europe est en train de réussir le transfert de la guerre contre le terrorisme sur le territoire africain, notamment au Sahel », explique Pape Sané qui indique que c’est pourquoi il est temps d’ouvrir des discussions avec ces groupes armés qui sont des sahéliens, au lieu de s’engager dans des guerres frontales qui ne serviront à aucun pays dans la mesure où derrière ces terroristes se cachent de puissants lobbies qui les financent et les arment.
Sur un autre registre, l’interlocuteur de « L’As » reste convaincu que ce n’est pas le mandat des Nations unies, destiné à maintenir la paix, qui va résoudre la menace djihadiste. Mais ce sont les forces de défense et de sécurité des pays concernés. « Les casques bleus ne sont pas au Mali pour défendre, mais pour gérer une situation. Alors que la situation qui prévaut dans le Nord Mali et dans le Sahel est une situation de violence et de guerre. Ce qui fait que le discours pour appeler à un mandat plus robuste ne tient pas », botte-t-il en touche l’idée de Macky Sall. « Il faut d’abord déterminer l’adversaire. Dans ces groupes terroristes, il faut savoir qu’il y a des entités qui sont favorables à tel ou tel Etat. Il y a aussi des entités qui ne le sont pas. Parce que chacun de ces pays a un intérêt quelconque dans cette histoire de terrorisme », explique Pape Sané tout en invitant les Chefs d’Etat de la bande sahélienne de penser à réviser l’accord de non-agression et de défense qui existe entre les Etats de la CEDEAO depuis 1960, en lieu et place de la force barkhane et de G5 Sahel. Mieux, de penser à la création d’une entité spécifique pour lutter avec des acteurs bien définis et précis. Enfin, rappelle le spécialiste, le premier manque de volonté, c’est qu’aucun de ces pays impliqués dans la guerre contre le terrorisme n’autorisera que son service de renseignements soit mis à la disposition des autres pays.