FRANCIS NGANNOU SACRÉ AU MMA À FORCE DE VOLONTÉ
Il est devenu champion du monde des poids lourd de l’UFC, la plus prestigieuse ligue d’arts martiaux mixtes au monde, face à l’Américain Stipe Miocic. Une revanche pour ce Camerounais dont la vie a été une longue série d’épreuves. Portrait

Francis Ngannou est devenu champion du monde des poids lourd de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), la plus prestigieuse ligue d’arts martiaux mixtes (MMA) au monde, dans la nuit du 27 au 28 mars 2021 à Las Vegas, face à l’Américain Stipe Miocic. Une revanche pour ce Camerounais dont la vie a été une longue série d’épreuves. Portrait.
Francis Ngannou est champion du monde d’arts martiaux mixtes (MMA) et c’est un exploit inimaginable, tant le parcours de ce Camerounais a été semé d’embûches. « Je sais où je suis né mais je ne pourrais pas dire où j’ai grandi », explique souvent celui qui a vu le jour à Batié, dans l’Ouest du Cameroun, en 1986.
Une jeunesse difficile
Son enfance ? Un père accusé d'être brutal, des parents qui se déchirent et divorcent, des passages d’un foyer à l’autre. Durant adolescence, il commence à travailler dans une sablière pour payer sa scolarité… Sa vie est alors très loin de ressembler à la success story que tout le monde connaît.
Un jour, le mototaxi se prend de passion pour la boxe anglaise. À 22 ans, l’intéressé plaque tout pour ce sport, à la grande stupeur de sa famille.
Ce fan de Mike Tyson croit dur comme fer en son destin. Mais à 25 ans, il est cloué au lit durant plusieurs semaines par une hépatite B. « J’étais seul à me prendre en charge. Ça s’est arrangé, heureusement. Mais psychologiquement, j’ai gardé les séquelles de cette période », glisse-t-il en 2016.
Sept tentatives avant d’arriver en Europe
Francis Ngannou n’est toutefois pas au bout de ses peines. Convaincu qu’un meilleur sort l’attend en Europe, il se lance dans un périlleux voyage vers le Vieux continent, en 2012 : Niger, Algérie, Maroc…
« Les barbelés de Melilla, je ne pourrai jamais les oublier », confesse-t-il en 2018 à InfoMigrants. De ces tentatives, il conserve des cicatrices. « J’en ai partout : sur les côtes, les jambes, les pieds… » Ce n’est qu’au bout de sa septième tentative qu’il parvient à traverser la Méditerranée jusqu’en Espagne.
Sans domicile fixe à Paris
En 2013, Francis Ngannou se retrouve en France un peu par défaut, lui qui visait plutôt l’Allemagne ou le Royaume-Uni. À Paris, il dort souvent dans un parking, mange très rarement à sa faim. Mais il refuse de s’apitoyer sur son sort. « À un moment, j'ai décidé de ne plus être la victime de la vie, de ne plus subir mais de faire face, de combattre, et j'ai pris des initiatives. Quand je suis arrivé en France, c'était l'occasion tant rêvée de me réaliser », affirme-t-il à l’AFP en 2018.
Le sans domicile fixe cherche alors une salle de boxe et atterrit dans une salle de l’est parisien. Il y rencontre Didier Carmont qui, ému par son histoire, décide de l’aider. Ce dernier, qui pressent le potentiel du Camerounais l’encourage toutefois à sa lancer en MMA. Mais lui ne jure que par la boxe anglaise.