POURQUOI NOS CLUBS NE S'IMPOSENT PAS EN COMPÉTITION AFRICAINE ?
Quelle politique sportive faut-il mettre en place pour permettre à nos clubs d’être plus performants dans les compétitions africaines ? Cette question mérite d’être posée sur la table mais surtout de lui apporter des solutions.

Depuis quelques années, les clubs sénégalais nous ont habitués à de brèves sorties dans les compétitions africaines. Le Casa Sports qui vient d’être éliminé ce dimanche dès le tour préliminaire de la LCA face au JS Kabylie d’Algérie n’en est que le dernier exemple. C’est pourquoi il urge de poser le débat à savoir pourquoi nos clubs ne réussissent pas dans les compétitions africaines.
Quelle politique sportive faut-il mettre en place pour permettre à nos clubs d’être plus performants dans les compétitions africaines ? Cette question mérite d’être posée sur la table mais surtout de lui apporter des solutions.
En effet il y a un paradoxe réel dans le football sénégalais sur le grand écart qu’il y a entre le niveau de nos clubs et celui de nos équipes nationales. On a l’habitude de dire qu’une bonne équipe nationale se bâtit à partir du football local. Mais cet adage est loin d’être le cas ici au Sénégal. Autrement, il est difficilement compréhensible de voir qu’au moment où nos équipes nationales (A, A’, U20) réalisent de bonnes performances dans les différentes compétitions internationales que nos clubs peinent toujours à s’imposer en Afrique. Ce retard ou ces contre performances doivent inquiéter et interpeller tous ceux qui interviennent dans le football et en premier les autorités étatiques. C’est pourquoi malgré le professionnalisme de notre championnat d’élite il y a lieu de pousser la réflexion pour voir à quel niveau ça cale et pourquoi nos représentants sont prématurément éliminés et le plus souvent dès le premier tour. Il est intéressant de rappeler que ce malaise devenu chronique date de très longtemps puisque jamais dans l’histoire du football un club sénégalais n’a disputé une finale de coupe d’Afrique des clubs champions devenue ligue africaine des champions.
Les meilleures performances sont jusque-là réalisées par le Jaraaf en 1984 et l’US Gorée en 1985 (rectifier si ce n’est pas le cas). Et pourtant ces deux clubs avaient à l’époque le niveau pour remporter le trophée. Mais du fait de notre amateurisme, du manque d’expérience de nos dirigeants et surtout de la volonté de l’instance du football africain de barrer la route aux clubs issus de pays autres que ceux qui dominaient le ballon rond au plan continental, nous avions souvent du mal à nous imposer. La preuve le Jaraaf et l’US Gorée avaient, à l’époque, éliminé de très grands clubs. Mais dès qu’ils ont atteint les demi-finales, la CAF s’était organisée pour leur barrer la route.
Aujourd’hui même si notre pays a gagné en notoriété, il souffre toujours d’une bonne politique sportive à l’interne capable de mettre en place des clubs forts qui puissent rivaliser avec les meilleurs en Afrique. Pourtant rien qu’à regarder nos joueurs évoluer, on sent en eux du talent pur et une volonté de faire des résultats. Seulement, derrière tout ceci il y a beaucoup de préalables à mettre en place avant la production dans le terrain qui doit constituer le parachèvement de tout le travail antérieur. Avec cette nouvelle élimination, le Casa Sports n’a fait que confirmer le malaise très profond que vit le club sénégalais. Et cet échec du club de Ziguinchor doit être considéré comme la répétition des revers subis ces dernières années par nos représentants comme le Tengueth FC, Diambars et le Jaraaf dont les parcours étaient loin d’être éclatants.
Pourquoi pas un milliard pour nos clubs qualifiés en Afrique...
Nous n’allons pas en un coup de «plume» magique trouver la solution à ce problème qui encore une fois doit impliquer tout le monde et faire l’objet d’une réflexion profonde. C’est tout un débat où chacun a son mot à dire.
Toutefois il nous revient en tant qu’observateur d’interpeller l’État à revoir sa politique sportive et particulièrement du football devenu au -delà de l’aspect sportif, un facteur de développement économique, social, culturel et diplomatique. Ce serait du nihilisme que de dire que l’État n’a pas fait des réalisations en infrastructures sportives modernes de façon générale et du football en particulier ou n’a pas mis des moyens conséquents pour accompagner l’équipe nationale. Cependant, sa volonté de venir au secours de nos clubs laisse à désirer. Et comme nous l’avons souligné plus haut, il serait très intéressant que le football local ait plus de considération venant d’abord des autorités. Son développement doit passer par des moyens financiers mis à la disposition des clubs surtout lorsqu’ils sont engagés dans les compétitions internationales. On ne pourra prétendre remporter des trophées que si les joueurs sensés défendre nos couleurs sont motivés à la hauteur de leur mission. Et c’est là où le tout nouveau ministre des Sports à qui nous souhaitons de meilleurs résultats que son prédécesseur doit mettre le focus.
Le gouvernement qui se glorifie d’avoir réalisé un budget de 5.000 milliards devrait prendre en compte dans sa politique sportive l’allocation aux clubs qui nous représentent en Afrique des sommes importantes pour leur permettre de mieux s’engager dans ces compétitions. Et ceci doit commencer par le relèvement des primes allouées aux équipes championne et vainqueur de la coupe du Sénégal. Un milliard par exemple à chacun de ces clubs ne relève pas de l’utopie ou de l’exagération. Bien au contraire, cela pourrait leur permettre de relever le salaire des joueurs et donner la possibilité à ces clubs de pouvoir renforcer leurs effectifs en allant trouver d’autres joueurs hors de nos frontières à partir de contrats. Et à regarder de plus près tous les clubs qui éliminent nos représentants détiennent de footballeurs professionnels issus des autres pays. Ce à quoi nos équipes locales ne peuvent pas se prévaloir faute de moyens pour retenir nos joueurs obligés de tenter leur chance ailleurs. Une telle politique serait également un moyen pour donner plus d’engouement et d’enjeux à notre championnat dès lors que la cagnotte mise en jeu en vaudra la chandelle. En plus il urge d’inciter les sociétés nationales à accompagner le football à travers des partenariats comme celui qui lie l’AIBD au Casa Sports et qui a donné un début de résultats positifs même si les moyens devraient être revus à la hausse.
Toujours dans cet ordre d’idées, la nouvelle équipe du ministère des Sports doit inscrire dans sa politique la dotation de chaque région d’un complexe sportif moderne à l’image de celui de Diambars et de Génération Foot dont l’objectif serait d’accompagner les clubs de l’élite à disposer de toutes les commodités pour leur préparation et à former les jeunes catégories qui ont envie d’exploiter leur talent.