QUAND LE PSG PERD, C’EST LE DEUIL À LA MAISON
Cheikh Tidiane Sy, ancien ministre de la justice
Aficionado déclaré du paris Saint germain (psg) et inconditionnel de Socrates, Cheikh tidiane Sy est un mordu du ballon rond depuis sa tendre jeunesse. Dans sa ville natale, il a joué sous les couleurs de la Saint Louisienne où il s’est illustré par ses dribbles et ses talents de buteur. Ce qui lui a valu le surnom de Kocsis. Coupe du monde oblige, l’ancien ministre de la Justice replonge dans ses souvenirs de footeux, retrace ses moments d’euphorie footballistique, affiche son admiration à la bande à Sadio Mané. il n’a pas manqué de prier les dieux du foot pour que la finale du 15 juillet prochain se joue entre le Brésil et le Sénégal.
M. le ministre d’état, parlez- nous du lien qui vous unit avec le football ?
Ma relation avec le football date de mes années de jeunesse. Lorsque j’avais 11 ans, on jouait dans les rues et ensuite au stade. Le camp Nord de Saint-Louis était notre stade de prédilection. J’ai évolué dans les équipes de quartiers et plus tard dans des équipes semi-professionnelles où il fallait avoir des licences.
J’ai joué à la Saint-Louisienne comme Junior, à l’équipe cadette et junior du Lycée Faidherbe jusqu’à mon départ de cet établissement en 1956. J’étais intéressé par les matchs à l’étranger notamment le championnat français Lille, Rennes. Je me souviens de la victoire de la Hongrie en Coupe du monde en 1952 avec les footballeurs Ferenc Puskas, Sàndor Kocsis.
A Saint-Louis, dans le nord, on avait fini par me baptiser Kocsis parce que Dieu m’avait gratifié de la souplesse de marquer toujours par la tête. Je suis passionné par le football. C’est le seul sport dans lequel je me sens à la fois acteur et spectateur. Aujourd’hui, il m’arrive d’aller en France pour assister à un grand match d’une équipe que je supporte qui est le Paris Saint- Germain (PSG).
A quand remonte votre idylle avec le Psg ?
J’ai étudié à Paris. En ce moment, ce n’était pas le PSG, mais le stade Parisien. Plus tard, j’ai développé des relations étroites avec le PSG. Lorsque le Psg joue, c’est le silence religieux jusqu’à la fin du match. Ma femme ici le sait. Il faut que le PSG gagne pour que la maison rayonne de joie. Quand le PSG perd, c’est le deuil à la maison.
Donc, vous supportez naturellement le Brésil...
Ah oui, je supporte le Brésil, parce que dans l’équipe du PSG, il y a tellement de Brésiliens. On peut citer Neymar, Thiago Silva. Il y a 5 brésiliens dans l’équipe du PSG. Cela procède par le fait que les anciens Brésiliens ont cultivé une sorte de lien d’affection et d’amour entre avec le PSG. Mais avant de soutenir le Brésil, je soutiens d’abord le Sénégal.
Le Sénégal participe pour la 2ème fois à la Coupe du monde. Le 19 juin dernier, les Lions ont livré leur première prestation. Comment jugez- vous celle-ci ?
C’était excellent à tout point de vue et dans tous les compartiments du jeu. Nos lions étaient irréprochables, ils ont bien défendu et tenu le milieu du terrain. Ils ont fait le lien entre le milieu et l’attaque. Si vous vous rappelez les conditions dans lesquelles est intervenu le premier but, vous verrez comment de la poitrine, Mbaye Niang a intercepté le ballon pour le donner à Sadio Mané qui a fait la passe à Idrissa Gana Guèye qui a tiré. Le deuxième but a été le fait d’une volonté de puissance de Mbaye Niang.
Cette équipe a fait preuve de sens de responsabilité. A ce niveau de la compétition, toutes les équipes se valent. Il faut que les footballeurs sachent qu’ils portent une grande responsabilité. Ils doivent sentir cela mentalement. Ce qui leur fera gagner, c’est l’esprit d’équipe. J’ai senti cette qualité dans le premier match et cela me rappelle 2002.
Avant le Mondial, le Sénégal avait livré des matchs amicaux à l’issue desquels Aliou Cissé a essuyé beaucoup de critiques. est-ce que vous vous attendiez à un tel niveau de jeu de la part des Lions ?
Lorsque que j’étais le directeur de l’Enea, il m’arrivait d’aller au stade. Je prenais un abonnement annuel. Ce qui me frappait, c’est que tous les spectateurs, pris individuellement, étaient des entraineurs. Chacun avait sa leçon à donner. C’est un défaut sénégalais. L’entraineur, soit on a confiance en lui ou pas.
Dès qu’on lui donne la responsabilité de prendre en charge une équipe, on doit le laisser dérouler son programme, mettre en place sa stratégie et choisir ses joueurs. Il y a un fait qui est important sur le plan de l’identité, Aliou Cissé est le seul coach noir africain. Il constitue une fierté nationale, il a été de la campagne de 2002 et il était le capitaine.
Donc, mentalement, il est préparé à diriger une équipe. Je ne le connais pas personnellement. Mais, il m’inspirait confiance de par son comportement et l’acceptation qu’il avait bénéficiée des joueurs d’être leur meneur. C’est cela un capitaine. Aujourd’hui, il est le coach, je pense qu’il a sa place, il faut lui faire confiance.
La deuxième sortie du Sénégal est prévue demain, comment appréhendez-vous ce match?
Je ne suis pas devin, mais je suis sûr d’une chose, si le Sénégal joue comme il a joué contre la Pologne, on va s’en sortir avec, au minimum, un match nul. Mais, je suis pour la victoire. Le Sénégal peut gagner le Japon. Les Japonais ont une qualité extraordinaire : la rapidité. Ils ne lâchent rien. C’est un élément que le coach va intégrer dans sa stratégie pour avoir un résultat probant. Je pense que le Sénégal peut s’en sortir.
Quels conseils prodigueriez- vous aux Lions ?
Engagement et foi dans l’équipe. Il faut garder toujours cet esprit d’équipe. Une victoire n’est possible que si l’équipe est mentalement soudée. Si elle joue ensemble et en avant, elle gagne. L’équipe a ses potentialités.
A votre avis, dans quel compartiment, pèche l’équipe sénégalaise ?
Il me sera difficile de répondre à cette question, parce que je n’ai pas regardé souvent l’équipe évoluer. Je pense que le milieu doit être renforcé. Aujourd’hui, on ne gagne pas un match si on n’a pas un milieu solide, capable de faire le jeu de couloir et de reculer pour défendre. Le milieu est le point névralgique pour gagner un match.
Dans la tanière, quel joueur vous fait rêver ?
Tout le monde vous dira que c’est Sadio Mané. Il a joué un match de responsable. Il a évité le vedettariat et l’individualité. Il a fait jouer ses coéquipiers. Le brassard de capitaine de l’équipe l’a aidé à avoir ce niveau de maturité.
Sadio Mané est un grand joueur. Je l’ai vu à Liverpool. Mais le joueur qui m’a le plus séduit et que je découvre, c’est le jeune Ismaïla Sarr. Il m’a séduit par sa vivacité. Ce garçon a de l’avenir. Il faut miser sur lui parce qu’il peut faire mal, lorsqu’il a la balle.
Le coach a sélectionné huit attaquants. Trouvez-vous ce choix judicieux ?
Le coach a fait le choix de l’offensif. Il faut assurer l’équilibre entre la défense et l’attaque. Il y a le milieu où se jouent et se gagnent les vrais matches. Regardez les milieux de terrain des grandes équipes comme le Barca, le Real et le Bayern. Mon équipe, le PSG, pèche un peu par son milieu.
Si vous aviez à comparer cette équipe avec celle de 2002...
C’est très tôt. Laissons cette équipe faire son chemin et prions pour qu’elle franchisse l’étape de la qualification. Si elle arrive à se qualifier à l’étape des quarts de finale, elle aura fait autant que celle de 2002. Je pense qu’elle peut arriver en quart de finale.
Regardez le Brésil aujourd’hui, c’est dans les arrêts de jeu qu’ils sont montés en puissance pour marquer les deux buts. Il faut compter sur le poids de l’expérience et les effectifs. Les bancs de touche sont très importants. Sur ce registre, je pense que Aliou Cissé n’a pas tort d’amener autant d’attaquants.
Quelles équipes voudriez-vous voir en finale ?
Je voudrais une finale entre le Brésil et le Sénégal. Ce serait le match du siècle. Si le Sénégal par- vient en finale, je ferai tout pour aller en Russie assister à ce match.
Dans toute l’histoire du football, quel est le joueur qui vous fait rêver au niveau mondial et celui que vous admirez au Sénégal?
Le joueur qui m’a fait plus rêver au niveau mondial, c’est une question très difficile. Au niveau mondial, le joueur que j’ai admiré le plus, c’est Socrates du Brésil des années 1950. Il était exceptionnel par son élégance dans le jeu, sa vision du jeu, son humanisme.
Socrates m’a marqué. Il était grand, beau, docteur en médecine et jouait le football avec élégance. Maintenant au Sénégal, le joueur qui m’a le plus marqué de tous les temps se nomme Lo Madièye. Il jouait à la Saint-Louisienne en 1979. C’est un gaucher et incroyable avant- centre (on disait inter). Il avait une touche de balle exceptionnelle et ne blessait personne. Sur le terrain, il était discipliné et élégant.
Pouvez-vous nous parler du match qui vous a le plus marqué ?
C’est le dernier match du PSG contre le Fc Barcelone, pour deux raisons. D’abord, c’est un match qu’on ne devait pas perdre. Ensuite, on a été frustré par les deux pénalty que l’arbitre n’a pas sifflé. Ce qui fait qu’on a encaissé deux buts en trois minutes.