C’EST PARTI POUR LA TRAQUE DES FONCTIONNAIRES RIPOUS

Les membres de l’Ofnac ont prêté serment hier. A cette occasion, le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Ahmet Bâ dit son espoir que les leçons de la défunte Commission nationale de lutte contre la concussion et la corruption (Cnlcc), qui souffrait de multiples tares, ont été retenues. Demba Kandji, le Président de la Cour d’appel a quant à lui proposé que l’intention de tirer profit de la fraude soit un élément constitutif de ce délit.

La Présidente Nafi Ngom Ndour, le vice-Président Ibrahima Faye ainsi que les autres membres de l’Office National de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) Codé Mbengue, Amadou Niang, Aïssatou Niang Ndiaye, Ibou Diouf, Amacodou Diouf, Kayré Sow, Abdou Kane, El hadji Niang, Aminata Sakho et le Colonel Mactar Sow ont solennellement prêté serment hier devant la Cour d’appel de Dakar.

Invitant d’entrée le Président à recevoir le serment des récipiendaires, le représentant du Parquet s’est demandé s’il n’était pas indiqué que de hauts fonctionnaires de l’Etat, émérites, attendent du Procureur général de leur prodiguer des conseils ou de leur rappeler la lourdeur de leurs charges. Le prétexte est certes une prestation de serment, mais le parquet a profité de l’occasion pour marquer un temps d’arrêt et réfléchir sur la société, gangrénée par des maux tels que la corruption, la fraude et les infractions corollaires qui sont de véritables fléaux.

«Exister est une chose, marquer son temps en est une autre. Je suis persuadé que les hommes qui animent cet organe sont au-dessus de tout soupçon. Votre mission est difficile, le contexte l’est davantage. Le peuple assoiffé de bonne gouvernance vous attend», a «requis» le parquet.

CES INNOVATIONS DE L’OFNAC QUI ONT MANQUE A LA CNLCC 

A priori, il paraît simple de répondre à la question : «comment lutter contre la corruption ?». Mais de l’avis du Bâtonnier de l’ordre des avocats Me Ameth Bâ, la réponse n’est pas évidente. Estimant qu’il faut oser dire les mots, Me Ameth Bâ soutient que l’expérience de la Commission nationale de lutte contre la corruption et la concussion (Cnlcc) est un échec, tout en se demandant si les leçons ont été tirées avant la création de l’Ofnac. Il espère que oui. 

FAIRE DE L’INTENTION DE TIRER PROFIT DE LA FRAUDE UN ELEMENT CONSTITUTIF DU DELIT

Rappelant que le phénomène de la fraude et de la corruption est multiforme et touche autant le secteur privé que public, le Président de la Cour d’appel a fait remarquer que la loi portant déclaration de patrimoine renforce les attributions de l’Ofnac. Dans la définition civile, le magistrat propose de faire de l’intention de tirer profit un élément constitutif de la fraude.

A l’instar de la Cellule nationale de traitement de l’infraction financière (Centif), le juge espère que les membres de l’Ofnac seront des pionniers dans la sous-région. Après leur avoir souhaité plein succès dans leur mission, il a appelé un à un les récipiendaires qui ont répété: «je jure solennellement de bien et fidèlement remplir la fonction de membre de l’Ofnac en toute indépendance et impartialité, de façon digne et loyale et de garder le secret des délibérations».