"Ces pratiques qui siphonnent l'économie"
BLANCHIMENT, PARADIS FISCAUX ET SECRET BANCAIRE

Une conférence publique sur le thème : Blanchiment, paradis fiscaux et secret bancaire » s'est tenue avant-hier, mercredi 12 juin, au Centre de recherche Ouest africain. Le Dr Chérif Salif Sy qui animait la conférence a démontré que ces fonds détournés constituent un frein pour le développement de nos pays.
«Les biens mal acquis, contrairement à l’adage, profitent bien à ceux qui mettent la main dessus en devenant une fortune personnelle. Mais les peuples avec de grandes associations de citoyens, ne l’entendent pas de cette oreille". Telle est la conviction exprimée par l’économiste Chérif Salif Sy, avant-hier mercredi 12 juin, en marge d’une conférence publique qu’il animait sur le thème : « Blanchiment, paradis fiscaux et secret bancaire : ces pratiques qui siphonnent l’économie du Tiers-monde », au Centre de recherche ouest africain (Warc). Au cours son exposé, il a indiqué que les obstacles à la restitution de ces biens sont nombreux même si, a-t-il précisé, des associations poursuivent un important travail de sensibilisation et interpellent l’opinion, les institutions internationales et les grands pays d’accueil en vue de la restitution de ces ressources aux pays spoliés. « Les obstacles de la restitution des biens mal acquis sont multiples .Aux obstacles juridiques et politiques, on peut ajouter le manque de volonté des grands pays développés, l’inexistence parfois d’instruments de contrôle pour vérifier l’application de telle ou de telle convention des engagements qui se limitent à des recommandations », a-t-il relevé.
Se prononçant sur le cas du Sénégal avec la traque des « biens mal acquis » qui fait l’actualité , Chérif Salif Sy a soutenu que c’est alarmant qu’une seule personne soit soupçonnée d’avoir détourné un montant de 2 milliards d’Euros dans un pays pauvre comme le Sénégal. Sans vouloir trop se prononcer sur les procédures judiciaires en cours sur la traque des biens mal acquis, Dr Sy a démontré combien cette somme est colossale. « 2 milliards d’Euros dans un pays où le produit intérieur brut est de 10 milliards d’Euros donc cette somme supposée détournée représente les 1/10 de notre Pib », a-t-il expliqué.
Concernant les paradis fiscaux, il souligne que ce sont des outils très souvent utilisés pour faciliter la grande corruption .Pour lui, « les banques peuvent y faire transiter sans risque, dans l’opacité la plus totale, des fonds liés à la corruption. Avec les secrets bancaires, l’opacité des structures juridiques et l’absence de coopération, presque tout est possible ».
Pour finir, Dr Chérif Salif Sy a ajouté que les détournements de deniers publics empêchent le développement économique et social des pays du sud à tous les niveaux, notamment les budgets ,les réserves monétaires des banques centrales. Il estime que l’Etat se retrouve de moins en moins capable d’intervenir sur les services publics et sociaux comme la santé, l’éducation, l’accès à l’eau. Prenant la parole, Me Khaly Niang, avocat, pense que pour lutter contre l’enrichissement illicite au Sénégal, il faut renforcer le contrôle social et faire la déclaration de patrimoine, une proposition qui s’impose au Sénégal. « Il faut faire jouer la prévention au lieu d’attendre le passage à l’acte pour réagir », a-t-il souligné.
Le président du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yakaar, Moustapha Diakhaté, a signalé qu’il faut combattre la gouvernance prédatrice car selon lui, toutes ces pratiques sont liées à cette «gouvernance prédatrice », avant d’appeler à prendre conscience que le Sénégal fait partie des 15 pays les plus pauvres du monde.