CHASSES PAR LA PAUVRETE ET LE STRESS, LES CANDIDATS A LA MORT EN HAUSSE
SEDHIOU : IMPLICATIONS DU DRAME DE L’EMIGRATION CLANDESTINE

Ils sont nombreux mais d’une estimation inconnue les jeunes de la région de Sédhiou ayant tenté l’aventure «suicidaire» pour regagner les côtes européennes. Si d’aucuns ont reçu notification par des témoignages de proches de la mort de leurs fils, l’écrasante majorité des familles de départ ignore les conditions de vie de leurs progénitures qu’ils ont aidé parfois à trouver des ressources pour payer les frais du voyage périlleux. Histoire de «sortir» de la pauvreté accentuée par l’inexistence d’un environnement économique propice à une activité génératrice de revenus.
Le drame de l’émigration clandestine a fortement ébranlé une bonne partie de la région de Sédhiou, la zone du Pakao (Est) en particulier. Ici, personne ne peut s’aventurer, à dire avec exactitude, le nombre de jeunes candidats à l’aventure européenne, via le grand bleu de la Méditerranée. Certains voient leur chemin prendre fin avec le naufrage de leur embarcation, parfois même à l’insu de leurs proches. Le dernier cas en date remonte au mois d’avril 2015. Il s’agit du jeune Abel Diassé tristement disparu dans les fonds marins sur les côtes libyennes en partance pour l’Europe.
Abel Diassé a abandonné les bancs en classe de seconde, dans l’espoir de trouver du travail une fois à destination et tirer ses parents, Soukounda et Ousmane Diassé, de la pauvreté qui les tenaille dans leur terroir de Taïba, dans la commune de Sakar. Il ne sera malheureusement pas le seul à périr en chemin. Au contraire, la liste des victimes (connus ou méconnus) du drame de l’émigration est loin d’être exhaustive.
En atteste, c’est dans cette même condition (celle d’Abel Diassé) qu’un autre jeune du nom d’Ousmane Souané originaire de Kéréwane, toujours dans le Pakao, a péri sur la route de l’Europe. Non loin de là, à Diana Bah plus précisément, le jeune Moulaye Sané et trois autres de ses compagnons ont assisté impuissants à l’extinction de leur dernier souffle dans les eaux de la Méditerranée.
Il y a environ un peu plus de deux semaines, le gouverneur de Sédhiou, Habib Léon Ndiaye, effectuait une tournée administrative dans le département de Goudomp. Et, à l’étape de Niagha, le président du Conseil départemental de Goudomp a fait savoir à l’autorité que des jeunes de la localité ont péri dans leur aventure sous l’emprise du seul désir de fouler le sol de l’Europe.
A l’image de ces jeunes victimes de leur ambition, beaucoup d’autres, dont les identités restent jusqu’ici inconnues sont morts le plus souvent avec la «complicité» de leurs propres parents. Ceux-ci, pour la plupart, n’hésitent pas à vendre leurs biens mobiliers, immobiliers, des bœufs, des petits ruminants et même des vivres pour payer le voyage périlleux.
Aussi, dans les zones du Kabada, du Sonkodou, du Balantacounda et du Diassing, nombre de jeunes ne sont-ils pas tentés par l’aventure méditerranéenne? De l’avis de nombre d’observateurs, ces jeunes sont victimes de manque de formation, de qualification professionnelle et d’espaces et activités de génération de revenus alors que la pauvreté qui y règne de façon ambiante est durement vécue presqu’au quotidien.