CRI DU CŒUR ET PLEURS D’UNE BRAVE MÈRE
MON FILS ÉTAIT UN ÉCRIVAIN DE HADJA MAÏ NIANG

Pour commémorer l’anniversaire du décès de Sembène Ousmane, sa fille adoptive, Hadja Maï Niang, a projeté son film intitulé Mon fils était un écrivain, en hommage à Lamine Coura Guèye. Un film très sensible qui plonge le cinéphile dans une histoire réelle, émouvante et très actuelle.
Des émotions intenses, des cœurs fragilisés en visionnant cette histoire sensible et triste à la fois. C’est la sensation qui se ressentait hier dans la salle du Théâtre Daniel Sorano, après la projection du film Mon enfant est un écrivain de Hadja Maï Niang.
Le film, selon la réalisatrice, véhicule deux symboles : le premier relie les trois dames de cœur et de fer que sont Tata Annette Mbaye D’Erneville, Ndèye Coura Diop et Ndèye Siga Guèye ; le second porte sur la date du 9 juin qui coïncide avec l’anniversaire du décès du grand cinéaste Sembène Ousmane, «père adoptif» de la réalisatrice, qui essaie de préserver de l’oubli l’œuvre de ce géant du 7e art.
Mon fils était un écrivain est en réalité une fiction tirée d’une histoire réelle. Ce film évoque les souvenirs du défunt écrivain Lamine Coura Guèye, qui jeune, était considéré comme «un fou», du fait qu’il se refugiait tous les jours dans la forêt du village de Ngellèle (région de Saint-Louis) pour écrire.
Cet homme avait un amour démesuré pour la littérature. Mais Lamine, suite à l’effondrement d’un bâtiment à la Médina, n’aura pas eu le temps de finir son manuscrit.
Il meurt peu de temps après cet accident tragique. Mais sa mère Ndèye Coura Diop, aujourd’hui octogénaire, confia le manuscrit à un homme qui avait promis de l’éditer, mais qu’elle n’a plus jamais revu...
Sombrant dans une déception totale et une douleur profonde, la vieille dame rencontra un jour une journaliste à qui elle confia l’histoire de son fils et de son livre. Cette plume culturelle incarnée dans le film par Madeleine Ngandoul organise un point de presse pour retracer l’histoire de la dame par le biais de questionnements à propos de ce manuscrit qui finira par être édité en 2004 par la réalisatrice Hadja Maï Niang. C’est d’ailleurs par la lecture de quelques passages de cet ouvrage posthume de Lamine Coura Diop qui s’intitule Le coût de l’évasion que prend fin le scénario du film. Une lecture heureuse et joyeuse qui donne à ce récit triste, par endroit, tout le sens du combat de cette réalisatrice considérée par ses proches comme «une dame de cœur, le symbole de la générosité...».
Interpelée au terme de la séance, Hadja Maï Niang, qui a été très ovation- née par les cinéphiles, confie : «Ce film est une fiction qui s’inspire de la réalité à l’image de Mame Coura qui, elle, n’est pas fictive, mais réelle... Ce manuscrit très intéressant que la dame avait entre ses mains je l’ai acheté et publié en 2004, et quand je faisais la promotion du livre, j’ai eu l’idée d’en faire un film.»
Et c’est avec le consente- ment de la mère de Lamine Coura Guèye que ce film qui fait intervenir le chanteur Abdou Guitté Seck comme acteur a été tourné. Un beau film qui sonne comme une invitation à la générosité d’esprit.
Se prononçant en outre sur l’anniversaire du décès de son «père adoptif», Hadja Maï Niang a affirmé : «Je me suis dit que tous les ans je célébrerai la mémoire de Ousmane Sembène qui a porté les images du continent africain dans le monde entier... Et je pense que le pari a été gagné. Mais cela ne s’arrêtera pas là.»