DE LA SEXUALITÉ PENDANT LE JEÛNE !
Vie de couple en période de Ramadan

En cette période de Ramadan ou l'abstinence demeure l'une des recommandations les plus importantes, il est difficile d'ignorer son épouse ou son époux. Dès lors, la sexualité au sens pur du terme est reléguée au second plan, pendant le moment de jeûne, c'est-à-dire la journée, laissant la place à des embrassades. Et la nuit, après la rupture, c'est le rattrapage
Quel comportement un couple pourrait avoir pendant la période de Ramadan ? Est-il interdit d'avoir des rapports sexuels, de faire des câlins ou de petits bisous à son conjoint durant ce mois d'abstinence ? Voilà des questions que semblent ne pas se poser bon nombre de jeûneurs.
En effet, avant la rupture du jeûne, la sexualité peut prendre une autre forme. Elle peut être traduite en des embrassades, des câlins, des propos doux à l'endroit de son conjoint. C'est d'ailleurs ce que les couples sont résolus à faire non pas durant ce mois d'abstinence, mais le temps que dure toute une journée. Mariée depuis 7 mois, Maman Aïdara atteste que rien à changer dans sa vie de couple. Seulement, elle est obligée de se contenter de bisous et de petits câlins pendant la journée.
"On se fait des câlins, des petits bisous sur la joue, ça ne gâche pas notre jeûne", déclare la jeune femme qui indique, par ailleurs, qu'après la rupture, tout redevient à la normale. C'est-à-dire, souligne Mme Aïdara, "Une fois que tu coupes, tu peux manger et par conséquent faire ce que tu es censé faire dans la vie de tous les jours, avoir des rapports sexuels avec ton mari".
"Mon mari me repousse la journée, mais le soir…"
Abondant dans le même sens, Soukey Wade, jeune maman, femme au foyer de confirmer : "Je fais de petits bisous à mon mari, on se fait des embrassades aussi pendant la journée et parfois même pas. Mais le soir, on se retrouve comme le reste de l'année".
Sur ce, interpellée sur l'impact que pourrait avoir ces embrassades sur leur jeûne, elle déclare : "Il n'y a pas de mal à ça. Je suis sûre que cela ne va pas aboutir à une excitation de notre part qui pourrait gâcher notre jeûne". En gros, des marques d'affection, sans aller jusqu'à l'acte sexuel en lui-même.
Contrairement à ces deux bonnes femmes, Khady Fall, elle, n'a pas droit à des câlins la journée. Elle doit attendre la nuit pour se rapprocher de son mari. "Quand je m'approche de lui, il fuit. Il me repousse, il ne veut pas avoir affaire avec moi pendant la journée", dit-elle avant d'ajouter avec ironie : "Mon mari est à moitié Ibadou". "Mais, fait-elle savoir, après la rupture du jeûne, il se comporte comme avant, c'est-à- dire qu'il est attentionné, avec plein d'affection".
"Je viens à mon lieu de travail tous les jours uniquement pour fuir le contact avec ma femme"
Toutefois, ce problème ne se pose pas avec Tacko Ndiaye. Mariée depuis près de 3 ans, Tacko confie ne pas avoir ce problème. "Moi, mon mari travaille du lundi au dimanche, il ne revient à la maison qu'à l'heure de la rupture. Donc, on n'a pas de problème de rapprochement", fait remarquer Mme Ndiaye avant d'affirmer qu'"après la rupture ‘damay défar ba mu tëp'". Je fais tout ce que je faisais avant".
Du côté de certains hommes par contre, la nature des relations qu'ils entretiennent avec leur(s) épouse (s) ont changé. Durant ce mois béni, ils se tiennent complètement à carreaux pendant la journée, de peur de gâcher leur jeûne. Par contre, le soir, ils essaient de se rattraper. C'est le cas de M. Sané. Marié et père de famille, M. Sané, comme il voudrait qu'on le nomme, travaille dans un restaurant de la place sis sur l'avenue Bourguiba.
Durant la journée, notre homme évite autant qu'il peut sa femme, allant même jusqu'à déserter le domicile conjugal. "Je viens à mon lieu de travail tous les jours uniquement pour ne pas me retrouver avec ma femme pendant la journée. Je reste ici (Ndlr : son lieu de travail) jusqu'à l'heure de la rupture", soutient M. Sané. Ce dernier, pour mieux se faire comprendre, d'ajouter : "Je fuis ma femme pour éviter le contact. Vous savez, le contact entre un homme et une femme est trop fort. C'est très difficile de se retenir parfois. Alors, vaut mieux ne pas s'approcher trop d'elle".
Le Ramadan, un sacré prétexte pour échapper à une corvée : la sexualité
Si certains ne veulent en aucun cas entendre parler du mois de Ramadan à cause de l'abstinence qui leur est imposé durant 30 jours, tel n'est pas le cas de certaines femmes. Nombreuses sont les femmes mariées qui attendent, en effet, avec impatience ce mois béni de l'islam. Et pour cause, ce n'est que pendant ce mois qu'elles peuvent se reposer par rapport à la sexualité.
Pour certaines femmes, le recueillement et la piété ne seraient donc qu'un prétexte pour refuser un acte que l'on redoute en fait à chaque instant de la vie intime, Ramadan ou non. Elles craignent le contact physique avec leurs conjoints et retardent les moments de rapprochement. Et ce, pour plusieurs raisons : les problèmes conjugaux, le dégoût, la fatigue…
Rencontrée au carrefour de Castors, une jeune femme nouvellement mariée n'a pu cacher toute sa joie. "Vivement le mois de Ramadan, je l'ai attendu avec impatience. Mon mari est obligé de me laisser tranquille. J'en ai assez de me chamailler avec lui à chaque fois qu'il veut m'approcher pour me contraindre à me donner à lui-même quand je n'en ai aucune envie", s'exclame-t-elle.
Pourtant, cette jeune femme clame qu'elle "adore (son) mari. Mais il ne comprend pas que le mariage ce n'est pas seulement les rapports sexuels. Parfois, j'ai envie d'autre chose, comme discuter avec lui, se rappeler du bon vieux temps. Mais lui, il ne pense qu'au sexe. Du coup, on ne cesse de se chamailler alors que Dieu sait que je l'aime de tout mon coeur".
Trouvée à l'arrêt des bus "Tata" de Bourguiba- Castors, Aïda révèle pour sa part que son mari ne la comprend pas sur le plan sexuel. "Pour lui, c'est à prendre ou à laisser. Alors, je laisse tomber. La sexualité avec lui ne me dit plus rien, elle ne me procure aucun épanouissement, ni plaisir", se lamente-t-elle, avant de préciser que "le mois de Ramadan est un sursis pour moi. Car le reste de l'année, c'est infernal, je vis l'enfer".
Poursuivant, elle renseigne : "Il a un appétit féroce pour la sexualité, surtout durant le Ramadan. Le malheur, c'est qu'il se laisse aller, il se rase rarement, il ne sent pas bon et il ne fait aucun effort pour me plaire. Parce que, comme il l'avance, c'est ‘haram' et cela m'énerve", confie cette jeune femme Peule qui a préféré l'anonymat à propos de son calvaire avec son mari.