DRAINAGE OU POMPAGE ?
FIN DE L'AMATEURISME ET NOUVELLE STRATÉGIE DE GESTION DES INONDATIONS AU SÉNÉGAL

«Gestion des inondations au Sénégal : stratégies des autorités publiques et enjeux », tel est l'intitulé de la table ronde qui s'est tenue mercredi dernier, sous l'égide de la Fondation Friedrich Ebert (Fes). En marge cette rencontre, le commandant Amadou Fall Canar Diop, directeur du Projet de construction de logements sociaux et de lutte contre les bidonvilles, au ministère de la Restructuration et de l'Aménagement des zones d'inondation, a annoncé une nouvelle stratégie de gestion.
Après plusieurs années d’amateurisme et de gestion nébuleuses et anarchiques des inondations, (plus de 70 milliards injectés dans la lutte), l’Etat a enfin décidé de mettre de l’ordre dans sa politique de prise en charge de ce phénomène occasionne chaque année des pertes en vies humaines (26 décès enregistrés l’année dernière) et obligent des familles à quitter leurs maisons pour des abris provisoires dans des écoles ou autres établissements publiques (264 000 personnes environ affectées en 2012).
La révélation vient du commandant Amadou Fall Canar Diop, directeur du Projet de construction de logements sociaux et de lutte contre les bidonvilles, au ministère de la Restructuration et de l'Aménagement des zones d'inondation.
Il souligne que «l’Etat est en train de mettre en œuvre des solutions durables dans la gestion des inondations au Sénégal», lesquelles sont contenues dans le nouveau plan décennal 2012-2022, dont le coût global de 767 milliards est en cours d’exécution. Le commandant Amadou Fall Canar Diop présentait une communication sur les stratégies de gestion des inondations dudit ministère, en marge la table ronde sur les inondations organisée par la fondation Friedrich Ebert (Fes).
Il a ainsi indiqué que «les nouvelles autorités ont décidé de prendre à bras le corps le phénomène des inondations au Sénégal». Il a soutenu que «toutes les opérations liées à ces inondations seront désormais coordonnées par le ministère de la Restructuration et de l'Aménagement des zones d’inondation»,. Cette mesure vise selon lui, à fédérer les différents démembrements de l’Etat qui interviennent dans la prise en charge des sinistrés pour favoriser une meilleure utilisation des deniers publics alloués à la prise en charge de cette question.
Cette mesure vise également selon l'officier supérieur, à mettre de l’ordre dans les opérations de prises en charge pendant le sinistre d'autant plus que, plusieurs intervenants ont d’autres motivations. A ce titre, le commandant Diop indique que la nouvelle démarche de rupture se penchera uniquement sur des solutions structurelles, en lieu et place des solutions conjoncturelles, qui étaient jusque-là, l’axe central de l’action des pouvoirs publics dans la gestion de ces inondations.
L’Etat, selon lui, dans le cadre de cette nouvelle démarche, mettra l’accent dans la construction des voies de passage pour les eaux pluviales dans toutes les zones inondables ou zones à risque, conformément au plan directeur de drainage dont le coût global est estimé à 400 milliards. La priorité ne sera plus donnée au pompage des eaux mais au drainage. A ce titre, il a annoncé la destruction de toutes les maisons ou édifices construites sur les zones de passage des eaux.
L’Etat, avec ce nouveau plan, compte réduire les inondations dans toute la zone péri-urbaine de Dakar par la restructuration de toutes ces zones à risque comme les communes d’arrondissement de Yeumbeul nord, Yeumbeul sud et Djiddah Thiaroye kao dont les travaux démarreront dès l’année prochaine. Le commandant Diop s’est également prononcé sur les conditions de distribution des logements sociaux destinés aux sinistrés des inondations.
A ce niveau, il a annoncé une réorganisation des conditions d’octroi. Il a souligné qu' «il n’y jamais eu une identification des bénéficiers de ces logements sociaux depuis le lancement de ce programme». Ce domaine connaitra également un changement des procédures, a-t-il fait savoir, avant de soutenir que «l’Etat apportera des corrections aux erreurs faites par l’ancien régime».
C'est ainsi que «les nouveaux logements seront distribués sur la base des résultats d’enquêtes sur les vrais ayant droits, qu’effectuera la gendarmerie et la police». Et d'indiquer que «cette mesure sera suivie par la destruction de toutes les maisons libérées pour éviter qu’elles soient de nouveau occupées par d’autres personnes ou vendues à des tierces».