ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR AU SÉNÉGAL : LE SYSTÈME ÉDUCATIF MALADE

L’un des défis qui attend le Sénégal est la rédynamisation de son système éducatif. Le pays connaît d’énormes difficultés dans ce secteur.
Une fois n’est pas coutume. L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) s’est réveillée aujourd’hui sous le crépitement des pierres et des grenades lacrymogènes. Des étudiants ont affronté les forces de l’ordre pour demander l’augmentation de leurs bourses d’études. Cette revendication n’est pas un fait nouveau.
Depuis des années, les étudiants sont confrontés à des problèmes liés au paiement de leurs bourses. Cependant, les choses se sont aggravées avec la mort d’un étudiant tué par un policier, l’année dernière. L’Université avait frôlé une année blanche comme les années précédentes.
En effet, les problèmes des universités du Sénégal ne se limitent pas tout simplement au paiement des bourses. La grève des enseignants est récurrente dans le pays. Pour la plupart, ils réclament des indemnités liées au logement et l’amélioration de leurs conditions de travail. En 2012, l’année blanche a été évité de justesse. Après plusieurs mois d’arrêt des cours, les enseignements ont été bâclés pour que l’année scolaire soit valide.
En plus de cela, s’ajoutent les difficultés que rencontre les étudiants pour assister au cours. Ce problème touche plus l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il est plus récurrent à la faculté de Droit dont les amphithéâtres ne peuvent pas contenir le nombre d’étudiants. Certains s’assoient par terre. Les plus chanceux viennent à 5 h du matin pour avoir une place. Face à cette situation, il est difficile au professeur de tenir son cours convenablement. Il n’est pas donné à tous les étudiants qui n’ont pas compris de poser des questions. Le fait est plus remarqué en première année. Plus de mille étudiants peuvent assister à un cours dans une salle.
A côté des difficultés précitées se greffe le problème du logement au sein du campus. Le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) n’exerce aucun contrôle sur les chambres des étudiants. Il baisse même les yeux face à la promiscuité. De chambres sont habitées par 7 voire 8 personnes. Or elles ne doivent contenir que deux étudiants. Les constructions ne tiennent pas en compte les personnes vivant avec un handicap. Même si elles habitent au rez-de-chaussée des pavillons, l’architecture des toilettes ne leur est pas adaptée. C’est le même cas dans les salles de cours et les restaurants.
Plus grave, l’Université manque de professeurs. Les étudiants ont d’énormes difficultés pour trouver un encadreur pour la réalisation de leurs mémoires en Master. La faculté des Lettres et Sciences humaines en souffre le plus. Le recrutement de nouveaux enseignants figurent même dans la plateforme revendicative du Syndicat des Enseignants Autonomes du Sénégal (Saes).
L’Organisation internationale de la francophonie (Oif) doit donc se donner la priorité de régler les problèmes d’éducation dans ses pays membres. Il est bon de tenir des réunions et des rencontres internationales mais il est nécessaire de centrer le débat sur l’essentiel. L’éducation est un levier important pour le développement.