FABIENNE KABOU A TUÉ SA FILLE ET L’A ABANDONNÉE À L’OCEAN

Après une semaine d’interrogation et d’appel à témoin, le mystère sur l’identité du petit corps découvert, le mercredi 20 novembre dernier, sur la plage de Berck-sur-Mer, au nord de la France, a été levé. Et la présumée meurtrière qui a parcouru plus de 300 km pour aller commettre son acte dans une ville qu’elle n’avait jamais connue, est une Sénégalaise née à Dakar.
(Correspondance, Paris) - Revenus de mer dans cette matinée brumeuse, les pêcheurs de crevettes avaient découvert le mercredi 20 novembre dernier, le corps sans vie d’une fillette sur la plage de Berck-sur-Mer, au nord de la France. Après l’avoir recueilli, ils ont alerté les policiers de la région lilloise qui vont découvrir une poussette abandonnée dans les parages. Après avoir cherché à savoir si, comme l’enfant, l’accompagnateur n’aurait pas été emporté par les eaux, les policiers, ont appris qu’une femme et un bébé auraient séjourné dans un hôtel de la zone. «Mais, selon les témoignages recueillis, au moment du départ, la dame aurait quitté seule l’hôtel.» Munie de cette information, la police qui cru avoir affaire à une mauvaise nounou africaine a procédé à la réquisition des images de la régie de chemin de fer. Et la piste de la dame qui a embarqué à la gare du nord, le 19 novembre au soir, avec une poussette, pour apparaître sur les mêmes écrans le lendemain seule avait intrigué les limiers qui ont compris détenir, par là, une bonne piste.
Descendue à la gare du Nord, la silhouette s’est engouffrée dans le RER B avant que les écrans de la Rapt ne perdent sa trace à Chatelet les Halles. N’ayant plus de pistes, les limiers ont lancé un appel à témoin en diffusant les images floues de la suspecte. Sentant une ressemblance avec sa voisine, un habitant de la rue Jeanne d’Arc, à Saint Mandé, en région parisienne, a appelé les limiers pour qu’ils vérifient l’identité de sa voisine du 29 «parce qu’elle porte des lunettes comme celle de la photo, même s’il ne l’avait jamais vue avec un bébé». Interpellée, le vendredi après-midi, Fabienne Kabou, âgée de 36 ans, est née à Dakar a nié être la dame recherchée. Si elle reconnaissait avoir eu un bébé âgé de 15 mois, elle a déclaré que «son enfant aurait été récupéré par sa grand-mère et amené au Sénégal». C’est cette version qu’elle aurait, des heures plus tôt, servie à son compagnon, un artiste de 63 ans chez qui elle vivait.
Face à l’incohérence de ses propos, elle a été interpellée et placée en garde à vue, le temps que son Adn soit comparé à ceux prélevés sur la poussette retrouvée sur la plage de Berck-Sur-Mer comme dans la chambre d’hôtel. Face à l’évidence, la Sénégalaise a avoué les faits et déclaré avoir tué sa fille avant de la livrer aux eaux glaciales de l’océan. Pour «expliquer» son geste, Fabienne a affirmé vivre des conditions financières difficiles.
Pourtant, celle qui défraie aujourd’hui la chronique en France n’est pas une analphabète. Elle poursuivait des études de philosophie à l’université Paris 8, Saint Denis, et était activement impliquée dans l’encadrement des nouveaux étudiants. «C’est une femme intelligente et avenante», ont reconnu les voisins interloqués. «Ce qu’on ne comprend pas, ont-ils poursuivi, c’est le rôle joué par cet artiste solitaire qui l’héberge».
«Ce marginal» serait, même si sa responsabilité n’est pas établie, pour le moment, directement lié au drame perpétré par Fabienne. À en croire des sources policières, il est le père de la petite Adélaïde. Mais puisqu’il n’a jamais désiré la grossesse, il avait refusé de reconnaître l’enfant à sa naissance. Ce bébé, considéré comme un fardeau, était à la charge exclusive de sa mère. «Personne n’avait jamais vu cet homme avec le bébé, ni la femme d’ailleurs», ont affirmé les voisins. Alors, sans ressources et obligée de choisir entre sa vie de couple et son rôle de mère, la Sénégalaise n’aurait eu d’autres choix que de commettre le crime. Pour le moment, si elle avoue avoir agi seule, elle ne mentionne pas les pressions exercées par son compagnon pour se débarrasser du bébé.
Inculpée d’assassinat, depuis ce samedi soir, la mère infanticide de la petite Adélaïde est, désormais, incarcérée à la maison d’arrêt de Sequedin, en région lilloise. Elle aurait, selon son avocate, en tout et pour tout 40 euros en poche. L’économie de toute une vie.