SONKO FAIT LE MÉNAGE À PETROSEN
Préférant le pragmatisme à la confrontation, Thierno Seydou Ly a perdu son siège à la direction. Une vision incompatible avec celle du Premier ministre, qui poursuit méthodiquement sa stratégie de reprise en main du secteur énergétique sénégalais

(SenePlus) - Dans une manœuvre stratégique qui témoigne de sa volonté de contrôler étroitement le secteur énergétique sénégalais, le Premier ministre Ousmane Sonko poursuit méthodiquement la réorganisation de Petrosen, la compagnie pétrolière nationale. La dernière victime de cette restructuration profonde est Thierno Seydou Ly, jusqu'alors à la tête de la branche exploration-production (E-P) de l'entreprise publique.
D'après les informations rapportées par Jeune Afrique, Thierno Seydou Ly a été écarté le 5 mars dernier, officiellement « appelé à d'autres fonctions ». Cet ancien cadre de TotalEnergies, qui avait exercé au Gabon et au Nigeria avant de prendre les rênes de Petrosen E-P en mai 2022, a été remplacé par Talla Gueye.
« Thierno Seydou Ly était déjà sur la sellette. Le ministre de tutelle a tenté de le maintenir en poste mais Ousmane Sonko, déterminé à faire table rase du passé et tourner la page Macky Sall, a fini par s'en séparer », confie au magazine panafricain une source interne à Petrosen.
Ce départ ne constitue pas un simple changement de personnel mais s'inscrit dans un contexte particulièrement tendu au sein de la compagnie nationale. Selon JA, l'éviction de Thierno Seydou Ly résulte également d'une fronde d'une partie des cadres contre sa gestion et de relations difficiles avec Alioune Gueye, l'actuel directeur de Petrosen Holding, ancien coordinateur de Pastef aux États-Unis.
La divergence de vues concernant la renégociation des contrats pétroliers semble avoir été déterminante. Alors qu'Alioune Gueye, proche du Premier ministre, considère « la révision des accords indispensable pour garantir au Sénégal un meilleur parti possible », Thierno Seydou Ly prônait une approche plus pragmatique « pour éviter tout conflit avec les opérateurs pétroliers étrangers », rapporte Jeune Afrique.
Cette position mesurée lui aurait valu les « foudres de sa hiérarchie ». Une source proche du dossier citée par le magazine affirme que « Thierno Seydou Ly constituait l'unique fausse note dans le dispositif que Sonko voulait mettre en place pour renforcer son influence sur le secteur extractif ».
Le remaniement ne s'est pas limité au seul directeur général. D'autres nominations ont été annoncées : Papa Samba Ba, jusqu'alors directeur des Hydrocarbures, prend la tête de l'entité du contrôle et du suivi des opérations. À la direction générale des hydrocarbures, Ibrahima Noba devient directeur de l'exploration-production, tandis que Babacar Cissé dirigera la branche approvisionnement, transformation et distribution.
Le gouvernement espère, à travers ces changements, « insuffler une nouvelle dynamique au sein du ministère et de l'entreprise publique afin d'améliorer sa performance et d'affirmer sa montée en puissance », selon les termes rapportés par Jeune Afrique.
Quant au processus de renégociation des contrats pétroliers et miniers, le président Bassirou Diomaye Faye a assuré lors de son discours à la Nation du 3 avril que « les résultats obtenus à ce stade sont plus que satisfaisants » et qu'ils « seront communiqués à temps opportun ».
Ni le ministère du Pétrole ni la primature n'ont donné suite aux sollicitations de Jeune Afrique avant la publication de l'article, précise le magazine.