FAUT-IL BRÛLER LE PLAN D’URBANISME DE DAKAR ?

L’agglomération dakaroise s’est développée, et continue de se développer, de façon désorganisée. Cette situation est liée à la longue absence de planification stratégique pour fixer les grandes orientations de son développement urbain.
Cette situation a amplifié et complexifié les dysfonctionnements, ce qui a conduit les autorités à promouvoir l’élaboration d’un plan d’urbanisme en 2001. Avant cette date, Dakar a connu trois plans directeurs d'urbanisme.
Le dernier qui remonte à 1967, dit Plan Ecochard, couvrait Dakar jusqu' à la forêt classée de Mbao. Depuis cette date, aucun plan d'en- semble n'a été mis en œuvre pour guider le développement urbain de l'agglomération si ce n'est le Plan directeur d’urbanisme de Dakar à l’horizon 2025 dont la validation est intervenue en 2009 (Anne SOURCIS).
Le processus d’élaboration du Plan de Dakar 2025 a duré près de huit années et sa validation par décret présidentiel s’est déroulé dans un contexte politique particulier. Ce document de planification devant guider l'évolution spatiale de la région présente des faiblesses majeures qui sont autant de contraintes qui freinent déjà son application.
Le Plan présente beaucoup de limites objectives aussi bien dans l’approche, que dans la dé- finition de l’échelle territoriale et la pertinence des directives d’aménagement. L’environnement constitue le maillon faible du Plan.
L’absence de concertation dans l’élaboration du Plan constitue un sérieux handicap pour son application et ne permet pas d’asseoir une véritable gouvernance métropolitaine. Le peu de maires et d’élus locaux ayant pris part à l’atelier de validation du PDU en septembre 2006 ont sévèrement critiqué l’absence d’implication des collectivités locales de la région et des territoires limitrophes.
Le périmètre du Plan correspond aux limites administratives de la région alors que pour faire face à ses besoins urgents d’extension spatiale, il est nécessaire de surmonter les frontières de l’agglomération. Aujourd’hui, la définition d’un territoire cohérent de planification s’impose pour tenir compte de la continuité des territoires et des fortes interactions entre Dakar et son proche hinterland.
Dans le nouveau Pdu, en sus des hypothèses d’urbanisation discutables, il y a des mutations en cours non prévues ou insuffisamment prises en compte. L’agglomération est soumise à des transformations spatiales. Il en découle une mutation des espaces urbains, qu’ils soient centraux ou périphériques, et de profonds bouleversements institutionnels en perspectives.
L’urbanisation de la capitale sénégalaise tend vers la métropolisation avec l’émergence d’un triangle structurant constitué d’un ensemble multipolaire avec un pôle industriel, aéroportuaire et logistique autour du nouvel aéroport de Diass et de la zone économique spéciale.
Cette tendance évidente de l’urbanisation dakaroise n’est pas retenue dans les options d’aménagement du Pdu. Celles-ci préconisent une organisation polycentrique autour de sept pôles « théoriques » dont les vocations ne sont pas prédéfinies, une densification du bâti dans les grandes villes et un étalement spatial sur les terres agricoles du périurbain.
Ces orientations ne sont pas de nature à favoriser une maîtrise de l’urbanisation galopante par la constitution de réserves foncières pour faire face aux besoins croissants d’équipements et d’infrastructures.
Dans le contexte actuel, l’anticipation foncière est indispensable pour maîtriser la consommation de l’espace. Les villes de la région ne disposent d’aucune réserve foncière per- mettant l’extension in situ et l’accueil de nouveaux équipements qu’impose ce dynamisme démographique.
Le plan prévoit un doublement de la population régionale, ce qui peut être naturellement concevable.
Aujourd’hui, une réflexion stratégique devrait être engagée sur le devenir du Plan, son avancement et son articulation avec les politiques publiques d'aménagement au regard des évolutions conjoncturelles et ou structurelles.
L’avènement d’un nouveau plan d’urbanisme consensuel privilégiant une mixité fonctionnelle et sociale des espaces est devenu urgent pour permettre de promouvoir des politiques de la ville et d’asseoir une véritable gouvernance intercommunale sur la base d’une vision partagée.