"IL Y A EU DES INCOMPRÉHENSIONS MAIS JAMAIS ANIMOSITÉ AU SEIN DE NOTRE TROUPE"
CHEIKH SECK, COMEDIEN DE LA TROUPE "JANXEEN" DE THIES

Le comédien de la troupe « Janxeen » de Thiès, Cheikh Seck, n’est plus à présenter. Très dynamique et toujours sollicité au sein de la capitale du Rail, mais aussi à travers le territoire national et même au-delà, nous l’avons rencontré samedi dernier au détour du lancement du nouveau concept de Kalidou Kassé « Thiès en couleurs ». Une occasion saisie pour échanger avec lui sur la crise qui secoue sa troupe et sur ses projets.
Que devient Cheikh Seck ?
Je suis toujours là en pleine activité. Je poursuis le travail et peaufine de nouvelles pièces. On rend grâce à Dieu car l’inspiration est toujours là et on fait de notre mieux pour ne pas décevoir les attentes des populations. Notre seul credo reste et demeure la satisfaction du public car nous avons choisi l’art pour pouvoir délivrer des messages porteurs.
Pourtant, on vous voit de moins en moins sur de nouvelles productions, pourquoi ?
Il est vrai que nous produisons moins car la production est en léthargie. En réalité, il n’y a plus de producteurs et il est très difficile de s’autoproduire et de tout prendre en charge. Cependant, j’ai mis sur pied « Janxeen Média Prod » depuis trois ans dans le souci de diversifier et d’agrandir le cercle. Ainsi, comme à l’accoutumée, nous avons encore joué notre partition au cours du dernier mois de ramadan. Cette nouvelle structure me permet de mieux véhiculer ma propre vision et d’atteindre un plus large public.
Cela veut-il donc dire que « Janxéen Production », l’entité mère, n’existe plus ?
Non, pas du tout. Il faut savoir que, depuis deux décennies, j’ai été de tous les combats de « Janxéen » que j’ai contribué à créer et à couver. Il se trouve que les temps évoluent et il faut toujours s’adapter. Les membres de cette troupe, ce sont des comédiens et il n’est pas possible de les brimer ou de les cantonner dans un seul registre. Ils sont fondamentalement libres et ils peuvent légitimement sentir le besoin d’explorer d’autres créneaux. Durant tout le mois de ramadan, vous avez vu que des artistes comme Ngoury, Serigne Ngagne et les autres ont tous crevé l’écran. Donc, je les encourage car je ne peux pas tout donner à la troupe « Janxeen » et ensuite tout faire pour participer à sa perte. Ce n’est pas possible ni même envisageable. Il faut savoir que ces gens-là sont des responsables de famille qui ont des besoins à satisfaire et il est impossible de les brimer. Mais le moment venu, on pourra toujours se retrouver autour de l’essentiel pour proposer quelque chose au public.
Vous reconnaissez alors qu’il ya bien eu crise au sein de la troupe ?
Il est vrai qu’il ya eu des incompréhensions comme dans toute structure. C’est un fait que personne ne peut occulter. Cependant, il n’ya jamais eu d’animosité ou de rancune au sein de notre troupe. Je suis un être expérimenté et responsable. Mon âge et ma position ne me permettent plus de faire certaines choses. Je ne vais pas saborder mon œuvre. Je suis tout le temps avec Ndiamé Sène, Serigne Ngagne est mon gendre. Ce qui veut dire que ce qui nous lie dépasse le domaine du théâtre. L’essentiel est que nous gardions les meilleures relations et cela, rien ne pourra le remettre en cause.
Pourquoi les troupes ont-elles toujours ce genre de problèmes ?
Il faut savoir que les troupes traditionnelles vont disparaitre tôt ou tard. Je l’avais dit il ya de cela des années et personne ne m’avait compris. Le temps a fini par me donner raison. Il faut tendre vers une plus grande professionnalisation et mettre l’accent sur la formation. Encore une fois, on ne peut pas brimer un artiste. Il a besoin de liberté et de multiplier les expériences. Prenez le cas de la troupe Soleil Levant ou chacun essaye de travailler sur un projet et cela ne les empêche pas de se réunir en cas de besoin. C’est la seule démarche qui vaille car il faut libérer toutes les énergies.
Est-ce que c’est cela qui vous avait poussé à tâter de la chanson et ou en êtes-vous à avec votre projet de sortir un album ?
Je suis un artiste et un éducateur. Donc, j’attache une part importante au message. La musique est un formidable vecteur et j’avais tenté cette expérience pour m’adresser à un plus grand public. Mais il faut avouer que, dans ce milieu aussi, la production n’est plus ce qu’elle était. J’avais déjà sorti un single titré « Petakh mi » et j’avais même fini d’enregistrer un album mais les moyens n’ont pas suivi. Je vais attendre le bon moment pour sortir ce produit.
Vous avez totalisé vingt ans de pratique du théâtre, avez-vous prévu de les célébrer ?
Ah oui ! Je totalise quand même deux décennies de présence au-devant de la scène. Ce n’était pas évident et Thiès a pu tirer son épingle du jeu. Je vais les célébrer ici même mais, pour le moment, je réfléchis sur le format et le contenu. Toujours est-il que je compte le faire avec l’ensemble des acteurs culturels de Thiès et, surtout, en faire une très grande fête avec l’aide de Dieu.