VIDEOL’OBSCÉNITÉ DANS NOS SALONS ET AILLEURS…

Existe-t-il une seule danse moderne tirée de la tradition au Sénégal et qui garde toute sa beauté chorégraphique sans puiser dans l’obscénité ? Apparemment non ! Presque toutes les danses de ces dernières années versent dans l’indécence. Ce qui fait que nos boîtes de nuit affichent toujours plein.
De nos télés locales, Me Wade pensait qu’elles servaient trop de danses à la limite de l’obscénité avec en toile de fond, notre savoureux "Taatu Lawbé" qu’il a dû apprécier dans sa jeunesse et qui a bien résisté au coup de boutoir de la modernité.
Car, on a beau changer la mentalité des jeunes avec l’Internet et les autres technologies de l’information, il n’y a apparemment aucun adolescent qui puisse résister à ce fameux "Taatu Lawbé" qui semblait courroucer l’ancien chef de l’Etat qui n’en était pas à sa première saillie. A en croire l’ancien Président, à force de ne montrer dans nos télévisions que la danse, les bailleurs de fonds tendent à croire que tout roule dans ce beau pays, alors que c’est tout le contraire.
Cependant, il n y a apparemment un peuple si festif et si jouissif que le nôtre. Un peuple qui passe toute une semaine à festoyer dans les différentes boîtes de nuit de la capitale et des autres régions sans compter nos mariages, baptêmes, "Sabars" et autres "tours" où bien sûr, on y danse ce fameux "Taatu Lawbé". Attention, ce n’est pas Macky Sall qui tenait ces propos, mais Wade quelques mois avant qu’il ne soit déboulonné par celui qui nous trouve aujourd’hui si épicuriens.
Du fameux Taatu lawbé, ce n’est pas bien sûr l e même que nos mammys servaient lors de leurs "sabars" des années soixante –dix. Les jeunes l’ont modernisé avec à chaque époque, quelques ingrédients des plus sensuels.
Parmi ces belles trouvailles chorégraphiques, on peut noter cette fameuse danse du "Xacc bi" qu’un de nos "Saï Saï" de la maison avait immortalisé et qui avait fait la "Une" de votre alors hebdo préféré, lequel s’était vendu comme de petits pains.
Il y eurent d’autres : "Siss Bi", (la chaise), "Ventilateur" "Dialgati", "Moulay Thiéguine", "Mayonnaise", "Tiaptiapale", "Oupoukay", "Djafandou", "Raw tathie", "Wahidehi" , "Goana", "Mima", "Takhassi rip" et "Yu Za" qui a fait fureur partout dans le pays. Une danse si canaille et pour laquelle chaque jour un énergumène revendiquait la paternité.
Ce qui fait de notre pays un laboratoire de créations chorégraphiques. Et si on n’a pas encore, jusqu’ici, trouvé une solution pour avoir de l’électricité en continu, on ne s’ennuie pas quand on parvient à en avoir et que sur le petit écran un de nos "Mbalaxeurs" s’y invite.
C’est également la même ambiance dans les différentes boîtes de nuit où les filles du genre de la bande à Ndèye Guèye de la fameuse "Guddi Town" qui avait mis toute la République sous les nerfs y officient en mettant de pauvres mâles en chaleur. Ca, aussi, c’est le Sénégal des épicuriens.
Tels que nous sommes
Dans la ferveur des retrouvailles avec ses alliés, le Président Macky Sall s’est offusqué de notre statut de fêtards. Dénonçant le fait que tout est prétexte à mener la bamboula au Sénégal. Avant lui, son prédécesseur, Me Abdoulaye Wade, avait aussi eu un accès de colère face à l’omniprésence de la danse dans nos télévisions locales avec en toile de fond notre savoureux "Taatu Lawbé".
A l’époque, on n’avait entendu aucune voix pour apporter la contradiction à Me Wade dans son désir d’interdire notre fameux "Taatu Lawbé" sur la lucarne magique.
Nous écrivions alors que nous priver ainsi de ces ingrédients qui font le charme de notre quotidien déjà si morose avec les coupures d’électricité, la vie si chère et l’absence de loisirs pour une jeunesse qui s’encanaille dans les boîtes de nuit et autres lieux de plaisir au lieu de fréquenter des bibliothèques qui font défaut dans ce pays où l’on parle un français si châtié.
Face à tout cela donc, interdire le "Taatu Lawbé", serait à notre sens, comme si on voulait nous priver de notre "Cebbu Jeen national". On pourrait servir les mêmes arguments à Macky Sall qui vient de découvrir que nous sommes un peuple d’épicuriens. Lui au moins, il a reçu des réponses à la mesure de l’affront fait à nous autres pauvres sénégalais qui noyions notre pauvreté à travers quelques réjouissances païennes.
Mais quand Wade émettait ses critiques sur notre savoureux "Taatu Lawbé" il ne s’était trouvé aucune voix pour "recadrer" notre cher et vieux Président d’alors, qui voulait rendre notre vie si morose comme si on était dans une République islamique. C’était à croire que ce charmant pays ne comptait que des barbus et que ses citoyens étaient devenus si sages. C’était le silence radio des organisations de défense des droits de l’homme, de la société civile et de nos hâbleurs de la politique.
Aucune voix, pas même celle de la belle et charmante Penda Mbow qui courait, dans sa prime jeunesse, les "Sabar" dans son quartier de la Médina pour se délecter des prouesses des expertes de cette belle chorégraphie, n’avait élevé le ton. Pas non plus nos valeureuses "Katiapans" qui vivent de ce métier.
Le "Taatu Lawbé" qui semblait indisposer Me Wade a eu ses lettres de noblesse sous Senghor. Certes, c’était à titre privé dans les "Sabar" et autres cérémonies familiales. Avec Diouf, il prend possession de nos boites de nuit, où l’on dansait au son de la musique, pour y implanter des "Sabar" avec ces "Guddi ajuma" (nuit du vendredi) dont votre canard vous contait tous les mardis par le menu détail.
Avec le libéral Me Wade, il y a eu une libéralisation de la télévision. Et puisqu’il fallait faire exploser l’audimat, y’avait rien de mieux que ces danses canailles qui ont fait de belles "katiapans" de richissimes demoiselles qui gagnent leur vie, mieux qu’un diplômé de l’enseignement supérieur avec un Bac+5. Bien sûr, de tout cela, y en a des ces messieurs et dames, comme peut –être Gorgui, qui semblaient s’en scandaliser tout en visionnant en privé ces danses sataniques.
Nous priver de ces contorsions rythmiques et de nos fêtes aussi, ferait de notre peuple des citoyens amorphes ! Alors que l’on doit travailler, toujours travailler et encore travailler. Et pour ça, il n’y a rien de tel qu’un savoureux "Leumbeul". Rideau !