''LA FRANCOPHONIE NE PROFITE QU’À LA FRANCE''
ALIOU OUMAROU, PRÉSIDENT DU CONSEIL NATIONAL DE LA JEUNESSE DU NIGER

Aliou Ouamarou met les pieds dans le plat de la Francophonie. Pour lui, cette institution doit faire sa mue parce que, dit-il, il n’est pas question que la France continue d’en faire un instrument de propagande pour sa langue et pour ses intérêts au mépris des autres pays membres. Ce jeune homme attend du 15ème sommet prévu au mois de novembre à Dakar, un plaidoyer fort des chefs d’Etat africains pour un traitement équitable entre les pays membres.
Les jeunes africains issus des pays franco- phones, contrairement à leurs chefs d’Etat, ont une perception peu reluisante de la Francophonie. Décrite par les dirigeants comme un instrument d’intégration, de solidarité et un cadre de partage des valeurs communes, certains jeunes voient en la Francophonie, un lieu où s’exerce la discrimination.
Sinon, comment comprendre qu’aux derniers Jeux Olympiques certaines délégations n’ont pas pu prendre part, faute de visas, s’interroge Aliou Oumarou, président du Conseil national de la jeunesse du Niger. «La France qui prône l’intégration a tout bonnement refusé de délivrer des visas à certaines délégations. C’est frustrant. Comment pouvez-vous demander aux pays membres de partager votre langue, vos valeurs et quand cela vous arrange vous les mettez de côté ? Cela n’a pas de sens», dénonce le président du Conseil national de la jeunesse du Niger.
Aliou Oumarou se dit persuader que cette institution ne peut marcher sans une ouverture des frontières entre les pays membres. Fustigeant le fait que même pour aller au Congo, au Rwanda il faut un visa, il se demande pourquoi ne pas faire comme l’Europe. «Les européens circulent librement dans les 28 Etats sans problème», clarifie-t-il.
Autre tache noire soulevée par Aliou Oumarou, c’est la perspicacité de cette institution à prendre en charge les problèmes des pays membres. «Nous avons l’impression que la Francophonie profite seulement à la France. Elle utilise ses anciennes colonies pour valoriser sa langue et servir ses intérêts», analyse-t- il.
Un avis que partage Bart Dévos, président du parlement mondial de la jeunesse pour l’eau, une organisation financée par l’Organisation de la Francophonie (Oif). Ce jeune belge, qui dit respecter la France, reconnaît quelque part que ce pays bénéficie le plus ne serait ce que pour son image et sa langue à travers cette institution.
Ce qui désole Aliou Oumarou dans cette situation, c’est que les chefs d’Etat semblent jouer le jeu de la France. L’exemple le plus illustratif, c’est le 14 juillet, fête de l’indépendance de la France. Des chefs d’Etat africains font le déplacement jusqu’à Paris alors que quand certains africains fêtent leur indépendance, ils ne voient même l’ambassadeur de la France.
«Nous attendons de nos dirigeants lors de ce sommet, un plaidoyer fort pour que la donne change et qu’il y ait un traitement équitable entre les pays membres», conseille Aliou Oumarou.